Belle-Île-en-Mer - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Belle-Île-en-Mer
Enez ar Gerveur (br)
Carte topographique de Belle-Île-en-Mer.
Géographie
Pays France France
Archipel Aucun
Localisation Océan Atlantique
Coordonnées
Superficie 83,76 km2
Côtes 80 km
Point culminant Lieu non nommé près du hameau de Borvran. (63 m)
Géologie Île continentale
Administration
France France
Région Région Bretagne
Département Morbihan
Démographie
Population 4 735 hab. (1999)
Densité 56,53 hab./km2
Plus grande ville Le Palais
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+1

 

Voir sur la carte : Bretagne
Belle-Île-en-Mer

 

Voir sur la carte : France
Belle-Île-en-Mer
Îles de France

Belle-Île-en-Mer, Enez ar Gerveur en breton, est une île française de l'Atlantique située dans le département du Morbihan en Bretagne sud. Les habitants de l'île se nomment les Belliloises et les Bellilois.

Toponymie

C'est dans les écrits du géographe Ptolémée qu'apparaît pour la première fois le nom de Vindilis pour la désigner : (Belle Île).

Pline l'Ancien désignait quant à lui l'ensemble des îles de Groix, Belle-Île-en-Mer, Houat et Hoëdic sous le nom d'Insulae Veneticae.

En vieux-breton elle sera nommée Guedel ou Guadel (1029, Charte d'Alain Canhiart Comte de Cornouaille). Les désignations sous les formes grecques de kalos nésos, c'est à dire "belle île", ou latines Calonessus apparaissent sur quelques cartes ou descriptions à partir du XVIe siècle.

à la fin du Moyen Âge, le nom français de Belle-Isle est désormais utilisé. En breton, il va devenir Enez Ar Gerveur (ar Kêr veur : « la grande belle ») ou (ar Ker veur : le grand fort, le « haut lieu »).

Temporairement, sous la Révolution française, l'île fut appelée île de l'Unité, mais ce nom ne fut jamais confirmé par décret. Quinze ans plus tard, sous Napoléon Ier, la municipalité proposa la nouvelle dénomination de Belle-Isle Joséphine, mais divorce de Napoléon oblige, cette appellation ne fut jamais acceptée. L'île gardera alors ses noms français de Belle-Île-en-Mer, l'extension "en Mer" apparaissant sur les cartes du début XVIII siècle, et breton d'Enez ar Gerveur.

Au nom de Belle-Île, on ajoute souvent « la bien nommée », formule inventée par la femme de lettres belliloise Éva Jouan, dans son recueil de poèmes De la grève, paru en 1896.

Histoire

Sceau de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé propriétaire de l'île durant cinq siècles.

Préhistoire

La trace de la présence de l'homme au Paléolithique moyen a été révélée par la découverte d'un biface mousterien à Kergoyet en 1991.

Belle-Île a été définitivement séparée du continent, vers - 7000, lors de la transgression "flandrienne".

La permanence de son l'occupation, est attestée dès le Mésolithique par de nombreuses découvertes de mobilier, outils, armes et bijoux conservés au Musée Archéologique De La Société Polymathique Du Morbihan, à Vannes et au Musée de Préhistoire de Carnac. Des sites d'habitat du Néolithique ont été mis à jours à Kerdonis, au Skeul, Kerzo et Deuborc'h.

Dans les tourbières de Ster Vraz (Sauzon), un crâne humain datant du Néolithique fut découvert au début du XIXe siècle par le botaniste Émile Gadeceau : il est conservé au Musée Dobrée à Nantes.

Mégalithes, tumulus et tombeaux

Sur les onze menhirs qui formaient un alignement unique traversant l'île dans sa longueur et dont la présence est attestée en 1825, seul trois sont encore visibles : les autres ont été détruits et découpés en pierre de taille pour le bâtiment.

Des nombreux tumulus que l'on pouvait voir sur l'île jusqu'au milieu du XIXe siècle siècle il ne reste que le tumulus de Borderune encore visible : ceux de Kerdavid, Borvran, Kervarigeon sont très arasés. Celui de Runello, un des plus imposant de la région, a été rasé vers 1830 pour en récupérer les pierres.

