Cathédrale Saint-Martin de Mayence - Définition

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Introduction

Cathédrale Saint-Martin de Mayence
La cathédrale de Mayence vue du sud-ouest

Nom local Mainzer Dom
Latitude
Longitude
49° 59′ 56″ Nord
       8° 16′ 27″ Est
/ 49.9988, 8.274167
 
Pays Allemagne Allemagne
Land Flag of Rhineland-Palatinate.svg Rhénanie-Palatinat
Ville Mayence
Culte Catholique
Type Basilique
Début de la construction Xe siècle
Site internet Consulter
Localisation
 
Germany location map.svg
Cathédrale Saint-Martin de Mayence
Plan schématique de la cathédrale de Mayence, avec le nord vers le bas. On repère clairement la structure à double chœur. Du côté sud (en haut), où le cloître jouxte la cathédrale, se trouve la Memorienkappelle (chapelle de la mémoire). La sacristie gothique est bâtie autour du chœur ouest (à droite). Au nord (en bas) est également représenté la Gotthardkapelle (chapelle Gotthard).

La Cathédrale Saint-Martin de Mayence (en allemand Mainzer Dom ou Hoher Dom zu Mainz) est le siège du diocèse de Mayence en Allemagne. Son saint patron est Martin de Tours, l'un des Pères de l'Église. Son chœur ouest est dédié à saint Étienne, premier martyr chrétien. La base de sa construction est une « basilique à colonnes » d'architecture romane possédant trois nefs (fin du Xe siècle), à laquelle ont été ajoutés par la suite des éléments gothiques et baroques (XVIIe et XVIIIe siècles).

Architecture et histoire de la construction

Construction par les archevêques Willigis et Bardo

Motivation

Probablement peu après sa nomination en 975, l'archevêque de l'époque, Willigis, décida de la construction d'une nouvelle cathédrale de style ottonien. Il est possible que ce haut-chancelier du Saint Empire romain germanique — charge automatiquement conférée aux archevêques de Mayence — et ancien courtisan d'Otton Ier ait commencé les travaux vers 998 pour s'assurer le privilège de sacrer le Roi des Romains, mais la durée extrêmement brève qu'aurait nécessité leur achèvement laisse douter de cette théorie.

Toutefois, il reste sûr que l'édification de la cathédrale n'a pas été envisagée dans un but pastoral. Du temps de Willigis, la ville de Mayence certes prospérait, car elle était devenue le siège d'un des principaux Princes-Électeurs de l'Empire, mais non pas au point que ses quelques milliers d'habitants ne puissent trouver leur place dans la nouvelle cathédrale. Le nouvel édifice n'avait donc pas pour but d'assouvir les besoins des croyants. Il était destiné à être une cathédrale impériale, symbole architectural d'un empire qui finissait petit à petit à se constituer. Grâce à elle, on devait voir en l'Église de Mayence une Seconde Rome.

Exécution

Vue latérale de la nef principale avec, en haut, les trois premières voûtes dont les arcs ne terminent pas au-dessus des fenêtres mais en dessous. Sur le mur latéral, entre chaque paire de colonnes, est représentée la vie de Jésus Christ (1859–1864) dans le style nazaréen de Philipp Veit.

Willigis avait fait construire d'emblée une « basilique à colonnes » possédant deux chœurs, deux collatéraux de part et d'autre de la nef centrale et six tours. En forme de croix latine, elle ne possédait encore aucune voûte en raison de sa taille. Le sous-sol était encore de type marécageux à cause de la proximité du Rhin ce qui a posé des problèmes avec les fondations au cours des siècles.

Malgré divers ajouts et modifications, la cathédrale a gardé cette forme générale. Une petite église mariale indépendante y était reliée depuis l'est par une colonnade ; au cours du temps, cette église s'est transformée en la grande église diocésaine Sainte-Marie aux Marches (aussi Liebfrauenkirche - en français : église Notre-Dame). La nouvelle cathédrale fut édifiée là on l'on pensait se situer le quartier des temples pendant l'ère romaine. Il est possible qu'elle ait supplanté l'église voisine de Saint-Jean bien que le rôle de cathédrale de cette dernière n'ait pas été clarifié. De toute façon, l'abbaye Saint-Alban devant Mayence était à ce moment le lieu le plus important de l'archevêché depuis près de deux siècles : avec sa longueur exceptionnelle pour l'époque, d'environ 75 m, elle constituait le siège des synodes et réunions importants ; y étaient par ailleurs enterrés les archevêques de Mayence.

