Cervin - Définition

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Introduction

Cervin
Le Cervin vu depuis un train du Gornergrat Bahn, au niveau de Riffelberg, station intermédiaire avant le Gornergrat (Zermatt)
Géographie
Altitude 4 478 m
Massif Alpes valaisannes
Coordonnées 45° 58′ 35″ Nord
       7° 39′ 30″ Est
/ 45.97639, 7.65833
Administration
Pays Suisse Suisse
Italie Italie
Canton
Région autonome
Valais
Vallée d'Aoste
District
Commune
Viège
Valtournenche
Ascension
Première 14 juillet 1865 par Edward Whymper, Lord Douglas, Peter Taugwalder père, Peter Taugwalder fils, Michel Croz, Charles Hudson et Douglas Hadow
Voie la plus facile Arête du Hörnli
Géologie
Type pic pyramidal

 

(Voir situation sur carte : Italie)
Cervin

 

(Voir situation sur carte : Suisse)
Cervin

Le Cervin (Cervino en italien, Matterhorn en allemand) est un sommet alpin de 4 478 mètres d'altitude, situé sur la frontière italo-suisse.

Le Cervin est la montagne la plus connue de Suisse, notamment pour l'aspect pyramidal qu'elle offre depuis le village de Zermatt, dans la partie alémanique du canton du Valais.

L'ascension de la face nord fut considérée comme le dernier des grands exploits d'alpinisme dans les Alpes, avec celle de l'Eiger et des Grandes Jorasses.

Toponymie

Cervin vient de « mont Servin » qui, jusqu'en 1855, désignait le col de Saint-Théodule (Mons Silvanus, en latin, où le terme mons indiquait les cols, et n'acquit la signification de « sommet » que par la suite), d'une grande forêt traversée par le chemin du col du côté du Valtournenche. Le changement du 's' au 'c' fut causée par une simple faute commise par Horace-Bénédict de Saussure, l'un des premiers cartographes du Royaume de Sardaigne. Ce toponyme fut inventé pendant l'« Optimum » climatique de l'époque romaine, lorsque les cols alpins étaient ouverts pendant la plupart de l'année. Ce fait fut entre autres la cause de la conquête romaine de la Vallée d'Aoste, de la fondation d'Augusta Prætoria Salassorum (aujourd'hui, Aoste), et de l'importance de cette région au cours des siècles, surtout pour les cols du Grand (en latin, Summus Pœninus, Alpes pennines) et Petit-Saint-Bernard (en latin, Alpis Graia, Alpes grées). Au Valtournenche, le Cervin est appelé dans le patois valtournain tout simplement la Grand’Becca, c'est-à-dire le « Grand pic ».

Le toponyme en allemand, Matterhorn, dérive de Matt (« pré » en suisse allemand et en langue walser - cf. le titsch de Gressoney-Saint-Jean Wisso Matto, en allemand Weissmatten, en français « Prés blancs ») ; et de Horn, c'est-à-dire « corne », le nom de la plupart des sommets des Alpes valaisannes et des Alpes valdôtaines limitrophes, surtout entre la vallée du Lys et le val d'Ayas (traduits en français par « Tête »). Par conséquent, la vallée de Zermatt, en allemand « Mattertal » est la « vallée des prés », et Zermatt est « le pré » (zer étant l'article défini masculin en langue walser).

Ascensions

Itinéraires

Voie Normale

La voie normale part du refuge du Hörnli, situé à 3 260 mètres. On y accède depuis Zermatt par le téléphérique du Schwarzsee ; il y a 700 mètres de dénivelé jusqu'au refuge puis (1 200 mètres de dénivelé jusqu'au sommet).

Difficulté (arête du Hörnli) : AD (assez difficile), passage de 3 en escalade ; des cordes fixes ont été installées près du sommet pour faciliter son ascension.

Les différentes faces

Les faces les plus célèbres du Cervin sont les faces est et nord, visibles depuis Zermatt. La première, haute de 1 000 mètres, présente de grands risques de chutes de pierres, ce qui rend son ascension dangereuse. La face nord, haute de 1 100 mètres, est une des faces les plus dangereuses des Alpes, en raison notamment des risques d'éboulements et de tempêtes. La face sud, qui domine Breuil, en Italie, est haute, elle, de 1 350 mètres. C'est la face qui offre le plus de voies. Et enfin, la face ouest, la plus haute avec ses 1 400 mètres, est celle qui fait l'objet du moins de tentatives d'ascensions. Entre la face ouest et la face nord se trouve aussi la face nord-nord-ouest, qui ne s'étire pas jusqu'au sommet mais s'arrête au Nez de Zmutt, sur l'arête du même nom. C'est l'itinéraire le plus dangereux pour l'ascension du Cervin. Il existe aussi une face sud-sud-est, réputée être l'itinéraire le plus difficile de la face sud, qui aboutit au Pic Muzio, sur l'Epaule de Furggen.

