En 1901, l’accession au trône d’Édouard VII apporta un nouveau souffle au palais. Le nouveau roi et sa femme la Reine Alexandra avaient toujours été au-devant de la haute société londonienne, et leurs amis, appelés « la clique de Marlborough House », étaient considérés comme les personnages les plus en vue de l’époque. Les pièces telles que la salle de bal, le hall d’entrée, le hall de marbre, le grand escalier, les vestibules et galeries redécorées selon les goûts de la Belle Époque étaient redevenus les centres d’importance de l’empire britannique à Buckingham. Beaucoup de gens pensent que la redécoration importante du roi Édouard ne s’accorde pas avec les travaux de Nash. Toutefois, il fut accordé qu’on la laisse en place pour cent ans.
Les derniers travaux de construction prirent place pendant le règne de George V quand en 1913, Sir Aston Webb redessina la façade est pour ressembler en partie à Lyme Park, l’œuvre de Giacomo Leoni, qui se trouve dans le Cheshire. Cette nouvelle façade principale devait être l’arrière-plan du Victoria Memorial, une grande statue de la reine placée en dehors des portes du palais. George V, qui prit la succession d’Édouard VII en 1910, avait une personnalité plus sérieuse que son père : l’accent était mis désormais sur la représentation et les devoirs royaux plutôt que sur les réceptions. La femme de George V, la Reine Mary était une connaisseuse en arts, et s’intéressa beaucoup à la collection royale de mobilier et d’art, faisant restaurer certaines pièces et en ajoutant d’autres. Elle fit installer beaucoup d’ornements, comme les cheminées de marbre de style Empire de Benjamin Vulliamy datant de 1810. Le salon de réception bleu, auparavant le salon de réception sud, fut également redécoré par la reine. Cette pièce de 21 mètres de long arbore des plafonds magnifiques de Nash et est considérée comme la plus belle pièce du palais par l’auteur et historienne Olwen Hedley.
La dernière extension du palais date de 1850. En 1999, on déclara que se trouvaient au palais 19 pièces officielles, 52 chambres principales, 188 chambres de personnel, 92 bureaux et 78 salles de bain. Ces chiffres peuvent sembler exagérément grands, mais ils sont petits comparés aux palais du tsar à Saint-Pétersbourg ou Pouchkine, au Palais apostolique au Vatican, au Palais royal de Madrid, ou l’ancien Palais de Whitehall, et ridicules comparés à la Cité interdite ou au Palais du Potala. L’exiguïté relative du palais peut être mieux appréciée de l’intérieur, depuis une fenêtre donnant sur la cour intérieure. Une extension mineure au palais a été réalisée en 1938, où le pavillon nord-ouest de Nash a été transformé en piscine.
Alors la demeure de George V et de la reine Mary, le palais sortit de la Première Guerre mondiale sans dommages, puisque l'on n'hésita pas à assècher le lac de St James's Park tout proche, afin d'éviter qu'il ne devienne un repère facile pour les Zeppelins allemands succeptibles d'attaquer la palais. Les éléments les plus précieux avaient été évacués à Windsor mais la famille royale resta au palais. Le plus gros changement à la vie de cour à cette époque était que, persuadé par le gouvernement, le roi avait dû fermer publiquement les celliers et s’abstenir de consommer de l’alcool pendant la durée de la guerre, pour donner le bon exemple aux classes les plus basses. Cependant cette partie de la population ne s’abstint pas et le roi était furieux à cause de son abstinence forcée. Plus tard, Édouard VIII confia à un biographe que son père prenait un verre de porto discrètement tous les soirs, pendant que la reine ajoutait du champagne à sa coupe de fruits. Les enfants du roi se faisaient photographier à cette époque servant du thé dans les écuries royales à des officiers blessés.
Pendant la Seconde Guerre mondiale le palais a été bombardé sept fois et était une cible désignée : les nazis pensaient que la destruction de Buckingham Palace démoraliserait la nation. Une bombe explosa dans la cour intérieure pendant que George VI et la reine Élisabeth résidaient au palais. Beaucoup de vitres furent soufflées mais il n’y eut aucun dommage sérieux. Toutefois, ces incidents ne filtraient quasiment pas en temps de guerre. Le bombardement le plus grave et médiatisé était la destruction de la chapelle du palais en 1940. Cet événement fut montré dans tous les cinémas d’Angleterre pour montrer la souffrance commune des riches et des pauvres. Le roi et la reine étaient montrés en train d’inspecter leur demeure bombardée, la reine souriante dans une veste immaculée et portant un chapeau assorti. C’est à ce moment-là que la reine dit : « Je suis contente que nous ayons été bombardés. Maintenant je peux regarder l’East End dans les yeux. » On voyait la famille royale partager les mêmes moments difficiles que ses sujets, comme le rapporte le journal The Sunday Graphic :
« Le Roi et la Reine ont subi l’épreuve qui est arrivée à leurs sujets. Pour la seconde fois un bombardier allemand a essayé de répandre mort et destruction dans la demeure de Leurs Majestés. […] Quand la guerre sera terminée, le danger commun que le Roi George et la Reine Élisabeth ont partagé avec leur peuple restera un souvenir des plus chers et une inspiration pour les années à venir. »
— Le rédacteur en chef
Le 15 septembre 1940, un pilote de la RAF, Ray Holmes, percuta un avion allemand qui essayait de bombarder le palais. Holmes n’avait plus de munitions et décida de le percuter. Les deux avions s’écrasèrent et les pilotes survécurent. Cet accident fut filmé. Le moteur de l’appareil a été exposé par la suite à l’Imperial War Museum. Le pilote britannique devint un messager personnel du roi. Il mourut à l’âge de 90 ans en 2005.
