Cité de Carcassonne - Définition

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L'architecture de la Cité

L'art militaire a fortement influencé l'architecture de la Cité de Carcassonne. Son système de défense est exceptionnel par sa dimension, sa complexité et la qualité de sa conservation. C'est la plus grosse forteresse d'Europe.

Plan de la Cité

Plan de la Cité de Carcassonne avec un fond de plan réalisé par Eugène Viollet-le-Duc représentant la Cité au XIIIe siècle
Emplacement de l'enceinte Wisigothe par Eugène Viollet-le-Duc

Les parties remarquables de la Cité comprennent les deux enceintes et plusieurs bâtiments. Le plan ci-contre permet de localiser ces bâtiments décrits dans les sections suivantes. L'enceinte intérieure et les portes figurent en rouge tandis que l'enceinte extérieure et les barbacanes sont représentées en jaune :

  • 1 - Porte Narbonnaise et barbacane Saint-Louis,
  • 2 - Porte et barbacane Saint-Nazaire,
  • 3 - Porte d'Aude,
  • 4 - Porte du Bourg et barbacane Notre-Dame,
  • 5 - Château comtal entouré d'un fossé et construit le long de l'enceinte intérieure,
  • 6 - Barbacane de l'est protégeant l'entrée du château,
  • 7 - Barbacane de l'Aude aujourd'hui détruite,
  • 8 - Église Saint-Nazaire.

Les enceintes et les tours

Le matériau utilisé pour la construction des enceintes et des tours est la pierre dont est constitué le plateau sur lequel est édifiée la Cité. Il s'agit de grès ou molasse de Carcassonne qui a été extraite du plateau même ou des collines environnantes. Deux enceintes entourent la Cité séparées par un espace plat : les lices. Ce système comportait, à l'époque de sa mise en œuvre (avant la généralisation de l'artillerie), de nombreux avantages défensifs. Il permettait d'attaquer les assaillants selon deux lignes de tirs ; l'enceinte extérieure, si elle était franchie, ralentissait les assaillants et les divisait ; les assaillants une fois parvenus dans les lices étaient particulièrement vulnérables dans cet espace dépourvu d'abri. De plus, la lice permettait aux cavaliers de combattre facilement. On distingue les lices basses, situées au nord et allant de la porte Narbonnaise à la porte de l'Aude où se trouvent les enceintes les plus anciennes datant des Wisigoths et les lices hautes, situées au sud, où se trouvent les murailles les plus récentes construites sous Philippe III le Hardi.

Les constructions gallo-romaines

Différentes époques sur une tour
Les tours gallo-romaines en forme caractéristique de fer à cheval

La première enceinte, construite sur un éperon rocheux, date de l'époque gallo-romaine ; elle permettait de dominer la vallée et le cours de l'Aude. Les soubassements de cette enceinte originelle sont encore visibles depuis la lice. Elle est construite à l'aide de grosses pierres et d'un mortier très dur. Le mur de cette enceinte était épais de deux à trois mètres. Cette enceinte avait un périmètre de 1 070 m et protégeait une ville de sept hectares. Elle est constituée de moellons réguliers et de rangées de briques. Ces briques assuraient la stabilité de la construction grâce à leur flexibilité et rattrapaient les éventuels affaissements.

Il existe encore 17 tours d'origine gallo-romaine plus ou moins remaniées sur les trente tours que comportait initialement cette enceinte. Une seule tour était de plan rectangulaire, la tour Pinte. Les autres tours reconnaissables dans les remparts ouest de la Cité grâce à leur forme en fer à cheval à l'extérieur et plate à l'intérieur. La partie inférieure des tours, dont le diamètre est compris entre 4,50 et 7 mètres, est constituée de maçonnerie pleine qui donnait une assise particulièrement solide. Les niveaux supérieurs comportent de larges ouvertures cintrées qui donnaient une grande efficacité aux armes de jet des défenseurs. Un système de fenêtre basculante assurait la défense et la protection de ces larges ouvertures. Les tours étaient recouvertes de tuiles plates à double rebord. La hauteur des tours était comprise entre 11,65 m et 13,70 m.