Les arêtes

Le Cervin vu depuis le Breuil (haut Valtournenche) en hiver

Du fait de sa forme pyramidale, le Cervin est doté de quatre arêtes principales, par où passent la plupart des itinéraires d'ascension. L'arête la plus facile, celle qu'emprunte la voie normale, est l'arête du Hörnli (Hörnligrat en allemand) : elle se situe entre les faces est et nord, faisant face à la vallée de Zermatt. Plus à l'ouest se trouve l'arête de Zmutt (Zmuttgrat), entre les faces nord et ouest. Entre les faces ouest et sud se trouve l'arête du Lion (Liongrat), dite aussi arête italienne, qui passe par le pic Tyndall, sommet de la partie sud de la face ouest, au niveau duquel commence la partie supérieure de face. Enfin, la face sud est séparée de la face est par l'arête de Furggen (Furggengrat).

Les autres voies

La face sud, moins lisse que les trois autres, offre plusieurs autres arêtes aux alpinistes. Dans sa partie gauche se trouve notamment l'arête de Amicis, qui aboutit sur l'arête du Lion au niveau du Pic Tyndall. Elle porte le nom de l'italien Ugo de Amicis, qui a plusieurs fois échoué dans l'ascension de sa partie supérieure en 1906. Elle sera finalement vaincue en 1933, mais la cordée fera une chute mortelle à la descente. Une autre arête, ouverte en 1942, débouche un peu plus loin, entre le massif du sommet et le pic Tyndall. Enfin, dans la partie droite de la paroi se trouve la voie Muzio-Carrel, qui emprunte la face sud-sud-est.

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Historique

En 1865, après avoir essuyé un refus du guide italien, le valtournain Jean-Antoine Carrel, qui rêve lui aussi de réussir la première ascension mais par l'arête italienne, le 12 juillet, Edward Whymper, Lord Douglas (touriste anglais rencontré sur la route) et Peter Taugwalder fils se rendent à Zermatt et décident d'engager le guide Peter Taugwalder père. Arrivés à l'hôtel du Mont-Rose, ils rencontrent le révérend Charles Hudson et son jeune et très inexpérimenté compagnon Douglas Hadow qui ont engagé le guide chamoniard Michel Croz pour eux aussi tenter cette première ascension. Les deux cordées décident alors d'unir leurs forces pour essayer de gravir ensemble l'arête du Hörnli (arête nord-est). Le 14 juillet, la cordée des sept hommes atteint le sommet vers 13h40. Dans la descente, Douglas Hadow glisse en renversant Michel Croz. Charles Hudson puis Lord Douglas ne parviennent pas à retenir la chute et sont à leur tour emportés. Par chance la corde se rompt, permettant ainsi à Edward Whymper, au guide Peter Taugwalder père et à Peter Taugwalder fils de ne pas être emportés à leur tour. Edward Whymper, très marqué par ce drame, ne tenta ensuite plus aucune première majeure.

La paroi méridionale et l'« Arête du lion » (sud-ouest), vus du Breuil (haut Valtournenche)

Le 17 juillet 1865, trois jours à peine après la première ascension, Jean-Antoine Carrel et Jean-Baptiste Bich réalisent la première ascension du Cervin par l'arête du Lion (arête sud-ouest), plus difficile que l'arrête du Hörnli.

En 1879 l'arête de Zmutt (arête nord-ouest) est gravie pour la première fois par Albert F. Mummery, Alexandre Burgener, J. Petrus et A. Gentinetta.

En 1941, la dernière arrête du Cervin, celle de Furggen (arête sud-est) est gravie pour la première fois de manière complète par Louis Carrel, A. Perrino et G. Chiara. En 1911, cette arête avait déjà été escaladée, mais les alpinistes avaient contourné les surplombs.

