L'abside du chœur et sa voûte | ![]() Plan du croisillon sud | Le chevet illuminé de la cathédrale | |
![]() L'élévation de la nef et du chœur | ![]() La tour de la cathédrale | ||
L'impression fort mitigée laissée par les portails dépourvus de leurs ornements passés, ne laisse pas présager l'impressionnante beauté du large et profond vaisseau bordé d'impressionnantes colonnades.
Si l'on excepte les croisillons, l'intérieur de la cathédrale est tout à fait symétrique. Ce superbe grand vaisseau est sobre, bien éclairé et extrêmement harmonieux. Rien de superflu ne parvient à rompre cette tranquille et reposante harmonie. La nef, constituée de sept travées, est précédée d'un narthex d'une travée. Son élévation comporte trois niveaux : grandes arcades, triforium et fenêtres hautes. Les baies du triforium sont à quatre arcades et sont surmontées de hautes fenêtres géminées, elles-mêmes surmontées d'oculi plurilobés. Les collatéraux possèdent de larges fenêtres. Les voûtes d'ogives quadripartites sont de plan barlongue dans la nef et à plan carré dans les deux collatéraux.
Une mention particulière doit être faite concernant les colonnes. Les ogives de la voûte et des arcades y retombent sous forme de faisceau, jusqu'aux chapiteaux. En dessous des chapiteaux, se trouvent des colonnes rondes dotées d'une unique colonnette engagée. Ce type de colonne porte le nom de pilier soissonnais ou colonne soissonnaise (voir photo dans la galerie).
Au nord de la nef, à hauteur de la troisième travée de l'édifice, se trouve un accès vers une très grande salle composée de trois vaisseaux de trois travées. Enfin, au niveau de la cinquième et de la sixième travée de l'église, on a construit des chapelles latérales qui s'ouvrent dans le collatéral sud.
Les vitraux de la nef sont presque tous verts bouteille transparents suite à leur remplacement après l'explosion de 1815.
Le croisillon nord du transept de style gothique rayonnant date du dernier quart du XIIIe siècle, après décision de reconstruire l'ancien bras nord qui était approximativement du même style que le bras sud actuel. Ce transept nord est un modèle du genre, fort belle réussite esthétique qui parvient à respecter l'unité de hauteur avec le chœur construit quelques 75 ans auparavant, tout en introduisant le gothique rayonnant dans la cathédrale de Soissons.
Il présente la même structure architecturale à trois étages que la nef. La partie la plus remarquable est l'extrémité nord qui est dotée d'une splendide grande verrière parée de magnifiques vitraux. Elle est composée d'une superbe rosace rayonnante, accompagnée d'une claire-voie à quatre baies surplombées par des gables. Entre les deux, dans l'espace entre la rosace et la claire-voie, se trouvent quatre fenêtres en lancettes supportant la partie inférieure de la rosace. L'ensemble est d'une grande élégance, et doit être considéré comme un chef d'œuvre de l'art gothique rayonnant.
Une peinture de Rubens, l'Adoration des Bergers orne le croisillon nord du transept, de même qu'une peinture de Philippe de Champaigne, la Remise des clés à saint Pierre datant de 1624.
Le croisillon sud est d'architecture différente et constitue le joyau de la cathédrale.
Partie la plus ancienne de l'édifice, il est de style gothique primitif, à l'instar des cathédrales de Laon et de Noyon. C'est une véritable manifestation du premier art gothique par ses quatre niveaux d'élévation. Il présente en effet une élévation à quatre étages, et non trois comme c'est le cas pour la nef et le chœur. Outre les grandes arcades, le triforium et les fenêtres hautes, il possède en effet un premier étage de tribunes (comme Notre-Dame de Paris, laquelle en revanche n'a pas de triforium). Il se termine par une abside arrondie. L'ensemble est en forme d'hémicycle. Plus étroit que le croisillon nord, mais un peu plus profond, il est entouré d'un déambulatoire, lui aussi plus étroit que celui du chœur. Les grandes arcades sont étroites et séparées par une série de piliers soissonnais, en alternance avec de plus légères colonnettes (à raison d'un pilier puis deux colonnettes), les tribunes présentent trois arcades, tandis que le triforium en a six.
Du côté sud-est du déambulatoire du croisillon sud s'ouvre largement une grande chapelle ronde à étage. Le rez-de-chaussée de celle-ci est voûtée de 10 ogives convergeant au sommet en une fort belle clé de voûte présentant un agneau. L'étage ou chapelle haute s'ouvre sur les tribunes du transept.
La construction de la cathédrale qui avait débuté par le croisillon sud du transept se poursuivit par l'édification de la croisée du transept. C'est à ce moment que s'opéra le changement de style de la construction. Entamée avant l'achèvement du transept, la croisée vit disparaître les tribunes remplacées par des grandes arcades bien plus élevées.
En observant avec attention cette croisée, on remarque la présence de quatre énormes piliers d'un diamètre impressionnant. Ils étaient initialement destinés à supporter une tour-lanterne comme celles des cathédrales normandes et celle de la cathédrale de Laon. Cette tour-lanterne ne vit jamais le jour. Mais les dimensions de la croisée, plus monumentales, ont d'emblée servi de modèle au chœur (dont la construction débuta dès 1190, soit quelques années avant la cathédrale de Chartres), et aussi à la nef dont l'extrémité orientale fut mise en chantier au même moment que le chœur.
Le chœur est un des premiers chefs-d'œuvre du gothique lancéolé. Il présente la même architecture à trois étages que la nef. Entouré d'un large déambulatoire (de 5 à 6,5 m de large), il possède cinq chapelles rayonnantes peu profondes installées entre les piliers du chevet doublés des contreforts. Le chœur est constitué de quatre travées barlongues ou rectangulaire, plus l'abside ou rond-point. Au niveau des travées barlongues, le triforium est composé de baies à quatre arcades et supporte des fenêtres hautes géminées à deux lancettes. Au niveau de l'abside, le triforium n'a plus que trois arcades et les fenêtres hautes perdent une lancette.
Les chapelles rayonnantes ont une voûte commune avec la partie du déambulatoire qui les jouxte, dont la clé de voûte, située à la jonction entre les chapelles et le déambulatoire proprement dit, reçoit huit ogives. Quatre d'entre elles appartiennent en propre aux chapelles et deux à la voûte du déambulatoire, les deux dernières étant intermédiaires.
Les fenêtres hautes du chœur formées de deux lancettes présentent de très beaux vitraux des XIIIe et XIVe siècles, rescapés de la catastrophe de 1815. Une tapisserie du XVe siècle représente la vie des martyrs Gervasius et Protasius, les deux saints patrons de la cathédrale.
Le fort beau mobilier du chœur fut implanté entre 1767 et 1775. Une remarquable grille en fer forgé paré de dorures sépare le chœur du déambulatoire. Le maître-autel de la cathédrale, installé au fond de l'abside est entouré de deux statues de marbre blanc représentant l'Annonciation, œuvres du sculpteur Michel-Ange Slodtz. Plus à gauche, on peut voir le trône de l'évêque datant de la même époque.