Château de Rouen - Définition

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La construction du château

Le contexte : la conquête normande de Philippe Auguste

Sceau de Philippe Auguste

La conquête de la Normandie par Philippe Auguste en 1204 est d'une certaine façon la reconquête de territoires perdus par les rois de France depuis 911 à l'occasion des concessions effectuées aux envahisseurs Vikings commandés par Rollon. Situés à proximité de la capitale des Capétiens, les riches territoires normands attirent leur permanente convoitise. La conquête du royaume l'Angleterre en 1066 par le duc Guillaume le Conquérant déséquilibre durablement le rapport de force en faveur du duc-roi.

L'équilibre franco-anglais est rompu à partir de la mort imprévue de Richard Cœur de Lion survenue en 1199. Son successeur, Jean sans Terre se fait couronner duc de Normandie à Rouen le 25 avril 1199. Par le traité du Goulet signé le 22 mai 1200, il fait la paix avec le roi de France et accepte de lui rendre hommage. Mais Jean sans Terre commet d'importantes erreurs politiques. Il divorce de sa récente épouse, Havise de Gloucester, puis enlève et épouse Isabelle Taillefer, promise à Hugues IX de Lusignan, vassal du roi de France. Ce dernier fait appel à la justice de son suzerain Philippe Auguste qui prononce la commise des fiefs de Jean sans Terre (absent au procès) et donne les fiefs au neveu du Plantagenêt Arthur Ier de Bretagne, à l'exception de la Normandie qu’il se réserve.

Au cours de l’été 1202, Philippe Auguste s’empare du pays de Bray. Après l'abandon de Jean sans Terre par ses barons normands qui le soupçonnent d'avoir fait assassiner en 1203 son neveu Arthur Ier de Bretagne, la conquête militaire de Philippe Auguste devient plus facile. Château-Gaillard tombe le 6 mars 1204, suivi de Caen le 21 mai 1204, puis de Rouen le 24 juin 1204 (après 40 jours de siège). D'après les historiens, le rattachement du duché de Normandie au royaume de France marque le début du déclin de l'« empire Plantagenêt », dont la fin interviendra en 1399 avec l'usurpation de la maison de Lancastre.

En 1207, Philippe Auguste maintient les privilèges communaux dits « Établissements de Rouen » et la Coutume de Normandie. Ultérieurement, le 15 juillet 1315, le roi de France Louis X le Hutin concède la Charte aux Normands, confirmée à nouveau par Philippe VI de Valois en mars 1339.

Simultanément, Philippe Auguste fait construire le château de Rouen, symbole de l'autorité royale, et fait araser le rempart de la ville ainsi que l'ancien palais des ducs de Normandie. L'ouvrage, commencé en 1204, fait partie du vaste programme de construction lancé par Philippe Auguste sur l'ensemble du domaine royal.

Les soubassements gallo-romains

Pour la construction du château de Rouen, Philippe Auguste choisit avec soin le site de la colline Bouvreuil où se dressent les ruines de l'amphithéâtre gallo-romain de Rotomagus.

L'utilisation par Philippe Auguste de l'embase de l'amphithéâtre gallo-romain comme fondations de la forteresse (enceinte et basse-cour) est remarquable par la conception de l'ouvrage, par la dimension colossale de la réalisation et par sa symbolique.

L'emprise elliptique de l'amphithéâtre supporte au nord-est l'enceinte castrale du château (de forme polygonale) et au sud-ouest la basse-cour du château (en forme d'arc de secteur).

Le palais ducal de Rouen

Le palais ducal, construit par Richard Ier de Normandie, était situé à l'angle sud-est de la ville médiévale, au confluent du Robec et de la Seine (site de l'actuelle Halle aux Toiles). Il avait été ruiné par un incendie en 1200.

Philippe Auguste fait araser les restes du palais ducal (Tour de Rouen dite Vieille Tour, aula turris dite Grande Salle, chapelle Saint-Romain, chapelle Saint-Cande, mur d'enceinte « haut et épais », etc.).

