La cavitation (lat. Cavus qui signifie « Trou ») est un phénomène qui décrit la naissance et l'oscillation radiale de bulles de gaz et de vapeur dans un liquide soumis à une dépression. Si cette dépression est suffisamment élevée, la pression peut devenir inférieure à la pression de vapeur saturante, et une bulle de vapeur est susceptible de naître.
Les origines de la dépression sont de deux sortes:
La dépression peut avoir deux origines différentes :
Dans tous les cas, c'est la dépression qui fait grandir la bulle. Pour étudier ce phénomène, il est donc nécessaire d'étudier la relation qui lie la pression du fluide (loin de la bulle), et le rayon de la bulle (considérée comme sphérique). Pour cela, on s'appuie sur la nature du gaz, de la pression de Laplace, et éventuellement du module d'élasticité du fluide.
La cavitation est exploitée de façon assez singulière dans la nature par une crevette tropicale qui possède l'une de ses pinces surdéveloppée par rapport à l'autre. Lorsqu'elle referme cette énorme pince il en résulte un écoulement très violent engendrant une bulle de cavitation hydrodynamique, qui, en implosant, émet une onde de choc susceptible d'assommer, voire tuer le plancton environnant. Selon un article paru dans la revue scientifique Science Magazine, on a longtemps cru que le bruit provenait de la pince elle-même, avant qu'une équipe hollandaise ne démontre l'apparition d'une bulle de cavitation à l'aide d'une caméra rapide. La même équipe a d'ailleurs démontré que cette bulle était luminescente.
La cavitation existe aussi chez les plantes vasculaires, elle intervient dans le xylème. Les bulles d'air rompent la continuité de la colonne d'eau et du coup les feuilles ne sont plus hydratées. Des épisodes récurrents de cavitation vont menacer la survie de la plante.
Quelle qu'en soit l'origine, la cavitation a deux effets différents :
C'est pourquoi le contrôle du phénomène de cavitation est essentiel en hydrodynamique : il représente une limite, à cause de la perte de rendement voire de la destruction (des hélices et pompes) qu'il peut provoquer. Les impacts sur celles-ci se font toujours aux points de vitesse les plus élevées : intérieur des hydrauliques vortex et extérieur des hydrauliques mono et multicanaux (voir les photos suivantes).
Mais inversement, la bonne compréhension du phénomène peut permettre de l'exploiter. Des applications pour le nettoyage ont été proposées. En médecine, les ultrasons (lithotripsie extracorporelle) permettent de détruire les calculs vésicaux et rénaux. De plus, la densité d'énergie ainsi atteinte dans certaines bulles donne lieu à des réactions chimiques inhabituelles, domaine appelé sonochimie, et même dans certains cas à l'émission de lumière, phénomène appelé sonoluminescence. Certains chercheurs pensent qu'il est possible d'exploiter ces phénomènes pour réaliser une fusion nucléaire.
La cavitation a un effet destructeur principalement sur les pompes oléohydrauliques haute pression : les microexplosions arrachent la matière et détruisent la pompe. Les causes les plus fréquentes sont un filtre d'aspiration colmaté ou une prise d'air sur l'aspiration.
Glace de pompe oléohydraulique détruite par la cavitation. |
Pour prévoir ce phénomène, on introduit le paramètre de cavitation, adimensionnel, noté σ. Il est défini par :
Avec :
Deux écoulements de géométries semblables avec le même σ verront la cavitation se produire en des points homologues, s’ils ont le même nombre de Reynolds.
D'une manière similaire, le NPSH (Net Positive Suction Head) est le supplément minimal de pression qu’il faut ajouter à la pression de vapeur saturante Pv, au niveau de l’entrée de la pompe, pour que la pression à l’intérieur de celle-ci ne puisse être inférieure à Pv. Le NPSH est défini par la relation suivante :
La supercavitation est l'utilisation des effets de cavitation pour créer une grande bulle de gaz à l'intérieur d'un liquide, permettant à un objet de voyager à grande vitesse dans ce liquide en étant complètement enveloppé par la bulle. La cavité (c'est-à-dire la bulle) réduit le frottement sur l'objet et fait de la supercavitation une technologie très attrayante et pour cause : le frottement dans l'eau est environ 1 000 fois plus grand que dans l'air. La supercavitation est assez étudiée en magnétohydrodynamique (MHD).