Art roman - Définition

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Généralités sur l'architecture romane

Les éléments de l'architecture romane

Abbatiale Sainte-Foy de Conques - Le tympan représentant le jugement dernier (vers 1050)
Cathédrale de Spire (Rhénanie-Palatinat) (vers 1060) – Voûte tunnel avec arcs-doubleaux – Cette cathédrale romane est le fruit de l'influence entre la tradition de l'architecture ottonienne (deux importants massifs, le chœur et le corps occidental, qui s'opposent) et de l'art roman lombard (lésènes, arcades, arcatures, galeries, loggias).

Il s'agit d'un art essentiellement religieux dont les constructions obéissent à des plans dit centrés ou -c'est la majorité- à des plans dit basilicaux. On trouve dans ces derniers les éléments suivants :

  • en entrée, le tympan ; très simple sur les premiers édifices romans, cet élément devient de plus en plus décoré à la fois pour magnifier la maison de Dieu et participer à l'instruction religieuse en reprenant des scènes de livres liturgiques ; parmi les thèmes représentés, on retrouve par exemple celui du Tétramorphe (allusion à l'Apocalypse et symbole des quatre Évangélistes), celui du jugement dernier, ...
  • la nef à plusieurs travées, avec la voûte dite plein cintre (voûte tunnel ou avec arcs-doubleaux), en berceau brisé, en voûte d'arêtes, à file de coupoles (coupole à pans ou hémisphérique)
  • un transept en général simple avec ou non des chapelles échelonnées ; on trouve cependant des églises sans transept dans le cas des constructions les plus humbles ou avec deux transepts, en particulier en Allemagne où s'est développée l'architecture ottonienne.
  • un chœur
  • une abside avec ou non des chapelles rayonnantes, appelées également chapelles absidiales, et une voûte en cul de four (voûte quart sphérique).

À l'extérieur du bâtiment, figurent des éléments décoratifs initialement très simples comme la bande lombarde (sous le Ier art roman), puis plus riches avec de nombreuses sculptures (sous le second art roman).

À la fin du premier art roman apparaissent les déambulatoires dont le développement s'explique par l'explosion du culte des reliques et des pèlerinages.

La structure de ce plan, très simple dans le Ier art roman, va se complexifier à l'apogée de l'art clunisien notamment dans l'organisation de la partie Est des constructions (transept, chœur, abside) ; en réaction à cette richesse architecturale ostentatoire, les cisterciens vont prôner un retour à la simplicité et sur le plan architectural et plus général artistique, à un esthétisme épuré qui va constituer l'art cistercien.

Les principales périodes

Premier âge roman

Le premier art roman est un art méridional et international. Il a débuté en Lombardie et s'est étendu aux régions voisines grâce aux maîtres d'œuvre de Côme. Ces derniers travaillent sur différents chantiers successifs et, avec leur matériel de maçon, imposent la structure d'église en forme de navire renversé (la nef) et les « bandes lombardes » ; ils insufflent des bases solides pour un développement riche de l'architecture romane.

Bandes lombardes, appelés aussi festons lombards, sur la façade de l'église de Saint-André de Sorède (Pyrénées-Orientales) datée du XIe siècle

Architecture générale

  • importance de la crypte,
  • premières voûtes,
  • chevets de plein-cintre (que l'on appelle aussi en berceau) ornés avec petits arcs et des bandeaux géométriquement disposés,
  • temples couverts et terminés en voûte en cul de four,
  • usage des piliers comme sustentation, en remplacement des colonnes,
  • nefs plus vastes et importantes, au moins en comparaison avec d'anciens bâtiments pré-romans,
  • premiers déambulatoires (Saint-Étienne de Vérone, Cathédrale d'Ivrée).

Décoration

  • pierre ajustée mais non polie,
  • frises d’arcatures aveugles,
  • peu de figuration sculptée,
  • décoration des murs extérieurs : pilastres extérieurs, lésènes, festons lombards.

Deuxième âge roman

L'apogée du style, de par sa qualité et sa beauté, est atteint entre 1050 et 1150. En provenance de la France, il se transmet principalement autour des chemins de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le deuxième art roman s'exporte en Terre Sainte grâce aux Croisades.