En 1966, les guides de Zermatt René Arnold et Sepp Graven parcourent les quatre arêtes du Cervin dans la même journée : ils montent au sommet par l'arête de Furggen, redescendent par celle du Hörnli jusqu'au refuge atteint vers 9h30, traversent ensuite le glacier du Cervin (situé au pied de la face nord) pour atteindre à nouveau le sommet par l'arête de Zmutt, avant de redescendre par l'arête du Lion. En août 1992, Diego Wellig et Hans Kammerlanden montent et redescendent chaque arête en 24 heures, soit quatre montées et quatre descentes pour 8 500 mètres de dénivelé : après être montés au sommet par l'arête de Zmutt, ils descendent par celle du Hörnli, pour monter à nouveau par l'arête de Furggen, nouvelle descente par l'arête du Lion, immédiatement gravie à nouveau, avant de descendre et remonter par l'arête du Hörnli, puis de descendre une dernière fois au refuge de Hörnli.

L'ascension des différentes faces du Cervin présenta aussi de grands défis pour les alpinistes. La première à être vaincue fut la face nord, escaladée pour la première fois en 1931, exploit qui valut à ses auteurs le Prix olympique d'alpinisme aux Jeux olympiques de Los Angeles de 1932. Quelques mois plus tard, c'est la face sud (face italienne) qui est conquise. En 1932, la dangereuse face orientale est gravie à son tour. En 1962, la face ouest, la plus haute des quatre avec ses 1 400 mètres, est vaincue. Enfin, la face nord-nord-ouest, située entre l'arête de Zmutt et la face ouest (après le Nez de Zmutt, l'ascension se poursuit par l'arête), n'est gravie qu'en 1969 : les deux voies qui la parcourent sont les itinéraires les plus récents et les plus difficiles pour gravir le Cervin.

La première face gravie en hiver est la face nord, vaincue le 4 février 1962 par trois cordées suisses et par une température inférieure à -20 °C. Trois ans plus tard, en février 1965, Walter Bonatti est le premier à réussir l'ascension de la face nord du Cervin en solitaire et en hivernale, ouvrant au passage une nouvelle voie (qui porte aujourd'hui son nom). Une ascension de quatre jours, entrée dans la légende de l'alpinisme.

Il fallut ensuite attendre 1971 pour voir la face sud vaincue en hiver, les 22 et 23 décembre, par Arturo et Oreste Squinobal. La face est est à son tour vaincue en hiver le 27 février 1975 par trois guides valaisans, René Arnold, Guido Bumann et Candide Pralong, après un bivouac à 4 300 mètres d'altitude.

Durant l'hiver 1977-1978, Ivano Ghirardini réalise un exploit hors norme : l'ascension des faces Nord du Cervin, des Grandes Jorasses et de l'Eiger, en solo, et sans aucune assistance. Cette trilogie hivernale, en solo et sans assistance, bien que tentée par quelques-uns des plus grands alpininstes, notamment Daudet en 2002, reste à ce jour inégalée.

La première hivernale de la face ouest est réalisée en 1978, seize ans après la première ascension hivernale de la face nord. Une cordée de sept Italiens (parmi lesquels trois des quatre vainqueurs de la face sud en hiver) atteint le sommet après trois jours d'ascension le 11 janvier. Leur descente sera dramatique : Rolando Albertini se tue dans une chute, et un autre alpiniste est blessé par un éboulement.

La face nord-nord-ouest est gravie pour la première fois en hiver par les guides Daniel Anker et Thomas Wüschner entre le 26 et le 31 décembre 1982. Quelques mois plus tard, en mars 1983, une cordée de deux Bulgares atteint à son tour le sommet par cette voie après une ascension record de dix-sept jours et seize bivouacs. La face sud-sud-est avait elle été gravie les 3 et 4 septembre 1953 par Louis Carrel, l'abbé Louis Maquignaz et Italo Muzio, qui durent utiliser plus de soixante pitons dans les quatre cents derniers mètres.

En 1992 Patrick Gabarou et Lionel Daudet achèvent la voie « Aux Amis Disparus » dans la face nord du Zmut.

Les 31 juillet, 1er et 2 août 2001, une nouvelle voie baptisée Free Tibet est ouverte dans la face nord par Patrick Gabarou et Cesare Ravaschietto.

Du 17 au 19 juin 2009, Jean Troilet, Martial Dumas et Jean-Yves Frederiksen ont ouvert une voie en face nord, la voie Sébastien Gay.

Le 13 janvier 2009 le Suisse Ueli Steck pulvérise le record d'ascension de la face Nord en une heure et 56 minutes.

Le guide Ulrich Inderbinen a gravi le Cervin 371 fois et pour la dernière fois à 90 ans et est décédé à 103 ans. À ce jour, environ cinq cents alpinistes ont perdu la vie sur le Cervin.

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