Cité de Carcassonne - Définition

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2 500 ans d'histoire

La Cité a été successivement un site protohistorique, une cité gallo-romaine, une place forte wisigoth, un comté, puis une vicomté, puis finalement une sénéchaussée royale. Chacune de ces étapes, entre la période romaine et la fin du Moyen Âge, a laissé des témoignages dans les bâtiments qui la composent.

Des Gallo-romains aux Wisigoths

Des restes d'un oppidum fortifié, oppidum Carcaso proche de l'emplacement actuel de la Cité, ont été mis au jour par des fouilles archéologiques. Ce lieu est déjà un important carrefour commercial comme le prouvent les restes de céramiques campaniennes et d'amphores. Vers 300 avant J.-C., les Volques Tectosages prennent possession de la région et fortifient l'oppidum de Carcasso. Pline l'Ancien mentionne l'oppidum dans ses écrits sous le nom de Carcaso Volcarum Tectosage. Ils extrayaient déjà l'or de la mine de Salsigne pour constituer des offrandes à leurs dieux.

En 122 avant J.-C., les Romains annexent la région qui sera intégrée dans la colonie Narbonnaise créée en 118 avant JC. Les Romains sont déjà bien connus car depuis deux cents ans leurs marchands parcourent la région. Sous la Pax Romana la petite cité gallo-romaine de Carcaso, devenue chef-lieu de la colonie Julia Carcaso, prospère sans doute grâce au commerce du vin et à son implantation sur les voies de communication : elle jouxte la voie romaine qui va de Narbonne à Toulouse tandis que les bateaux à fond plat circulent sur l'Atax au pied de l'oppidum. Ce dernier est agrandi par remblayage et les rues et ruelles forment un plan orthogonal, mais cependant, aucun lieu public ni monument de culte n'est actuellement connu. Au pied de l'oppidum, une agglomération s'étend le long de la voie romaine.

A partir du IIIe siècle, la ville se retranche derrière une première série de remparts. En 333 après J.-C., des textes d'un pèlerin mentionnent le castellum de Carcassonne. Ces remparts sont encore visibles dans certaines parties de l'enceinte et servent de soubassements aux actuelles murailles. Les tours de la Marquière, de Samson et du Moulin d'Avar sont les témoins en partie intacts de cette enceinte primitive. Cette muraille protège la Cité des attaques extérieures tout en permettant de contrôler les passages sur la voie romaine située en contrebas.

Au milieu du Ve siècle, les Wisigoths prennent possession du Languedoc, grâce probablement à la victoire d'Ataulphe pendant sa marche sur Toulouse. La Cité jouit peu à peu d'une relative paix politique jusqu'au règne d'Alaric II, comme l'atteste le nombre important de pièces de monnaie des monarques wisigoths de cette époque. En 507, les Francs chassent les Wisigoths d'Aquitaine mais ces derniers conservent la Septimanie dont fait partie la Cité de Carcassonne. En 508, Clovis lance en vain une attaque contre la Cité. En 585, une nouvelle attague de Gontran, roi franc de Burgondie est couronnée de succès. Mais, les Wisigoths reprennent la cité peu après et en restent maîtres jusqu'en 713. Au cours du VIe siècle, Carcassonne devint, avec Agde et Maguelonne, le siège d'un évêché. Une cathédrale wisigothique, dont l'emplacement n'est pas connu, est alors construite.

En 725, le Wali Ambisa prend Carcassonne à la suite de la conquête du royaume wisigoth d'Espagne par les musulmans. La Cité reste entre les mains des musulmans jusqu'en 752, date à laquelle elle est reprise par les Francs conduits par Pépin le Bref. C'est cet épisode qui inspira aux auteurs de l'histoire la détaillée plus loin dans cet article.

