L'écorce des quinquinas jaunes et rouges contient des alcaloïdes, dont la quinine, réputée pour ses propriétés antipaludiques.
Les Cinchona sont pour l'essentiel des plantes andines. Cinchona pubescens est l'espèce la plus largement répandue et c'est la seule à s'étendre de la Bolivie jusqu'en Amérique Centrale et sur les côtes du Venezuela.
Le genre a un centre de diversité marqué dans la déflexion de Huancabamba (sud de l'Équateur). Neuf espèces sont présentes uniquement au nord de cette région et neuf autres espèces au sud.
Les Cinchona poussent en montagne entre 1000 et 3000 m d'altitude.
Les quinquina ont été cultivés sous les tropiques pour la production de quinine. L'Inde et Java sont les zones de production les plus importantes. L'Afrique de l'est et le Zaïre ont aussi beaucoup produit d'écorce.
Seules deux espèces ont été exploitées en cultures commerciales importantes :
- C. pubescens, connue aussi comme C. succiruba, quinquina rouge,
- C. calisaya, connue des planteurs sous le nom de C. ledgeriana, quinquina jaune.
La grande culture commerciale s'est écroulée après la Seconde Guerre Mondiale, lorsque la quinine naturelle fut remplacée par des produits de synthèse (chloroquine).
Les 23 espèces du genre sont pour Andersson (1998) :
Jusqu'au milieu du XVIIe siècle la médecine européenne était restée impuissante contre les fièvres palustres. Pourtant tous les étés, les fièvres intermittentes frappaient les populations du bassin méditerranéen. Peu à peu, la maladie s'était étendue vers le nord, elle atteignit les côtes méridionales de l'Angleterre au XVIe siècle et traversa l'Atlantique avec les colons européens.
Rome était à cette époque la ville la plus impaludée du monde. Plusieurs papes moururent de mal'aria, "le mauvais air".
Ce furent les jésuites qui grâce à leur implantation mondiale trouvèrent dans le Nouveau Monde la plante guérisseuse. Au début du XVIIe siècle, un jésuite italien, Augustino Salumbrino créait à Lima au Pérou une grand pharmacie pour pourvoir aux besoins médicinaux de tous les jésuites de la vice-royauté. Un des membres de la Compagnie de Jésus de Lima, Bernabé Cobo, rapporte en 1639 « Dans le district de la ville de Loja [aujourd'hui situé en Équateur], du diocèse de Quito, pousse une certaine espèce de grands arbres qui ont une écorce semblable à la cannelle, un peu rugueuse et très amère ; laquelle réduite en poudre, est administrée à ceux qui ont la fièvre, et avec ce remède seul le mal disparait ». On sait qu'à partir des années 1631, lorsque les pères jésuites se rendaient à Rome, ils emportaient de « l'écorce du Pérou » avec eux. Les médecins du Vatican eurent alors la possibilité de vérifier que l'« écorce des Jésuites » ou « herbe des Jésuites » était aussi efficace contre les fièvres intermittentes qui décimaient chaque été les Romains, papes et cardinaux y compris.
À cette époque, le terme de quinquina n'était pas encore employé. Les jésuites de Lima parlaient de l'arbol de las calenturas « l'arbre de la fièvre » et l'écorce était nommée corteza de las calenturas « écorce de la fièvre » ou corticus peruvianus l'« écorce du Pérou ». De plus, si le paludisme avait commencé à sévir à l'époque de la conquête coloniale, il ne s'y rencontrait qu'à faible altitude et non aux hauteurs où poussait l'arbre de la fièvre. Il semble donc que les Indiens de l'époque précolombienne n'utilisaient pas son écorce contre le paludisme. Et les sources sur la connaissance qu'ils auraient pu en avoir pour d'autres usages restent confuses.
Pendant trois siècles, une toute autre histoire de la découverte des vertus du quinquina fut donnée. L'origine de ce récit que l'on pense maintenant être fallacieux , se trouve dans les écrits (publiés en 1663 mais écrits en 1639) d'un médecin génois du nom de Sebastiano Bado, qui disait le tenir d'un marchand italien. La comtesse de Chinchon, épouse du vice-roi du Pérou, avait contracté une fièvre tierce. L'annonce de sa mort imminente se répandit jusqu'aux oreilles du gouverneur de la bourgade de Loja. Celui-ci s'empressa alors d'apporter à la comtesse une potion tirée de l'écorce d'un arbre local. Elle en prit et « à la stupéfaction générale, elle guérit » conclut Bado.