Le 8 mai 1945, le palais était au centre des célébrations britanniques, le roi, la reine, la princesse Élisabeth, future reine et la Princesse Margaret apparurent au balcon, les fenêtres condamnées du palais derrière eux, au son des acclamations de la foule sur le Mall.
Un incident se produisit en 1982 lorsque Michael Fagan accéda à la chambre de la reine alors qu’elle dormait. En 2003, un reporter du Daily Mirror passa deux mois à Buckingham en tant que domestique. Une des références qu’il avait fournie sur son CV était erronée et elle ne fut pas vérifiée correctement. L’incident coïncida avec une visite au Royaume-Uni de George W. Bush qui séjourna au palais, et le Daily Mirror publia des photos clandestines de la chambre de George Bush, en même temps que de la table de petit-déjeuner de la reine et la chambre du Duc d’York. Le palais traîna le journal en justice pour violation de la vie privée : le journal rendit les photographies et paya à la reine des dommages et intérêts en novembre 2003.
La plupart des brèches dans la sécurité proviennent de l’extérieur du palais. Ainsi en 1974, Ian Ball tenta de kidnapper la Princesse royale sur le Mall pendant qu’elle retournait au palais, blessant plusieurs personnes au passage. En 1981, trois touristes allemands ont campé dans les jardins du palais, après avoir grimpé les murs couverts de fils barbelés, prétendant croire être à Hyde Park. En 1993, des manifestants contre le nucléaire escaladèrent également les murs et organisèrent un sit-in sur la pelouse du palais. En 1994, c’est un parapentiste nu qui atterrit sur le toit du bâtiment. En 1995, un étudiant nommé John Gillard a pu défoncer les portes du palais, sortant une porte en fer forgé d’une tonne et demie de ses gonds. En 1997, un patient d’un hôpital psychiatrique a été trouvé errant sur la propriété. Plus récemment, en 2004, un manifestant pour le droit des pères célibataires a fait la une des journaux en grimpant sur une corniche près du balcon de cérémonie déguisé en Batman. Un autre manifestant déguisé en Robin a été appréhendé avant qu’il ne réussisse à monter sur le bâtiment : il revient en novembre déguisé en père Noël pour s’enchaîner à un réverbère près d’une porte principale.
Au cours de l’histoire, il y eut d’autres incidents de ce type. Le plus incroyable arriva en 1837, lorsqu’un garçon de 12 ans surnommé le garçon coton, se débrouilla pour vivre un an dans le palais à l’insu de tous. Il se cachait dans les cheminées et rendait noirs les draps où il dormait. Il fut finalement attrapé en décembre 1838, entraînant diverses questions à propos de la sécurité royale au parlement. Sur les huit tentatives d’assassinat dont Victoria a fait l’objet, au moins trois se sont passées à proximité des portes du palais. Au début du XXe siècle, l’esplanade devant le palais était terrain de prédilection des suffragettes qui s’enchaînaient aux grilles en fer doré. Au fil des années, de nombreux intrus ont été arrêtés dans la propriété, dont un qui voulait demander la Princesse Anne en mariage, et qui fut déclaré fou.
Aujourd’hui, Buckingham Palace n’est pas seulement la demeure de la reine et du Prince Philip mais aussi la résidence londonienne du Duc d’York et du Comte et de la Comtesse de Wessex. Les bureaux de la monarchie et de ses fonctions associées se trouvent également au palais.
En plus d’être la résidence de semaine de la reine et du Duc d’Édimbourg, le palais est le lieu de travail de 450 personnes. Chaque année près de 50 000 personnes sont reçues lors de garden parties, réceptions, audiences et banquets. La cour devant le célèbre balcon est utilisée lors de la relève de la garde, une cérémonie importante de même qu’une attraction touristique (tous les jours en été, tous les deux jours en hiver).
Le palais n’est pas une propriété privée de la famille royale : tout comme le château de Windsor, ainsi que les collections d’art qu'ils renferment, appartiennent à la nation. Les mobiliers, peintures et ornements inestimables, dont certains de Fabergé, provenant de Windsor et de Buckingham, sont désignés sous l’appellation « Collection royale ». Celle-ci peut être admirée par le public à différentes périodes de l’année, lorsque le palais et le château sont ouverts. La galerie de la reine près des écuries royales se trouve sur le site de l’ancienne chapelle, endommagée par une des sept bombes qui tombèrent sur le palais durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est ouverte toute l’année et propose une sélection renouvelée d’objets de la collection.
L’ouverture estivale des pièces officielles au public a été un énorme changement dans les traditions, au cours des années 1990. L’argent provenant des billets d’entrée a été mis au profit de la reconstruction du château de Windsor, à la suite de l’incendie qui a détruit plusieurs de ses pièces officielles. Chaque été, en août et en septembre, l’aile ouest du palais est ouverte au public. Le circuit dans le palais pour les années à venir est en cours de modification pour des raisons de présentation et de sécurité.