Comme expliqué plus haut, les règles locales d'automates cellulaires sont trop nombreuses pour une étude exhaustive et la prédiction du comportement en fonction de la règle local est un problème très difficile en général. C'est pourquoi l'étude des automates cellulaires s'est souvent restreinte à des familles particulières, soit parce qu'elles se prêtent plus facilement à l'analyse, soit parce qu'elles correspondent à une propriété intéressante.
Un automate cellulaire A est réversible s'il existe un automate cellulaire B tel que les deux fonctions globales d'évolution FA et FB sont inverses l'une de l'autre :
Cette classe a été très étudiée, notamment car elle fournit un modèle qui se rapproche du monde physique réel, supposé réversible à l'échelle microscopique (voir à ce sujet l'article sur la réversibilité et l'irréversibilité en thermodynamique). T. Toffoli et N. Margolus sont parmi les premiers à s'être intéressé spécifiquement aux automates cellulaires réversibles. L'intérêt réside aussi dans la recherche de systèmes de calcul réversibles supposés consommer moins d'énergie d'après le principe de Landauer. Il est aujourd'hui établi que certains automates cellulaires réversibles sont (travaux de Kenichi Morita).
Il est algorithmiquement impossible de distinguer les automates cellulaires réversibles de ceux qui ne le sont pas lorsque la dimension est supérieure à 2. En revanche, en dimension 1, il existe un algorithme très efficace.
Une autre façon de présenter cette différence entre la dimension 1 et les dimensions supérieures est la suivante : la taille du voisinage de l'inverse d'un automate A ne peut pas être borné récursivement en fonction de la taille du voisinage de A lorsque la dimension est 2 ou plus, alors qu'elle est bornée polynomialement en dimension 1 (un résultat récent montre même que la borne est linéaire).
Il est facile de construire des automates cellulaires réversibles. Pour cela, plusieurs formes de constructions existent.
Les automates cellulaires sont en général des systèmes dynamiques non-linéaires, ce qui rend leur étude par des outils classiques difficile. Mais cette vérité générale n'empêche pas certains automates cellulaires de posséder une forme plus ou moins stricte de linéarité.
Formellement, un automate d'alphabet Q est dit linéaire si l'on peut munir Q d'une loi de groupe
Dans ce cas, si l'on étend
La linéarité facilite considérablement l'étude de la dynamique des automates. Ainsi, il suffit de connaître la dynamique d'un automate linéaire sur une "base" de l'espace de ses configurations pour en déduire par linéarité son comportement sur tout l'espace. On peut choisir pour une telle base l'ensemble (fini) des configurations partout égales à e (neutre de
L'une des familles les plus étudiées d'automates linéaires est celle des automates dits additifs, introduite par O. Martin, A. Odlyzko et S. Wolfram dans. Ces automates sont définis de la façon suivante :
L'exemple typique est celui où tous les coefficients ai sont égaux à 1 : la règle locale consiste alors à faire la somme modulo n de toutes les cellules du voisinage. Ainsi, en dimension 1, l' 90 est additif : sa fonction de transition consiste à faire la somme modulo 2 des états de la cellule et de ses deux voisines. Il suffit de connaître le comportement de cet automate sur la configuration c0 partout égale à 0 sauf au centre où elle vaut 1 pour en déduire son comportement général par le principe de superposition :
L'automate élémentaire 102 est également additif. Son action sur la configuration c0 produit un triangle de Pascal modulo 2 (qui donne aussi une approximation du triangle de Sierpinski). Ainsi, partant de c0, la cellule z après t étapes se trouve dans l'état :
Par superposition, on en déduit une expression directe de l'état de la cellule centrale après t étape partant d'une configuration quelconque c :
Dans un automate cellulaire totalistique, l'état ultérieur d'une cellule ne dépend que de la somme des états de ses voisines ; c'est le cas du jeu de la vie où une cellule vivante le reste si deux ou trois de ses voisines sont vivantes, et une cellule morte naît si trois de ses voisines sont vivantes. Un automate totalistique ne prend donc pas en compte la position des voisines d'une cellule par rapport à celle-ci.
Si un automate cellulaire n'est pas totalistique, en plus de leur état propre, la position des voisines d'une cellule influe sur son état ultérieur. Par exemple, pour un automate cellulaire à une dimension, on peut faire une différence entre la cellule voisine de gauche et la voisine de droite.