Bronzage - Définition

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Introduction

Séance de bronzage ou bain de soleil.

Le mécanisme du bronzage est un processus de défense de la peau, sous l'action du rayonnement ultraviolet, qui se traduit par l'assombrissement général ou partiel (taches de rousseur chez les vrais roux) des parties exposées.

Histoire et point de vue sociologique

Le bronzage passe par une exposition régulière aux rayons du soleil, en dépit de son inconfort. Il participe aussi à une érotisation des rapports sociaux.

Au cours de l'histoire le teint hâlé a été à la mode de façon cyclique.

Pendant des siècles, les civilisations ont pratiqué le culte solaire (incas, aztèques, égyptiens, civilisations orientales) : ces sociétés étaient structurées à travers l'architecture mais aussi l'ordre politique autour d'une élévation vers cet astre divin. Pour la classe aristocratique, il fallait avoir la peau blanche pour se différencier du peuple paysan à la peau naturellement tannée. La blancheur de la peau était alors synonyme de richesse et d’une bonne situation. Pour garder un teint clair les nobles ont appliqué sur leur peau des produits à base de plomb (notamment la céruse). Ces cosmétiques provoquaient la mort progressive par saturnisme. D'autres moyens pour conserver le teint clair furent l'arsenic, les vêtements couvrants, les poudres de riz et les parasols.
Cependant, dès l'Antiquité, l'exposition volontaire au soleil, déjà recommandée par Hippocrate, était préconisée dans le cas de l'héliothérapie. Cette pratique médicale était utilisée dans les maladies bactériennes et inflammatoires : la tuberculose sous toutes ses formes, mais aussi les maladies ostéoarticulaires (rhumatisme, arthrose, arthrite, etc.), respiratoires (asthme). On pensait qu'elle avait des vertus microbicide, cicatrisante, analgésiante et stimulatrice de l'état général. L’héliothérapie en altitude est repérée dès 1888 par le Dr Paul Pouzet dans la lutte contre la tuberculose. En 1893, le 1er Congrès International sur le tuberculose présente les techniques allemandes de sanatorium au monde médical.

Au 19e siècle, en Occident, la mode pour les classes supérieures continuait à préconiser le teint pâle accentué ou rectifié si nécessaire avec un maquillage de poudre de riz. Une motivation de cette mode était de bien montrer la différence entre la classe supérieure et la classe laborieuse. Cette dernière (cultivateurs, ouvriers du bâtiments, ...) exerçant souvent son activité en plein-air avait un teint hâlé. Ce faisant les personnes de la classe sociale supérieure affirmaient leur distinction.

En Europe du Nord, la mode de la peau claire se maintient jusqu'à la fin de l'époque victorienne. La révolution industrielle développe un monde ouvrier vivant dans les usines et ayant par conséquence un teint clair. L'aristocratie, par contre-coup, redécouvre les bienfaits du teint hâlé (sensualité, beauté) grâce au tourisme balnéaire : les bains de mer sur les plages excluent le bronzage au départ puis l'intègrent au début du XXe siècle. Certaines pratiques sportives, privilèges des classes aisées, sont également un moyen d'exalter la peau bronzée. Les crèmes de protection solaire, remplaçant les graisses animales qui ont l'inconvénient de rancir, apparaissent en même temps que les grandes industries cosmétiques : Nivéa, L'Oréal, où Eugène Schueller, agacé par ses coups de soleil lorsqu'il navigue sur son voilier l'Edelweiss en Bretagne, demande aux chimistes d'inventer une huile solaire.

La promenade (1875) tableau de Claude Monet. A la fin du 19ème siècle dans certaines couches de la société, on se protège du soleil par des vêtements longs, ombrelle et chapeau (enfant à l'arrière plan).

Niels Ryberg Finsen obtint en 1903 le prix Nobel de médecine pour son actinothérapie (thérapie par les rayons lumineux, infrarouges et ultraviolets). Il soignait des maladies infectieuses comme le lupus vulgaris, l'anémie et le rachitisme. On comprit que le rachitisme était provoqué par une carence en vitamine D et que l'exposition au soleil favorisait son développement dans le corps humain.

