Bégaiement - Définition

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Introduction

Le bégaiement, également appelé bégaiement persistant, ou bégaiement développemental persistant, est un trouble de la santé, concernant le débit de la parole chez les enfants ou les adultes. L'Organisation mondiale de la santé le définit comme une « parole caractérisée par une répétition fréquente de sons et de syllabes ou par des hésitations ou pauses fréquentes, pendant au moins 3 mois », et le classe parmi les « désordres émotionnels ou comportementaux ».

Le bégaiement est défini par d'autres institutions concernées et disciplines médicales, ceci étant souvent l'objet de débats. Le Ministère français de la Santé le définit comme un « trouble de l'expression verbale affectant le rythme de la parole en présence d'un interlocuteur ». Le DSM-IV des psychiatres américains le classe comme un « trouble de la communication ». Certains phoniatres francophones parlent de dyslalie.

Une définition proposée est celle d'un trouble du débit de l'élocution, résultant d'un problème parole-moteur. Il est sans doute important de noter que la tonicité de la prononciation peut-être affectée.

Certains experts parlent également du bégaiement comme d'un problème de l'enchaînement de la séquence parlée.

Le bégaiement comprend souvent des répercussions psychologiques et sociales très lourdes pour la personne affectée. Il existe des cas de suicide ou les conséquences du bégaiement sont un facteur avéré. Dans un grand nombre de pays, et pour les cas assez sévères, il est reconnu par les administrations comme étant un handicap. Certaines personnes concernées refusent au contraire les termes de maladie ou de handicap.

On appelle personne bègue, personne qui bégaie ou bègue la personne atteinte de ce trouble.

Descriptions

Généralités

Le ressenti de la personne bègue peut l'amener à penser que le bégaiement résulte seulement du "risque ressenti par une personne de ne pas pouvoir dire exactement ce qu'elle veut dès lors qu'elle se sent écoutée, même potentiellement, alors qu'elle n'a aucun problème dans le cas contraire" mais c'est une interprétation qui ne tient pas compte de l'épicentre plus que probable du problème, qui est probablement une faiblesse biologique.

Les découvertes en imagerie cérébrale et en génétique suggèrent fortement que ce "risque" à lui seul ne suffit pas à expliquer le bégaiement, ni à résumer le bégaiement observé ou vécu. La notion de prédispositions biologiques au bégaiement trouve de plus en plus d'arguments au travers des recherches. Il n'est pas inconcevable que ces prédispositions soient une condition sine qua non à l'apparition du bégaiement.

Un trouble déroutant

Le bégaiement est un trouble déroutant par bien des aspects, ce qui complique sa compréhension, non seulement par le grand public -sans oublier évidemment les personnes concernées- mais aussi par les chercheurs. Le bégaiement peut être vu du grand public comme de prime abord simplement psychologique. Son intermittence sur les mots et sur les phrases, en fonction des conditions, peut amèner à penser ainsi. De plus, une personne bègue bégaie généralement beaucoup moins lorsqu'elle est seule -ou se croit seule-, lorsqu'elle chante, lorsqu'elle joue un rôle, lorsqu'elle imite quelqu'un, lorsqu'elle prend un accent. Même avec les découvertes des anomalies structurelles et fonctionnelles par les techniques d'imageries cérébrales (IRM, TEP, IRMf), il reste difficile de distinguer avec exactitude les causes des conséquences. Néanmoins, l'hypothèse d'un trouble uniquement psychologique souffre, au début du XXIe siècle, d'un manque d'arguments. Une certaine faiblesse cérébrale en relation avec la production moteur de la parole semble fortement probable, bien que n'étant pas le seul facteur.

Importance démographique et apparition du trouble

La prévalence totale du trouble, i.e. la proportion des individus développant un bégaiement à une période de la vie est d'environ 5%. Le bégaiement apparaît le plus souvent lors de la première enfance, peut faire suite à un retard du langage et « se contracte » vers l'âge de 2 à 6 ans. Ce trouble de l'élocution peut être favorisé par un contexte affectif difficile ou un événement familial particulier.

La proportion d'adultes bègues, au niveau mondial, est considérée comme égale à environ 1%. Cette proportion semble ne varier que peu selon les langues parlées, les cultures, et les ethnies. Le trouble touche majoritairement (75 à 85%) les sujets de sexe masculin, le ratio garçons/filles ou hommes/femmes étant évalué à entre 3 et 5, selon les études.

