Jeunes, issus de familles modestes ou de la petite bourgeoisie, ils sont sans argent et inexpérimentés. Certains se sont rencontrés dans les ateliers des Beaux-Arts, d'autres dans les grosses agences de l'époque, ou plus simplement dans les cafés de la rue de Seine. Amitiés de longue date ou rencontres fortuites, idéologie, engagement militant et critique les réunissent à la Cité Champagne.
À la fin des années 1960, l'image de l'AUA est à son apogée. En 1965 les étudiants des Beaux-Arts viennent chercher Jacques Kalisz pour enseigner aux ateliers rue Jacques-Callot. Pour les jeunes architectes, l'AUA devient une référence. Le paysagiste Michel Corajoud devient salarié de l'atelier en 1967, il est rejoint par deux jeunes architectes latino-américaine : Henri Ciriani et Borja Huidobro en 1969. À la même époque, les ingénieurs Pierre Arro et Louis Petrocchi, et l'ubaniste Jean-François Parent rejoignent également les rangs de l'AUA. Christian Devillers arrive un peu plus tard, rapidement Paul Chemetov lui propose une association.
Le béton brut, la brique apparente, le bac à fleurs, le traitement de l'attache au sol, la création d'espaces extérieurs collectifs, le soin apporté aux détails, sont autant de thèmes architecturaux favoris du groupe. Par son refus de l'esthétique du parement, l'architecture de l'AUA s'apparente à celle de Strirling et Gowan en Angleterre, ou à celle de l'Atelier 5 en Suisse, mais elle a aussi des points communs avec le plasticisme de Le Corbusier. Les architectes de l'AUA revendiquent aussi les influences d'Alvar Aalto, de Mies van der Rohe ou de Jean Prouvé.
Le début des années 1970 correspond à un tournat difficile : la crise s'installe. Les équipes s'opposent de plus en plus à cause de la multiplication des concours ; les ingénieurs ne peuvent plus concurrencer les bureaux d'études. Les charges du nouveau local de Bagnolet sont lourdes. Mais surtout les personnalités s'affirment et s'affrontent.
En 1972 les conflits sont tels que l'AUA décide d'entreprendre une thérapie de groupe avec le docteur Faïn. Cette Thérapie entraîne le départ des ingénieurs et de Jacques Kalisz.
Après un séjour au Canada, Jacques Allégret ne fréquente plus beaucoup l'AUA, Jacques Berce se retire à la campagne, Jean-François Parent se consacre au projet de Grenoble et s'y installe en 1970. Michel Corajoud profite d'un voyage en Afrique quitter l'AUA.
Valentin Fabre et Jean Perrottet se spécialisent dans les théâtres et maisons de la culture ; Georges Loiseau et Jean Tribel achèvent Grenoble, Jean et Maria Deroche poursuivent leurs recherches à Orly et à La Courneuve. Paul Chemetov se détache du groupe et s'associe ponctuellement avec de jeunes architectes talentueux. Il devient un homme public et se médiatise de plus en plus, si bien que l'AUA finit par se confondre avec lui.
En gagnant le concours du ministère des finances à Bercy Borja Huidobro et Paul Chemetov scellent leur association et quittent l'AUA.
En mars 1986, l'AUA est dissoute, ses membres organisent une grande fête ; une façon de marquer la fin d'une aventure.