Bassin parisien - Définition

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Histoire

Le palais royal dans l'île de la Cité à Paris (extrait des Très Riches Heures du duc de Berry).

Au Xe siècle les Capétiens, sont seigneurs en Île-de-France. Autour de leurs possessions primitives, ils vont rassembler patiemment les seigneuries de la région qui vont former le domaine royal. Le maintien de la couronne royale dans leur famille pendant huit siècles et leur décision, au XIIIe siècle, d'implanter à Paris l'administration royale, va faire du Bassin parisien le cœur du Royaume de France. Paris, les châteaux de la Loire, Fontainebleau, Versailles en sont les symboles. La facilité du ravitaillement alimentaire (entourage de riches régions agricoles), en matériaux de construction et en énergie (carrières et transports fluviaux), vont permettre le développement de la capitale, qui devient rapidement une des plus importantes villes d'Europe. La présence d'une population aisée très nombreuse liée au pouvoir politique va développer l'artisanat (souvent de luxe) puis, au XIXe siècle, l'industrialisation de la capitale et de ses environs immédiats et stimuler l'agriculture du bassin. Cependant la forte centralisation des pouvoirs politique et économique à Paris ne va pas permettre l'émergence de villes concurrentes autour de la capitale qui apparait comme un soleil entouré de minuscules planètes.

Géologie

Description

Au sens géologique, le bassin parisien est une vaste cuvette sédimentaire aux roches d'origines marine, lacustre et lagunaire, puis fluviatile, accumulées, au centre du bassin (environs de Château-Thierry), sur 3000 mètres de profondeur sur un socle hercynien. Cette cuvette est délimitée par d'anciens massifs hercyniens (Ardenne, Hunsrück, Vosges, Morvan, Massif central et Massif armoricain). Il communique avec le Bassin aquitain par le seuil du Poitou, avec la vallée de la Saône par le seuil de Bourgogne et avec la plaine germano-polonaise par la plaine flamande. De façon schématique, on peut comparer le bassin à une série d'auréoles concentriques, les plus jeunes aux centre et les plus anciennes à la périphérie, dans une configuration semblable à une pile d'assiettes, les plus petites emboitées dans les plus grandes. Ces auréoles sédimentaires sont délimitées les unes des autres par des coteaux, les "cuestas"

Formation géologique

Il repose sur un socle cristallin profondément enfoui, vraisemblablement d'origine Néoprotérozoïque, dont les roches datent de l'orogenèse cadomienne.

  • Après l'érosion de la région au Cambrien, la région est recouverte par une mer peu profonde et des sédiments (grès et schistes) se déposent. Au Silurien, sous l'action de la tectonique des plaques, le futur Bassin parisien se détache du Gondwana et dérive avec le microcontinent Armorica. Celui-ci s'accrétionne à nouveau avec le Gondwana au sud au début du Dévonien et entre en collision avec l'Euramérique au nord à la fin du Dévonien. Ces événements provoque l'orogénèse hercynienne qui affecte tout l'Europe centrale au Carbonifère, et plisse les sédiments antérieurs. À la fin du Carbonifère, la France entière est occupée par d'imposantes montagnes, et le Bassin parisien est alors un haut-plateau (type Tibet) cerné au nord et au sud par deux chaînes montagneuses. Seules font exception à ce paysage élevé la plaine flamande et le Pas-de-Calais, où se déposent dans des marais des résidus végétaux rapidement ensevelis par les débris de l'érosion intense des reliefs, qui formeront les bassins houillers du Nord et de la Belgique.
  • Dès la fin du Carbonifère puis au Permien, la région du Bassin parisien s'affaisse, par réaction post-orogénique. En clair, après avoir été compressée, la croute terrestre, élastique, se relâche. Des fossés d'effondrement ont été détectés dans le socle sous 3000 mètres de sédiments plus récents.
  • Au début du Trias, la dépression ainsi créée voit se sédimenter des roches détritiques terrigènes issues de l'érosion des massifs hercyniens environnants, formant des couches de grès. Vers la fin du Trias, le bassin est recouvert par une mer tropicale peu profonde, reliée à la mer germanique à l'est et la Téthys alpine au sud, aux eaux tropicales, qui a laissé des dépôts évaporitiques, la région se trouvant sous des latitudes tropicales désertiques (autour du Tropique du Cancer).
  • Au Jurassique, après une période de déposition détritique, la mer recouvrant le bassin se peuple de coraux, qui laissent des dépôts carbonatés (calcaires). Dans le même temps, sous l'action conjuguée du poids des sédiments et de la fragmentation de Pangée, qui étire la croûte continentale, le bassin s'enfonce(phénomène de subsidence).
  • Au Crétacé, les tensions crustales prennent fin avec l'ouverture définitive de l'Atlantique Nord, et le bassin se retrouve émergé dans sa partie nord. Le sud-est cependant régulièrement inondé par la mer. Cette période est riche en dépôts sableux. Au Crétacé supérieur, lors d'une importante transgression marine globale, la mer envahit de nouveau l'intégralité du bassin et dépose d'épaisses couches de craie, formée par l'accumulation des coques (tests) calcaires d'un type de phytoplancton, les coccolithophoridés, aujourd'hui affleurant en Champagne crayeuse, en Picardie et en Haute-Normandie.
  • Au Paléocène, toute la croûte continentale européenne se soulève sous la poussée de l'orogénèse alpine, au sud. Le sud du Bassin parisien se retrouve émergé, tandis que sa partie orientale, le massif des Vosges, se soulève, courbant les couches sédimentaires et relevant les bords de la cuvette. Ces couches portées en altitude seront ainsi fortement exposées à l'érosion, et cette érosion donnera naissance à la formation des "cuestas", l'érosion dégageant les couches anciennes. Pendant cette époque, la mer repoussée vers le nord-ouest, dépose des calcaires coquilliers. Se retirant elle laissera place à des lagunes déposant des marnes. À la fin du Paléocène, la mer revient, dépose sables et argiles, puis se retire, suivie par les lacs qui sédimentent des calcaires.
  • Au début de l'Éocène, période de transgressions et de recessions marines, la mer, venant du nord-ouest, envahit à nouveau le centre du bassin, jusqu'en Champagne à l'est et dans le sud de l'Île-de-France au sud. Sables et argiles et calcaires se déposent, dont les sables de Beauchamp. Laissant place à une lagune centrée sur Paris, elle revient pour la dernière fois pendant l'Oligocène et dépose les sables dits de Fontainebleau.
  • Au Miocène, le réseau hydrographique actuel, dont la Seine, est mis en place. Le bassin est alors une vaste plaine dominant à peine le niveau de la mer.
  • Au Pliocène, la région est soulevée par les forces de la tectonique: la Seine, confrontée à une pente plus forte, s'enfonce sur place, creusant dans les couches sédimentaires: c'est le début de la formations des coteaux de Seine, visibles en Haute-Normandie, qui met à jour les craies du Crétacé. L'érosion des terrains portés en altitude accélère la formation des cuestas.
  • Lors des glaciations du Pléistocène, le niveau de la mer baisse. La Seine adopte une pente plus forte et continue de creuser sa vallée. C'était à l'époque un fleuve bien plus puissant qu'aujourd'hui. À la fin du Pléistocène, le lac formé par la fonte de la calotte glacière nord-européenne et situé au sud de la mer du Nord déborde au niveau du Pas-de-Calais, et se déverse dans l'océan Atlantique, provoquant une forte érosion des couches tertiaires et crétacées, creusant ainsi le pas de Calais et séparant le Bassin parisien de l'Angleterre.
  • Pendant l'Holocène qui voit la fin des glaciations, la Seine, qui retrouve un cours moins violent, dépose limons et sables pour former les îles que l'on voit aujourd'hui. Le Bassin parisien se couvre d'une forêt tempérée décidue.