L’époque féodale

Carte postale représentant la porte de l'Aude dans les années 1910
Le pape Innocent III, instigateur de la croisade des Albigeois en 1208

Le début de la féodalité s'accompagne de l'expansion de la ville et de ses fortifications. Elle est aussi marquée par la construction de la cathédrale à partir de 1096 puis par celle du château comtal au XIIe siècle. Ce château est constitué à l'origine de deux corps de logis auquel est ajoutée en 1150 une chapelle qui donne un plan en U autour de la cour centrale. Vers 1240 le château est rehaussé d'un second étage.

C'est aussi la période des comtes de Carcassonne. Le premier comte désigné par les Carolingiens est Bellon auquel succède Oliba II. La charge des comtes est d'administrer la région pour le compte du royaume carolingien. Au IXe siècle, la locution latine Cité de Carcassonne revient régulièrement dans les textes et chartes officiels. En 1082, la famille Trencavel prend possession de la ville, en profitant des embarras de la Maison de Barcelone propriétaire légitime, et l'annexe à un vaste ensemble allant de Carcassonne à Nîmes.

Bernard Aton IV Trencavel, vicomte d'Albi, de Nîmes et de Béziers, fait prospérer la ville et lance de nombreuses constructions. C'est également durant cette période qu'une nouvelle religion, le catharisme, s'implante avec succès dans le Languedoc. Le vicomte de Trencavel autorise en 1096 la construction de la basilique Saint-Nazaire dont les matériaux sont bénis par le pape Urbain II. En 1107, les Carcassonnais rejettent la suzeraineté de Bernard Aton, qui avait promis de rendre la Cité à son possesseur d'origine Raimond-Bérenger III de Barcelone et font appel au comte de Barcelone pour le chasser. Mais, avec l'aide de Bertrand de Tripoli, comte de Toulouse, Bernard Aton reprend le contrôle de la Cité. En 1120, les Carcassonnais se révoltent de nouveau, mais Bernard Aton rétablit l'ordre quelques années plus tard. En 1130, il ordonne le début de la construction du château comtal désigné sous le terme de palatium et la réparation des remparts gallo-romains. Dès lors, la Cité de Carcassonne est entourée de sa première fortification complète.

À cette époque la Cité est riche et sa population est comprise entre 3 000 à 4 000 personnes en incluant les habitants des deux bourgs qui se sont édifiés sous ses murailles : le bourg Saint-Vincent situé au Nord et le bourg Saint-Michel situé au sud de la porte Narbonnaise. La ville se dote en 1192 d'un consulat, composé de notables et de bourgeois, chargés d'administrer la ville, puis en 1229 d'une charte coutumière.

En 1208, le pape Innocent III, confronté à la montée du catharisme, appelle les barons du nord à se lancer dans la croisade des Albigeois. Le comte de Toulouse, accusé d'hérésie, et son principal vassal le vicomte de Trencavel sont la cible de l'attaque. Le 1er août 1209, la Cité est assiégée par les croisés. Raimond-Roger Trencavel se rend très rapidement, le 15 août, en échange de la vie sauve de ses habitants. Les bourgs autour de la Cité sont détruits. Le vicomte meurt de dysenterie dans la prison même de son château le 10 novembre 1209. D'autres sources parlent d'un assassinat orchestré par Simon de Montfort mais rien n'est sûr. Dès lors, la Cité sert de quartier général aux troupes de la croisade.

Les terres sont données à Simon de Montfort, chef de l'armée des croisés. Ce dernier meurt en 1218 au cours du siège de Toulouse et son fils, Amaury VI de Montfort, prend possession de la Cité mais se révèle incapable de la gérer. Il cède ses droits à Louis VIII de France, mais Raymond VII de Toulouse et les comtes de Foix se liguent contre lui. En 1224, Raimond II Trencavel reprend possession de la Cité après la fuite d'Amaury. Une deuxième croisade est lancée par Louis VIII en 1226 et Raimond Trencavel doit fuir. La Cité de Carcassonne fait désormais partie du domaine du roi de France et devient le siège d'une sénéchaussée. Une période de terreur s'installe à l'intérieur de la ville. La chasse aux cathares entraîne la multiplication des bûchers et des dénonciations sauvages, avec l'installation de l'Inquisition dont on peut toujours voir la maison dans l'enceinte de la Cité.

