Bertha Pappenheim - Définition

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Psychanalyse

Anna O. est le premier cas d'hystérie exposé en 1895 dans les Études sur l'hystérie de Sigmund Freud et Joseph Breuer.

Freud n'a pas lui-même suivi cette patiente ; elle fut de 1880 à 1882 une patiente de Breuer. Celui-ci conta sa guérison à son collègue et ami Freud, qui conceptualisa alors ce qui deviendrait la psychanalyse. Freud en parle dans les conférences données en septembre 1909 à la Clark University.

Elle est présentée par Freud comme une personne « très intelligente », présentant une anesthésie des membres, des troubles de la vision, une difficulté à tenir la tête droite, une toux intense, un dégout pour la nourriture et une hydrophobie, l'impossibilité de comprendre et parler sa langue maternelle (l'allemand ; de ce fait elle s'exprimait en anglais), des « absences », de la confusion, des délires, et une altération de la personnalité. Ces symptômes ont conduit Breuer a diagnostiquer une hystérie.

Lorsque Breuer l'hypnotisait, Anna O. « se trouvait délivrée et ramenée à une vie psychique normale ». Néanmoins ces rémissions ne duraient que quelques heures. Freud explique que les symptômes n'ont disparu qu'une fois qu'Anna O. s'était rappelé sous hypnose la première occurrence de leurs apparitions : par exemple elle avoua sous hypnose qu'un jour, elle avait vu « sa dame de compagnie anglaise qu'elle n'aimait pas […] faire boire son petit chien, une sale bête, dans un verre ». Quand elle se réveilla, Anna O. n'était plus hydrophobe.

Anna O. qualifia ces séances d'hypnose de « ramonage de cheminée » (chimney sweeping). Elle inventa le terme talking cure.

En réalité cette cure n'aboutit à aucun soulagement d'Anna O. Depuis le récit de Freud et Breuer, celui d'Ernest Jones, puis ceux de Albrecht Hirschmüller et d'Henri F. Ellenberger ont donné lieu à multiples polémiques. Certains auteurs comme Mikkel Borch-Jacobsen ont qualifié ce cas de mystification.

En effet, Henri Ellenberger a montré qu'après sa « guérison » Anna O. a passé plusieurs mois au sanatorium Bellevue de Kreuzlingen en Suisse. Elle y était traitée pour des symptômes d'hystérie (dont elle était censée être guérie, si l'on en croit le discours de Breuer) ainsi qu'une dépendance à la morphine due aux fortes doses administrées par Breuer. Par la suite, l'historien Albrecht Hirschmüller établit que les séjours au sanatorium durèrent de 1883 à 1887 ; que le premier internement fut préparé quelques jours à peine après la « guérison » ; que cet internement fut préparé par Breuer lui-même avec un diagnostic de « légère folie hystérique » ; et qu'elle ne commença véritablement à se rétablir que vers la fin des années 1890.

Freud était au courant de l'inefficacité de la thérapie, puisqu'il en parle dans sa correspondance avec Breuer.

Arrière-plan familial

Bertha Poppenheim en costume de Glückel von Hameln.

Le grand-père paternel de Bertha Pappenheim, Wolf Pappenheim, un descendant de Rabbi Nathan, venait de la ville de Pappenheim en Bavière ; le nom de famille en est dérivé. Plus tard, il hérita de la fortune de sa femme (née Calman) et s'installa dans le ghetto de Pressbourg. Il eut deux fils, Kalman et Siegmund, le père de Bertha.

Siegmund Pressbourg s'établit à Vienne et devint un marchand de grains opulent. Juif orthodoxe pratiquant, il contribua au fonds pour la construction de la synagogue de Schiffshul. Après la mort de sa mère en 1879, il fut désigné comme tuteur de la future femme de Freud, Martha Bernays, qui eut des liens amicaux avec Bertha.

Recha Goldschmidt, la mère de Bertha, est née à Francfort-sur-le-Main. Son père, Benedikt Salomon Goldschmidt, un marchand de denrées, se maria d'abord avec Bella Braunschweig, et après sa mort avec sa sœur Sprinze (Sabina). La famille était influente et entretenait des relations avec beaucoup de familles juives connues, telles que les Homberger, les Warburg et les Rothschild. Parmi ses ancêtres se trouvent Heinrich Heine et la diariste Glückel von Hameln.

Le mariage de Pappenheim en 1848 fut arrangé selon les coutumes de l'époque. La famille vécut dans le quartier juif de Leipoldstadt avant de s'installer en 1880 dans la Lichtensteinstrasse (proche de l'endroit où vivait Freud). Recha Pappenheim n'apprécia jamais de vivre à Vienne loin de sa famille. On a prétendu que cette relation aurait été malheureuse et que Siegmund Pappenheim aurait fréquenté les maisons closes, mais aucune preuve n'étaye ces spéculations.

Breuer décrivit Recha Pappenheim comme « très sérieuse » ; Jones, moins respectueusement, comme « une espèce de dragon ». Elle perdit deux filles ; Flora mourut trois ans avant la naissance de Bertha, et Henriette mourut de méningite tuberculeuse quand Bertha avait huit ans.

Le frère de Bertha, Wilhelm, exerça le droit à Vienne. On le décrit comme un « gentleman accompli » possédant la librairie la plus complète en Europe sur le socialisme. Le frère et la sœur étaient brouillés, Bertha affirmant qu'il la tyrannisait sans merci durant son enfance.

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