À l'Âge du bronze, le nombre de sépultures (tumulus de Bordelane, Lanno) traduit une augmentation de la population ; c'est sans doute la conséquence du développement de la navigation propre à cette période : Belle-ile se trouvait en position stratégique sur les routes maritimes d'alors. Durant l'Âge du fer, sur la Côte Sauvage, plusieurs éperons barrés, déjà occupés au Néolithique, sont fortifiés. Le plus important (5 hectares), nommé localement "Le camp de César", se trouve sur la presqu'île du Vieux Château au Nord-Ouest de l'île. Plusieurs dépôts de fonderies ont été mis à jour, dont un des plus importants d'Europe, conservé au Musée de Préhistoire de Carnac.

Un ensemble de tombelles, visible dans les landes de Bordelane, est estimé de la période de la civilisation des champs d'urnes (Bronze final, début Âge du Fer soit vers le Xe siècle av. J.-C.).

Antiquité

À l'époque celte, elle est la plus grande et la plus au large des 365 îles de l'archipel du Morbihan (petite mer) où prospère le peuple navigateur des Vénètes. Les traces encore visibles d'éperons barrés (opidium) ayant servi de camps aux armées vénètes démontre l'intérêt stratégique que Belle-ile pouvait alors représenter.

On y a découvert des monnaies (statères Vénètes) et des tuiles datant de l'époque gallo-romaine. À la chute de l'Empire romain commence, comme en Basse-Bretagne, la colonisation par les bretons venus d'Outre-Manche.

La colonisation monastique

Au IXe siècle, Belle-Île appartient au comte de Cornouaille (en Bretagne). Celui-ci, pour relever l'île dévastée par les invasions des Vikings, la confie aux Bénédictins de Redon, dont les moines étaient sans doute issus de celle de Bangor en Irlande : ils établissent leur prieuré au milieu de l'île, à l'opposé du port de Palais sur la côte sauvage, au lieu qui est devenu la paroisse de Bangor. Les moines mettent en œuvre à Gwedel un programme rationnel de colonisation et de mise en valeur : l'île est divisée en quatre paroisses, et leurs territoires allotis en propriétés d'un peu plus de vingt hectares qui sont attribués à une famille et dont les contours resteront stables jusqu'au XVIIIe siècle, formant plus de 150 villages disséminés.

L'île change à nouveau de tutelle en 1029 : le comte de Cornouaille Alain Canhiart confie l'île à l'Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, qu'il vient de fonder. Domaine appartenant à un ordre relevant du Pape, Belle Isle se trouvait juridiquement donc dépendre ni l'évêché de Vannes ni du duché de Bretagne mais directement de la Curie romaine par une sorte d'extra territorialité insulaire. La gestion de l'île est déléguée à un prévôt qui dispose du pouvoir spirituel et temporel (droit de basse, moyenne et haute justice qui s'exerce tantôt à Belle-Île tantôt à Quimperlé). En 1408, la justice n'est plus exercée qu'à Quimperlé ; deux officiers sont désignés par l'abbé de Quimperlé : l' « official » gère le spirituel et le « commandant » a en charge le temporel de l'île ainsi que la défense des côtes.

La Belle fontaine

L'île est constamment la cible, à cette époque, de pirates des régions voisines (Saintonge, Charente) ou de pays plus lointains (Hollande, Angleterre), et les moines qui ont construit une première citadelle à Palais, s'avèrent incapables de repousser ces pillages. Cependant, le principal intérêt de Belle-Ile pour les pirates et les flottes ennemies du royaume est d'ordre purement stratégique : Belle-Ile est une des rares îles du littoral atlantique français permettant aux navires ennemis de se ravitailler aisément en eau potable. Ceux-ci évitent ainsi un débarquement, toujours risqué, sur le continent. Cet intérêt hautement stratégique n'échappe pas à Vauban qui, au XVIIe siècle, fait construire spécialement une aiguade en bordure de mer, au pied de la citadelle du Palais. Il s'agit d'un poste de ravitaillement en eau potable, équipé d'un réservoir captant des eaux de source, ainsi que d'un quai d'accostage pour les embarcations. On y remplissait les multiples barils dans lesquels l'eau douce était stockée à bord des navires.

Le Marquisat

En 1548, le roi Henri II décide d'entreprendre sa fortification et sa mise en défense. Il faut transporter sur l'île des pierres de granit venant d'Auray et malgré les injonctions royales, les fortifications avancent lentement. Les moines opposent l'insuffisance des richesses de l'île pour financer des travaux aussi importants.

Belle-Île est encore pillée, cette fois par les Espagnols en 1567.

La Belle-Îloise, barque vénète durant la Semaine du Golfe.