Ressources géologiques

Matériaux et substances utiles

  • Pierres de construction: nombreuses pierres de taille calcaires et moellons ayant servi à la construction de très nombreux bâtiments français. Par exemple: le calcaire lutétien des catacombes de Paris a été utilisé dès la période romaine pour la construction et l'extension de Lutèce; les calcaires de Berchères-les-Pierres ont servi à bâtir la cathédrale de Chartres, la pierre de Château-Landon pour certaines parties de l'Arc de triomphe de l'Étoile et de nombreux monuments de Paris,...
  • Les craies: fabrication du ciment artificiel et des poudres.
  • Le gypse: la région est riche en dépôts. Le gypse sert principalement à la fabrication du plâtre. Le plâtre de Paris a une réputation mondiale.
  • Mais aussi: argiles, sables, tourbes, grès...

Ressources énergétiques

Aquifères

Il existe une vingtaine de nappes aquifères, mais seules quelques unes sont exploitées:

  • Nappe des alluvions
  • Nappe de Beauce (France)
  • Nappe de Champigny
  • Nappe du Soissonnais
  • Nappe de la craie
  • Nappe des sables verts de l'Albien

Sites géologiques du Bassin parisien

Marne

  • Carrière et sentier pédagogiques de Mailly-Champagne : en 7 étapes, l'histoire de cette partie du Bassin parisien durant les 70 derniers millions d'années est abordée sous une forme accessible à tous. Le Parc naturel régional de la Montagne de Reims a édité un guide explicatif et organise parfois des visites guidées.

Val d'Oise

  • Carrière de Vigny: ancien massif corallien échoué aujourd'hui dans la plaine, la carrière de Vigny est l'un des rares témoins en France de la période de transition secondaire-tertiaire. De cette carrière en exploitation jusqu'en 2001, on a tiré une des pierres les plus belles du Vexin.
  • Carrière Lambert de Cormeilles-en-Parisis: célèbre carrière montrant des terrains de l'Eocène supérieur et de l'Oligocène, dont on a extrait d'importantes quantités de gypse (fabrication du plâtre).
  • Carrière d'Auvers-sur-Oise: les sablières du Bois-le-Roi présentent notamment à l’affleurement les Sables d’Auvers; elles constituent le stratotype de l'Auversien (environ -90 Millions d’Années).
  • Site du Guépelle: site de l'Eocène exposant une coupe quasi complète du Bartonien. Les sables du Guépelle sont très riches en fossiles (plus d'un millier d'espèces dont plus d'une dizaine de mammifères).
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