Une certaine classification des bégaiements

Le milieu professionnel décrit certaines manifestations audibles du bégaiement comme suit :

  • Le bégaiement clonique : répétitions de syllabes ou « phonèmes » comme un article, une préposition ou un adverbe monosyllabique précédant un mot ressenti comme « chargé d'obligation » et anticipé bloquant sur sa première syllabe, ou la première syllabe d'un tel mot si l'anticipation porte sur une syllabe suivante. Ex : « Un un un café s'il vous plaît » ou « Un ca café s'il vous plaît ».
  • Le bégaiement tonique : réalisation du blocage sur un mot (souvent celui qui rompt le silence ou qui donne du sens à l'intervention) et déblocage par l'émission de l'amorce de la syllabe prévue bloquante dans une explosion glottique après une période de résistance. Ex : « Un .....cccccafé s'il vous plaît ».
  • Le bégaiement tonico-clonique : combinaison des deux types de bégaiement précédents ;
  • Le bégaiement par inhibition rend le sujet inerte après qu'on lui pose une question car il est pris au dépourvu peut-être par anticipation de blocage (au début ou au cours de l'intervention) et n'y trouve sur le moment aucune échappatoire, remarquée ou non. Le sujet présente alors pour les observateurs externes un moment d'absence, avant de reprendre la conversation.
  • Le « bégaiement » par substitution : le terme « bégaiement » est dans ce cas employé par extension de sens puisqu'il ne souligne pas une non-fluidité constatée. Il s'agit de l'ensemble des modifications de l'intervention prévue qui passent inaperçues aux oreilles des auditeurs et ne correspondent pas, dans leur esprit, à ce qu'ils entendent spontanément par « bégaiement » sans le définir, alors que la personne est tout autant victime du risque anticipé de blocage. C'est en réalité cette variante qui met le doigt sur le problème de fond et constitue la trame quotidienne du vécu de la personne concernée. Par exemple le fait de s'exprimer par synonymes ou périphrases : remplacement du mot anticipé bloquant par un autre : « Un express » au lieu de « Un café », et plus généralement la modification de la structure grammaticale de la phrase avec ajout de mots et d'expressions : « Eh bien, je vais prendre un petit café », y compris le fait de ne plus désigner la même chose (ex : « un chocolat ») ou, tout simplement, de préférer se taire, avec la frustration et l'image faussée donnée de soi qui en découle, même si les auditeurs n'ont entendu ni blocages ni répétitions mais ont plutôt l'impression d'avoir affaire à quelqu'un de confus, timide, sans conversation, manquant d'assurance, nerveux ou même impoli selon le cas.

Manifestations associées

L'effort pour s'exprimer correctement est susceptible d'ajouter des éléments au trouble initial.

La personne bègue peut entretenir la peur d'affronter les situations dans lesquelles cela risque de se produire. Elle ressent souvent une dévalorisation psychologique et peut alors montrer des symptômes comme une hyperémotivité, des troubles apparemment moteurs comme des syncinésies, en grec : « mouvements associés », qui ne sont que des tentatives désespérées de faire passer coûte que coûte les syllabes bloquantes en appelant à la rescousse le corps entier, mais de façon inefficace, comme quelqu'un qui se noie fait des mouvements désordonnés au lieu de faire la planche. On constate aussi des troubles vasculaires et sécrétoires comme l'hypersudation, la rougeur. Certains troubles ne sont pas limités au seul moment de l'élocution tels l'anxiété profonde, la colère et la frustration, la culpabilité ou la haine de soi. L'analogie de l'Iceberg a été utilisée pour décrire les rapports entre le bégaiement et ces troubles, à partir de 1970 par l'orthophoniste Joseph Sheehan, en 1985 dans un sens technique par Ivan IMPOCO de l'Institut international d'Elimination du Bégaiement et de nouveau en 2007 par Mark Irwin de l'ISA (International Stuttering Association).

Les troubles psychologiques associés sont un sujet controversé, certains spécialistes notamment psychologues ou psychanalystes les considérant comme une cause du bégaiement (et non pas simplement une conséquence), ce que récusent d'autres spécialistes notamment neurologues.

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