Chien viverrin | |||||||||
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Classification | |||||||||
Règne | Animalia | ||||||||
Embranchement | Chordata | ||||||||
Classe | Mammalia | ||||||||
Sous-classe | Theria | ||||||||
Infra-classe | Eutheria | ||||||||
Ordre | Carnivora | ||||||||
Sous-ordre | Caniformia | ||||||||
Famille | Canidae | ||||||||
Genre | |||||||||
Nyctereutes Temminck, 1839 | |||||||||
Nom binominal | |||||||||
Nyctereutes procyonoides (Gray, 1834) | |||||||||
Statut de conservation IUCN : | |||||||||
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Le chien viverrin également connu sous le nom japonais de tanuki (Nyctereutes procyonoides) est une espèce qui ressemble à un raton-laveur mais appartient à la famille des canidés dont il est le seul représentant à hiberner. C'est la seule espèce du genre Nyctereutes.
Ce canidé à la morphologie trapue est davantage un opportuniste alimentaire qu'un réel prédateur. Charognes, œufs, insectes, oisillons, escargots, petits rongeurs, grenouilles et même crapauds au venin desquels il semble résister, constituent l'essentiel de son régime alimentaire enrichi toutefois de quelques végétaux type baies ou champignons. Durant l'automne, le poids du viverrin augmente considérablement afin de lui permettre de constituer des réserves pour l'hibernation. Cependant, l'hibernation n'est pas systématique puisqu'elle dépend de la température. Si celle-ci ne descend pas au-dessous de -5 °C, ils peuvent rester actifs ou ne s'endormir que pour quelques jours. De mœurs principalement nocturnes, ce sont des animaux plutôt discrets et solitaires et l'on n'observe pas de structure sociale aussi élaborée que chez d'autres canidés, bien que certains individus apprécient la présence de leurs congénères.
Le chien viverrin est un canidé au corps trapu, avec de courtes pattes et un pelage épais aux poils longs. Chez l’adulte, la longueur tête et corps varie de 50 à 70 cm, auquel il faut ajouter une queue de 15 à 25 cm. La hauteur au garrot avoisine 25 à 30 cm. Le chien viverrin est le seul canidé à posséder un masque facial sombre. Il ressemble au raton laveur par sa silhouette, son masque facial et ses poils longs. Cependant, sa queue courte est de couleur unie, contrairement au raton laveur, dont la queue est longue et annelée. Son poids varie en fonction du sexe, de l’âge et des saisons et oscille entre 4 et 6 kg en été et entre 6 et 10 kg en hiver.
Le tanuki est, dans la mythologie japonaise, l'un des yōkai (esprits) de la forêt, inspiré du chien viverrin auquel les japonais attribuent des pouvoirs magiques. Maître des déguisements, il est réputé pouvoir changer de forme à volonté. Les tanukis sont souvent représentés avec un chapeau de paille, une gourde de saké, un ventre rebondi qu'ils utilisent comme un tambour et des testicules de grande taille. Symbole de chance et de prospérité, ils sont présents dans l'art et les contes japonais depuis le Moyen Âge.
Originaire d'Extrême-Orient, jusqu'au début du XXe siècle son aire était limitée à l’Asie orientale et couvre la région de l’Amour-Oussouri en Russie, la Corée, la Chine orientale, le Japon et le nord de l’Indochine.
Entre 1928 et 1955, plus de 9 000 sujets, ont été lâchés dans la partie européenne de l’ex-Union soviétique en vue d’y augmenter la production de fourrures. En effet, la fourrure de cet animal était très prisée et servait en particulier à produire des vêtements pour l'armée soviétique. Les premières introductions ont eu lieu en 1928 en Ukraine, suivies d'autres expériences d'introduction dans le milieu naturel, dans les régions européennes et quelques régions asiatiques de l’ancienne URSS, depuis la Carélie jusqu’en Moldavie en passant par la Baltique, la Biélorussie et l’Ukraine, ainsi que dans des secteurs de la Fédération russe, le Caucase, le Kazakhstan et l’île de Sakhaline en Asie extrême-orientale. Dans les années 1940–1950, l'élevage du chien viverrin s'est intensifié en URSS, en particulier en raison des besoins importants de l'armée rouge au cours de cette période. Des animaux échappés de ces élevages sont alors venus renforcer les populations sauvages. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les besoins en fourrure n'étant plus si importants, de nombreux élevages ont fermé et les animaux furent lachés. Plus de 9 000 animaux furent lâchés entre 1948 et 1955.