Première phase de construction : 1204-1210

L'utilisation des maçonneries antiques réduit les terrassements tout en assurant des assises solides et stables. Le château de Rouen est l'un des plus grands châteaux bâtis par le Capétien, il est de type château fort. Le plan polygonal de l'enceinte (environ 90 mètres x environ 90 mètres) et les dimensions de la forteresse semblent être déterminés par l'embase elliptique de l'amphithéâtre (environ 130 mètres sur environ 120 mètres). Typique de l'architecture philippienne, la forteresse comporte un donjon circulaire séparé de l'enceinte et un châtelet d'entrée à deux tours.

L'Enceinte de la forteresse est flanquée de dix Tours, séparée par des courtines dans lesquelles s'ouvrent trois portes :

  • grosse tour maîtresse (circulaire) ou « donjon », détachée de l'enceinte (rue du Donjon) : actuelle tour Jeanne d'Arc
  • porte extérieure de la grosse tour (accès actuel au donjon)
  • demi-tour de la Grande Cuisine (rue du Donjon)
  • tour (circulaire) du Gascon (à proximité de la rue Bouvreuil)
  • tour (circulaire) du Beffroy (rue Morand)
  • demi-tour du châtelet d'entrée (cour du Musée de la céramique, entrée rue Faucon)
  • porte du châtelet d'entrée de la ville (cour du Musée de la céramique, entrée rue Faucon)
  • tour (circulaire) du châtelet d'entrée (cour du Musée de la céramique, entrée rue Faucon)
  • tour (circulaire) ou renfort d'angle (?) (cour du Musée de la céramique, entrée rue Faucon')
  • demi-tour Saint Patrice (à proximité de la rue Morand)
  • tour (circulaire) de la Pucelle (102 rue Jeanne-d'Arc, cour intérieure)
  • porte des champs, au nord (à proximité de la rue Jeanne-d'Arc)
  • demi-tour (rue du Donjon)

L'enceinte polygonale est entourée d'un fossé sec, profond de 6 mètres et large de 15 mètres. Une vaste basse-cour occupe le reste de l'emprise de l'amphithéâtre gallo-romain, et défend la porte principale vers la ville. La basse-cour est de forme en arc de secteur (de la rue Bouvreuil à la rue du Bailliage et à la rue Jeanne-d'Arc).

Aménagements ultérieurs

La forteresse prend temporairement le nom de château de Bouvreuil. En 1222, sont mentionnés, à l'intérieur de l'enceinte formant haute-cour, une chapelle royale, un logis royal et un logis du capitaine. Vers 1375, le roi Charles V transforme le logis royal, et en 1409, sous Charles VI, le châtelet d'entrée et la porte de la ville sont renforcés.

De 1419 à 1421, l'occupant anglais réalise plusieurs travaux :

  • construction d'une tour-porte, dite tour Carrée, en défense de la porte des champs (angle rue Jeanne-d'Arc et rue du Donjon)
  • construction d'un boulevard de protection de la Porte Bouvreuil (rue Bouvreuil)
  • rehausse de la tour dite tour de la Pucelle
  • aménagement d'une plate-forme d'artillerie en haut du donjon, et fermeture de la porte extérieure du donjon
  • extension et aménagement du logis royal et du logis du gouverneur.
    Plan de Rouen en 1657

Vues et plans

Le château de Rouen est représenté en 1525 par Jacques Le Lieur dans le Livre des Fontaines, et en 1575 par François de Belleforest dans le Pourtraict de la ville de Rouen. Le premier plan connu du bâtiment est dressé en 1635 par l'architecte Gravois pour le Parlement de Normandie. Il est fragmentaire car postérieur au début de la démolition. Le plan de J.Gomboust dressé en 1655 montre les vestiges nord du château. Le commandant Raymond Quenedey, historien, restitue en 1931 le plan du château de Rouen par l'étude des documents existants.

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