Les couleurs de la cathédrale à cette époque restent aujourd'hui un domaine de recherche important pour le conservateur. Ce n’est qu'en 2002, lors de la rénovation de la partie est, qui conserve beaucoup d’éléments de la construction originale, que des découvertes ont permis d’établir l’apparence de la cathédrale avant les travaux de l’empereur Henri IV. Par la suite, en effet, l'extérieur de la cathédrale a été blanchi à l’exception des bandes murales verticales (lésènes) et des corniches. L’intérieur a probablement été blanchi à son tour au XIe siècle durant l’épiscopat de Bardo ; la distribution de l’époque n’a toutefois pas grand-chose à voir avec celle d’aujourd'hui (voir ci-dessous).

La décoration en couleurs du Moyen Âge tardif est quasiment inconnue. Il est toutefois possible que les travaux de restauration à venir nous donnent des indications. On connait davantage les couleurs durant la période baroque et au XXe siècle (voir sections correspondantes).

Le chœur ouest

La plupart des églises de l'époque avaient un chœur principal situé à l'est (chœur dit « orienté »). Willigis fit construire a contrario un édifice dirigé vers l'ouest à l'instar des grandes cathédrales de Rome. L'édifice de Willigis, avec son atrium faisant face à l'église, ses arcades et sa nef de décharge à l'ouest, offre une ressemblance particulière avec l’ancienne basilique Saint-Pierre de Rome, et il entrait en effet certainement dans les intentions de l'ambitieux archevêque de Mayence de fonder ses prétentions au pouvoir par cette réminiscence architecturale : vers la fin du premier millénaire, les rôles politiques dans le Saint-Empire n'étaient pas aussi clairement définis qu'ils allaient le devenir peu à peu au cours du Moyen Âge. Le 29 août 1009, jour prévu de la consécration (mais d'autres sources évoquent le 28 août), un incendie ravagea l'édifice. L’origine de ce sinistre est attribuée aux lustres suspendus dans la cathédrale à l'occasion de la cérémonie, car il était fréquent au Moyen Âge d'éclairer les églises avec des torches pour ce genre d'occasion.

Sous le règne des successeurs immédiats de Willigis, Erkanbald et Aribon, La cathédrale resta en chantier. Il devait revenir à l'archevêque Bardo (1031-1051) de parachever l'œuvre de ses prédécesseurs, si bien que c'est le 10 novembre 1036 qu'en présence de l'empereur Conrad II la cathédrale fut consacrée. On ne reconstruisit pas les colonnades ouvertes menant à l'église Sainte Marie. Aribon fut le premier évêque à y être inhumé, avec son tombeau placé dans le chœur occidental d'une cathédrale toujours en devenir. Avant la construction de la cathédrale, les archevêques préféraient se faire inhumer dans l’abbaye Saint-Alban, alors sanctuaire de rayonnement interrégional. Willigis, quant à lui, avait été inhumé dans la deuxième église qu'il avait fait construire, l’église Saint-Étienne.

Le chœur est de l'empereur Henri IV

Chœur orienté et partie orientale de la nef. Comme à Worms, Spire et Maria Laach, la façade présente trois tours. La nef et les étages inférieurs des tours latérales sont les principaux vestiges de l'époque de Willigis.

Le financement de l'empereur Henri IV du Saint-Empire a une grande importance dans la construction de la cathédrale. L'incendie de 1091 avait alors gravement endommagé l'édifice. Ainsi, vers 1100, Henri IV, qui avait aussi fait restructurer la Cathédrale de Spire, commença des aménagements de la cathédrale abîmée en s'inspirant du style lombard. À l'extrémité du chœur est, il fit construire une abside à arcades fausses avec un déambulatoire, similaire à celle de Spire, et remplaça la tour d'origine, probablement carrée, par une coupole octogonale.

Sous le chœur orienté, l'empereur ordonna le creusement d'une crypte tripartite, qui pour le style empruntait sans doute également à la cathédrale de Spire. Celle-ci devait cependant être démantelée au cours du chantier, en tout cas avant 1230, au profit du rétablissement d'une continuité de niveau du plancher.