L'époque royale

Les visiteurs dans les lices construites à l'époque royale

Louis IX ordonne la construction de la deuxième enceinte pour que la place puisse soutenir de longs sièges. En effet, à cette époque, les menaces sont nombreuses dans la région : Raimond Trencavel, réfugié en Aragon, cherche toujours à reprendre ses terres qu'il revendique et le roi d'Aragon, Jacques Ier le Conquérant, fait peser une lourde menace sur cette région toute proche des frontières de son royaume. De plus, ces constructions permettent de marquer les esprits de la population de la Cité et de gagner leur confiance. La Cité fait partie du système de défense de la frontière entre la France et l'Aragon. Les premières constructions concernent le château comtal adossé à la muraille ouest. Celui-ci est entouré de murailles et de tours à l'intérieur même de la Cité pour assurer la protection des représentants du roi. Ensuite, une deuxième ligne de fortifications est commencée sur environ un kilomètre et demi avec quatorze tours. Cette enceinte est flanquée d'une barbacane qui contrôle les abords de l'Aude.

En 1240, Raimond Trencavel tente de récupérer la Cité, avec l'aide de quelques seigneurs. Il occupe les bourgs situés sur les rives de l'Aude et obtient l'aide de ses habitants qui creusent des tunnels depuis leurs maisons pour saper la base des enceintes. La double enceinte joue son rôle défensif car Raimond Trencavel est ralenti. La garnison menée par le sénéchal Guillaume des Ormes résiste efficacement. Raimond Trencavel est bientôt obligé de lever le siège et de prendre la fuite face à l'arrivée des renforts du roi Louis IX. En 1247, il renonce devant le roi Louis IX à ses droits sur la Cité. La Cité de Carcassonne est définitivement rattachée au royaume de France et est désormais gouvernée par des sénéchaux.

À compter de cette date, la place forte n'est plus attaquée y compris durant la guerre de Cent Ans. Les aménagements et agrandissements qui vont suivre peuvent être regroupés en trois phases. Les premiers travaux sont commencés immédiatement après la dernière attaque de la Cité. Ils permettent de réparer les enceintes, aplanir les lices, ajouter des étages au château et construire la tour de la Justice. La deuxième phase de construction a lieu sous le règne de Philippe III, dit le Hardi : elle comprend la construction de la porte Narbonnaise, de la tour du Trésau, de la porte Saint-Nazaire et de toute la partie de l'enceinte environnante, ainsi que la réparation de certaines tours gallo-romaines et de la barbacane du château comtal. Les bourgs de Saint-Vincent et de Saint-Michel jouxtant l'enceinte sont rasés pour éviter les conséquences d'une collusion entre leurs habitants et les assaillants comme cela s'était produit durant le dernier siège. Enfin, une troisième et dernière phase de travaux se déroule sous le règne de Philippe le Bel et consiste à moderniser la place forte. De nombreuses parties de l'enceinte sont alors reconstruites en utilisant les techniques de défense les plus récentes. Les antiques murailles situées à l'ouest sont également rénovées.

Édouard de Woodstock, le Prince Noir préfère s'attaquer à la ville basse plutôt qu'à la Cité en 1355

En 1258, le traité de Corbeil fixe la frontière entre la France et l'Aragon près de Carcassonne, dans les Corbières. Louis IX renonce à sa suzeraineté sur la Catalogne et le Roussillon et en contrepartie le roi d'Aragon abandonne ses visées sur les terres du Languedoc. Désormais la Cité joue un rôle majeur dans le dispositif de défense de la frontière. Elle constitue une deuxième ligne de défense persuasive en arrière des postes avancés que sont les châteaux de Peyrepertuse, Aguilar, de Quéribus, de Puilaurens et de Termes désignés comme les « cinq fils de Carcassonne ». Au XIIIe siècle, la Cité de Carcassonne est l'une des places fortes les mieux pourvues de France et sert de réserve d'armes pour les alliés. La Cité n'est jamais attaquée ni inquiétée aussi les troupes qui y sont stationnées sont peu à peu réduites. À la fin du XIVe siècle, la Cité n'est plus capable de résister aux nouvelles armes à poudre. Néanmoins, sa situation frontalière reste un atout stratégique et une garnison est maintenue. En 1418, les hommes en garnison dans la Cité ont en général un second métier. À cette époque, de l'autre côté de l'Aude, une nouvelle ville dite ville basse se construit sous forme de bastide.