Sebastiano Bado fut aussi le premier à employer le terme de quinquina et à expliquer qu'il venait du quechua kinakina. Seconde erreur! En effet, d'après la description qu'en donne le jésuite de Lima, Bernabé Bodo, il est clair que le terme quechua original kinakina désigne le Myroxylon peruiferum et non pas le Cinchona.
Les mérites de l'écorce du Pérou ne s'imposèrent pas immédiatement en Europe, encore fallait-il trouver le bon emploi et surtout vaincre les résistances des protestants face à une drogue papiste.
On sait que Cromwell avait souffert sa vie durant de fièvre tierce et la tradition veut qu'il soit mort (en 1658) en refusant de prendre de l'écorce du Pérou de peur d'être « jésuité à mort ». Mais rien n'est certain à cet égard. En 1679, à l'époque des grandes manifestations antipapistes, on porta en procession une cassette remplie de l'écorce des Jésuites qui fut ensuite brûlée avec l'effigie du pape.
C'est aussi un anglais rusé et sans scrupules, Robert Talbor, qui sut vaincre les préjugés de ses contemporains. Ayant appris auprès d'un apothicaire comment doser l'écorce du Pérou pour soigner la fièvre sans provoquer d'effets secondaires calamiteux, il proposa son propre remède miraculeux à la composition tenue soigneusement secrète, tout en dénigrant méthodiquement le remède des papistes. Il soigna avec succès le roi Charles II d'Angleterre moyennant des traitements mirobolants. Il alla ensuite à la cour de Louis XIV soigner le roi, le Dauphin et nombre de princes, toujours avec le même succès. À sa mort, on apprit que l'ingrédient principal de sa potion miraculeuse était l'écorce de quinquina.
Malgré les succès de l'écorce de quinquina dans la lutte contre le paludisme, l'arbre demeurait toujours inconnu des botanistes européens.
En 1735, Charles Marie de la Condamine participe à une expédition scientifique au Pérou pour mesurer un arc de méridien d'un degré à proximité de l'Équateur. Il est accompagné du botaniste Joseph de Jussieu qui découvre dans la province de Loja des quinquinas et en fait une description précise. Mais le tempérament fragile de Joseph de Jussieu est durement éprouvé par la vie rude au Pérou et plutôt que de s'occuper de publier ses travaux, il les remet à La Condamine. Pour l'historienne Florence Trystan « La Condamine s'est empressé de les envoyer en France, revues et corrigées de sa main. L'étude du quinquina, de ses vertus, de la meilleur manière d'en extraire le suc fournissant le fameux médicament, sont l'œuvre de Jussieu et La Condamine ne le cache d'ailleurs pas. Mais la communication à l'Académie sur le quinquina paraît non pas sous le nom de Jussieu, mais sous celui de la Condamine… De nos jours encore, on considère généralement La Condamine comme le découvreur du quinquina, et le premier à en avoir fait une étude sérieuse. » Jussieu très affecté par les épreuves était incapable et sans doute même pas désireux de démentir cette appropriation de découverte.
L'Académie des Sciences de Paris publie la communication en 1738. Ce fut la première description de l'arbre à parvenir en Europe et c'est elle qui fit autorité auprès de Linné.
C'est donc uniquement sur la base des observations de Jussieu - La Condamine, que Carl Linné créa le genre nouveau Cinchona pour le quinquina, en 1742 dans Genera Plantarum, en donnant foi à l'histoire romantique de la comtesse de Chinchon, sans manquer d'écorcher son nom en passant, puisque le premier h de Chinchon a disparu.
Des expéditions botaniques furent aussi menées par les Espagnols au Pérou et en Nouvelle-Grenade (Colombie et Venezuela actuels). Le botaniste Hipólito Ruiz López tira en 1792 de ses explorations du Pérou un opuscule dans lequel il distinguait sept espèces de quinquina. Enfin, José Celestino Mutis explora les forêts de la Nouvelle-Grenade et avec son équipe, il accumula des centaines d'illustrations et de descriptions botaniques sans jamais rien publier.
Un siècle plus tard, le botaniste, Hugh Algernon Weddell, d'origine anglaise mais ayant étudié et travaillé en France (au Muséum national d'histoire naturelle), effectua durant plus de cinq ans une mission d'étude des quinquinas en Amérique du Sud (de 1843 à 1848). Il tenta de mettre un peu d'ordre dans la classification léguée par les Espagnolset distingua 19 espèces dont le fameux Cinchona calisaya le plus riche en quinine qui allait être cultivé à grande échelle en Asie.
La dernière révision du genre date de 1998, soit près de quatre siècles après les premières observations des Jésuites ; elle est l'œuvre de Lennart Andersson.