Citadelle de Blaye - Définition

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Introduction

Citadelle de Blaye
Citadelle de Blaye

Période ou style
Type Citadelle
Architecte François Ferry, sous la supervision de Vauban
Début construction 1680
Fin construction 1689
Destination initiale Place forte
Propriétaire actuel Commune
Protection Inscrite au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco
Logo monument classe.svg Classée MH
Site Internet www.sites-vauban.org

Latitude
Longitude
45° 07′ 44″ Nord
       0° 39′ 59″ Ouest
/ 45.128889, -0.666389
  
Pays France France
Région historique Guyenne
Région Aquitaine
Département Gironde
Commune française Blaye
 
France location map-Regions and departements.svg
Citadelle de Blaye

La citadelle de Blaye est un complexe militaire de 38 hectares édifié entre 1685 et 1689 par l'architecte militaire François Ferry, directeur général des fortifications de Guyenne, sous la supervision de Sébastien Vauban. Dominant l'estuaire de la Gironde, elle se situe dans la commune de Blaye, dans le nord du département de la Gironde, en France. Elle forme un vaste ensemble fortifié entouré de courtines, complété par quatre bastions et trois demi-lunes.

L'intérieur est conçu comme une véritable ville close s'articulant autour d'une place d'armes, d'un couvent abritant autrefois des religieux de l'ordre des minimes, et de plusieurs casernes. Plusieurs éléments des fortifications médiévales sont inscrits dans le nouvel ensemble, parmi lesquels le château des Rudel (XIIe siècle), la porte de Liverneuf (XIIIe siècle) ou la tour de l'Éguillette (XVe siècle).

Conçue pour être un « verrou » protégeant le port de Bordeaux, la citadelle est complétée par le fort Paté, sur l'île Paté, et par le fort Médoc, situé sur la rive opposée de la Gironde.

Classée monument historique le 11 mai 2009, elle est également l'un des douze sites intégrés au Réseau des sites majeurs de Vauban et est à ce titre inscrite le 7 juillet 2008 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco au titre du Réseau des sites majeurs de Vauban.

Historique

La porte Dauphine (1689) est, avec la porte royale, l'un des deux accès à la citadelle

La présence d'un éperon rocheux dominant de presque 45 mètres l'estuaire de la Gironde explique l'établissement précoce de fortifications à l'emplacement de l'actuelle citadelle. S'il apparaît comme vraisemblable que le site ait été choisi par les Romains pour y édifier le « castrum » de Blavia, ce n'est que vers le VIIe siècle que la présence d'un premier château est attestée, celui-ci apparaissant comme l'une des résidences ponctuelles du jeune roi d'Aquitaine Caribert II (lequel est enterré dans l'ancienne basilique Saint-Romain). Peu de documents permettent de savoir ce qu'il advient de ce château à la mort du souverain en 632 ; tout juste apprend on qu'il est encore debout au XIIe siècle lorsque Wulgrin Rudel devient seigneur de Blaye. Ce dernier fait démolir les anciennes structures mérovingiennes afin d'édifier en lieu et place un château-fort moderne, propre à assurer la défense de la ville en cas de nécessité. Remanié à plusieurs reprises, le château des Rudel est encore en assez bon état pour que l'ingénieur militaire Sébastien Vauban décide de l'intégrer à la citadelle que le roi Louis XIV lui a donné pour mission d'édifier.

De fait, si une première campagne de fortifications a lieu dès 1652, sous la direction de l'ingénieur militaire Blaise François Pagan, la construction de la citadelle actuelle est due à la volonté du « Roi-soleil » d'établir un solide verrou protégeant le port de Bordeaux d'éventuelles incursions ennemies. La place-forte est ainsi conçue pour être la pièce-maîtresse d'un triptyque défensif englobant le fort Paté, construit sur l'île éponyme, et le fort Médoc, édifié sur la rive opposée de l'estuaire.

Les travaux de la citadelle sont supervisés par le maréchal Sébastien Vauban, la réalisation de l'œuvre étant confiée à l'ingénieur militaire François Ferry. Ce dernier est aidé dans sa tâche par plusieurs assistants : ce sont tout d'abord Charles Thuillier, de 1685 à 1690, puis Jean-Baptiste Augier de 1686 à 1691, enfin Pierre Jablier - le neveu de François Ferry - de 1688 à 1705.

