Bimaristan - Définition

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Introduction

Bimaristan est un mot qui signifie Hôpital en langue Pehlevi et Persane (بیمارستان bīmārestān) de Bimar- en Écriture pehlevi venant de vīmār ou vemār qui signifie "malade" et - Stan un suffixe signifiant endroit, lieu.

À l’âge d'or de la civilisation islamique médiévale, le mot Bimaristan était utilisé pour indiquer un hôpital au sens moderne du terme, un établissement où les malades étaient accueillis et pris en charge par un personnel qualifié. Ainsi, les médecins musulmans ont été les premiers à établir une distinction entre un hôpital et les différents types d’accueil comme les temples de guérison, temples de sommeil, Hospices, Asiles, Lazaret et Léproseries qui, dans l’Antiquité répondaient davantage à une préoccupation d’isoler les malades et les fous de la société" plutôt qu’à celle de leur offrir l’espoir d’une véritable guérison." Les Bimaristans médiévaux sont donc considérés comme les premiers hôpitaux au sens moderne du terme. Les premiers hôpitaux publics, les premiers hôpitaux psychiatriques, les Écoles de medicine et les Universités ont également été introduites par les médecins musulmans.

Histoire

Le plus ancien Bimaristan dont on ait gardé la trace est celui de l’Académie de Gundishapur créé au IIIe siècle par Shapur Ier, empereur Sassanides dans l’actuel Khuzestan, une province de l’Iran. Après la Conquête musulmane de la Perse en 638, le Bimaristan a survécu au changement de dirigeants et a évolué au cours des siècles vers la création d’un hôpital public, d’une École de médecine, d’une Université et d’un Hôpital psychiatrique sous l’impulsion des médecins musulmans.

Au cours des conquêtes musulmanes elles-mêmes, les armées musulmanes à l’époque de Mahomet auraient disposé d’un Hôpital mobile qui suivait les troupes pour soigner les soldats après la Bataille.

Le premier Bimaristan après celui de Gundishapur a été fondé en 707 par le Calife Al-Walid ben Abd al-Malik à Damas. À l'époque, la plupart des hôpitaux islamiques disposaient de Médecins qui examinaient tous les Patients pour préciser le diagnostic de la maladie et prescrire le traitement, mais le Bimaristan était unique dans le sens où il comportait des médecins qui se spécialisaient dans certaines maladies. Au départ, ces centres de santé ont été spécifiquement créés pour des patients atteints d’affections telles que la peste et la cécité et tous les soins étaient gratuits.

Selon Sir John Bagot Glubb:

« A l’époque d’Al-Mamun les Écoles de médecine étaient très actives à Bagdad. Le premier hôpital public gratuit a été ouvert à Bagdad au cours du Califat d’Haroun ar-Rachid. Selon le système mis au point, les médecins et les chirurgiens étaient nommés pour donner des conférences aux étudiants en médecine et décerner des Diplômes à ceux qui étaient jugés capables de pratiquer leur art. Le premier hôpital d’Égypte a été ouvert en 872 et par la suite les hôpitaux publics se sont développés à travers tout l'empire de l’Espagne et du Maghreb à la Perse »

— Sir John Bagot Glubb

Le plus grand hôpital du Moyen Âge et de l’ère pré-moderne a été construit au Caire en Égypte, par le sultan Qalaun al-Mansour en 1285. Selon Will Durant, l'hôpital était entouré d’une grande enceinte quadrangulaire et comprenait quatre bâtiments autour d'une cour "ornée d’arcades et rafraîchie par une Fontaine et des Ruisseaux. " L'hôpital disposait de quartiers distincts pour les différentes maladies et pour les convalescents" et comprenait des laboratoires, un dispensaire pour les consultations externes et les soins ambulatoires, des cuisines, des Bains, une Bibliothèque, un lieu de culte religieux, des salles de conférence et "un environnement agréable pour l'hébergement des fous." Le traitement était fourni gratuitement aux patients de tous horizons, sans distinction de sexe, d'ethnie ou de revenu, au moment de la convalescence un pécule leur était offert à leur départ afin qu'ils n'aient pas besoin de reprendre le travail immédiatement. "Les Insomniaques avaient droit à une douce musique, à des conteurs professionnels et peut-être à des livres d’histoires."

Organisation

Le Bimaristans étaient organisés en deux sections, une pour les hommes et une pour les femmes. Chacune de ces sections disposait de plusieurs salles, chacune étant destinée à une maladie spécifique et dirigée par un ou plusieurs médecins. Voici quelques exemples des salles spécialisées dont on disposait, une salle pour les patients atteints de maladies courantes, une pour les blessés, victimes de fractures et plâtrés, une pour les femmes accouchées et une pour les maladies contagieuses. L'administration de l'hôpital était fondée sur l'emploi de professionnels de santé qui nettoyaient l'hôpital et prenaient en charge les patients, des médecins et un médecin chef, Al Saoor. Les employés travaillaient par équipes de jour et de nuit, pour s'assurer qu'ils bénéficient tous d’un repos suffisant. Une aile supplémentaire, appelé Al Sharabkhana, également connue sous le nom de pharmacie, a été ajoutée pour permettre aux médecins de distribuer facilement des médicaments. Les Bimaristans avaient principalement deux objectifs: le bien-être des patients et la formation des nouveaux médecins. Un extrait du livre d'Ibn Al-Ukhwah, Al-Hisbah révèle comment le système du Bimaristan organisait la prise en charge des patients:

"Le médecin interroge le patient sur l’histoire de sa maladie et la douleur qu'il ressent. Il prépare les sirops et d'autres drogues, puis écrit une copie de l'ordonnance pour les parents accompagnant le patient. Le lendemain, il réexamine le patient, vérifie les médicaments, lui demande comment il se sent et le conseille en conséquence. Cette procédure est répétée tous les jours jusqu'à ce que le patient soit guéri ou décède. Si le patient est guéri, le médecin est payé. Si le patient meurt, les parents sont reçus par le médecin-chef et lui présentent les ordonnances rédigées par le médecin. Si le médecin-chef estime que le médecin a effectué son travail dans les règles de l’art, il déclare à la famille que la mort était naturelle, s'il en juge autrement, il les informe de leurs droit à réclamer le prix du sang au médecin, en raison du fait que la mort du patient était consécutive à des soins inappropriés et à des négligences. De cette manière ils étaient convaincus que la médecine était pratiquée par du personnel expérimenté et bien formé. "

Une fois admis dans un Bimaristan, le patient pouvait rester aussi longtemps qu'elle ou il en avait besoin sans limite de temps. Une fois que le patient était complètement guéri, on lui fournissait, non seulement des vêtements propres, mais aussi de l'argent de poche.

Personnel

Les premiers hôpitaux connus à l’âge d'or de la civilisation islamique médiévale ont eu une activité plus générale que les premiers Bimaristans car ils dispensaient également leurs soins aux lépreux aux invalides et aux personnes démunies. Tous les traitements et les soins étaient gratuits et il n'y avait pas plus d'un médecin dans chaque hôpital. Entre le VIIIe et le XIIe siècle, les hôpitaux Musulmans ont développé un niveau élevé de soins. Les hôpitaux construits à Bagdad au neuvième et dixième siècle employaient jusqu'à vingt-cinq médecins et disposaient de quartiers distincts pour différentes maladies. L’hôpital et la mosquée Al-Qairawan, en Tunisie, ont été construits sous le règne des Aghlabides en 830, il était agencé simplement mais suffisamment équipé de pièces faisant office de salles d'attente, comprenait une Mosquée et des bains spéciaux.

Une autre caractéristique unique des hôpitaux de l’époque médiévale musulmane était le rôle du personnel féminin qui avait rarement été employé dans les temples de guérison durant l'Antiquité ou le Moyen Age, ailleurs dans le monde. Les hôpitaux musulmans médiévaux employaient couramment du personnel infirmier de sexe féminin, notamment des infirmières venant de pays aussi éloignés que le Soudan, ce qui témoignait d’une grande tolérance. Les hôpitaux musulmans ont également été les premiers à employer des femmes médecins, les plus célèbres étant deux femmes médecins de la famille d’Avenzoar qui ont servi Abu Yusuf Ya'qub al-Mansur sous la loi des Almohades au XIIe siècle. Cela était nécessaire en raison de la ségrégation entre les patients hommes et femmes dans les hôpitaux islamiques. Plus tard au XVe siècle, des femmes Chirurgiens ont été mentionnées pour la première fois dans le Cerrahiyyetu'l-Haniyye de Şerafeddin Sabuncuoğlu ( Chirurgie Impériale ).

En plus des médecins qui s’occupaient de la maladie, il y avait des Fuqaha al-Badan, une catégorie de physio-thérapeutes religieux, un groupe de dignitaires religieux dont les attributions médicales comprenaient la saignée, la contention des fractures, et la cautérisation des plaies. A l’époque de la domination de l’Empire ottoman, quand les hôpitaux atteignirent un degré de raffinement particulier, le Sultan Bayezid II construisit un Hôpital psychiatrique et une madrasa médicale à Edirne et un certain nombre d'autres hôpitaux ont également été construits en Turquie. Contrairement à ce qui se passait dans les temples de guérison grecs dédiés aux dieux, les religieux qui travaillaient dans ces institutions employaient pour le traitement des patients des Méthodes scientifiques bien plus avancées que dans leurs équivalents contemporains.

Financement

Après l’entrée en vigueur de la loi islamique du Waqf (précurseur de la loi de Fiducie) et la fondation des Médersas fermement établies à partir du Xe siècle, les d'hôpitaux se sont multipliés à travers les terres islamiques. Au XIe siècle, chaque ville islamique avait plusieurs hôpitaux.Cordoue, en Espagne à elle seule aurait disposé de plus de 50 hôpitaux à l’époque d’Abu al-Qasim al-Zahrawi (Abulcasis).

Les institutions répondant à la loi du Waqf finançaient les hôpitaux pour diverses dépenses, y compris les Salaires des médecins, des ophtalmologistes, des chirurgiens, des Chimistes, des Pharmaciens, des internes et tous les autres membres du personnel, l'achat de Nourriture et des Remèdes, l’équipement de l’hôpital tels que les lits, les matelas, les bols et les Parfums ainsi que la réparation des bâtiments. Le Waqf finançait également les écoles de médecine et leur Budget comportait diverses dépenses telles que l'entretien et le paiement des enseignants et des étudiants.

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