On pense qu’il y eut des orgues à Notre-Dame dès son édification au XIIe siècle, mais au début ce ne furent sans doute que de petits instruments logés dans le chœur. Un grand orgue fut vraisemblablement construit au cours du XIIIe siècle. Au XIVe siècle, en 1330 les comptes de la cathédrale font état de rétributions versées à un organiste. Quelques années plus tard la chronique mentionne le nom de Jean de Bruges, organiste et peut-être aussi facteur d’orgues. À cette époque l’orgue était suspendu sous une fenêtre haute de la nef (situation que l’on retrouve aujourd’hui dans la cathédrale de Cologne notamment). C’était un orgue encore peu important de 6 pieds, comportant un seul clavier et 4 à 6 tuyaux par note. C’est en 1401 que l’on décida de construire un nouvel orgue sur la tribune située au-dessus du grand portail occidental de la nef sous la grande rosace. Depuis lors, cinquante organistes se sont succédé aux claviers de ce grand orgue.
De siècle en siècle, le grand orgue s’agrandit et subit de multiples reconstructions. C’est au XVIIIe siècle qu’il atteignit les proportions actuelles. Au fil des siècles, l’orgue bénéficia des diverses améliorations techniques, mais à chaque reconstruction, les facteurs d’orgues conservèrent le meilleur de l’instrumentation antérieure. De ce fait, il existe encore à ce jour quelques tuyaux datant du Moyen Âge.
Lors de la révolution, le grand orgue échappa à la destruction et aux déprédations grâce à l’interprétation de musiques patriotiques. C’est ainsi qu’en 1792, l’organiste Balbastre, composa des variations sur base de la Marseillaise et l’air fameux de Ça ira. En 1867-68, suite à la restauration de la cathédrale et de son mobilier dirigée au XIXe siècle par Eugène Viollet-le-Duc, d’importants travaux d’amélioration furent menés par le facteur d’orgues Aristide Cavaillé-Coll.
Les grandes orgues actuelles de Notre-Dame de Paris résultent au total des travaux successifs de plusieurs grands facteurs d’orgue : Thierry en 1733, François-Henri Clicquot en 1788, Aristide Cavaillé-Coll en 1868 et Boisseau depuis 1960, avec la collaboration de Synaptel en 1992. En 1868, elles comprenaient 86 jeux. À l’heure actuelle, après de multiples ajouts et restauration, elles comptent 111 jeux depuis 1992. On dénombre près de huit mille tuyaux. La transmission est devenue numérique pour les cinq claviers ainsi que le tirage des 111 jeux.
I. Grand-Orgue C–g3 | II. Positif C–g3 | III. Récit C–g3 | IV. Solo C–g3 | V. Grand-Chœur C–g3 | Grande Pédale C-f1 | Petite Pédale C-g1 |
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Violon Basse 16 Chamades : Chamade REC 8 | Montre 16 | Récit expressif : Récit classique (fo) : Chamades : Chamade GO 8 | Bourdon 32 Chamade GO 8 | Principal 8 | Principal 32 | Bourdon 8 Chamade REC 8 |
Depuis le décès d'Yves Devernay en 1990, les orgues sont tenues par trois co-titulaires:
L’orgue de chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris est un instrument de 30 jeux répartis sur deux claviers et un pédalier. Il comporte deux mille tuyaux et est placé du côté nord du chœur, au-dessus des stalles.
I. Grand-Orgue C–g3 | II. Positif C–g3 | Pédale C–f1 |
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Bourdon 16 | Bourdon 8 Tremblant | Flûte 16 |
Peu après la révolution, au début du XIXe siècle siècle, la mode des orgues de chœur se répandit dans les églises pour pallier le manque de musiciens du culte. L’histoire de l’orgue de chœur de la cathédrale de Paris débute aussi durant cette période, en 1839.
Avant la Révolution, le clergé était nombreux et se chargeait des parties chantées des offices. Il n’y avait dès lors nul besoin de soutien. Ainsi en 1790 à Notre-Dame de Paris, l’on comptait 51 chanoines du chapitre, plus un personnel de 180 ecclésiastiques auquel s’ajoutaient 14 chantres et une Maîtrise de 12 enfants. Le seul accompagnement régulier était celui d’instruments de basses : serpent, contrebasse et basson (actuellement conservés au Musée Notre-Dame). Mais après la Révolution, les effectifs du clergé furent considérablement réduits et la cathédrale, comme d’autres églises parisiennes, eut besoin de renforcer les chœurs par un moyen d’accompagnement adapté et complet.
Un premier instrument, qui ne prit, semble-t-il, jamais place dans le chœur, fut commandé en 1839 pour la Maîtrise de la cathédrale. Construit par la maison Daublaine et Callinet, il fut vite jugé insuffisant pour le chœur de Notre-Dame. Il fut vendu à la paroisse de Cordes-sur-Ciel (Tarn) en 1842. Il a été classé au titre des Monuments Historiques le 11 mai 1977.
Un nouvel instrument, également créé par la maison Daublaine et Callinet, fut installé le 30 avril 1841. Il était placé à gauche de la Pietà de Nicolas Coustou. Pourvu d’un buffet de style néogothique, l’orgue disposait de deux claviers, et d’un pédalier. Il fut entendu pour la première fois le 2 mai 1841 à l’occasion du baptême du Comte de Paris. Mais en 1857, les travaux de restauration de la cathédrale impliquant la modification du mobilier de Notre-Dame redessiné par Viollet-le-Duc, allaient faire disparaître cet instrument, lequel fut vendu à l’église Saint-Étienne de Roanne.
En 1863, on installa un orgue Merklin dans un buffet gothique dessiné par Viollet-le-Duc. Il fut plusieurs fois modifié et restauré. On l’installa au-dessus des stalles du côté nord du chœur. De restauration en restauration, il fut jugé irrécupérable en 1966, et remplacé en 1969 par l’orgue actuel créé par Robert Boisseau.
L’orgue de chœur remplit plusieurs fonctions. Pour les offices quotidiens de semaine il intervient seul, tantôt en solo, tantôt accompagnant et soutenant le chantre ou l’assemblée. Le week-end ou lors de cérémonies importantes, il alterne avec le grand orgue pour le dialogue entre le chant de la foule et le chant venant du chœur. Enfin l’orgue de chœur est le partenaire privilégié de la Maîtrise de la cathédrale, notamment pour les nombreux concerts et enregistrements, ainsi que pour les offices où la chorale et l’orgue unissent leurs voix.