Château Gaillard (Les Andelys) - Définition

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Introduction

Château Gaillard
Château Gaillard (Les Andelys)

Période ou style Anglo-normand
Type château
Début construction XIIe siècle
Protection  Classé MH

Latitude
Longitude
49° 14′ 17″ Nord
       1° 24′ 10″ Est
/ 49.238126, 1.402752
  
Pays France France
Région historique Normandie
Région Haute-Normandie
Département Eure
Commune française Les Andelys
 
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Château Gaillard

Château Gaillard est une forteresse médiévale en ruine qui se situe au cœur du Vexin normand, à 100 km de Paris sur la commune des Andelys (Eure). Il constitue un morceau d'histoire de France qui domine la vallée de la Seine, mêlant Richard Cœur de Lion et les rois maudits en haut d'une falaise de calcaire. Château-Gaillard a plus de 800 ans. Il devrait son nom à Richard Cœur de Lion qui, le voyant achevé, aurait dit « Que voilà un château gaillard ! ».

Le château fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1862.

Contexte : la Normandie à la fin du XIIe siècle

Le château, vu de la Seine, logis (à gauche) et donjon

La construction de la forteresse s'inscrit dans la lutte que se livrent depuis les années 1060 les rois de France et les rois d'Angleterre, alors maîtres de la Normandie. En 1189, Richard Ier dit Richard Cœur-de-Lion hérite des couronnes de son père Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre et duc de Normandie. Le roi Philippe II de France, jusque là allié de Richard, s'éloigne de lui. Ils partent toutefois ensemble dès l'hiver 1190-1191 pour la Terre sainte. Mais après quelques mois, Philippe Auguste retourne dans son royaume et profite de l'absence de Richard pour entamer la conquête de la Normandie. Dès son retour, le roi d'Angleterre entreprend avec énergie de récupérer la suprématie sur la frontière orientale de son duché de Normandie. Après avoir battu l'armée du Capétien à Fréteval près de Vendôme, il conclut un traité de paix avec son rival en 1196. Richard consent notamment à la perte de plusieurs places fortes parmi lesquelles Gaillon et Vernon. La frontière orientale du duché est du coup fragilisée. Le roi d'Angleterre doit construire une nouvelle forteresse pour barrer la route de la Seine à la prochaine offensive des Français. Le site des Andelys lui apparaît idéal.

Vue panoramique de la forteresse

Un château né d'une usurpation et d'une infraction

Le choix des Andelys par Richard pose un double problème : d'une part, le lieu appartient à l'archevêque de Rouen ; d'autre part, le roi d'Angleterre n'a pas le droit de fortifier l'endroit selon les termes du traité de 1196. Mais, il n'a pas le choix s'il veut défendre la vallée de la Seine. Il passe donc outre les oppositions. Ce qui lui valut les foudres de l'archevêque Gautier de Coutances. Finalement, un compromis fut conclu en octobre 1197 : Richard offrit au prélat plusieurs terres ducales contre la possession des Andelys. L'échange était particulièrement favorable à l'Église.

Le site

Richard installe le château sur un éperon rocheux dominant la Seine d'environ 90 mètres. Le site n'est toutefois pas l'endroit le plus haut du secteur puisqu'au sud-est s'étend un plateau qui le domine de 50 mètres.

Le système défensif dépassait de loin la seule forteresse que nous voyons aujourd'hui et bloquait littéralement le fleuve. Au pied du château, le bourg fortifié de la Couture (embryon du Petit Andely) avait été créé. De là, un pont enjambait la Seine et prenait appui sur une île fluviale qui accueillit un petit château polygonal (le château de l'île). Quelques centaines de mètres en amont du fleuve, une triple rangée de pieux empêchait la descente des navires (l'estacade). Deux mottes castrales servaient d'avant-postes : la tour de Cléry sur le plateau et celle de Boutavent dans le vallée. Au centre, poste d'observation magistral et imprenable, le Château-Gaillard (appelé aussi château de la Roche / de la Roque en normand). L'ensemble avait pour vocation de verrouiller la boucle de la Seine en amont de Rouen en cas de danger.

