Page de garde d'une édition du Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb du début du XVe siècle.
Le Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb (« livre des lois médicales »), composé de 5 livres, est l'œuvre médicale majeure d'Avicenne.
Influence d'Avicenne
Son Canon rencontra un grand succès, qui éclipsa les travaux antérieurs de Rhazès (850 - 926), d'Haly-Abbas (930 - 994) et d'Abu Al-Qasim (936 - 1013) et même ceux d'Ibn-Al-Nafis (1210 - 1288) qui lui sont postérieurs. Les croisés du XIIe au XVIIe siècle ramenèrent en Europe Le Canon de la Médecine, qui influença la pratique et l'enseignement de la médecine occidentale.
L'ouvrage fut traduit en latin par Gérard de Crémone entre 1150 et 1187, et imprimé en hébreu à Milan en 1473, puis à Venise en 1527 et à Rome en 1593. Son influence dure jusqu'à sa contestation à la Renaissance : Léonard de Vinci en rejette l'anatomie et Paracelse le brûle. C'est le développement de la science européenne qui provoquera son obsolescence, par exemple la description de la circulation sanguine par William Harvey en 1628. Néanmoins cet ouvrage marqua longuement l'étude de la médecine, et même en 1909, un cours de la médecine d'Avicenne fut donné à Bruxelles.
Avicenne se démarque dans les domaines de l'ophtalmologie, de la gynéco-obstétrique et de la psychologie. Il s'attache beaucoup à la description des symptômes, décrivant toutes les maladies répertoriées à l'époque, y compris celles relevant de la psychiatrie.
Il est le premier à distinguer la pleurésie, la médiastinite et l'abcès sous-phrénique.
Il décrit les deux formes de paralysies faciales (centrale et périphérique)
Il donne une description de la cataracte, de la méningite, etc.
Il pressent le rôle des rats dans la propagation de la peste.
Il indique que certaines infections sont transmises par voie placentaire.
Il est le premier à préconiser des traitements par vessies de glaces et lavements rectaux.
Il découvre que le sang part du cœur pour aller aux poumons, puis en revenir, et expose avec précision le système de ventricules et de valves du cœur.
Il est le premier à décrire correctement l'anatomie de l'œil humain.
Il émet aussi l'hypothèse selon laquelle l'eau et l'atmosphère contiendraient de minuscules organismes vecteurs de certaines maladies infectieuses.
Mais avant tout, Avicenne s'intéresse aux moyens de conserver la santé. Il recommande la pratique régulière du sport ou l'hydrothérapie en médecine préventive et curative. Il insiste sur l'importance des relations humaines dans la conservation d'une bonne santé mentale et somatique.
La médecine d'Avicenne pourrait être résumée par la phrase d'introduction de Urdjuza Fi-Tib' (Poème de Médecine) : « la médecine est l'art de conserver la santé et éventuellement, de guérir la maladie survenue dans le corps ».
Bibliographie
Publications anciennes des oeuvres
Les œuvres d'Avicenne ont été publiées en arabe, à Rome, en 1593, in-folio.
On a traduit en latin et publié ses Canons ou Préceptes de médecine, Venise, 1483, 1564 et 1683 ses Œuvres philosophiques, Venise, 1495; sa Métaphysique ou philosophie première, Venise, 1495.
Pierre Vattier avait traduit tous ses ouvrages en français; il n'en a paru que la Logique, Paris, 1658, in-8.
Oeuvres en français
De l'âme (Kitâb al-nafs, 6° traité de la Physique du Livre de la guérison Kitâb al-Shifâ), trad. I. Bakôs, Psychologie d'Ibn Sînâ (Avicenne) d'après son oeuvre Ash-Shifâ, Prague, 1956, 2 t.
Canon de la médecine. Al-Qânûn fi'l-Tibb :: pas de trad. Voir P. Mazliak, Avicenne et Averroès. Médecine et Biologie dans la civilisation de l'Islam, Vuibert/Adapt, 2004, 250 p. Qanûn (Avicenne)
Livre de la délivrance. Kitâb al-Najâh (vers 1030), trad. partielle in J.-C. Bardout et O. Boulnois, Sur la science divine, PUF, 2002, p. 62-82. Trad. de la partie logique par P. Vattier : La logique du Fils de Sina, communément appelé Avicenne, 1658. Trad. en anglais de la partie psychologique par F. Rahman : Aicenna's Psychology, Oxford, 1952.
Le Livre de la guérison Kitâb al-Shifâ (1020-1027). Quatre parties : Logique (al-mantiq), physique (al-tabî iyyât), mathématiques (al-riyâdiyyât), métaphysique (al-ilâhiyyât). La physique du Shifâ, trad. partielle en anglais : N. Shehaby, The propositional logic of Avicenna, Boston, 1973. La métaphysique du Shifâ, trad. de l'arabe Georges C. Anawati, Vrin, 1978-1985, 2 t.
Le Livre de la science. Dânesh-Nâmeh (1021-1037), trad. du persan M. Achena et H. Massé, t. I : Logique, métaphysique, t. II : Physique, Arithmétique, Géométrie, Astronomie, Musique, Les Belles Lettres, 1955-1958.
Livre des directives et remarques. Kitâb al-Ishârât wa-l-tanbîhât, trad. Anne-Marie Goichon, Vrin, 1951.
Livre des définitions, trad. Anne-Marie Goichon, Vrin, 1963.
"Notes d'Avicenne sur la 'Théologie d'Aristote'", G. Vajda, Revue Thomiste, 51, 1951, p. 346-406.
Poème de la médecine (condensé en vers du Canon de la médecine) [1]
Le récit de Hayy ibn Yaqzân (1021), texte arabe, version persane, trad. fr. Henry Corbin, in Avicenne et le récit visionnaire, t. I : Le Récit de Hayy ibn Yaqzân, Adrien Maisonneuve, 1952. Ou trad. A.-M. Goichon, Le Récit de Hayy ibn Yaqzân, Desclée de Brouwer, 1959.
traités mystiques : M. A. F. Mehren, Traités mystiques d'Avicenne, Leyde, éd. Brill, 1889-1899.