En outre, sous le règne de l'empereur Henri IV, la partie orientale de la nef fut rehaussée et deux grands portiques à colonnade, qui comptent parmi les plus anciens à ce jour, furent édifiés près de l'abside. En 1106, à la mort de l'empereur et donateur, plusieurs parties de l'édifice étaient encore en travaux. On peut encore le voir aujourd’hui : tandis que la porte méridionale arbore de précieux chapiteaux richement ouvragés, les chapiteaux de la porte septentrionale et du triforium sont restés inachevés jusqu'à ce jour. Avec la cessation des subsides royaux, les Magistri Comacini –éminents tailleurs de pierre venus de Lombardie – se retirèrent. La mort de l'empereur inspira à ses biographes des complaintes prosaïques qui expriment clairement ce que cette disparition impliquait pour la cathédrale (« Malheureuse Mayence, quel joyau tu as perdu là, quel artiste capable de réparer les ruines de ton monastère il te faut déplorer! S'il avait pu survivre, et mettre la dernière main à la construction de ton monastère qu'il avait inauguré, celui-ci aurait sans contredit pu rivaliser avec le célèbre monastère de Spire… »). La cathédrale de Mayence, par le fait qu'avec Henri IV un empereur s'y est appliqué, appartient, avec la cathédrale de Worms et la cathédrale de Spire aux trois cathédrales impériales de Rhénanie.

Édifice à deux chœurs

Le sens ou l'idée qui se cachent derrière la structure à double chœur font toujours objet de débat. Avant, on supposait souvent que les chœurs en vis-à-vis renvoyaient de façon imagée aux concepts de sacerdotium à l'ouest et d'imperium à l'est, c'est-à-dire aux pouvoirs spirituel (incarné par l'évêque) et temporel (incarné par le roi). Cette théorie ne peut être établie. Actuellement, on attribue une fonction liturgique à la conception de l'édifice : la structure permettait des processions solennelles entre les deux chœurs. Au début, ceux-ci étaient utilisés à égalité. Plus tard, le chœur a davangage servi aux messes paroissiales et le chœur principal (ouest) fut employé par l'évêque pour les messes pontificales. Au cours des siècles, le chœur a vu son emploi décliner progressivement. Aujourd'hui s'y déroulent les Heures canoniales du chapitre de la cathédrale.

La construction de la nef actuelle

Vue sur la nef principale et le chœur occidental.

Le chantier de la cathédrale fut repris par la suite par les archevêques. Toutefois l'interruption des subsides royaux se traduisit par une nef de qualité inférieure à celle du chœur occidental. Pour ce dernier, l'empereur avait fait rapporter depuis les monts de Spessart et le val du Haardt (Palatinat) un grès de haute qualité, qu'on avait déjà employé pour la cathédrale de Spire et la chapelle du monastère de Limburg. Par la suite, on se rabattit sur le calcaire coquiller des carrières de Weisenau. On ignore toutefois précisément à quel moment la construction de la nef a débuté.

L'archevêque Adalbert Ier de Sarrebruck (1110 † 1137) fit ériger une chapelle romane à deux niveaux jouxtant la cathédrale, dite Chapelle Saint-Gothard (d’après Gothard d'Hildesheim), en tant que chapelle princière de l'archevêque. Comme les ogives de cette chapelle sont identiques à celles de la nef, il est possible qu’Albert ait aussi été le premier maître d'ouvrage de la nef remplaçant celle de Willigis. Les sources évoquent un « tectum » (ce terme pouvant désigner les ogives ou la charpente) somptueux.

Pour ce qui est de la conception de la nef, les maîtres d’œuvre se tournèrent de nouveau vers la cathédrale de Spire, qui, en tant que premier grand édifice à travée ogivale au-delà des Alpes, donnait pour l’Allemagne le modèle de l'architecture romane. Toutefois la nef centrale à Mayence ne pouvait en être une simple copie, parce qu'il fallait régler la construction sur la hauteur du chœur oriental attenant. C'est pourquoi la nef centrale fut construite considérablement moins haute que dans le modèle de Spire : 28 m au lieu de 33 m, mais comme une basilique à colonnade. C'est pourquoi les baies de la claire-voie devaient être adossées par paires. Ainsi, il n'était plus possible de cerner les fenêtres hautes de baies aveugles comme on l'avait fait à Spire. À Mayence, ces baies aveugles culminent sous les fenêtres hautes et forment ainsi une brèche tripartite du mur, qui pour l'époque était une nouveauté.

