Chambre à gaz - Définition

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Introduction

Chambre à gaz du camp d'extermination de Majdanek (photo prise en 2007).

Une chambre à gaz est un dispositif destiné à donner la mort, consistant en une pièce hermétiquement close dans laquelle un gaz toxique ou asphyxiant est introduit. L'agent toxique le plus communément utilisé est le cyanure d'hydrogène. Les chambres à gaz sont une méthode d'exécution de la peine de mort aux États-Unis depuis le début des années 1920. En Allemagne, elles furent utilisées à large échelle par le programme génocidaire des nazis.

États-Unis

Chambre à gaz à la Prison d'État de San Quentin

Cinq États américains (Arizona, Californie, Maryland, Missouri et Wyoming) utilisent la chambre à gaz pour appliquer la peine de mort. Cette méthode, souvent utilisée dans les États de l'ouest à partir des années 1920, l'est aujourd'hui très rarement. Les condamnés à mort ont en effet le choix entre la chambre à gaz et l'injection létale, excepté au Wyoming où la chambre à gaz n'est utilisée que si la méthode courante est jugée anticonstitutionnelle.

Depuis 1976, onze personnes ont été exécutées par gaz létal aux États-Unis. La dernière fut Walter LaGrand le 3 mars 1999.

Abattage d'animaux

Les chambres à gaz sont également largement utilisées comme moyen d'abattage massif d'animaux, notamment pour l'exploitation de la fourrure animale, l'intérêt étant de la préserver en bon état.

Des caissons à gaz sont commercialisés pour tuer par suffocation des pigeons préalablement capturés. L'agonie du pigeon dure environ cinq minutes selon le vendeur, qui affirme aussi qu'elle serait sans douleur et qualifie d'euthanasie la mort ainsi administrée.

Allemagne Nazie

Cette technique d'exécution a été poussée à un niveau industriel à Auschwitz par les nazis pour exterminer principalement des Juifs, mais également des résistants, des handicapés mentaux, des Noirs, des Roms, des homosexuels, des franc-maçons et des communistes pendant la Seconde Guerre mondiale. Le gaz employé à Auschwitz fut l'acide cyanhydrique, dégagé par le Zyklon B de la firme IG Farben. Dans certains autres camps d'extermination, ce sont des gaz d'échappement qui ont été utilisés de façon exclusive, qui tuaient les victimes par intoxication au monoxyde de carbone, soit dans des chambres à gaz (Treblinka), soit dans des camions mobiles comme ce fut le cas, par exemple, à Chelmno à partir de décembre 1941.

Contre les handicapés

Des gazages utilisant les gaz d'échappement furent expérimentés par les nazis pour assassiner les handicapés (ou les malades étiquetés « vies inutiles ») dans un vaste plan d’eugénisme, qui fit au total, selon les estimations, de 70 000 à plus de 100 000 victimes, très majoritairement entre 1939 et 1941, le plan ayant officiellement cessé suite aux protestations de l’Église catholique (il y eut ensuite une campagne d'élimination sauvage, n'utilisant plus de gaz et faisant nettement moins de victimes).

Bâtiments

À Auschwitz, les locaux de gazage faisaient partie des crématoires (on appelle alors "crématoire" un bâtiment incluant en un même lieu les salles de déshabillage, chambres à gaz et salles des fours). À Auschwitz il y a cinq crématoires appelés K I, K II, K III, K IV et K V (K I à Auschwitz I, les autres à Auschwitz II c’est-à-dire Birkenau). En plus de ces Krematorium, il y avait dans le bois à la lisière extérieure du camp de Birkenau des chambres à gaz dans deux lieux appelés Bunker. Les deux Bunker ont été utilisés avant la construction des K II à V. Il s'agissait au départ de bâtiments existant antérieurement au camp et appartenant à des paysans polonais qui en ont été expropriés. Ils ont ensuite été l'objet de travaux destinés à les adapter à leurs fonctions sur ordre de R. Höß le commandant du camp, qui tenait lui-même ses ordres de Himmler. La capacité de ces Bunker était bien inférieure à celle des crématoires. Les Bunker 1 et 2 ont cessé d'être utilisés lorsque les Krematorium ont été terminés. Le Bunker 1 (deux chambres à gaz) a alors été détruit. Le Bunker 2 (quatre chambres à gaz) en revanche a été conservé et remis en service lors des transports massifs de Juifs hongrois durant l'année 44 car les quatre crématoires n'y suffisaient pas. Pour certaines, les chambres à gaz prenaient l'apparence anodine de salles de douches pouvant contenir simultanément jusqu'à 3 000 personnes pour les K II et III et 2 000 pour les K IV et V.