L’espèce connut alors une rapide expansion vers le nord, le centre, et l’ouest de l’Europe. Les premiers spécimens observés dans les pays limitrophes l'ont été en Finlande, au milieu des années 1930. L'animal a ensuite colonisé l'Europe de l'Ouest.
Décennie | Observations |
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1920 - 1930 | Introduction en Ex-URSS. |
1930-1940 | Poursuite des lâchers en ex-URSS. Premières observations en Finlande. |
1940 - 1950 | Elevage et lâchers importants en ex-URSS. Observations en Suède et Slovaquie (ex-Tchécoslovaquie). |
1950 - 1960 | Observations en Roumanie et Pologne. |
1960 - 1970 | Observations en Bohème et Moravie (ex-Tchécoslovaquie), Allemagne de l'Est et de l'Ouest, Autriche, Hongrie et Bulgarie. |
1970 - 1980 | Observations en France et ex-Yougoslavie. |
1980 - 1990 | Observations en Norvège et aux Pays-Bas |
1990 - 2000 | Observations en Suisse et au Luxembourg. |
2000 - 2010 | Découverte d'un chien viverrin mort près de Maienfeld dans les Grisons en Suisse (juin 2009). Il s'agit de la 6e observation effectuée en Suisse. Découverte d'un chien viverrin mort en Belgique (avril 2010) |
Entre 1935 et 1984, le chien viverrin a colonisé 1,4 millions de kilomètres carrés de territoire. Il est aujourd'hui jugé fréquent dans les régions situées en Russie, dans le sud de la Finlande, en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Biélorussie, en Ukraine, en Moldavie, dans le nord et l’est de la Pologne et dans l’est de la Roumanie. Son expansion s'est ralentie dans les années 1970, en raison du manque d’habitats appropriés et du fait également d'un taux de mortalité élevé (chasse, capture et accident avec des automobiles). Cependant, au cours des années 1990, un regain d’expansion a été enregistré en Allemagne, mis en évidence par une augmentation très sensible du nombre d'animaux tués par les chasseurs:
Saison de chasse | Nombre d'animaux tués |
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1991/1992 | 12 |
1994/1995 | 204 |
1997/1998 | 1 735 |
2000/2001 | 7 161 |
2003/2004 | 18 634 |
En France, le premier signalement certain a été recueilli en 1975 en Moselle, à Schwerdorff, localité frontalière avec l’Allemagne. Une enquête de 2005 a permis de recenser 74 observations détaillées, dont 15 sur la base de dépouilles, crânes et clichés. Ces mentions proviennent de 11 départements dont 7 dans l'Est du pays. Des cas de reproduction in natura ont été enregistrés en Haute-Saône. La répartition hétérogène de ces observations dans l'espace et dans le temps suggère deux scenarii à l'origine de la présence de l'espèce sur le territoire français. Les observations réalisées dans l'Est du pays (Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Haute-Saône et Vosges) correspondraient pour l'essentiel à des individus provenant des proches populations allemandes. Celles réalisées dans les départements éloignés de cette frontière correspondraient à des individus évadés de parcs zoologiques ou de chez des particuliers, l'espèce étant réputée ne pas réaliser de déplacements sur de longues distances.
Les observations de chiens viverrins restent, en France, encore marginales et ne laissent pas pressentir une installation durable avec une population importante. Observés sur le territoire depuis les années 1970, particulièrement en Alsace et en Lorraine, et bien que les conditions naturelles leur soient plutôt favorables, les effectifs de ces animaux ont peu progressé en 30 ans en France. Cependant, un arrêté du 30 septembre 1988 intègre le chien viverrin dans la liste des animaux susceptibles d'être classés nuisibles par arrêté préfectoral. Certaines préfectures prennent effectivement des mesures en ce sens. Le développement des populations de chiens viverrins, en France, semble suspendu à l'évolution de l'espèce en Allemagne de l'Ouest.