Bison d'Europe (Bison bonasus) | |||||||||
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Classification | |||||||||
Règne | Animalia | ||||||||
Embranchement | Chordata | ||||||||
Sous-embr. | Vertebrata | ||||||||
Ordre | Mammalia | ||||||||
Sous-classe | Theria | ||||||||
Infra-classe | Eutheria | ||||||||
Ordre | Artiodactyla | ||||||||
Famille | Bovidae | ||||||||
Sous-famille | Bovinae | ||||||||
Genre | Bison | ||||||||
Nom binominal | |||||||||
Bison bonasus (Linnaeus, 1758) | |||||||||
Statut de conservation IUCN : | |||||||||
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Le bison d'Europe (Bison bonasus Linnaeus, 1758) est un mammifère ruminant de la famille des Bovidés. C'est une des deux espèces du genre Bison, l'autre étant le Bison américain.
Les deux espèces de bison sont considérées par certains auteurs comme appartenant en fait au genre Bos (Bos bison), et ce du fait des croisements possibles entre espèces du genre Bison et du genre Bos (voir Beefalo).
Le bison d'Europe était très fréquent sur tout le continent européen, de l'Atlantique à l'Oural (excepté la péninsule ibérique, l'Italie, la péninsule scandinave et les îles britanniques), et ce jusqu'au Moyen Âge. Il est également possible qu'il ait résidé en Sibérie, mais ce point demande à être confirmé.
Charlemagne chassait le bison ainsi que l'aurochs, dans la région de Liège et d'Aix-la-Chapelle.
Exterminé après la Première Guerre mondiale, le bison d'Europe ne survivait alors plus qu'en captivité. Il a été progressivement réintroduit dans la nature après la Seconde Guerre mondiale.
Le Bison d'Europe disparut de France au VIIIe siècle, de Suisse au XIe siècle, d'Allemagne au XVIIe siècle, de Transylvanie (Roumanie) au XVIIe siècle et de Pologne, son ultime refuge, dans les années 1920.
Ces disparitions sont largement dues à la chasse humaine, mais aussi à la régression de ses habitats, concurrencés par l'agriculture.
Gibier de rois, des mesures furent décidées assez tôt pour sa protection, mais sans succès. Il fut interdit de le tuer dans la Pologne du XVIe siècle. Des élevages furent entrepris et une tentative de réintroduction fut menée avec des bêtes d'élevage dans le Mecklenburg en 1689 et en Saxe en 1733, sans succès.
À la fin des années 1920, les seuls bisons d'Europe encore vivants (54, dont 29 mâles et 25 femelles) ne survivaient plus que dans les zoos. Il s'agissait alors essentiellement de la sous-espèce de plaine Bison bonasus bonasus. La sous-espèce des montagnes du Caucase (Bison bonasus caucasinus) a aujourd'hui disparu. Il n'en reste qu'une lignée mixte, mélange de Bison bonasus bonasus et de Bison bonasus caucasinus, que les généticiens maintiennent soigneusement séparée de la lignée pure des plaines (Bison bonasus bonasus).
Seuls 13 géniteurs sur les 54 survivants se sont finalement reproduits. La population actuelle de la sous-espèce des plaines (B. b. bonasus) est issue de 7 animaux seulement : 4 mâles et 3 femelles. C'est la principale population actuelle.
Une autre lignée a été formée à partir de 4 mâles et 7 femelles B. b. bonasus, et d'un mâle B. b. caucasicus.
Certains fondateurs sont à la fois présents dans l'ascendance de la première lignée et dans celle de la seconde. Tous les fondateurs de la souche B. b. bonasus sont originaires de la population qui vivait dans la forêt de Białowieża.
La population du XXIe siècle descend d'un très petit nombre d'animaux et la variabilité génétique est donc relativement faible, surtout dans la population "pure" de B. b. bonasus. Elle aurait même tendance à se réduire, du fait du phénomène dit de dérive génétique (à chaque génération, certains individus ne se reproduisent pas, ou ne transmettent pas une partie de leurs gènes, et certaines formes génétiques disparaissent donc). De fait, la comparaison entre les squelettes des animaux actuels et ceux des animaux des siècles précédents fait apparaître certaines anomalies dans la population moderne.
En août 1923, la Société internationale pour la protection du Bison d'Europe a été créée pour assurer la survie de l'animal. Seize pays étaient à l'époque représentés. La société disparut avec la Seconde Guerre mondiale, mais son travail fut continué.