Les ouvrages de l'époque médiévale

Système des hourds sur un croquis d'Eugène Viollet-le-Duc

Durant le XIIIe siècle, les rois de France ordonnèrent la construction d'une seconde enceinte extérieure autour de la Cité. Les tours sont rondes souvent basses et dépourvues de toiture pour n'offrir aucun abri à des assaillants qui les auraient conquises contre les tirs venus de l'enceinte intérieure. L'enceinte est entourée d'un fossé sec sauf aux endroits ou le dénivelé ne rend pas cette défense nécessaire. L'espace entre les deux enceintes est aménagé en lices qui sont utilisées en temps de paix pour les manifestations en tous genres. Les murailles atteignent une hauteur de 10 à 12 mètres.

L'enceinte intérieure est modernisée sous Philippe III Le Hardi et Philippe IV Le Bel. L'entrée Narbonnaise, la Porte de Saint-Nazaire et la tour du Trésau sont construites. Ces édifices sont caractérisés par la hauteur impressionnante de leurs murs et l'emploi de pierres à bossage. La construction de l'enceinte est plus complexe et repose sur des fondations plus profondes que l'enceinte gallo-romaine car elle atteint la roche du plateau. La réalisation de l'enceinte extérieure et des lices a nécessité de décaisser le terrain naturellement pentu. Une partie des soubassements extérieurs de l'enceinte gallo-romaine ont été mis à nu par ce terrassement et a dû faire l'objet d'une consolidation.

Le chemin de ronde permettait de faire tout le tour de la Cité en traversant les tours. Au Moyen Âge, la courtine est élargie grâce à un système de charpente en bois suspendu créant un abri au-dessus du vide. Ce système placé à cheval sur le rempart du nom de hourd permettait aux arbalétriers de tirer avec précision au milieu des lices. Des échauguettes sont construites sur la saillie de certaines murailles comme l'échauguette de la Vade.

Les tours médiévales diffèrent des tours Wisigoths tout en gardant leur forme extérieure caractéristique avec une façade extérieure bombée et une façade intérieure plate. Les échelles de bois sont remplacées par des escaliers intérieurs en pierre. La base des tours est fruitée c'est-à-dire renflée afin que les projectiles ricochent sur la tour et se retournent contre les assaillants situés au pied de la muraille.

Les portes

L'enceinte est percée de quatre portes principales donnant accès à l'intérieur de la Cité. Les portes sont réparties aux quatre points cardinaux.

La porte Narbonnaise
La porte narbonnaise construite sous le règne de Philippe III de France

La porte Narbonnaise, située à l'est, est construite vers 1280 durant le règne de Philippe III le Hardi. Elle doit son nom à son orientation vers Narbonne. Viollet-le-Duc reconstitue le crénelage et le toit en ardoise de 1859 à 1860 et la dote d'un pseudo pont-levis qui n'existait pas à l'origine. Elle est constituée de deux tours imposantes renforcées par des becs destinés à détourner les tirs des assaillants. La porte est protégée par une double herse renforcée par un assommoir et des meurtrières. Ces tours possèdent trois étages sur rez-de-chaussée. Le rez-de-chaussée et le premier étage sont voûtés alors que les étages supérieurs comportent un simple plancher. La tour nord possède un caveau pour les provisions tandis que la tour sud contient une citerne d'eau, permettant de faire face aux besoins des défenseurs de la tour pendant un siège de longue durée.

Au-dessus de cet ensemble se trouve une niche à couronnement tréflé dans laquelle est placée une statue de la Vierge. Cette porte est protégée par la barbacane Saint-Louis qui se trouve face à elle. Une échauguette située à droite de la porte permettait un tir direct sur les assaillants si ceux-ci parvenaient à prendre la barbacane.

La porte Saint-Nazaire

Au sud, la porte Saint-Nazaire est aménagée dans la tour du même nom, l'une des deux tours carrés de la Cité. C'est un dispositif de défense complexe ; l'ouvrage était très abîmé et Viollet-le-Duc le reconstitua entre 1864 et 1866.

La tour protège la cathédrale Saint-Nazaire située juste derrière à 25 mètres dans la Cité. Elle est équipée de quatre échauguettes ; le passage donnant accès à la lice et à la Cité comporte un coude de 90 degrés. Chaque entrée de ce passage est protégée par des systèmes de défense : mâchicoulis, herses et vantaux.

