Cathédrale Sainte-Anne d'Apt - Définition

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Introduction

Cathédrale Sainte-Anne d'Apt
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
43° 52′ 34″ Nord
       5° 23′ 49″ Est
/ 43.876111, 5.396944
 
Pays France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Vaucluse
Ville Apt
Culte Catholique romain
Type Cathédrale
Rattaché à Archidiocèse d'Avignon (siège)
Début de la construction XIe siècle
Fin des travaux XVIe siècle
Style(s) dominant(s) Romane et Gothique
Protection Monument historique depuis 1846

La cathédrale Sainte-Anne d'Apt, placée durant tout le Moyen Âge sous le double patronage de Notre-Dame et Saint-Castor, est une ancienne cathédrale catholique romaine française, située dans la ville d'Apt et classée monument historique depuis 1846. C'est l'une des plus anciennes Églises d'Occident à avoir mis en honneur le culte d'Anne, l'aïeule du Christ. Déjà, au cours du XIIe siècle sa fête y était célébrée le 26 juillet au cours d'un office à neuf leçons. Son culte s'établit définitivement au XIVe siècle. Urbain V, dès 1370, fit rajouter dans son Missel une messe en son honneur avec une miniature de la sainte et Urbain VI l'étendit à toute l'Église, en 1382, lors du mariage de Richard II avec Anne de Bohême. Enfin Grégoire XII, par une bulle du 1er mai 1584 fixa sa fête au 26 juillet.

Une partie de ses reliques que la tradition dit avoir été rapportée d'Orient, y est toujours vénérée. Et celles qui se trouvent en Bretagne, notamment à Sainte-Anne-d'Auray, en Italie ou au Canada proviennent d'Apt. Son culte au XVIIIe siècle était devenu si populaire que la ville changea de nom. Le courrier n'était plus posté pour Apt mais pour « Sainte-Anne d'Apt ». Une lettre datée de 1774 est adressée « À Monsieur le Maire de Saintanadat, à St. Anadat » et sur une autre postée en 1783 l'intitulé est « À Monsieur Sylvestre, juge de Gordes, à Sant-Anna d'Apt ».

Cette ancienne cathédrale a été classée au rang de « basilique mineure » en 1867 par Pie IX puis à celui de « basilique du prince des apôtres  » le 9 décembre 1880 par Léon XIII.

Historique

Antiquité

Les différents actes du Cartulaire de l'Église d'Apt et les fouilles archéologiques ont mis en évidence les premiers lieux d'inhumation et de réunion de la première communauté chrétienne d'Apta Julia. Situés hors les murs, ils jouxtaient la Via Antiqua Massiliensis, l'entrée du vallon de Rocsalière, au sud-ouest de la ville antique. Sur cette Terra Sanctuaria, la plus ancienne nécropole chrétienne d'Apt avec ses sarcophages du IIIe siècle, se trouvaient une église dédiée à Paul et un baptistère à Jean le Baptiste.

Cette première cathédrale paléochrétienne et la cité furent détruite entre 260 et 280 par une invasion franque. Au début du IVe siècle, ce groupe cathédral Saint-Paul / Saint-Jean fut déplacé intramuros. Les fouilles ont permis d'apprendre que cette seconde cathédrale (16 m × 10 m) avait été construite sur le podium d'un temple dont elle avait réutilisé les colonnes et qu'elle comprenait une galerie centrale flanquée de deux collatéraux. Et que son emplacement se situait entre le Théâtre et le grand axe Est / Ouest de la cité Julienne. Si le nom de l'évêque reste inconnu, on sait qu'au premier concile d'Occident, tenu à Arles en 314, l'Église d'Apt fut représentée par le prêtre Romanus et l'exorciste Victorius.