Peu de faits de guerre ou de conflits majeurs marquent la période royale. En 1272, le comte de Foix, rebelle, est enfermé par Philippe III de France dans la Cité de Carcassonne. En 1283, un traité d'alliance est signé entre le roi de France et le roi de Majorque Jacques Ier contre Pierre III d'Aragon. Le pape Clément V passe par Carcassonne en 1305 et 1309. En 1355, le Prince Noir n'ose pas s'attaquer à la Cité trop puissamment défendue et se contente de détruire et piller la ville basse. La Cité devient prison d'État au XVe siècle dans laquelle sont enfermés les ennemis du roi comme Jean IV d'Armagnac. La peste décime les habitants de Carcassonne et de la Cité en 1557. En 1585, la Cité est attaquée par les huguenots mais ils sont repoussés par les « mortes-payes ».

Entre 1560 et 1630, durant les guerres de religion, la Cité reste un dispositif militaire important pour les catholiques. Elle subit des attaques de la part des protestants. En 1575, le fils du sire de Villa tente d'attaquer la forteresse. En 1585, les hommes de Montmorency font de même mais là aussi c'est l'échec.

La mort de Henry III déclenche des affrontements entre les habitants de la ville basse fidèle à Henry IV, son successeur légitime, et au duc de Montmorency, et la Cité qui refuse de reconnaître le nouveau roi et prend le parti de la Ligue. Au cours des violents combats qui s'étalent sur près de 2 ans, les faubourgs de la Cité situés aux abords de la porte de l'Aude sont détruits. Cette dernière est murée et le quartier de la Trivalle est incendié. En 1592, les habitants de la Cité se rallient au roi.

L'abandon de la Cité

Le XVIIe siècle marque le début de l'abandon de la Cité. En 1657, le présidial, la juridiction en place à Carcassonne, est transféré de la Cité à la ville basse. En 1659, la Cité de Carcassonne perd sa position stratégique à la suite de la signature du Traité des Pyrénées qui rattache le Roussillon à la France et fixe la frontière entre la France et l'Espagne à son emplacement actuel. La Cité est progressivement abandonnée par ses habitants les plus aisés et devient un quartier pauvre occupé par les tisserands. Les lices sont progressivement occupées par des maisons et des caves et des greniers sont installés dans les tours. La Cité se dégrade rapidement.

Le siège épiscopal est même transféré en 1745 de la cathédrale Saint-Nazaire située à l'intérieur la Cité à l'église Saint-Michel dans la ville basse. La ville basse prospère grâce à l'industrie drapière. En 1790, le chapitre est aboli et le palais épiscopal et le cloître sont vendus puis détruits en 1795. En 1794, les archives de la tour du Trésau sont détruites par un incendie. Sous l'Ancien Régime puis sous la Révolution, la Cité est réduite sur le plan militaire au rôle d'arsenal, entrepôt d'armes et de vivres puis, entre 1804 et 1820, est rayée de la liste des places de guerre et abandonnée ; elle est reclassée en seconde catégorie. La ville haute perd son autonomie municipale et devient un quartier de Carcassonne. Le château comtal est transformé en prison. L'armée est alors prête à céder la Cité aux démolisseurs et récupérateurs de pierres.

La Cité connaît un déclin social avec l'augmentation de la pauvreté mais aussi un déclin démographique. Entre 1819 et 1846, le nombre d'habitants est réduit d'environ 30 % passant de 1 490 à 1 351 habitants tandis que dans la ville basse la démographie augmente.

La ville haute domine la ville basse
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