Architecture générale

Basilique Saint-Sernin, Toulouse.
  • les nefs deviennent plus amples afin d'accueillir les pèlerins toujours plus nombreux : en Bourgogne, les églises abbatiales de Pontigny, de Saint-Bénigne de Dijon et de Cluny III dépassent les 100 mètres;
  • la circulation des pèlerins et l'accès aux reliques ou à la crypte sont facilités par de nouveaux aménagements : larges déambulatoires et bas-côtés, tribunes (Normandie), chapelles rayonnantes sur le transept;
  • Les édifices gagnent en hauteur : la tour de la basilique Saint-Sernin à Toulouse mesure 64 mètres; les tours de la façade de l'abbatiale Saint-Étienne de Caen s'élancent à 80 mètres.
  • Les murs sont renforcés à l'extérieur par des contreforts massifs.
  • Les recherches sur le voûtement progressent : les voûtes à charpente sont remplacées par la pierre dans les grands édifices, dans le Sud et en Bourgogne par exemple. Les absides sont souvent en cul de four, les collatéraux en voûtes d'arêtes. Dans le Sud-Ouest de la France et en Auvergne, on utilise encore la coupole. Les premières voûtes en berceau brisé sont édifiées (église de Brancion (Saône-et-Loire) et les premières voûtes en croisée d'ogives apparaissent dans le monde Anglo-normand au début du XIIe siècle.

Décoration

Façade de la Cathédrale Saint-Pierre, Angoulême.
  • le développement du culte des saints entraine un développement de la sculpture monumentale et ronde-bosse;
  • la sculpture envahit les façades (cathédrale d'Angoulême), les modillons, le tour des fenêtres et les tympans.
  • Décor antiquisant sur les colonnes et les chapiteaux (Cathédrale d'Autun, Cluny III, Saint-Benoît-sur-Loire ...)

Cet art architectural atteint son apogée en termes de richesses et de grandeur à l'époque de Cluny, dont la cathédrale, dite de Cluny III, va rester le plus grand bâtiment de la chrétienté jusqu'au XVIe siècle.

Pendant le XIIIe siècle, au fur et à mesure que les solutions architecturales sont renforcées et s'améliorent, l'art roman tardif se développe, conjointement avec un début spontané de l'art gothique.

L'idéal de dépouillement dans l'architecture monastique

Les clunisiens

Un des premiers ordres réformateur était celui de Cluny. Il tire son nom du petit village de Cluny, près de Mâcon, où une abbaye bénédictine réformée a été fondée en 909 par Guillaume Ier, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, qui l'a placée sous la direction de Bernon, abbé de Beaume. Odon, souvent décrit comme le fondateur de l'ordre, lui a ensuite succédé.

La renommée de Cluny s'est étendue loin au-delà du monastère d'origine. Sa règle rigide a été adoptée par un grand nombre de vieilles abbayes bénédictines qui se sont affiliées à la maison mère, et les nouveaux monastères, de plus en plus nombreux, désiraient tous se rattacher à Cluny. À la fin du XIIe siècle, le nombre de monastères affiliés à Cluny en Europe occidentale atteignait 2 000.

L'établissement de Cluny était un des plus grands et magnifiques de France. On peut se faire une bonne idée de ses dimensions grâce au pape Innocent IV, qui a visité Cluny accompagné de douze cardinaux, d'un patriarche, de trois archevêques, des deux généraux des Cartusiens et des Cisterciens, du Roi Saint-Louis et de trois de ses fils, de la reine-mère, du comte de Flandre, de l'empereur de Constantinople, du duc de Bourgogne et de six lords. Tous logèrent au sein du monastère avec leurs suites, sans causer le moindre dérangement aux moines. La quasi-totalité des bâtiments de l'abbaye, y compris l'église monumentale, ont été vendus comme biens nationaux, puis détruits à la fin du XVIIIe siècle.