En 1573, durant les Guerres de Religion, l'île est occupée par Gabriel de Montgomery, chef militaire protestant. Réfugié en Angleterre, il vient soutenir Coligny. La garnison de Montgomery est chassée par une escadre armée par Albert de Gondi, comte consort de Retz. Belle-Île est alors érigée en marquisat en 1573 et concédée par le roi à ce riche bourgeois venu d'Italie guerroyer pour le Roi et favorisé par Catherine de Médicis.

Belle-Île est désormais le siège d'une sénéchaussée. Les Gondi commencent la réédification d'une forteresse à Palais et de différents ouvrages de guet sur les côtes. L'île connaît une certaine tranquillité et une certaine prospérité grâce à ce chantier. Mais les finances des Gondi qui ont de lourdes charges, ne suffisent plus.

Son petit neveu et héritier, le cardinal de Retz, frondeur persécuté par Louis XIV et Mazarin, vint se réfugier à Belle Isle au cours de l'été 1654 après son évasion de la prison de Nantes. Au cours de la rocamboleque cavalcade qui s'ensuivit, il dut se résoudre, en 1658, à vendre l'ïle pour un million quatre cent mille livres à Nicolas Fouquet, armateur issu d'une très riche famille alliée des principaux parlementaires bretons et devenu surintendant des finances en 1653. Fouquet acheva les fortifications et construisit une jetée et des entrepôts. Belle Isle devient alors pour quelques années, avec une dizaine de navires, le principal centre d'armement du commerce avec l'Espagne et les Indes. En 1660, Fouquet achète la charge de Vice Roi des Amériques et promet un développement avec le Nouveau Monde par ses participations aux compagnies maritimes, notamment dans le commerce des peaux de Nouvelle France.

L'île abrite alors deux cents hommes au service de l'entreprise de Fouquet mais celui ci est arrêté le 15 septembre 1661 par un complot préparé par Colbert avec l'aide de son cousin Colbert du Terron venu enquêter sur place. Le projet d'extension du port est stoppé. L'île fut confisquée, comme toutes les libertés bretonnes le seront, par Louis XIV venu à Nantes et le commerce maritime ruiné, comme à peu près le royaume dans son entier, par les guerres du Grand Roi avec les autres nations. Au terme d'un interminable procès qui fit scandale tant la procédure fut dévoyée, Fouquet est condamné en 1664 au bannissement hors du royaume et à la confiscation de ses biens, peine commuée par le Roi en détention à perpétuité. A la mort du ministre déchu, en 1680, sa veuve et ses enfants désargentés conservent naturellement la seigneurie, mais Louis XIV, donc l'état, s'arroge le droit de mettre l'île en défense, laquelle sera assurée directement. Il s'agit d'une expropriation de fait par l'armée.

Toutes les compétences ayant été étouffées par la monarchie absolue, la ferme du tabac étant même confiée à une favorite, le commerce triangulaire avec les plantations de Saint-Domingue fut un échec jusqu'à ce que la Régence restaure un peu de liberté et qu'une reprise commerciale soit tentée en 1720. Si les bourgeois de Saint-Malo, Lorient, Nantes, La Rochelle, Bordeaux et Bayonne profiteront de ce regain, la prosperité, faute de nouvel investisseur sérieux, ne reviendra jamais à Belle Isle réduite à un rôle militaire, d'autant que c'est la ville nouvelle de Lorient que Colbert choisit pour l'implantation de la Compagnie des Indes orientales.

La place royale

La citadelle du Palais.
Port Kerel.

Vauban est dépêché à Belle-Île en 1683 pour vérifier l'état des fortifications. Au Palais, il constate que l'emplacement choisi pour la forteresse n'est pas approprié car il est dominé par plusieurs positions alentour. Il porte un regard sévère sur les précédents concepteurs et constructeurs de la citadelle. Le déménagement de la citadelle sur l'autre rive qu'il propose est trop cher, et il doit se contenter de déplacer le village et l'église du Haut-Boulogne qui se trouvent à proximité afin de créer un glacis et de renforcer la citadelle existante. Mais les principales améliorations demandées par Vauban ne seront pas réalisées : construction d'une enceinte entourant la ville de Palais, construction de défenses suffisantes le long de la plage des Grands Sables qui constitue un lieu de débarquement idéal.

En 1686, les troupes de la coalition anglo-hollandaise tentent de débarquer sur la plage des Grands Sables mais sont repoussés. Un stratagème, qui fait croire que l'île est défendue par des troupes nombreuses, dissuade les assaillants de poursuivre leurs tentatives de débarquement.