Dans l'ensemble, la nef est d'un style dépouillé : on a renoncé aux ornements majestueux de Spire. Quant aux murs extérieurs, ils étaient vraisemblablement conçus de façon purement fonctionnelle. Ils ont presque entièrement disparus lors de l'édification de la chapelle gothique latérale commencée en 1279.

On travailla à cette nef, de façon plus ou moins suivie, pratiquement tout au long du XIIe siècle. La dernière phase active du chantier, où la nef de la cathédrale fut dotée d'une croisée d'ogives au lieu d’une voûte d'arête, une curiosité dans un contexte roman, se situe vers 1200.

L'aile ouest

…On voit une de ces vis, enclose entre des colonnes, et qui date du milieu du XIIIe siècle. Moitié de son plan et une révolution entière…(Eugène Viollet-le-Duc: Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècles)

Ce n'est qu'au cours de cette ultime phase de construction qu'on s'avisa de reconstruire l'ancienne aile-ouest du temps de Willigis. L'exécution suivit complètement les canons du roman tardif de Basse-Rhénanie, alors que l'aile orientale était du style roman primitif de Haute-Rhénanie. Ce contraste s'observe particulièrement aux chapiteaux finement sculptés et développés avec beaucoup d'art, à une ornementation plus riche, qui au cours du temps se substitua aux formes sévères du style roman primitif.

Pour la voussure de la nouvelle aile ouest, on dut raccourcir le collatéral de décharge de Willigis, un ouvrage typique du roman primitif (comparez avec la chapelle de l'abbaye de Fulda), afin de couvrir les extrémités nord et sud d'un arc chacune. L'intérieur de la nouvelle aile, qui devait se raccorder à la nef, fut pour cette raison divisé avec des murs dépouillés, mais cependant ajourés de grands vitraux. Une exception à ce dépouillement est la grande coupole du transept à croisée octopartite qui, non seulement est ajourée de vitraux, mais est également ornée de baies aveugles, de frises en plein cintre et de chapiteaux à colonnes.

Le chœur principal de la cathédrale, à plan trifolié, se termine par le collatéral de l'aile occidentale : trois absidioles, autour d'une voûte en berceau, referment les trois autres côtés ; mais ces absidioles ne sont pas circulaires : elles sont composées de deux arcs brisés. Les deux piliers ouest de la croisée sont dotés d'une structure massive pour pouvoir supporter les deux tours octogonales. La façade ouest, au contraire, est très ouvragée, du moins en ce qui concerne les étages les plus élevés. Comme la cathédrale était sans cesse agrandie, la décoration des niveaux inférieurs était une préoccupation secondaire, et les derniers étages sont d'autant plus somptueux. La croisée du chœur est fermée sur ses trois côtés de pignons, ajourés sur les côtés d'élégantes rosaces. Depuis 1769, une statue du patron de la cathédrale, Saint Martin, domine l'édifice à l'intersection des pignons sur le chœur ouest (elle a été remplacée en 1928 par une copie). Les absides elles-mêmes sont entourées d'un déambulatoire. Cette aile occidentale trouve son aboutissement dans l'ordonnance des murs pignons des collatéraux, ornés de baies aveugles, de chapiteaux et de meneaux. Sa coupole, qui passe pour l'un des chefs d'oeuvre de l'époque Hohenstaufen, est l'une des ultimes expressions de l'art roman ; à l'époque de sa construction, le style gothique était depuis longtemps prévalent en France, et il ne s'écoulerait qu'une décennie avant le début des travaux de la cathédrale de Cologne.

Cette aile, une fois terminée, fut consacrée le 4 juillet 1239 par l'archevêque Siegfried III d'Eppstein.