Méthode

Une fois les portes fermées, un officier SS versait les cristaux de Zyklon B par des ouvertures dans le toit qu'il obturait ensuite par des dalles en béton (aux K I, K II et K III) ou par des lucarnes de bois en haut des murs (aux Bunkers et aux K IV et K V). Dans le premier cas, le produit tombait dans des colonnes creuses jalonnant la chambre d'où le gaz commençait à diffuser. La mort survenait progressivement après 6 à 20 minutes (variable selon la quantité de personnes dans la salle et la chaleur) de convulsions et d'étouffement. Après un délai qui était jugé convenable par un médecin SS regardant pour cela dans la pièce par un judas, on ouvrait les portes. Peu après, dans les crématoires équipés de ventilation, les cadavres étaient sortis de la chambre à gaz. Là, un Kommando était chargé de raser les cheveux des femmes et de récupérer les objets de valeur, y compris les dents en or. Ensuite, ces prisonniers devaient empiler les cadavres dans des monte-charges vers la salle des fours aux K II et III parce que les chambres à gaz y étaient au sous-sol.

Négationnisme

Les négationnistes prétendent notamment que les descriptions faites par les survivants et les témoignages de nazis (par exemple celui de Dieter Wisliceny, dont le témoignage eut une certaine importance dans le procès d'Eichmann) seraient inexactes.

Selon ces thèses négationnistes, la toxicité du Zyklon B serait telle qu'il aurait été impossible d'entrer dans les chambres à gaz sans masques avant plusieurs heures, ce qui rendrait impossible le rendement admis par tous les historiens. En réalité, cet argument est erroné.

En fait, ils profitent des différences de fonctionnement des lieux de gazage qui ne sont évidemment pas connues du grand public. Au Bunker 1 d'Auschwitz, par exemple, il était nécessaire d'attendre plusieurs heures avant de faire venir le Sonderkommando des prisonniers chargés de sortir les corps (pour que les gaz se soient suffisamment dissipés), ou bien il fallait les équiper de masques à gaz. Forts de cette expérience, les travaux ordonnés par les SS au Bunker 2 ont prévu deux portes se faisant face pour chacune des quatre chambres à gaz afin d'en faciliter l'aération. Dans les quatre complexes de chambres à gaz-crématoires construits par la suite à Auschwitz, les SS ont demandé aux entreprises de prévoir des systèmes de ventilation.

Jamais l'eau n'a coulé dans ces pseudo-douches de Birkenau. Les pommeaux étaient là seulement pour obtenir le calme des victimes en leur faisant croire aussi longtemps que possible qu'ils allaient réellement prendre une douche désinfectante avant de pouvoir pénétrer dans le camp. Dans ce but, les SS d'Auschwitz avaient également placé des pancartes Zum Baden sur les portes, ainsi que des crochets numérotés dans les vestiaires où les victimes se déshabillaient (on leur disait alors de bien retenir le numéro). À Treblinka, les pommes de douches n'étaient pas raccordées à l'eau non plus. Comme à Birkenau, les prisonniers devaient utiliser des tuyaux d'arrosage avant de sortir les corps.

La présence des chambres à gaz et leur utilisation par les SS est paradoxalement l'objet d'une méconnaissance du grand public utilisée par les négationnistes pour tenter de nier leur existence. La confusion provient également d'une mauvaise connaissance de la différence entre :

  • les camps d'extermination (Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka, ou les camps mixtes Auschwitz, Majdanek) qui en disposèrent — ou qui utilisèrent le procédé des camions, selon les cas —, pour certains dès 1941, à fins d'assassinats en masse principalement des Juifs (dès leur arrivée dans ces véritables centres de mise à mort),
  • les camps de concentration qui servaient de camp de travail (Dachau, Buchenwald, Mauthausen, ...) qui n'en firent qu'un usage limité, afin d'éliminer les déportés trop épuisés ou malades, devenus inaptes au travail (procédé permettant qu'il y ait le moins de traces possible pour évaluer leur nombre avec précision)
  • les camps de transit (Drancy, ...) qui étaient une étape avant transfert.
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