Jean Dunand, dinandier d'exception tout autant que maître de l'art du laque, crée des vases de toutes formes, des panneaux décoratifs, des paravents, des meubles, des bijoux, des accessoires de mode. Parmi les grands laqueurs se compte également Gaston Suisse, fortement inspiré par les laques d'Extrême-Orient que son père lui avait appris à connaître.
L’homme de l’époque, c’est Jacques-Émile Ruhlmann. Il travaille sur commande, pour une élite fortunée. Il s’inspire du passé, mais étire les lignes, fusèle les formes et crée des décors savants. Il utilise des bois rares et dessine avec une précision inouïe chaque détail pour que l’exécution (par les artisans) soit parfaite.
Pierre Legrain, Pierre Chareau, également marqués par l’influence de l’art nègre et du cubisme, créent des meubles aux lignes strictes. Néanmoins ces meubles ne sont pas pour une fabrication en série, mais pour une clientèle d’exception. Le luxe des matériaux contredit la sobriété des lignes.
Autant les formes de l'Art nouveau étaient ondulantes, très détaillées et prenaient exemple sur la nature, autant l'Art déco s'est tourné vers des formes épurées et essentiellement géométriques. La courbe, encore très présente aux débuts de ce mouvement, tend à disparaître progressivement au profit de l'angle droit, notamment avec le courant De Stijl. Ce fut une véritable, mais brève explosion artistique concernant de nombreuses disciplines :
Une figure emblématique de la période Art déco est la garçonne : on assiste en effet à l'émancipation de la femme qui occupe une place au moins égale à celle de l'homme, dans les années 1920. Le mot vient du roman du même nom écrit par Victor Margueritte. Les plus belles représentations de la garçonne sont Suzanne Lenglen (tennis), Louise Brooks (cinéma), Tamara de Lempicka (peinture) ou encore Joséphine Baker (danseuse noire)…
Après une période faste durant les années 1920, le courant s'essouffle peu à peu vers la fin des années 1930, progressivement remplacé par l'influence grandissante du Bauhaus et plus généralement du Style international qui accompliront le rêve des artistes de l’Art déco : la production en série, qui annonce déjà la société de consommation que nous connaissons, le beau à moindre prix.
L'un des thèmes en architecture était d'utiliser les formes des objets quotidiennement utilisés par le propriétaire du bâtiment afin d'expliquer la fonction de ce dernier, mais le concept fut étendu. Ainsi, le toit du Chrysler Building évoque les pare-chocs des voitures de la marque. Ce concept atteint son paroxysme avec le style California Crazy où l'objet surdimensionné est un élément ou le bâtiment entier.
Le mot « Art déco » est né dans les années 1960, période pop-art, pour désigner le style qui triomphe à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui a lieu à Paris en 1925.
Un mouvement de réaction contre l’Art nouveau était déjà apparu dès 1910 en France, et encore plus tôt à l’étranger comme en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche, etc. : on qualifie alors les formes Art nouveau de « molles » ou encore de « style nouille ». On s’oriente dès lors vers des lignes simples, des formes droites, inspirées par la peinture cubiste et l’architecture aux structures orthogonales de béton armé.
Deux tendances très différentes coexistent :
Le mobilier Art déco est l’œuvre d’artistes décorateurs destinée à une clientèle aisée, ayant soif de nouveauté, mais qui demeure relativement conformiste. Il s'agit de meubles réalisés par des ébénistes qui cherchent le luxe et la perfection. Les meubles sont donc des pièces uniques.
Les formes restent classiques, avec parfois des rappels des styles antérieurs : Louis XVI, Directoire, Louis-Philippe. Mais l’art cubiste va pousser à une simplification des formes.
Les volumes sont parallélépipédiques, aux angles vifs, ou arrondis, ou à pans coupés. Le cercle et l’octogone sont également appréciés.
Les meubles sont souvent supportés par des socles.
Les moulures sont rares.
Fortuitement, ce style architectural partage aussi plusieurs caractéristiques avec l'architecture traditionnelle précolombienne sans s'en être inspiré directement, notamment:
L'usage du béton offre une surface plus lisse et nue que la brique, rappelant les massifs blocs de pierre utilisés dans ces civilisations antérieures.
Les corniches et linteaux de fenêtre sont couverts de hauts reliefs géométriques.
Les représentations solaires avec rayons sont récurrentes.
Les gratte-ciel Art Déco sont généralement faits de segments empilés de dimensions décroissantes dont les jonctions se font à angles droits; ceci rappelle la configuration des pyramides à degrés des lieux cultes aztèques et mayas.
