L'île d'Avalon ou d'Avallon est, dans la littérature arthurienne, le lieu où est emmené le roi Arthur après sa dernière bataille à Camlann. C'est aussi, selon certaines sources, l'endroit où fut forgée l'épée d'Arthur, Excalibur. C'est enfin l'île où vivait supposément la fée Morgane. Ce site légendaire a donné lieu à toute sortes d'interprétations en littérature et dans le folklore.
La première mention de l'île d'Avallon apparaît sous la forme latine « insula Avallonis » dans l'Historia Regum Britanniae écrite entre 1135 et 1138 par Geoffroy de Monmouth. L'auteur nous dit qu'après la bataille de Camblan où Arthur fut mortellement blessé en combattant Mordret, le roi de Bretagne fut conduit sur cette île. En 1155, le poète anglo-normand Robert Wace offre une adaptation de l'Historia et reprend le motif consacré par Geoffroy de Monmouth : « en Avalon se fist porter Por ses plaies mediciner ». Dans certains manuscrits de l'Historia comme dans les Brut, c'est aussi sur cette île que fut forgée l'épée Excalibur : « En l’ile d’Avalon fu faite ».
Entre temps, en 1149, fut publiée la Vita Merlini, ou Vie de Merlin. Ce manuscrit est aussi attribué à Geoffroy de Monmouth bien que Merlin y prenne un caractère fort différent de celui que possédait le célèbre personnage lorsqu'introduit par Geoffroy dans l'Historia. Par contre l'auteur de la Vita y décrit toujours l'île d'Avallon comme étant le lieu où fut conduit Arthur après la bataille de Camblan. Notons cependant que le nom Avallon n'y apparaît pas. L'auteur préférant parler de « « l'île des pommiers, appelée Ile Fortunée, parce que ses campagnes pour être fertiles n'ont pas besoin d'être sillonnées par le soc du laboureur ; sans culture et tout naturellement, elle produit de fécondes moissons, des raisins et des pommes sur ses arbres non taillés ; au lieu d'herbes son sol est couvert de toutes sortes de récoltes. On y vit plus de cent ans ». Ce nom d'île fortunée donné à Avalon est probablement emprunté à Isidore de Séville (VIe siècle) lorsqu'il décrit les îles Canaries, ou directement à Pomponius Mela (1er siècle après J.C.) lorsque ce dernier évoque « les îles Fortunées, où la terre produit sans culture des fruits sans cesse renaissants, et où les habitants, exempts d’inquiétude, coulent des jours plus heureux que dans les villes les plus florissantes ».
Dans la Vita Merlini, l'auteur décrit aussi les fameuses habitantes de l'île d'Avallon : « Neuf sœurs y soumettent à la loi du plaisir ceux qui vont de nos parages dans leur demeure ; la première excelle dans l'art de guérir et surpasse les autres en beauté ; Morgen, comme on l'appelle, enseigne ce que chaque plante a de vertus pour la guérison des maladies ; elle sait aussi changer de forme et, comme un nouveau Dédale, fendre l'air avec ses ailes et se transporter à Brest, à Chartres, à Paris, ou bien redescendre sur nos côtes. On dit qu'elle a enseigné les mathématiques à ses sœurs Moronœ, Mazœ, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronœ, Thiton et Tith[en], la célèbre musicienne »
Ces neuf sœurs parmi lesquelles on reconnaît la célèbre Morgane sont là encore probablement les neufs prêtresses qui sont invoquées, par le même Pomponius Mela, dans sa description de l'île de Sein : « L'île de Sein, située dans la mer Britannique, en face du pays des Osismes, est renommée par un oracle gaulois, dont les prêtresses, vouées à la virginité perpétuelle, sont au nombre de neuf. Elles sont appelées Gallicènes, et on leur attribue le pouvoir singulier de déchaîner les vents et de soulever les mers, de se métamorphoser en tels animaux que bon leur semble, de guérir des maux partout ailleurs regardés comme incurables, de connaître et de prédire l'avenir, faveurs qu'elles n'accordent néanmoins qu'à ceux qui viennent tout exprès dans leur île pour les consulter »
Il est à noter qu'entre 1138 et 1149, Geoffroy de Monmouth, s'était posé la question de la mort d'Arthur. Alors qu'il concluait dans l'Historia par « Que son âme repose en paix ! », il écrit dix ans plus tard, dans la Vita Merlini : « Après la bataille de Camblan nous y avons conduit Arthur blessé, ayant pour pilote Barinthe qui connaissait la mer et les étoiles. À son arrivée le prince fut accueilli par Morgen avec l'honneur qu'il méritait ; elle le déposa dans sa chambre sur de riches tissus, découvrit la blessure d'une main délicate et l'examina attentivement : elle dit enfin qu'elle se chargeait de lui rendre la santé, s'il voulait rester avec elle le temps nécessaire et se soumettre au traitement. Pleins de joie nous lui avons confié le roi et nous avons profité du vent favorable pour notre retour. »
Geoffroy voulait donc désormais laisser planer le doute sur le retour d'Arthur.