Éléments gothiques

Fenêtres à meneaux des chapelles construites en 1278. Les vitraux ne sont plus ceux du Moyen Âge, qui ont été remplacés et redessinés après la Deuxième guerre mondiale. On peut voir, dans la partie inférieure du vitrail, les portraits stylisés et les armes des archevêques de Mayence, de Willigis au cardinal Karl Lehmann.

Au début de la construction de l'aile ouest de style roman tardif, le Maître de Naumburg conçut un jubé d'inspiration déjà gothique représentant le Jugement dernier. Il fut démonté en 1682 et remplacé par des absidioles baroques, dont il ne subsiste aujourd'hui que les jonctions au transept. Quant au jubé ouest du Maître de Naumburg, il n'en reste que des fragments épars : certains ont été conservés, comme la célèbre Tête au bandeau, aujourd'hui au Musée épiscopal de Mayence, ou le cavalier de Bassenheim, un bas-relief de Saint-Martin qui se trouve dans l’église paroissiale de Bassenheim près de Coblence.

À partir de 1279, les collatéraux de la cathédrale furent peu à peu convertis en chapelles latérales gothiques ajourées de fenêtres hautes à meneaux. L'archevêque Jean II de Nassau ordonna en 1418 la construction d'une chapelle funéraire à deux niveaux devant le chœur orienté dans l'axe de la nef principale, dont il subsiste aujourd'hui la crypte souterraine (dite chapelle souterraine de Nassau). L'extérieur de la cathédrale fut orné dans le style gothique jusqu'au XVe siècle : le cloître à deux niveaux fut complètement remanié dans le style gothique entre 1390 et 1410. On estime que Madern Gerthener a collaboré à la construction de la chapelle de Nassau et de ce cloître. Quoi qu'il en soit, il est certain que le portail de la chapelle votive, au passage vers l'allée ouest du cloître, est son œuvre.

Les piliers est (1361) et ouest (1418) de la croisée du transept ont été couronnés de chambres de cloche et ont conservé leurs clochers escarpés. Ces travaux ne furent terminés qu'en 1482. Le clocher élevé de la tour orientale fut remplacé dès 1579 par une flèche octogonale plus basse. À cause du poids énorme de la chambre des cloches, il fallut en 1430 introduire un pilier de décharge dans le chœur orienté, pilier qu'on ne devait déplacer qu'après la ruine du clocher en 1871. Même les escaliers à vis de Saint-Gille et la chapelle Saint-Gotthard furent coiffés de tourelles (tour lanterne) gothiques. La collégiale Sainte-Marie aux Marches (dédiée à la Sainte Vierge) construite sur le modèle de Saint-Martin fut reconstruite entièrement. Une fois terminés les remaniements gothiques, l'édifice ne subit plus de modifications jusqu'en 1767, hormis quelques travaux ponctuels de confortement. Seul le mobilier fut changé.

Éléments baroques

La grande tour ouest du transept, incendiée (comme le reste de la toiture) par la foudre le 22 mai 1767 fut reconstruite en 1769 par Franz Ignaz Michael Neumann, le fils de l'illustre Balthasar Neumann, avec un pinacle en pierre de plusieurs étages, auquel la cathédrale doit aujourd'hui son aspect caractéristique. Neumann fit aussi reconstruire tous les pans de la toiture de l’aile ouest en pierre pour les rendre ininflammables. Il fit également réparer les tours d'angles de cette aile ouest. Neumann, qui était un artiste baroque, sut pourtant mêler dans ses interventions sur la cathédrale des éléments traditionnels du gothique flamboyant et du style roman.

En outre, les gables gothiques des chapelles latérales furent supprimés, et on substitua des urnes aux pinacles des contreforts. La girouette de la tour occidentale elle-même, surnommée « le coq » (der Domsgickel), qui a inspiré plusieurs carnavals ainsi que de nombreuses compositions littéraires de poètes mayençais, appartient par son style aux éléments rapportés à cette époque à l'édifice.

L'âge baroque modifia également le chromatisme de la cathédrale : comme beaucoup de constructions baroques, l’intérieur de la cathédrale fut repeint entièrement en blanc en 1758, et l'on posa des vitraux monochromes. On peut en déduire que la cathédrale n'était naguère pas peinte en blanc comme l'avait encore été l'édifice de Willigis et Bardo.