Il fallut attendre le synode de Nîmes, en 394, pour voir apparaître la signature du premier évêque historique d'Apt en la personne d'Octavius. Sa cathédrale se situait exactement sous l'emplacement de l'actuelle dédiée à Sainte-Anne et ce fut cette deuxième cathédrale que Castor consacra à la Beata Maria, au cours du siècle suivant et très certainement après les décisions du concile d'Éphèse, en 431. Au Ve siècle, on connaît mieux l'existence de l'évêché d'Apt, grâce à des textes de Jean Cassien, abbé Saint-Victor de Marseille, écrits à la demande de Castor d'Apt.À côté du nouveau baptistère, sis sous l'actuelle Tour de L'Horloge et qui resta en service jusqu'au XVIe siècle, l'évêque fit construire un oratoire sous le vocable du Saint-Sauveur. Ce fut là, qu'à sa demande, il fut inhumé.

Ultérieurement des évêques aptésiens assistèrent à plusieurs conciles, dont Julius à Riez, en 439, et Clémentius à Orléans, en 549. Puis les grandes invasions burgondes, wisigothes ou ostrogothes, peuples qui se réclamaient de l'arianisme, mirent à bas l'héritage romain. Ce fut ensuite au tour des Lombards descendus des Alpes de ravager le pays d'apt en 574. Entre l'évêque Innocentus, qui assista au concile de Paris en 614, et Trutbert, qui fut présent au plaid de Sermorens, en 853, aucun document n'existe prouvant la présence d'un évêque à Apt.

Grandes invasions

Le Cartulaire de l'Église d'Apt, même si son premier acte est daté de 835 relate un certain nombre de faits parfaitement connus par ailleurs. En particulier, il fait état des raids menés par les Sarrasins entre 731 et 739 puis à l'intervention des Francs de Charles-Martel qui suivit. Uu siècle plus tard, un acte de Louis l'Aveugle, roi de Provence, indique qu'en 896, une nouvelle incursion des Sarrasins avait anéanti la cité et sa cathédrale.

Vers 975, la destruction avait été telle que l'évêque Nartlod dut déplacer son siège et s'installer dans l'église Saint-Pierre de l'autre côté de la ville. Cette troisième cathédrale qui jouxtait l'actuelle place Saint-Pierre subsista jusqu'au XVe siècle et ce fut là, dans ce nouveau siège épiscopal dédiée à Sainte-Marie, Saint-Pierre et Saint Castor, que, le 4 août 991, l'évêque Teudéric octroya une charte à ses douze chanoines consacrant la fondation d'un chapitre cathédral.

Il fallut attendre 973 et la capture de dom Mayeul, abbé de Cluny, dont la famille était originaire du pays d'Apt, pour voir chasser les Sarrasins.

Deux ans plus tard, la vie pouvait reprendre son cours et le pagus Aptensis commença à se couvrir de castrii, ponts, églises et chapelles. Il fut dès lors question de faire regagner à la cathédrale son siège historique. Mais les ruines de Sainte-Marie et Saint Castor étaient telles que l'évêque Étienne d'Agde renonça à les faire déblayer. Mais en 1038, il délaissa la cathédrale Saint-Pierre et alla s'installer au Bourg. Il y fit bâtir une nouvelle église pour l'évêché, sur l'emplacement de l'actuelle sous-préfecture, et il dédia cette quatrième cathédrale qu'il venait de faire édifier à Sainte-Marie Nouvelle. Elle surmontait une crypte à trois nefs dans laquelle l'évêque fut inhumé mais fut démolie au XVIIIe siècle lors de la construction du Palais épiscopal.

Moyen Âge

Ce fut Alfant, son successeur qui décida le 27 juin 1056 de reconstruire la vieille cathédrale Sainte-Marie et Saint-Castor sur son emplacement actuel. Ce nouveau groupe cathédral, dont l'église était à deux nefs, fut largement soutenu financièrement par les Agoult/Simiane, famille d'Alfant. Le déblaiement des ruines se fit jusqu'au niveau des cryptes et fut l'occasion de l'invention des reliques d'Auspice qui fut dès lors considéré comme le premier évêque de l'Église d'Apt.

Les travaux de cette cinquième cathédrale n'étaient pas achevés lors de la visite d'Urbain II en 1096. Mais il est assuré qu'il séjourna à Apt du 1er au 6 août de cette année et qu'il dut consacrer les murs. Elle servit à nouveau au culte à partir de 1160, date à laquelle Sainte-Marie Nouvelle fut délaissée. De cette cathédrale du XIe siècle, il ne subsiste que le sol de la nef que les fouilles ont retrouvé deux mètres plus bas que le niveau actuel.