En 1919 ouvrit en Allemagne un centre de formation esthétique connu sous le nom de Bauhaus. Sous la direction de Walter Gropius, il devint l'un des plus influents de ce siècle, et fut actif jusqu'en 1933. Son seul but était de former des artistes à travailler pour l'industrie, et même si l'on a parfois exagéré son influence, le Bauhaus imprima sa marque sur le design du XXe siècle. À partir de matériaux industriels modernes réduits à leur forme la plus élémentaire et dénués de tout ornement, les créateurs du Bauhaus tentaient de créer des produits débarrassés de toutes références historiques. Cet objectif n'était pas toujours atteint. La célèbre chaise Wassily de Marcel Breuer présente nombre des caractéristiques associées « au style Bauhaus » : en acier tubulaire, de forme géométrique dépouillée, elle doit sa construction au talent de l'artisan et de la machine.
Le plus grand succès du Bauhaus fut ses méthodes d'enseignement, qui furent copiées dans le monde entier. Gropius attira des artistes célèbres, comme Wassily Kandinsky, Josef Albers et Paul Klee, et des architectes reconnus comme Marcel Breuer
École de design d'avant-garde qui ouvrit à Moscou en 1920. Son nom était le sigle des ateliers techniques d'état comme le Bauhaus, le but de l'école était de former des artistes à l'industrie. Elle partageait les caractéristiques de l'école allemande, Wassily Kandinsky et El Lissitzky participaient aux deux organisations. Alexandre Rodtchenko, dessina des meubles pour le cercle des travailleurs à l'exposition de Paris de 1925. Cependant aucun des prototypes de meubles créés par cette école, ne devint une réalité industrielle.
Si la ligne est épurée, le mobilier affiche une décoration soignée et souvent luxueuse.
La sculpture est très méplate. Elle utilise un répertoire géométrique, floral ou animal, très stylisé, géométrisé. La rose est très présente en bouquet, en corbeille, en guirlande.
Pour le traitement des surfaces, on utilise la dorure, la laque ou encore la marqueterie : incrustation de filets, de plaquettes en ivoire (influence de l'art nègre), de nacre ou de métal (argent, cuivre, laiton, aluminium).
La coloration de certains bois tel l’érable, teinté en rouge, bleu, vert ou gris (goût de la polychromie né des ballets russes).
Les figures sont stylisées, les motifs régulièrement répétés. Le tissu sature souvent les intérieurs de rythmes saccadés et vifs qui rappellent ceux de la musique légère de l’époque. Tous les motifs et influences déjà cités se répètent avec une constance qui contribue, certes, à l’unité du style, mais finit aussi par rendre les intérieurs étouffants.
Le Corbusier et les modernistes prêchent quant à eux, « la loi du Ripolin » : le retour au simple mur blanc, qui s’imposera progressivement.
Les sièges sont souvent d’inspiration Directoire ou Restauration. Un souci de confort est à remarquer dans les fauteuils, inspirés du fauteuil club, aux formes profondes. Le bois est peu apparent et souvent dissimulé par un revêtement en cuir ou en textile.
Le cosy-corner, création de l’époque, fait fureur. C’est un divan d’angle, encastré dans une boiserie avec diverses étagères.
Les commodes et meubles d’appui ont une façade très souvent galbée, voire ventrue.
Les tables sont rondes, ovales ou rectangulaires avec les angles cassés. Les coiffeuses et bureaux de dames sont particulièrement raffinés.
Dernier témoin d’une longue tradition française, il sombrera dès 1939 avec Hitler et le nazisme.
Pendant que les traditionalistes de l’Art déco font recette auprès de la bourgeoisie et des artistes en vogue, quelques ateliers méconnus, tenus à l’écart, s’intéressent à la production en série de meubles bon marché : les fonctionnalistes, prophètes du « style contemporain », jetteront les bases du design en s'éloignant de l'esthétique artisanale pour se laisser gagner par l'esthétique industrielle. Dès 1917, un groupe de peintres, d'architectes, de designers et de philosophes hollandais créèrent un collectif baptisé De Stijl, le style. S'éloignant des formes naturelles de l'architecture et du design, le groupe De Stijl tenta de créer un langage visuel capable d'exprimer une nouvelle esthétique industrielle en utilisant une palette réduite et en se limitant à des droites.
Les bâtis sont le plus souvent en chêne. Les structures moulurées ou plaquées utilisent l’acajou, le palissandre, le thuya, l’amarante, le citronnier… Contrastes de bois clairs (citronnier) et de bois foncés (amarante), de couleurs et de matières.