En 1920, Coco Chanel, souffra malencontreusement d'un coup de soleil lorsqu'elle se rendit à la Côte d'Azur. Ces admirateurs apprécièrent son apparence et commencèrent à adopter ce genre de coloration de la peau. La peau pigmentée par le soleil devint un attribut de la mode en partie à cause du statut de Coco Chanel et du mimétisme de son public pour son style de vie. A peu près au même moment les parisiens eurent un coup de cœur pour Joséphine Baker, la chanteuse métisse. Certains de ses fans eux aussi voulurent imiter sa pigmentation. Ces deux vedettes contribuèrent à établir la mode de la peau pigmentée signe de beauté, santé, réussite et luxe. Dès les années 1930, le bronzage devient ainsi une mode incontournable et un « must » social.

Dans les années quarante les magazines féminins publièrent des publicités qui encourageaient les bains de soleil. A cette époque la couverture du corps par les maillots de bain commença à se réduire. En 1946 Louis Réard imagina le bikini. L’héliotropisme se démocratise et le bronzage populaire apparaît à la fin des années 1950 par la concentration des vacances en été d’abord dans les lieux élevés d’air pur puis à la mer (50% des congés d'été se passent à la mer en 1964). La pratique d'utiliser de l'huile pour bébé pour accélérer la pigmentation solaire de la peau se développe parallèlement. Les premiers produits solaires apparurentdans ces années : ils avaient souvent pour effet de donner à la peau une coloration orangée.

Ainsi, progressivement, dans la seconde moitié du 20ème siècle, en Occident, la tendance se renverse. Le teint hâlé par le soleil (visage et corps) est signe de succès et propre à ceux qui ont des loisirs de plein air (montagne, ski, nautisme, randonnée, voyage dans les pays méridionaux) et donc signe d'aisance financière. Les fonds de teint et éventuellement les crèmes auto-bronzantes viennent répondre à ce besoin de paraître bronzé. Le commerce des crèmes solaires se développe : protection à degrés multiples, crèmes après soleil. D'autres accessoires plus folkloriques mais prétendument efficaces viennent sur le marché : matelas pneumatique à réflecteur incorporé, parasol filtrant les UV, lampes et cabine de bronzage etc. Le fait que les rayons solaires aident à fixer la vitamine D contribuent à renforcer l'idée qu'une peau cuivrée par le soleil reflète un corps sain tandis qu'une peau blanche exprime l'anémie, le manque d'énergie voir la déprime.

La mode de la peau hâlée est accentuée par une érotisation de plus en plus massive de la vie sociale combinée avec un développement des activités sportives comme loisirs. A titre d'exemple on jouait jadis au tennis en pantalon ou jupe mi-longue tandis qu'à la fin du 20ème siècle les shorts, mini-jupes et chemises sans manches, largement décolletées sont la règle.

Dans le parc au pied de la porte de Hal (Bruxelles) un 31 juillet, plein soleil. Les personnes assises dans le gazon (premier plan, second plan à gauche et troisième plan à droite) sont des membres masculins de la communauté maghrébine. Tous sont installés à l'ombre. Ils ne cherchent pas à bronzer.

Il est aussi intéressant de voir le changement de comportement des Européens face à l'exposition au soleil dans les zones tropicales. Au début du 20ème siècle pour leurs sorties au soleil africain, les explorateurs, missionnaires et colons s'équipent tous du casque colonial pour éviter le "coup de bambou". "Notre grand ennemi, en Afrique, c’est le soleil" a écrit le docteur Schweitzer dans "A l’orée de la forêt vierge" en 1923. Le casque est progressivement remplacé par des couvre-chefs plus légers : képis, casquettes, chapeaux de toile en combinaison ou non avec des lunettes de soleil. Actuellement la protection du rayonnement solaire dans les zones tropicales pour les personnes à la peau claire se limite au port d'un chapeau léger ou à organiser une exposition progressive pour stimuler la pigmentation progressive de l'épiderme.

En 1971 on vit apparaître la poupée Barbie-Malibu qui avait la peau pigmentée, des lunettes de soleil et son flacon de crème solaire. C'est dans les années 70 qu'apparurent les premiers systèmes commerciaux de bronzage (les lampes puis les bancs solaires). On estime qu'en 2009 il y a dans le monde (?) 50.000 boutiques de bronzage alors qu'en 1990 il n'y en avait que 10.000.

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