Modifications du XIXe siècle

La cathédrale sur un plan de Mayence de 1633 dû à Merian. Devant la cathédrale, l'église de la Stainte-Vierge, qui dut être abattue par suite des bombardements en 1803. La cathédrale comporte encore sa couverture de l'époque gothique.

La décadence du vénérable archevêché et la confusion qui s'ensuivit ne furent pas sans conséquence pour la cathédrale elle-même. La cathédrale fut durement affectée par les bombardements prussiens de 1793. Lors du siège et du terrible bombardement de la forteresse de Mayence, pendant l'été de 1793, par l'armée allemande coalisée, des incendies éclatèrent dans divers quartiers de la ville. Dans la nuit du 28 au 29 juin, à la suite d'une grêle de bombes et d'obus, le feu prit aux tours et à la nef de la cathédrale, si chère aux Mayençais. Les provisions d'effets militaires entassés dans l'intérieur, ainsi que la célèbre bibliothèque installée dans l'annexe, furent la proie des flammes. Les neuf cloches de la grande tour, les cinq autres de la tour occidentale, ainsi que la belle horloge, furent fondues et complètement détruites. A l'entrée en fonctions de l'évêque Colmar, la vieille et respectable cathédrale ne formait plus qu'un amas de ruines. La toiture, la charpente des cloches, la coupole, les portes, les escaliers, les orgues, les fenêtres, les autels, les sacristies, tout ce qui était combustible, avaient été abîmés par les flammes. Il ne restait plus que les voûtes et la tour en pierres qui avaient résisté au feu. Le dôme servait depuis dix ans de magasin de fourrage ; ce qui avait causé de nouveaux dégâts. Lors de la réoccupation de la ville, par les Français en 1794, le pillage continua, les ouvrages d'art qui n'avaient pas été détruits furent vendus. Le groupe d'édifices à l'est et le cloître ont été plus particulièrement touchés, mais même l'église Sainte-Marie aux Marches, de style gothique, fut gravement endommagée ; on la rasa en 1803, sans raison.

Dans les années qui suivirent la proclamation de la République de Mayence, la cathédrale servit d’entrepôt (plus précisément de magasin militaire), et le mobilier intérieur fut mis aux enchères. La cathédrale elle-même était menacée de destruction lorsque l'évêque Colmar intercéda auprès de Napoléon pour lui éviter ce funeste destin. Colmar rendit la cathédrale à sa vocation primitive, ce qui déclencha toute une série de travaux de réparation qui devaient s'étaler jusqu'en 1831. Puis l’intérieur fut réaménagé et les charpentes remplacées. Ces travaux furent interrompus par les confiscations sporadiques de la Grande Armée, qui après les défaites de la campagne d'Allemagne (1813), employa la cathédrale d'abord comme porcherie puis comme un hôpital militaire, accueillant jusqu'à 6 000 soldats atteints du typhus. Pour l'occasion, la plus grande partie du mobilier termina en bois de chauffe, bien que dès 1803 la conversion de l'édifice en magasin à munitions eût déjà eu pour effet de faire disparaître d'authentiques meubles d'époque. Ce n'est à vrai dire qu'à partir de novembre 1814 que la cathédrale recouvra sa fonction sacrée. C'est alors que la toiture et la grande tour ouest furent réparées par l'architecte d’État Georg Moller. Moller, en 1828, coiffa le vieux clocher gothique d'une coupole en fer forgé terminée par une flèche. Celle-ci fut démontée avec le clocher gothique en 1870, non seulement parce qu'on attribuait la formation de fissures dans la maçonnerie au poids excessif de ces éléments, mais aussi parce que cette coupole était décriée du public.

La cathédrale en 1868 et sa « coquille Moller » controversée.

La tour lanterne néo-romane du transept, que l'on peut admirer aujourd'hui, a été érigée en 1875 par P. J. H. Cuypers. L'œuvre de Cuypers mit un point d'orgue aux longs travaux de réparation de l'aile orientale. Comme la tour lanterne était à présent soulagée de la pesante chambre des cloches, le vieux pilier de décharge gothique put être supprimé. On reconstruisit par ailleurs la crypte du chœur orienté, sans égard pour la hauteur sous voûte voulue par Henri IV.

