Blason du chapitre de Notre-Dame : |
Le chapitre royal de Notre-Dame de Moulins a été fondé en 1386 par Louis II, duc de Bourbon. Faisant valoir que ses manants étaient forcés d'aller à Izeure, ce qui était difficile en tous temps et impossible en temps de guerre, se pourvut auprès du Saint-Siège pour obtenir l'érection en collégiale de la chapelle Notre-Dame, sise sur le pourpris de son château de Moulins. Cette chapelle Notre-Dame avait été édifiée par le duc Pierre II, vraisemblablement sur l'emplacement de la chapelle Saint-Pierre, mentionnée en 991. Sa demande n'aboutit pas sans peine, en raison des droits quatre fois séculaires que possédaient les bénédictins de Souvigny sur la chapelle. Malgré la bulle de l'antipape Clément VII (Robert de Genève) le 19 octobre 1378, les difficultés durèrent huit ans. Moyennant certaines prérogatives, Souvigny céda et, le 6 décembre 1386, l'évêque de Nevers, Maurice de Froment installa ce nouveau chapitre relevant directement du Saint-Siège, composé d'un doyen et de douze chanoines, dans la chapelle, spécialement dédiée à l'Annonciation. Les chanoines, dotés de trente livres de rente étaient présentés par le duc, sauf un choisi par le prieur de Souvigny. Le premier doyen fut nommé par le duc et institué par le pape. Ses successeurs seront élus par le chapitre et confirmés par le prieur de Souvigny.
« En ladicte ville de Molins en l'eglise Notre Dame y a fondation faicte par le susdict bon duc Loys d'un collège de douze chanoynes et un doyen, quatre clercs coriaulx et un secretain ou marguillier docte, de très bonnes et grandes rentes en assiette, de terre, selon la coustume de Bourbonnois, lequel a un official pour la congnoissance de leurs causes, les appellations duquel ressortissent a Lyon par devant le metropolitain et ne doibt demeurer soubz silence, ce qui se trouve en leur tresor qui est une fondation faicte par messire Pierre de Belleperche lorsqu'il vivoit evesque d'Auxerre, ce grand docteur es droictz duquel les Bourgoignons se sont voullu glorifier, par lequel titre de fondation il appert qu'il estoit de la noble famille des Breschardz seigneurs de Confex près Belleperche et qu'a ceste cause, les Bourbonnois le peuvent vendiquer comme a eux appartenant. »
— Nicolas de Nicolay, Description générale du Bourbonnais en 1569.
Le chapitre de Notre-Dame a été érigé en chapitre cathédral par la bulle Paternæ caritatis approuvant la création du diocèse de Moulins, publiée le 16 octobre 1822 et rendue exécutoire le 30 du même mois.
Il était constitué de deux vicaires généraux, de neuf chanoines titulaires et de trois chanoines honoraires. Il fut installé par Mgr Antoine de Pons, évêque de Moulins, le 7 septembre 1823.
En 1853, Mgr Pierre de Dreux-Brézé fit approuver par le pape Pie IX de nouvelles constitutions capitulaires. Le chapitre comptera désormais neuf chanoines, tous prêtres, au sein desquels l'évêque choisira un curé pour le soin des âmes, et une dignité : le doyen. Comme cela était prévu par les constitutions, l'évêque de Moulins augmentera le chapitre de deux dignités, celles d'archiprêtre et d'archidiacre. Les vicaires généraux de l'évêque sont de droit chanoines honoraires et jouissent à vie de cette prérogative. Outre les chanoines honoraires ipso jure, l'évêque peut nommer jusqu'à vingt autres chanoines honoraires qui prennent place parmi le chapitre, siègent aux assemblée capitulaires dans lesquelles ils peuvent s'exprimimer sans toutefois prendre part aux votes décisionnels.
Le 6 avril 1857, Napoléon III décréta abusif l'acte l'évêque de Moulins qui modifiait la constitution du chapitre sans l'intervention de l'autorité civile et en contravention avec l'article 33 de la loi du 18 germinal an X et l'ordonnance royale du 29 octobre 1823.
Depuis les règles édictées par le code de droit canonique de 1983, les personnes morales ne peuvent plus posséder la charge curiale. La paroisse Notre-Dame a donc été séparée du chapitre et l'office de vicaire-curé supprimé de facto. Le curé est désormais un prêtre nommé directement par l'évêque.
La chronologie des doyens du chapitre de Notre-Dame est donnée par un manuscrit des dernières années du XVIIIe siècle :
Tous ces dignitaires furent nommés par le chapitre, à l'exception du premier qui, conformément à la Bulle de fondation, devait être nommé par le duc fondateur, et recevoir son institution du Saint-Siège.
Les chanoines de la collégiale portaient un habit ecclésiastique particulier. À la ville, leur soutane, de la forme ordinaire, fermait avec des boutons violets, les boutonnières bordées de la même couleur ; ceinture et rotonde autour du collet en drap de soie également violets.
Leur habit de chœur consistait eu un surplis à ailes flottantes et une aumusse sur le bras gauche, laquelle était une ample fourrure d'hermine ou de petit gris descendant jusqu'aux pieds. En hiver, ils mettaient par-dessus le surplis un long et large manteau de drap noir dont le devant était doublé d'une étoffe de soie cramoisi ; il était recouvert d'un camail noir à pointe descendant jusqu'aux talons, et dont le capuce était doublé de fourrure. Souvent même ils s'enveloppaient la tête dans leur aumusse, durant les grands froids, pendant les matines qu'ils chantaient régulièrement et quotidiennement à six heures.
Depuis le XIXe siècle, par concession de Pie IX, le chapitre, devenu chapitre cathédral à l'érection du diocèse de Moulins, a le privilège du port du collaro violet et de la chape prélatice violette, au chaperon de soie cramoisie, avec une fourrure blanche pendant l'hiver. Contrairement à la règle stricte qui veut que les clercs qui ne sont pas revêtus du caractère épiscopal et auxquels ce privilège est concédé ne déploient pas la cappa mais la portent relevée — avec la queue roulée en tortillon sous le bras gauche et retenue par un cordon de soie rouge —, le bref de Pie IX accorde aux chanoines de Notre-Dame de laisser tomber à terre la partie antérieure en période hivernale.
Les statuts de 1853 prévoient expressément que les chanoines de Notre-Dame ne portent leur habit de chœur qu'à la cathédrale où lorsqu'ils agissent capiturariter — c'est-à-dire en corps constitué — en dehors de la cathédrale ou lorsque ils accompagnent l'évêque pour son service.
En habit de chœur moins solennel, ils portent une mosette noire filetée et boutonnée de rouge, mais depuis l'introduction de la concélébration, après le second concile du Vatican, les chanoines ne se distinguent plus véritablement des autres prêtres lors des grandes célébrations à la cathédrale.