Château Gaillard (Les Andelys) - Définition

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Destin de la forteresse

Les Rois maudits

Basse-cour

En 1314, deux des trois belles-filles de Philippe IV le Bel (1268-1314) furent enfermées à Château Gaillard après l'affaire de la tour de Nesle : Marguerite de Bourgogne, femme adultère du dauphin Louis de France, (futur Louis X dit « le Hutin ») et Blanche, épouse de Charles de France (3e fils de Philippe, futur Charles IV le Bel). La première y mourut tandis que la deuxième fut « autorisée » à se retirer au couvent de Maubuisson.

Guerre de Cent Ans

Entrée de l'enceinte primaire qui protège le donjon

Durant ce conflit, le Château-Gaillard subit plusieurs sièges. Le 9 décembre 1419, il tombe aux mains des Anglais au bout de seize mois de siège et ce parce que la dernière corde nécessaire à la remontée de l'eau du puits s'était rompue. C'était la dernière place forte normande qui résistait encore au roi Henri V d'Angleterre. La Hire, compagnon de Jeanne d'Arc s'en empare en 1429. En 1430, la forteresse est de nouveau sous contrôle anglais. En 1449, Charles VII en reprend possession.

Époque moderne

Pendant les guerres de religion, les Ligueurs s'enferment dans le château alors sous le commandement de Nicolas II De La Barre De Nanteuil. Henri IV s'en empare en 1591 après presque deux ans de siège. En 1595, les États de Normandie demandent au roi la démolition de l'édifice afin d'éviter qu'une nouvelle bande de soldats s'y retranche pour piller la région. Henri IV accepte. En 1603, les Capucins des Andelys sont autorisés à prendre des pierres pour la réparation de leur couvent. Autorisation donnée également sept ans plus tard aux Pénitents de la ville. Les deux communautés religieuses s'attaquent en priorité aux courtines de la basse-cour et de l'ouvrage avancé. La destruction est interrompue en 1611 puis reprise sous l'égide de Richelieu. Le cardinal ordonne l'arasement du donjon et de l'enceinte de la haute-cour.

Ruines romantiques

En 1852, Château-Gaillard est classé parmi les Monuments historiques. Il entre dans les guides touristiques vantant les ruines romantiques de la Normandie, au même titre que l'abbaye de Jumièges et les châteaux de Lillebonne, de Gisors ou de Tancarville. En 1885-1886, l'architecte G. Malencon, puis vers 1900, l'archéologue Léon Coutil, sont chargés de dessiner un relevé des vestiges. Plusieurs fouilles et sondages ont permis de mieux connaître le château. Si son plan est maintenant bien connu, il reste des incertitudes sur son histoire et sur l'origine de certains perfectionnements architecturaux.

Le siège de Château Gaillard

Donjon, côté Seine

La Philippide, œuvre de Guillaume le Breton, nous renseigne principalement sur cet événement majeur dans l'histoire du château. Après la mort de Richard en avril 1199, son jeune frère Jean sans Terre lui succède sur le trône ducal. Philippe Auguste profite de ce changement de règne pour reprendre la conquête du duché de Normandie. Sous la pression du légat (Ambassadeur Italien) Pierre de Capoue, le Roi conclut un traité de paix le 22 mai 1200, connu sous le nom de traité du Goulet. Philippe Auguste conserve ses dernières conquêtes, notamment le Vexin Normand, à l'exception de Château Gaillard. Cette paix est rompue en 1202. Le roi reprend l'offensive et en août 1203, il s'empare de l'île d'Andely (avec son fort) et du bourg de la Couture, abandonné par sa population. Non loin, les Anglo-Normands abandonnent sans combat le château du Vaudreuil puis c'est au tour du château de Radepont de tomber. L'estacade est détruite, rendant la navigation sur la Seine possible. La route de Rouen est ouverte pour les Français. Donc, quand en septembre, Philippe entreprend le siège du château, la forteresse n'est plus si indispensable à prendre. Elle reste toutefois pour le roi de France un symbole (c'est le château de Richard Cœur de Lion) à abattre.

Philippe Auguste entoure la forteresse d'un double fossé de circonvallation qu'il hérisse de 14 beffrois. Mais conscient du caractère redoutable de la place forte, le roi de France compte surtout sur un blocus qui affamera la garnison et la population retranchées à l'intérieur pour soumettre Château Gaillard. Roger de Lacy commande la garnison et se montre prêt à résister le temps qu'une armée de secours envoyée par Jean sans Terre le débloque. Pour préserver les vivres, les 1200 habitants de La Couture (Petit Andely), qui avaient trouvé refuge dans le château, en sont chassés en décembre. Les Français assiégeants les repoussèrent. Tassés dans la deuxième enceinte, exposés au froid de l'hiver, ils moururent de faim ; sinistre tableau peint par Tattegrain en 1894.

Mais ce n'est pas la famine qui assure au roi de France la prise de Château Gaillard. Il tire parti des « erreurs dans la conception même de la forteresse, qui vont apparaître au fur et à mesure de la progression de l'assaut ». Les Français attaquent d'abord la grosse tour qui domine l'ouvrage avancé. Son écroulement oblige les défenseurs à se replier dans le château proprement dit. La légende voudrait que les Français soient entrés dans la basse-cour par les latrines. A la lumière du récit de Guillaume le Breton, ils se seraient introduits par l'une des fenêtres basses de la chapelle que Jean sans Terre avait fait construire bien mal à propos. Les assaillants débouchent dans la basse-cour tandis que les défenseurs s'enferment dans le donjon. Mais comme un pont dormant relie la basse-cour au donjon, les mineurs français n'ont pas de grandes difficultés à s'approcher de la porte. Un engin de jet l'enfonce finalement. La garnison comprenant 36 chevaliers et les 117 sergents ou arbalétriers se rend le 6 mars 1204. Le siège a coûté la vie à quatre chevaliers. Le champ est désormais libre au roi de France pour achever la conquête du duché de Normandie. Conquête facilitée par l'abattement moral chez les Anglo-Normands, consécutif à la chute de Château Gaillard. Le duché tombe entièrement en juin 1204.

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