Les clichés historiques de la fin du XIXe siècle montrent également que la cathédrale, en opposition avec les canons de l'âge baroque précédent, avait « repris des couleurs ». La peinture de l'édifice est une initiative de l’École Nazaréenne, et elle est essentiellement l'œuvre de Philipp Veit, entre 1859 et 1864. De cette école subsistent aujourd’hui les scènes bibliques du Nouveau Testament qui ornent les voûtes de la nef principale.

Travaux de restauration au XXe siècle

La cathédrale il y a plus d'un siècle (1890-1900).

Les interventions sur la cathédrale au cours du XXe siècle furent principalement dictées par un souci de conservation. La première mesure prise s'imposa lorsque l'on découvrit que les pieux de bois servant de fondation à la cathédrale se mettaient à pourrir par suite de l'abaissement de la nappe superficielle et de la mise en place de gouttières. L'abaissement du niveau de la nappe était une conséquence des rescindements du cours du Rhin entrepris à la fin du XIXe siècle.

Les travaux débutèrent en 1909. Comme on les avait provisoirement suspendus vers la fin de la guerre, les fissures affectant les murs reprirent de plus belle par suite de l'instabilité des fondations, au point que l'équilibre de la cathédrale était sérieusement menacé. Aussi mit-on en place des fondations en béton armé sous l’édifice entre 1924 et 1928. On conforta les voûtes et les superstructures des tours avec du béton et des tirants en acier, et l’on renforça les murs du triforium avec un béton projeté porteur (ces projections de torcrete ont en partie bouché les nombreux évidements historiques pratiqués dans la charpente, ce qui gêne aujourd'hui la datation précise de la nef principale). On posa en outre les pavés de marbre rouge actuels et l'on déplaça la plupart des fresques de Philipp Veit. L'architecte Paul Meyer-Speer leur substitua un complexe chromatique qui, par le jeu des différentes teintes naturelles du grès, restitue exactement la texture originelle des murs. On peut encore aujourd'hui retrouver le résultat de ce traitement chromatique sur la nef centrale de la cathédrale de Spire. Le projet subsiste de revenir à la technique de Meyer-Speer pour restaurer la cathédrale de Mayence.

Mayence fut la cible de plus d'un grand bombardement au cours de la Deuxième guerre mondiale. En août 1942, la cathédrale reçut plusieurs impacts. L'étage supérieur du déambulatoire du cloître fut détruit, et la plupart des toitures de la cathédrale furent incendiées. Les voûtes, en revanche, résistèrent à tous les bombardements. Les travaux de réparations extérieurs d'après-guerre, qui comprenaient également le déblaiement des gravats, de même que la restauration intérieure avec le remplacement des vitraux, s'étala jusqu'aux années 1970. Les derniers travaux consistèrent à repeindre l'extérieur de la cathédrale avec un pigment rouge à base de silicates, à la demande du conservateur diocésain, Wilhelm Jung. Les parements extérieurs de la cathédrale n'avaient auparavant jamais été décapés, ce qui conférait à l'édifice une couleur gréseuse. La coloration avec un pigment rouge permet d'assortir la cathédrale à la plupart des bâtiments historiques de Mayence (par exemple le Château des Princes-Électeurs). À la fin des travaux de confortement, en 1975, on entreprit de préparer le jubilée du millénaire.

Restaurations récentes

En 2001, une nouvelle campagne de restauration, dont on estimait initialement la durée à 15 ans, a repris. Toutes les parties de la cathédrales sont concernées, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Si le choix du coloris à l'extérieur est contraint par l'homogénéité avec le paysage urbain, en revanche en ce qui concerne les peintures intérieures on envisage un retour aux couleurs d'après les restaurations de 1928 (cf. supra). Le mobilier est en partie concerné également : ainsi, on débat depuis longtemps sur la possibilité d'installer de grandes orgues (un orgue « en nid d'hirondelle », qui serait pratiquement accroché au mur sous le triforium).

Après une réhabilitation complète, la chapelle du Saint-Sacrement a été déclarée rouverte le 11 septembre 2007 par le cardinal Karl Lehmann. Les deux vitraux de la chapelle ont été remplacés par le vitrailliste Johannes Schreiter. L'autel a été réparé et des tableaux du peintre contemporain Bernd Zimmer, apparenté au courant artistique des Neue Wilde ont été installés.

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