Le film Blade Runner est actuellement disponible avec deux fins (principale différence entre les deux versions, la version « cinéma » de 1982 et la version Director's cut de 1992). Mais il existe en fait sept versions, sept montages différents du même film. Voici la liste des versions connues à ce jour :
Les préversions de Denver, Dallas et San Diego étaient très proches du montage final que l'on peut voir dans la version Director's Cut de 1992, notamment sur le statut du personnage principal, Rick Deckard qui passe de simple policier humain dans la version officielle américaine et européenne à la possibilité qu'il puisse être un androïde dans la Director's Cut et dans les préversions. La fin elle-même reste la même entre les pré-versions et la Director's Cut.
La fin dite alternative voulue par les producteurs de la Warner Bros. Pictures est due aux réactions des spectateurs des pré-versions de Denver, Dallas et San Diego. Il faut, pour comprendre, se replacer dans le contexte de l'époque. Blade Runner est un film de science-fiction, qui sort à l'époque de la Guerre des étoiles. L'acteur principal du film, Harrison Ford, est alors en pleine gloire grâce à des rôles comme celui de Han Solo ou Indiana Jones. Or, les spectateurs attirés par un film de science-fiction joué par un tel acteur sont majoritairement adolescents. Et ce public qui n'était pas le cœur de cible de ce film a été choqué de voir leur acteur-vedette passer pour un lâche, faible et désabusé dans un univers sombre et peu engageant.
Affolés par la très mauvaise opinion générale, les producteurs ont donc remonté — sans l'accord du réalisateur Ridley Scott — la fin, en recyclant des rushes non utilisés du film de Stanley Kubrick, Shining et en ajoutant une voix-off afin de « permettre au spectateur de mieux comprendre le film ». Dix ans plus tard, Ridley Scott pourra reprendre le montage de son film mais la Warner, voulant à nouveau faire valoir son droit sur le film, posa un ultimatum au réalisateur qui dut — pour pouvoir tenir le délai — abandonner une partie de la restauration.
La dernière version du film est parue en France le 5 décembre 2007, en version simple et en coffret, pour célébrer le 25e anniversaire du film. Ce dernier regroupe toutes les versions du film. La dernière en date, supervisée par Ridley Scott pour l'occasion, présente des modifications formelles mineures (plans de transition, décors d'arrière-plan améliorés, voix synchronisées, le fameux ciel bleu de la scène de la colombe devenu un ciel nocturne...). En outre, l'image et le son ont été entièrement restaurés. Cette version est considérée par le réalisateur comme l'ultime édition du film. L'édition française de ce coffret est toutefois moins fournie en termes d'objets additionnels que l'édition américaine, vendue dans une valise imitation métallique reproduisant celle des Blade Runners.
Philip K. Dick est mort quelques jours avant la sortie du film mais il avait pu lire le script du film et visionner une pré-version de 40 minutes qui l'avaient enthousiasmé.
L'accueil très favorable du public contraste avec l'avis plus que réservé de certains critiques à la sortie du film parmi lesquels Philippe Manœuvre, dans Métal Hurlant pour l'un des plus virulents. Il évoque une seconde mort pour l'écrivain, et compare la situation avec celle de Boris Vian, décédé à la sortie de la première séance de l'adaptation de J'irai cracher sur vos tombes.
Le film et le roman (reédité sous le titre Blade Runner) se révèlent certes différents mais complémentaires selon Dick lui-même. Au cinéma le personnage de Rachel, par exemple, n'a pas son ambiguïté originelle et le rôle de Pris est interprété par une actrice différente alors que dans le roman, les deux femmes sont physiquement identiques. Deckard n'est pas marié mais divorcé. Il n'est question ni de moutons électriques ni de machines à empathie. La réalité virtuelle et mystique du « prophète » Mercer n'est pas non plus abordée dans le film. Toutes ces élisions semblent à l'évidence avoir été motivées par le besoin d'obtenir un scénario efficace et accessible.
Bien que l'on soit projeté dans le registre d'un film d'action, très éloigné de l'ambiance du roman, l'atmosphère sombre et mélancolique de l'oeuvre originale participe au succès du film qui est devenu une référence du cinéma de science-fiction pour le public mais aussi pour d'autres oeuvres qui s'inspireront de son univers futuriste comme Ghost in the Shell.
Voici une liste non exhaustive de différences:
L'atmosphère particulière est entre autres inspirée de travaux du « futurologue » Syd Mead et de Moebius lorsqu'il publiait dans Métal hurlant (notamment les dessins qu'il a réalisés pour la bande dessinée The Long Tomorrow de Dan O'Bannon).
Avant Blade Runner, Ridley Scott et Moebius avaient collaboré sur Alien - Le huitième passager. Ridley aurait souhaité voir Moebius travailler aussi sur ce film, mais comme il était sous contrat ailleurs, cela ne put se faire. Néanmoins, bien qu'il n'ait pas été impliqué directement, son travail a certainement servi de référence lors de la production.
Soulignons aussi la présence dans l'équipe technique de Douglas Trumbull, le maître des effets spéciaux d'Hollywood, qui fut à l'origine des effets de 2001, l'Odyssée de l'espace ou encore de Rencontres du troisième type. Ridley Scott, qui connaissait Trumbull depuis des années sans jamais avoir eu l'occasion de travailler avec, lui confia immédiatement l'élaboration des nombreux effets visuels du film, des miniatures pour le survol fictif du paysage industriel et de la pyramide de la Tyrell Corporation au début du film (décor justement surnommé « L'enfer de Ridley »), à la reproduction grandeur nature du cockpit des vaisseaux sillonnant la ville.
La scène de l’acrobatique attaque de Deckard par Pris est très similaire à celle que subit James Bond (Sean Connery) de la part de Bambi dans le film, les diamants sont éternels de 1971.