L'édification de la forteresse ne va pas sans causer de profonds bouleversements à la trame urbaine médiévale : ce n'est rien moins que la majeure partie de la ville qui est détruite afin de laisser la place à un vaste complexe semi-circulaire de 38 hectares épousant la forme du rocher. Ces transformations radicales n'épargnent pas même l'antique basilique Saint-Romain, jadis lieu de pèlerinage et nécropole des rois d'Aquitaine, dont la tradition rapporte qu'elle fut également le lieu d'inhumation du comte Roland de Blaye, neveu de Charlemagne. Sacrifiée afin d'établir un glacis défensif autour de la citadelle, ses ruines ont été mises à jour dans les années 1960.

Ruines du château des Rudel dans la citadelle

Seuls quelques éléments des fortifications médiévales échappent à la destruction : le château des Rudel, épargné afin de servir de logis au gouverneur militaire, la porte de Liverneuf (XIIIe siècle) ou la tour de l'Éguillette (XVe siècle), tandis que deux maisons du XIIIe siècle ont été préservées. Les habitants sont relogés dans une « ville-neuve » reconstruite à quelques centaines de mètres plus à l'est.

Le gros-œuvre, entamé en 1685, est achevé en 1689. Les travaux se poursuivent cependant jusqu'au début du XVIIIe siècle.

Lorsque un arrêté du comité de salut public ordonne le rassemblement des prêtres réfractaires en vue de leur déportation vers la Guyane (25 janvier 1794), plusieurs centaines d'entre eux, appréhendés dans différentes provinces du sud de la France, sont parqués dans les cachots de l'ancienne prison de la citadelle (actuel bâtiment de la manutention) ainsi que dans les geôles du fort Paté.. Les conditions de détention sont particulièrement difficiles : au manque de nourriture s'ajoutent les brimades et les mauvais traitements, qui ne tardent pas à avoir raison des plus faibles. En 1999, l'association locale d'archéologie a mis au jour des chapelles ardentes dans une des salles de l'ancienne prison, certaines ayant été garnies de niches afin d'y accueillir de petits cierges. En avril 1795, les détenus survivants sont libérés.

Le bastion des Pères et son échauguette, restaurée en 1995. Une seconde échauguette a été remontée en 1998

Sous le Premier Empire, la citadelle recouvre toute son importance stratégique, alors que les navires de guerre britanniques croisent régulièrement au large des côtes aquitaines et charentaises. Néanmoins, l'unique siège soutenu par la place-forte a lieu en 1814, alors que l'empire est déjà agonisant. Une escadre anglaise commandée par l'amiral Penrose prend position à hauteur de l'île Paté. Dix jours durant, les navires britanniques canonnent la citadelle, placée sous le commandement du général Merle. Ce dernier tient bon. Cependant, l'abdication de l'empereur Napoléon Ier, auquel succède sur le trône le roi Louis XVIII conduit à la cessation conjointe des hostilités et au renversement des alliances.

De 1832 à 1833, la citadelle, placée sous le commandement du général Thomas Robert Bugeaud, sert de lieu d'internement à la duchesse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, duchesse de Berry, détenue sur l'ordre du roi Louis-Philippe pour avoir fomenté un soulèvement visant à porter sur le trône son fils le duc de Bordeaux.

Échauguette du bastion des Pères, surmontée d'une fleur de lys, emblème de la monarchie française

En 1851, le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte conduit à des révoltes sporadiques dans plusieurs régions du sud-ouest. Plusieurs dizaines d'insurgés sont emprisonnés dans les sous-sols de l'hôpital, convertis en cachots de fortune. Manque d'hygiène, surpopulation, les conditions de détention apparaissent vite comme inadaptées. En janvier 1852, l'une des prisonnières perd la raison. Tandis que cette dernière est envoyée dans un établissement psychiatrique, ses codétenues sont relaxées. Les hommes ne bénéficient pas de cette mesure de clémence et sont déportés au bagne de Cayenne ou dans des geôles en Algérie.

Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques dès 1925, la citadelle apparaît pourtant menacée dans le courant des années 1930. Afin de consolider les défenses de la pointe de Grave, le ministère de la guerre demande l'autorisation aux beaux-arts de procéder à la démolition de la demi-lune du Cône. Bien que regrettant que soit porté atteinte à l'intégrité du monument, ceux-ci donnent leur accord, considérant comme prioritaires le renforcement des défenses du littoral. Les travaux de démolition débutent en 1936 mais se heurtent bientôt à une mobilisation menée par plusieurs personnalités locales, dont le maire Édouard Doré et le sous-préfet Jacques Guillemaut. Un journaliste local, Paul Raboutet, orchestre une campagne médiatique dans plusieurs journaux de la région, dont « L'illustration » et « L'avenir blayais et jonzacais ». Cette dernière est reprise par une partie de la presse nationale, conduisant à l'interruption des travaux peu après. L'année suivante, en 1937, la citadelle est classée monument historique.

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