Signature lapidaire d'un des architectes de la cathédrale datée du troisième quart du XIIe siècle

Une nouvelle cathédrale - la sixième - fut entièrement reconstruite au cours du XIIe siècle sous les épiscopats de Guillaume (1158-1162) et de Pierre de Saint-Paul (1162-1182). Grâce à une signature lapidaire sur un des linteaux de la crypte supérieure, on sait qu'un des architectes et appareilleurs fut Hugues, dit VGo et une analyse attentive de son style par Paul-Albert Février a décelé une influence architecturale venue d'Orient :

« Dans le vaisseau nord de la cathédrale d'Apt, au XIIe siècle, les acanthes tracées sur la moulure qui court à la naissance de la voûte se recourbe comme touchées par le vent : et je ne peux m'empêcher de penser à ces chapiteaux byzantins quasiment contemporains de ceux à tête de béliers ou à aigles qui sont arrivés en Occident et qui ont leurs descendance dans les cloîtres du midi. »

En 1179, Pierre de Saint-Paul transféra les reliques de Castor dans la nouvelle crypte de « Sainte-Marie du Siège », puis de nouveaux travaux furent mis en chantier pour le bas-côté méridional sous les épiscopats de Guiran de Viens (1186-1193) et de Geoffroy (1208-1221). Ce collatéral sud comporte les traces de trois grandes campagnes de travaux qui se sont échelonnées du milieu du XIe siècle au début du XIIIe siècle.

Il fallut attendre le XIVe siècle et l'épiscopat de Hugues de Bot pour de nouveaux aménagements. En 1313, l'évêque fit ajouter une nef septentrionale afin qu'elle servit de sépulture aux membres de sa famille originaire de Saignon. Un demi-siècle plus tard, les ruines de la cathédrale paléo-chrétienne dédiée à Saint-Paul, à l'entrée du vallon de Rocsalière, furent déblayées par décision du Conseil de Ville d'Apt, en date du 13 avril 1366, afin de réemployer ces pierres à la construction de nouvelles tours pour épauler les remparts.

Renaissance

De nouvelles modifications eurent lieu au milieu du XVIe siècle à l'issue d'un jubilé de cinq ans qui avait été accordé, en 1534, à César Trivulce, l'évêque d'Apt. Des indulgences étaient obtenues pour tous les fidèles qui visiteraient la cathédrale et vénèreraient les reliques de l'aïeule du Christ. Il y eu une telle affluence qu'une partie de leurs dons fut affectée, à consolider la voûte, à réaliser un nouveau frontispice pour la grande porte et à faire installer de nouvelles orgues.

Période moderne

La reine de France, Anne d'Autriche, pour remercier sa sainte patronne de lui avoir permis d'être mère, vint à Apt le 27 mars 1660. Son pèlerinage accompli, elle fit don de reliquaires en or à l'évêque Modeste Villeneuve des Arcs qui l'avait accueilli et l'incita à faire construire ce qui est aujourd'hui devenu la « Chapelle Royale ». Les plans furent dressés par François Mansart, les travaux activés et la chapelle consacrée le 26 juillet 1664.

Il dut, en même temps, y avoir une restauration de la crypte supérieure puisque lors de sa visite pastorale le 12 mars 1673, l'évêque Jean de Gaillard constata que celle-ci apparaissait « en aussy bon estat que sy n'avoit esté faicte deouis quelques années ».

Vers 1721, sous l'épiscopat d'Ignace de Foresta, le Chapitre et le Conseil de Ville décidèrent conjointement de faire effectuer les derniers grands travaux dans la cathédrale. Ils consistèrent en la restauration de la grande nef et exhausser la voûte.

Apt et sa cathédrale restèrent le siège d'un évêché jusqu'à la révolution française. Lors du concordat de 1801 le diocèse fut supprimé et réparti entre les diocèses d'Avignon et de Digne.

Période contemporaine

Au milieu du XXe siècle, sous les municipalités Jouve et Jean, une campagne de restauration à permis au collatéral sud de retrouver son aspect initial et de placer un autel roman dans l'abside.

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