Bombe radiologique - Définition

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Introduction

La bombe radiologique (également appelée bombe sale) est une bombe conventionnelle, entourée de matériaux radioactifs destinés à être répandus en poussière lors de l'explosion. Cette explosion a donc l'intensité thermique et mécanique d'une bombe conventionnelle, mais dissémine autour d'elle des éléments radioactifs qui auront des effets à long terme. Le but principal n'est donc pas de détruire, mais de contaminer une zone géographique et les personnes présentes en son sein par des radiations directes (premier effet) et l'ingestion et l'inhalation de matériaux radioactifs (deuxième effet).

Bombe sale désigne principalement la bombe radiologique, mais elle désigne également tout engin détonant disséminant un ou plusieurs produits chimiquement ou biologiquement toxiques (NRBC pour nucléaire, radiologique, biologique ou chimique). Ces diverses armes, réalisables sans une importante infrastructure industrielle, sont génériquement dénommées Engin explosif improvisé (EEI)

Matériaux réactifs

En raison de leur radioactivité et de leur large diffusion pour des emplois scientifiques, techniques ou médicaux, les différents radioisotopes utilisés sont assez faciles à trouver, et permettent de considérer l'arme comme un EEI. Ce sont notamment les :

cobalt 60, strontium 90, césium 137, iridium 192, polonium 210, radium 226, plutonium 238, américium 241 ou californium 252, avec des doutes sur polonium 210 et radium 226.

Ces éléments sont plus faciles à trouver que les matériaux fissiles pour armes atomiques, plus étroitement surveillés. Comme les EEI bactériologiques et chimiques, ils sont considérés comme des armes. Selon des experts, la fabrication et l'utilisation de ces EEI, qu'ils soient de nature atomique, biologique ou chimique, ne peuvent être empêchées avec certitude.

Différence avec une bombe atomique

L'explosion d'une bombe atomique est le résultat de la fission (pour les bombes A) ou de la fusion (pour les bombes H) d'un élément radioactif, alors qu'un EEI radiologique est celui de l'explosion d'un explosif conventionnel. La fabrication d'un EEI radiologique est donc plus simple. Le plus compliqué est de trouver et de manipuler les éléments radioactifs qui entourent l'explosif, des déchets nucléaires par exemple.

Son objectif majeur est de provoquer la peur, la peur des radiations, la peur de l'invisible, sans avoir à gérer la difficulté de se procurer les matériaux nécessaires, ni la complexité de la mise en œuvre d'une bombe atomique. Pour toutes ces raisons, les EEI intéressent surtout les groupes terroristes.

Fonctionnement

Le dispositif est conçu de sorte que lors de l'explosion, il pulvérise et dissémine la substance toxique, et non pas pour que l'onde de choc permette une destruction maximale. L'explosion d'un EEI radiologique peut avoir les divers effets suivants :

  • À courte portée, faible danger pour les personnes, en raison de l'onde de choc et des éclats.
  • Contamination (intoxication) des personnes : La décontamination d'une région, principalement dans une grande ville, serait longue et coûteuse. Aussi longtemps qu'elle durerait, la zone serait fermée aux civils. Une couche de poussière radioactive devrait être complètement enlevée, ce qui est relativement difficile sur une grande surface. Un autre problème serait la panique probable de la population civile dès qu'elle aurait connaissance de la nature de cette attaque. La raison en serait, pour les experts, le de la frontière entre la bombe A et la bombe sale.
  • Lésions radiatives : effets des rayonnements ionisants. Cependant ceux-ci ne surviennent de façon importante que
    1. dans les réactions en chaîne contrôlées (réacteurs nucléaires) ou non (bombe A), ou
    2. dans les applications techniques ou médicales, où les rayonnements sont concentrés pour renforcer leur effet, comme dans la radiothérapie du cancer.
Dans les deux cas, une quantité considérable de matières radioactives est rassemblée, et est suffisante pour des irradiations aiguës. Des éléments efficaces en faible quantité et après dispersion sont très rares, et donc difficiles à trouver. C'est le cas du polonium mis en cause dans l'assassinat spectaculaire d'Alexandre Litvinenko.
Pour les niveaux de contamination obtenus avec les matériaux radioactifs les plus répandus, la radioactivité ne serait sans doute pas suffisante pour provoquer des maladies graves, voire des décès. Une explosion test, et les calculs effectués à partir des résultats par le Département de l'Énergie des États-Unis conclut que même si rien n'est fait pour décontaminer la zone affectée, et si tous les habitants restent dans cette zone pour un an, ils recevraient une dose de radiation « assez élevée », mais non létale. Une analyse récente des retombées de la catastrophe de Tchernobyl confirme cette conclusion, en montrant que l'effet sur beaucoup de gens de la zone avoisinante a été à peu près négligeable, sauf pour ceux qui en étaient tout près.
  • Le syndrome d'irradiation aiguë est donc peu probable
  • Le risque de cancer à plus ou moins long terme est en principe augmenté par les radiations, quelle que soit la dose. Il existe cependant des substances bien plus cancérigènes par unité de masse, comme par exemple le benzène ou la dioxine.
  • Panique générale : comme il est peu probable qu'un EEI radiologique terroriste provoque beaucoup de décès, beaucoup ne considèrent pas que ce soit une arme de destruction massive. Son but serait probablement plus de créer des dommages psychiques et physiques, par l'ignorance, la panique et la terreur. On a pu ainsi appeler les EEI « armes de bouleversement social ».
  • Dégâts économiques : le contrôle et la décontamination – si jugés sanitairement ou politiquement nécessaires – de milliers de victimes paniquées, et de la zone affectée demanderaient des moyens considérables en temps et en coût, rendraient les zones partiellement inutilisables et provoqueraient des dommages économiques certains.

On pense que pendant les années 60, le ministère britannique de la défense s'est livré à une évaluation de l'EEI radiologique, et a conclu que des effets beaucoup plus efficaces seraient obtenus en remplaçant les matières radioactives par un supplément d'explosif.

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