La tour possède deux étages bien aménagés pour le stationnement de la garnison avec une cheminée et des corps de placard. La plate-forme couronnant la tour permettait de recevoir un engin de guerre à longue portée.

La porte d’Aude
La porte de l'Aude.

À l'ouest, la porte d'Aude fait face au fleuve du même nom. Elle est située près du château comtal. Cette porte se prolonge par la barbacane de l'Aude détruite en partie en 1816 pour construire l'église Saint-Gimer. Seule la rampe entourés de murs crénelés subsiste. Le système défensif de cette porte était complexe. Des hautes arcades cachent des fausses portes ne menant nulle part : ce dispositif était destiné à tromper l'ennemi. De plus, de nombreux couloirs en lacet possèdent différents paliers créant une souricière dans laquelle les assaillants se trouvaient bloqués et pouvaient être attaqués de toutes parts. La porte de l'Aude combine des systèmes de défense passive et active d’une grande sophistication.

La rampe, qui partait de la barbacane disparue, donne accès à cette porte. Elle monte la pente raide de l'ouest en faisant des lacets et traverse une première porte puis une seconde porte. L'avant-porte défend cet accès, situé entre l'enceinte intérieure et extérieure. L'enceinte intérieure est à cet endroit surélevée et épaulée d'un triple contrefort construit au XIIIe siècle. La porte proprement dite est d'origine Wisigothe avec son plein cintre alterné de briques. Au-dessus de l'entrée, se trouve une baie et une bretèche massives qui ne sont pas d'origine féodale mais ont été ajoutées par Viollet-le-Duc lors de sa restauration. Cette porte, à l'aspect typiquement médiévale, a servi de décor pour de nombreux tournages de films comme Les Visiteurs, Robin des Bois: Prince des voleurs ou Le Corniaud.

La porte du Bourg ou de Rodez

Au nord, la porte du Bourg ou de Rodez donnait sur l'ancien bourg Saint-Vincent. Elle est directement creusée dans l'enceinte et était défendue par la barbacane Notre-Dame et la tour Mourétis.

La porte, assez modeste, est percée dans les remparts entre deux tours. Elle possède très peu de défenses. À l'époque des Wisigoths, la porte était protégée par une sorte d'avant-corps dont une muraille se prolongeait vers le bourg Saint-Vincent. Cet édifice a été remplacé par la suite par une barbacane sur l'enceinte extérieure, la barbacane Notre-Dame.

Le château comtal

Croquis du château comtal à l'époque d'Eugène Viollet-le-Duc
Entrée du château comtal

Le château comtal est adossé à l'enceinte intérieure ouest à l'endroit où la pente est la plus raide. Il possède un plan en forme de parallélogramme allongé du nord au sud et est percé de deux issues à l'ouest du côté de la porte de l'Aude et à l'est du côté intérieur de la Cité. Il a été construit en deux temps.

Sa construction est lancée par Bernard Aton IV Trencavel durant l'époque romane aux alentours de 1130 pour remplacer un château primitif probablement situé à l'emplacement de la porte Narbonnaise. Le château est constitué de deux corps de bâtiment en L dominés par une tour de guet, la tour Pinte. Au nord se trouve une chapelle castrale dédiée à Marie dont il reste aujourd'hui que l'abside. Seule une palissade séparait le château du reste de la Cité.

Durant l'époque royale, entre 1228 et 1239, le château est complètement remanié devenant une forteresse à l'intérieur de la Cité. Une barbacane comportant un chemin de ronde et un parapet crénelé barre l'entrée du château juste avant le fossé qui l'entoure complètement jusqu'à l'enceinte intérieure. La porte d'entrée du château encadrée par deux tours est constituée d'un mâchicoulis, d'une herse et de vantaux. Le pont d'entrée est composé d'une partie en pont dormant, suivi d'une partie comportant un pont basculant et un pont-levis actionné par des contrepoids près de la herse de la porte d'entrée. Les murailles remplacent la palissade originelle et entourent complètement les bâtiments. Un système de hourds reposait sur l'enceinte telle que l'a reconstitué Viollet-le-Duc.