L'architecture

Normandie Eure Andelys3 tango7174.jpg

Cet aspect est assez bien connu grâce aux multiples fouilles et aux comptes de l'Échiquier de Normandie.

Pressée par l'imminence d'un retour de la guerre, la construction du château prend moins de deux ans et en 1198, les travaux sont achevés. Le résultat impressionna les contemporains. D'où le commentaire prêté à Richard Cœur de Lion : « Comme elle est belle ma fille d'un an ».

Château Gaillard est en pierre. Il s'en distingue par la complexité de son plan. Le château ne ressemble pas aux forteresses construites ou améliorées dans la première moitié du XIIe siècle, par le roi Henri Ier. Ces dernières se présentaient généralement sous la forme d'un grand rempart de pierre enfermant un vaste espace ; un donjon carré ou une porte fortifiée complétait le dispositif défensif. Château Gaillard s'organise en multiples volumes, emboîtés ou presque indépendants les uns des autres. L'objectif est clairement de multiplier les obstacles afin d'épuiser l'assaillant. Cette disposition permet également d'entraver la progression des machines et nécessite moins de défenseurs.

Les différentes parties du château sont :

  • le donjon. C'est l'une des éléments les plus originaux et les mieux conservés. Il se présente sous la forme d'une tour circulaire mais renforcée, d'une part par un éperon, et d'autre part par des contreforts en forme de pyramides inversées. Ces contreforts se rejoignaient en arcs brisés qui supportaient des mâchicoulis. Ces derniers éléments ont disparu. Le donjon comptait trois niveaux mais on entrait par le premier étage. L'ouverture de baies géminée, côté falaise, indique que la tour avait une fonction résidentielle en plus de son rôle défensif.
  • Le donjon se situe au sein d'une haute cour, elle-même entourée par une enceinte et un fossé externe. Y prenaient également place une grande salle (aula), un four à pain et une armurerie. Des celliers, creusés dans la roche, assuraient dit-on le ravitaillement d'une garnison pendant deux ans. Assez bien conservée, l'enceinte, ellipsoïdale, constitue une partie originale. Elle présente en effet côté plateau une surface festonnée, lui assurant une meilleure résistance face aux gros projectiles. Cette innovation ne fut pas imitée. Côté falaise, l'enceinte montre en revanche un mur plat et peu épais. Des fenêtres trouent la muraille.
  • La basse-cour englobe la haute-cour et son donjon. Elle est entourée d'un fossé et d'un rempart polygonal dont il ne reste plus grand chose. Une chapelle et des bâtiments domestiques se trouvaient à l'intérieur.
  • De forme polygonale, l'ouvrage avancé forme une partie quasi-indépendante du château puisque seul un pont enjambant un fossé le reliait à la basse-cour. Il avait pour charge de renforcer la défense du côté le plus vulnérable de Château Gaillard, c'est-à-dire du côté du plateau en surplomb. Il servait aussi d'entrée au château, ce qui l'apparente à une barbacane.
  • L'ensemble des éléments du château est isolé par un fossé.

Pour l'archéologue Annie Renoux, Château Gaillard est « à la fois archaïque et novateur ». Archaïque par son assiette castrale, novateur par sa géométrie savante. Les érudits ont souvent expliqué que son architecture originale fut influencée par les châteaux syriens que Richard avait connus lors de la Troisième croisade. Cette origine est aujourd'hui discutéemais il n'empêche que certains éléments sont modernes pour l'époque tels la muraille festonnée, le système de mâchicoulis sur arcs brisés portés par des contreforts inversés et le flanquement régulier des courtines par des tours circulaires. La fonction à la fois résidentielle et défensive du donjon sera une idée poursuivie par Philippe Auguste.

Pour les contemporains, c'est une forteresse inexpugnable. Trois puits de 120 mètres (20 m sous le niveau de la Seine) sont creusés dans le sol calcaire, mais aussi de nombreuses caves destinées aux stockages des denrées nécessaires pour soutenir un long siège. Toutefois, de conception passive, Château Gaillard ne peut pas exercer une défense active. De plus, il était dominé au sud-est par un plateau où l'on pouvait installer des machines de guerre.

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