Il s'agit d'un art essentiellement religieux dont les constructions obéissent à des plans dit centrés ou -c'est la majorité- à des plans dit basilicaux. On trouve dans ces derniers les éléments suivants :
À l'extérieur du bâtiment, figurent des éléments décoratifs initialement très simples comme la bande lombarde (sous le Ier art roman), puis plus riches avec de nombreuses sculptures (sous le second art roman).
À la fin du premier art roman apparaissent les déambulatoires dont le développement s'explique par l'explosion du culte des reliques et des pèlerinages.
La structure de ce plan, très simple dans le Ier art roman, va se complexifier à l'apogée de l'art clunisien notamment dans l'organisation de la partie Est des constructions (transept, chœur, abside) ; en réaction à cette richesse architecturale ostentatoire, les cisterciens vont prôner un retour à la simplicité et sur le plan architectural et plus général artistique, à un esthétisme épuré qui va constituer l'art cistercien.
Le premier art roman est un art méridional et international. Il a débuté en Lombardie et s'est étendu aux régions voisines grâce aux maîtres d'œuvre de Côme. Ces derniers travaillent sur différents chantiers successifs et, avec leur matériel de maçon, imposent la structure d'église en forme de navire renversé (la nef) et les « bandes lombardes » ; ils insufflent des bases solides pour un développement riche de l'architecture romane.
Architecture générale
Décoration
L'apogée du style, de par sa qualité et sa beauté, est atteint entre 1050 et 1150. En provenance de la France, il se transmet principalement autour des chemins de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le deuxième art roman s'exporte en Terre Sainte grâce aux Croisades.
Architecture générale
Décoration
Cet art architectural atteint son apogée en termes de richesses et de grandeur à l'époque de Cluny, dont la cathédrale, dite de Cluny III, va rester le plus grand bâtiment de la chrétienté jusqu'au XVIe siècle.
Pendant le XIIIe siècle, au fur et à mesure que les solutions architecturales sont renforcées et s'améliorent, l'art roman tardif se développe, conjointement avec un début spontané de l'art gothique.
Les clunisiens
Un des premiers ordres réformateur était celui de Cluny. Il tire son nom du petit village de Cluny, près de Mâcon, où une abbaye bénédictine réformée a été fondée en 909 par Guillaume Ier, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, qui l'a placée sous la direction de Bernon, abbé de Beaume. Odon, souvent décrit comme le fondateur de l'ordre, lui a ensuite succédé.
La renommée de Cluny s'est étendue loin au-delà du monastère d'origine. Sa règle rigide a été adoptée par un grand nombre de vieilles abbayes bénédictines qui se sont affiliées à la maison mère, et les nouveaux monastères, de plus en plus nombreux, désiraient tous se rattacher à Cluny. À la fin du XIIe siècle, le nombre de monastères affiliés à Cluny en Europe occidentale atteignait 2 000.
L'établissement de Cluny était un des plus grands et magnifiques de France. On peut se faire une bonne idée de ses dimensions grâce au pape Innocent IV, qui a visité Cluny accompagné de douze cardinaux, d'un patriarche, de trois archevêques, des deux généraux des Cartusiens et des Cisterciens, du Roi Saint-Louis et de trois de ses fils, de la reine-mère, du comte de Flandre, de l'empereur de Constantinople, du duc de Bourgogne et de six lords. Tous logèrent au sein du monastère avec leurs suites, sans causer le moindre dérangement aux moines. La quasi-totalité des bâtiments de l'abbaye, y compris l'église monumentale, ont été vendus comme biens nationaux, puis détruits à la fin du XVIIIe siècle.
À Cluny, l'église et le plan général de l'ensemble ressemblent de manière frappante à la cathédrale de Lincoln. L'église Cluny III était très vaste : plus de 141 m de long sur 65 m de large. Le chœur se termine par une abside semi-circulaire entourée de 5 chapelles également semi-circulaires. L'entrée ouest était constituée du narthex flanqué de deux tours. Au sud de l'église se trouvait la cour du cloître immense, placée beaucoup plus à l'ouest qu'à l'accoutumée. Au sud du cloître se trouvait le réfectoire, un bâtiment imposant d'environ 30 mètres sur 20, rempli de six rangées de tables en longueur et de trois en travers. Il était orné des portraits des bienfaiteurs de l'abbaye et d'objets scripturaux. Sur le mur du fond était peint une scène du Jugement Dernier. Nous ne pouvons malheureusement pas identifier les autres bâtiments principaux. Restent la maison de l'abbé, encore partiellement debout près de l'entrée, l'hospice et la très vaste boulangerie.
Toutes les maisons rattachées à Cluny étaient des dépendances françaises dirigées par des prieurs de cette nationalité. Ils n'ont obtenu leur indépendance que sous le règne d'Henri VI.
Malgré son éclat, le renouveau clunisien a été de courte durée. Sa réputation et sa célébrité sont à l'origine de son déclin. Après une croissance considérable de leur ordre, les moines clunisiens sont devenus aussi riches et peu disciplinés que leurs prédécesseurs. Une nouvelle réforme est alors devenue nécessaire.
Les cisterciens
L’ordre de Cîteaux a été fondé par Robert de Molesme et quelques moines en 1098, en Bourgogne. Il considère que l'ordre clunisien s'est fortement écarté de la règle édictée par Saint Benoit et prône un retour intégral à cette dernière. Il demande aux moines de respecter des principes radicaux : isolement du monde, travail manuel, silence et pauvreté. Avec saint Bernard, ces règles trouvent un écho dans l'art monastique :
Architecture générale
Décoration
Les Chalaisens
Il s'agit d'un petit ordre monastique, proche de l'érémitisme et des cisterciens, né à Chalais (sud du massif de la Chartreuse) dans les débuts du XIIe siècle. Cet ordre a d'abord essaimé dans la vallée de l'Isère, vers l'ouest (deux petites abbayes : Almeval et Albeval), puis vers le sud : d'abord dans la vallée de la Durance, avec l'abbaye de Boscodon (1140) et, plus tard, l'abbaye de Clausonne, puis davantage vers le sud (Lure, Valbonne, près de Nice, et Pierredon, près d'Arles). L'architecture y est encore plus dépouillée que dans l'ordre cistercien : chevets plats systématiques, absence de clés d'arcs. L'exemple le plus fort et le mieux conservé est l'abbatiale de Boscodon (Hautes-Alpes), d'un dépouillement, d'une pureté et d'une luminosité remarquables.
Les Grandmontains