Des zoos ont commencé à s'organiser pour échanger des reproducteurs, éviter la consanguinité et augmenter la population vivant en captivité. Un European Bison Pedigree Book (EBPB) ("livre des pedigrees du bison d'Europe") a été mis en place pour suivre les bisons et leur généalogie, afin de limiter la consanguinité et les croisements entre sous-espèces et entre espèces. En effet, avant la Seconde Guerre mondiale, il existait un certain nombre d'hybrides entre Bison bonasus bonasus et Bison bonasus caucasinus. Il existait aussi des hybrides de bisons d'Europe et de bisons américains car les 2 espèces, très proches, font des hybrides fertiles. Ces hybrides américains, risquant de faire disparaître la souche originelle des bisons d'Europe, furent en partie abattus en 1945.
Le European Bison Pedigree Book fut l'instrument permettant :
Si l'EBPB était publié en Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale, il l'est en Pologne depuis la fin de la guerre.
À compter de 1952, les Polonais ont réalisé la première réintroduction du bison d'Europe (lignée B.b. bonasus) dans la grande forêt de Białowieża, dans l'Est de la Pologne dont il habitait autrefois les régions boisées. La réintroduction a été couronnée de succès, et d'autres réintroductions ont suivi dans l'Est de l'Europe. On trouve aujourd'hui des bisons sauvages en Pologne, Ukraine, Biélorussie (ou Bélarus), Slovaquie, Russie, Lituanie. La majorité des troupeaux appartiennent à la sous-espèce Bison bonasus bonasus, mais quelques-uns appartiennent à la lignée mixte.
Il a également été créé deux troupeaux totalement sauvages d'hybrides de Bison bonasus X Bison bison (bison américain). Tous deux ont été réintroduits dans le Caucase (fédération de Russie), le premier en 1954 (1 300 individus en 1984, 550 en 1999), et le second entre 1959 et 1967 près de Nalchik (250 animaux en 1993, 18 en 2001). Les deux populations ont connu une bonne expansion, mais ont fortement baissé à compter des années 1990 à cause du braconnage. Ces deux groupes ne sont pas inclus dans les chiffres de la population de bison d'Europe, eu égard à leur hybridation. D'après Skipo en 1990, l'influence génétique du bison d'Amérique dans le premier groupe (le plus important) était de seulement 5,24 %. Les spécialistes qui s'occupent de la protection du bison d'Europe sont cependant généralement très hostiles à ces troupeaux, en lesquels ils voient un risque de disparition du bison d'Europe en tant qu'espèce à part entière. Il existe aussi des troupeaux d'hybrides vivant en semi-liberté et en captivité.
Depuis 1996, un Programme européen pour les espèces menacées (European Endangered Species Programme ou EEP) a été mis en place. Les EEP sont des programmes européens de reproduction en captivité d'un animal menacé. En 2000, 405 animaux de 62 centres (35 % de la population captive) participaient à ce programme.
En France, on trouve le bison d'Europe dans des zoos et des parcs animaliers. Il vit en semi-liberté sur 200 hectares, dans le parc animalier de Sainte Eulalie, en Margeride (Lozère),sur 350 hectares dans le parc de vision de Bel-Val dans les Ardennes et dans le parc animalier du Haut-Thorenc sur 400 hectares sur la commune de Thorenc-Andon (Alpes-Maritimes) .
L'édition 2002 du Livre des pedigrees du bison d'Europe indique qu'il y a 3 097 bisons d'Europe vivant dans le monde, dont environ 1 600 en liberté (non inclus les hybrides bison d'Europe X bison d'Amérique). Ce chiffre est sous-estimé, car tous les gestionnaires de troupeaux (que ceux-ci soient captifs ou libres) ne remontent pas leurs données dans l'EBPB. Ce chiffre ne comprend pas non plus les hybrides européens X américains.
Un des principaux problèmes actuels est l'isolement des populations réintroduites : « Les troupeaux existants en liberté sont souvent isolés sur de petits territoires [...] Pour l'instant, une population viable à l'intérieur d'un territoire continu n'a pas encore été établie ». Des populations plus petites sont plus facilement menacées par les aléas tels que le climat, les maladies, les prédateurs ou le braconnage.
Ce premier problème est étroitement connecté à un second, la consanguinité. La population d'origine est très consanguine, et les troupeaux trop petits et trop dispersés favorisent encore la perte de diversité génétique. Certains problèmes osseux ou de fertilité apparaissent dans certains groupes.
Le braconnage a menacé certaines populations d'hybrides caucasiens, mais ce problème n'est pas considéré comme une menace majeure pour les populations de B. bonasus vivant actuellement dans la nature.