Poursuivant les idées exprimées par Auguste Perret, les architectes de son atelier vont établir un concours interne pour ouvrir différentes possibilités concernant le plan d’ensemble : en juillet 1945, ceux-ci font différentes propositions où l'ancienne trame de la ville n'est presque plus visible. Cependant le plan dit définitif - signé par Auguste Perret et adopté en janvier 1946 - est plus ouvert au compromis : sans perdre toute la dimension utopiques des précédentes propositions, il va choisir de conserver l’agencement de la ville d’avant-guerre avec ses grands axes et leurs usages. Ce principe va s’étendre aux commerces et aux rues secondaires qui retrouvent approximativement leur place suivant une logique rationnelle que Jacques Tournant résume ainsi : «1°- sauf si certains centre commerciaux sont globalement déplacés, les boutiques doivent être reconstituées le plus près possible de leur ancien emplacement et dans des conditions qui permettent la bonne exploitation ;
2°- les habitations peuvent être plus facilement déplacées. Les densités admissibles et l’exposition en conditionneront la nouvelle disposition ;
3°- l’angle droit est générateur d’économie en construction. Il permet l’établissement de plans d’appartement meilleurs ;
4°- le commerce s’attache à la voie de passage, l’habitation a souvent intérêt à s’en éloigner. »
Si le centre-ville du Havre retrouve ses rues et ses monuments, il s’inscrit désormais dans un plan devenu orthogonal : une trame géométrique où les axes se coupent à angle droit, suivant un urbanisme « rationnel » que l’on peut également comparer aux villes de l'Antiquité (plan dit hippodamien) mais aussi aux centres-villes nord-américains. La trame du Havre est partiellement contrariée par les rares monuments ayant subsisté après les bombardements (cathédrale Notre-Dame, Muséum d'histoire naturelle) et par un quartier historique réédifié dans un style dit régionaliste (Saint-François).
Les artères principales redessinent les trois axes majeurs de la ville détruite (Triangle monumental). Cherchant à réintroduire leurs usages d’avant-guerre, Auguste Perret s’assure du fonctionnement de ses modèles avant d’en faire la transcription : il prend donc pour exemples les grandes réalisations nationales, adaptant chaque gabarit à une fonction précise, tout comme il va s’inspirer des grandes places royales pour dessiner celle de l’hôtel de ville.
D’orientation nord-sud, la rue de Paris relie l'hôtel de ville (au nord) au front de mer sud (ancien terminal de paquebots). Pour cette ancienne rue commerçante, Auguste Perret travaille dès 1945 sur une typologie d’immeubles qui devait définir l’ensemble de la reconstruction de la ville (suivant le modèle des I.S.A.I. édifiés dans sa section nord entre 1947 et 1950). Prenant pour modèle la rue de Rivoli à Paris, l'artère est bordée au rez-de-chaussée et à l'entresol par des commerces, protégés sous une galerie-portique semi-ouverte en retrait d’une colonnade, l’ensemble est rehaussé par trois étages d'habitations. Tout au long de cette rue, une quarantaine d'architectes participent à la réalisation des îlots dans les années 1950 en respectant les principes définis par Perret mais en apportant chacun quelques variations de « vocabulaire ».
D'orientation est-ouest, elle prolonge le boulevard de Strasbourg en partant de l’hôtel de ville (à l’est) pour arriver à la Porte Océane (à l’ouest).
Comparable par ses dimensions aux avenues Foch et des Champs-Élysées à Paris, elle est l'une des avenues les plus larges d'Europe. Boulevard initialement créé sous le Second Empire à l’emplacement de la zone non constructible des fortifications, l’avenue Foch est aujourd’hui constituée d'un axe central et de deux doubles contre-allées longeant des commerces, des bureaux, un cinéma et de nombreux logements de haut standing. La majorité des immeubles qui la borde a été achevée en 1954 et comporte cinq à six étages. Les façades sont agrémentées de bas-reliefs rendant hommage aux personnages marquants du Havre d'avant-guerre (« gloires du Havre »).
Il relie obliquement la Porte Océane (au nord-ouest) au Front de mer sud (au sud-est). Exception à la règle orthonormée, le boulevard François Ier forme une diagonale séparant nettement le centre-ville du front de mer ouest alors consacré à la construction navale (emplacement actuel de la Résidence de France). Il est bordé sur un côté par des îlots où les bâtiments se positionnent en redent, laissant place à de petits jardins triangulaires. L’autre rive, construite plus tardivement, est constituée d’une barre quasi continue de logements à vocation sociale devant théoriquement isoler la ville des vents de mer dominants venant de l’ouest.