Le château et son enceinte comportent 9 tours dont deux sont d'époque wisigothe : la tour de la chapelle et la tour Pinte. La tour Pinte est une tour de guet carrée, la plus haute de la Cité. Toutes les autres tours ont des dispositions intérieures et extérieures identiques, car construites en même temps aux XIIe siècle. Ces tours sont constituées de trois étages et d'un rez-de-chaussée. Le rez-de-chaussée et le premier étage comportent un plafond voûté tandis que les étages supérieurs sont dotés de simples planchers. La communication entre les étages se fait par le biais des trous servant de porte-voix dans les voûtes et les planchers. Des hourds reconstitués par Viollet-le-Duc ornaient vraisemblablement l'enceinte et les tours comme le montre la reconstitution actuelle.

L'accès du château mène à une cour rectangulaire entourée de bâtiments remaniés de nombreuses fois entre le XIIe et le XVIIIe siècle. Les murs nord et est de la cour sont flanqués de simples portiques tandis qu'au sud et à l'est se trouvent deux bâtiments. Celui du sud contient les cuisines et permet d'accéder à une seconde cour. Elle contenait un bâtiment aujourd'hui détruit mais ou sont encore visibles les emplacements des poutres du plancher du premier étage ainsi que plusieurs fenêtres. C'est aussi dans cette cour que se trouve la tour Pinte.

La basilique Saint-Nazaire

La basilique Saint-Nazaire.

La basilique Saint-Nazaire, construite en grès (parement extérieur), est une église d'origine romane dont les parties les plus anciennes remontent au XIe siècle. Sur son emplacement s'élevait à l'origine une cathédrale carolingienne dont il ne subsiste, aujourd'hui, aucune trace.
À l'aube de l'apogée de l'art roman, c'est donc d'abord une simple église bénie et consacrée cathédrale par le pape Urbain II en 1096 sous l'impulsion des Trencavel, qui lancent le chantier d'un nouvel édifice plus vaste, . De cet édifice ne subsistent que les deux premiers piliers de la nef et la crypte, dont l'état dégradé donne à penser qu'il s'agissait d'un ouvrage antérieur. Elle épouse le plan de l'ancienne abside. Au XIIe siècle on édifie la nef actuelle, de six travées, qui fut laissée intacte lors des agrandissements de l'époque gothique, qui par contre se traduisirent par la destruction du chevet roman du XIe siècle. Le portail roman a quant à lui été entièrement refait au XIXe siècle lors des restaurations de Viollet-le-Duc.

La basilique est agrandie entre 1269 et 1330 dans le style gothique importé par les nouveaux maîtres de la région, avec un transept et un chœur très élancés, un décor de sculptures et un ensemble de vitraux qui comptent parmi les plus beaux du sud de la France. Un prélat bâtisseur, Pierre de Rochefort, finança la construction d'une grande partie des décors et l'achèvement des voûtes. Ses armoiries sont visibles dans le chœur, l'abside et le bras sud du transept, tandis que la chapelle du collatéral nord contient le monument commémoratif de la mort du contributeur. Un autre personnage, Pierre Rodier archevêque de Carcassonne, possède son blason dans la chapelle du collatéral sud.

Les rénovations d'Eugène Viollet-le-Duc ont largement transformé l'extérieur de la basilique, mais l'intérieur est le plus remarquable. Les deux styles, gothique et roman, se superposent sur les vitraux, les sculptures et tous les décors de l'église. Les façades comportent de nombreux vitraux des XIIIe et XIVe siècles : ceux-ci représentent des scènes de la vie du Christ et de ses apôtres. En 1801, l'église est déchue de son rang de cathédrale de Carcassonne au profit de l'église Saint-Michel, située dans la bastide à l'extérieur de la Cité. Ce transfert se déroule alors que la Cité est désertée par ses habitants au profit de la ville basse. Elle devient basilique en 1898 octroyée par le pape Léon XIII.

Une communauté de chanoines vivait à proximité de la cathédrale avec une salle capitulaire et le dortoir à l'est, le réfectoire et les cuisines au sud et les caves et écuries à l'ouest. Mais l'ensemble des bâtiments sont démolis en 1792. Un cloître s'élevait également au sud de l'édifice. Son emplacement est aujourd'hui occupé par un théâtre de plein air établi en 1908.

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