À Cluny, l'église et le plan général de l'ensemble ressemblent de manière frappante à la cathédrale de Lincoln. L'église Cluny III était très vaste : plus de 141 m de long sur 65 m de large. Le chœur se termine par une abside semi-circulaire entourée de 5 chapelles également semi-circulaires. L'entrée ouest était constituée du narthex flanqué de deux tours. Au sud de l'église se trouvait la cour du cloître immense, placée beaucoup plus à l'ouest qu'à l'accoutumée. Au sud du cloître se trouvait le réfectoire, un bâtiment imposant d'environ 30 mètres sur 20, rempli de six rangées de tables en longueur et de trois en travers. Il était orné des portraits des bienfaiteurs de l'abbaye et d'objets scripturaux. Sur le mur du fond était peint une scène du Jugement Dernier. Nous ne pouvons malheureusement pas identifier les autres bâtiments principaux. Restent la maison de l'abbé, encore partiellement debout près de l'entrée, l'hospice et la très vaste boulangerie.

Toutes les maisons rattachées à Cluny étaient des dépendances françaises dirigées par des prieurs de cette nationalité. Ils n'ont obtenu leur indépendance que sous le règne d'Henri VI.

Malgré son éclat, le renouveau clunisien a été de courte durée. Sa réputation et sa célébrité sont à l'origine de son déclin. Après une croissance considérable de leur ordre, les moines clunisiens sont devenus aussi riches et peu disciplinés que leurs prédécesseurs. Une nouvelle réforme est alors devenue nécessaire.


Les cisterciens

Cloître et église cistercienne de Sénanque, Provence
Sénanque, Provence - Intérieur avec berceau brisé.

L’ordre de Cîteaux a été fondé par Robert de Molesme et quelques moines en 1098, en Bourgogne. Il considère que l'ordre clunisien s'est fortement écarté de la règle édictée par Saint Benoit et prône un retour intégral à cette dernière. Il demande aux moines de respecter des principes radicaux  : isolement du monde, travail manuel, silence et pauvreté. Avec saint Bernard, ces règles trouvent un écho dans l'art monastique :

Architecture générale

  • isolement dans des endroits retirés : le monastère n’étant pas fait pour les laïcs, il doit s’insérer dans un cadre naturel qu’il respecte (harmonie avec la nature, solitude propice à la prière intérieure et au silence) ;
  • clocher aux dimensions modestes (humilité) ;
  • voûtes en berceau brisé ;
  • lignes et volumes sobres ;

Décoration

  • décor dépouillé et épuré pour ne pas faire injure aux pauvres : refus de tout élément figuratif (en particulier au niveau des chapiteaux), d'où l'absence de statues ou peintures ; la pierre doit rester nue, sans aucune couleur; il ne faut pas détourner le moine de sa prière ou de son recueillement ;
  • vitraux incolores aux motifs abstraits ou fleur de lis (symbole de Marie) ;
  • mobilier simple : quelques cierges, pas d’or : encensoirs en cuivre ou en fer, chasubles sans broderies, crucifix ;
  • motifs végétaux et géométriques dans les manuscrits peu enluminés : limitation des couleurs avec quasi suppression des couleurs rouge et or, très utilisées par les Clunisiens.

Les Chalaisens

Il s'agit d'un petit ordre monastique, proche de l'érémitisme et des cisterciens, né à Chalais (sud du massif de la Chartreuse) dans les débuts du XIIe siècle. Cet ordre a d'abord essaimé dans la vallée de l'Isère, vers l'ouest (deux petites abbayes : Almeval et Albeval), puis vers le sud : d'abord dans la vallée de la Durance, avec l'abbaye de Boscodon (1140) et, plus tard, l'abbaye de Clausonne, puis davantage vers le sud (Lure, Valbonne, près de Nice, et Pierredon, près d'Arles). L'architecture y est encore plus dépouillée que dans l'ordre cistercien : chevets plats systématiques, absence de clés d'arcs. L'exemple le plus fort et le mieux conservé est l'abbatiale de Boscodon (Hautes-Alpes), d'un dépouillement, d'une pureté et d'une luminosité remarquables.

Les Grandmontains

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