En 1718, l'île est rachetée au petit-fils de Nicolas Fouquet et est rattachée directement au domaine royal. En 1720, l'île est confiée à la Compagnie des Indes : le Palais et Sauzon deviennent des ports francs. Les malversations qui s'ensuivent conduisent le roi à confier l'île à des fermiers généraux jusqu'en 1759 puis à compter de cette date à la province de Bretagne.

Un plateau intérieur cultivé avec une bande côtière en friche.
Maison familiale ou longère, avec son puits.

Durant la guerre de Sept Ans, Belle-Île est un enjeu stratégique important car elle est essentielle à l'avitaillement en eau potable de la flotte française. Les Britanniques s'emploient donc activement à la contrôler afin de menacer l'estuaire de la Loire et la ville de Nantes. La bataille navale des Cardinaux (à l'Est de Hoedic) leur assure la suprématie dans les eaux locales. En 1761 les Britanniques débarquent dans l'île sur la plage des Grands Sables. Des redoutes sont rapidement construites sur les hauteurs du Palais mais n'arrivent pas à contenir les attaquants qui installent leurs batteries de canons sur les hauteurs et protéger leur approche, selon le scénario qui avait motivé les demandes (refusées) d'extension des fortifications par Vauban. Au bout de trois semaines, l'enceinte principale ayant été battue en brèche par des navires anglais, le gouverneur de la citadelle doit se rendre, mais avec les honneurs de la guerre. Les Anglais occupent l'île jusqu'au traité de Paris en mai 1763 qui consacre la domination britannique sur les mers : les Britanniques restituent Belle-Île contre l'île de Minorque que les Français leur avaient pris. Le commandant anglais, le major Crawford, se voit remercier par le roi Louis XV pour la douceur avec laquelle il a gouverné ses sujets et gratifier d'un domaine sur l'île, érigé pour lui en domaine noble, où il reviendra plusieurs fois séjourner.

À partir de 1765, 78 familles (un peu plus de 300 personnes) d'Acadiens réfugiés du "grand dérangement" s'installent à Belle-Île. C'est l'occasion d'une grande entreprise de révision foncière appelée afféagement et de la levée d'un cadastre, un des seuls qui soit antérieur au cadastre napoléonien. Pour faciliter le redressement de l'île et encourager les volontaires Bellilois, ainsi que les réfugiés à cultiver la terre, des concessions valant titre de propriété sont attribuées à chaque famille : dix hectares de terres labourables, une maison d'un modèle uniforme, une aire à battre, une grange, des semences, des ustensiles et un pécule. Le résultat de cette politique est un demi-échec: la moitié des Acadiens ne s'adapteront pas et repartiront vers différentes régions de France ou vers la Louisiane, rejoindre leurs familles, les Cadiens, qui y avaient été déportées.

Malgré ces départs, la population continue de croître d'un millier d'habitants jusqu'à la Révolution. Toutes les anciennes familles îliennes ont des acadiens dans leurs généalogies.

Durant la Révolution française, l'île est un enjeu important dans la lutte contre les Britanniques mais ne sera jamais attaquée. Ses fortifications sont à l'époque, et ce jusqu'en 1870, régulièrement modernisées.

Le « bagne pour enfants »

Dès 1902, le Ministère de la Justice établit sur la Haute-Boulogne, une colonie pénitentiaire pour mineurs « délinquants » avec une école de matelotage : un bateau avec son gréement était placé au milieu de la cour, mais les détenus ne sortaient pas en mer. Rapidement, le domaine de Bruté est acheté et transformé en « centre d'apprentissage agricole » et aussi de mécanique diesel, ce qui permet d'augmenter la capacité d'accueil des enfants et de diversifier leur formation. Une célèbre révolte des enfants en 1934, fait connaître au monde entier les conditions de détention qui furent améliorées, mais la colonie ne fut définitivement fermée qu'en 1977.
Jacques Prévert et Marcel Carné (La Fleur de l'âge) ont rendu un vibrant hommage aux jeunes héros de cette période de l'histoire de Belle-Île.
Les bâtiments de la Haute-Boulogne (Le Palais), en partie rénovés, sont occupés à l'heure actuelle (2009) par différentes structures associatives (Maison des associations, théâtre Vindilis, Espace Jeunesse). Un des bâtiments sert de logement aux détenus en "chantiers extérieurs pénitentiaires".

Page générée en 0.642 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise