L’armoise herbe blanche est largement répandue depuis les îles Canaries et le sud-Est de l'Espagne jusqu'aux steppes d'Asie centrale (Iran, Turkménistan, Ouzbékistan) et à travers l’Afrique du Nord, l’Arabie et le Proche-Orient. En Afrique du nord, cette espèce couvre d'immenses territoires évalués à plus de dix millions d'hectares. En Tunisie, l'armoise herbe blanche est absente des zones littorales nord, de la vallée de la Medjerda ainsi que des monts de la Kroumirie. Elle devient par contre très commune dans le centre et le sud : d'Enfida à Tataouine ainsi qu'aux îles Kerkennah et Djerba. Cependant, l'espèce se raréfie dans l'extrême sud.
Au Maghreb, l'armoise herbe blanche constitue un fourrage particulièrement intéressant. En effet, la plante présente un taux de cellulose beaucoup moins élevé que ne laisse préjuger son aspect (17 à 33%). La matière sèche (MS) apporte entre 6 et 11% de matière protéique brute dont 72% est constituée d'acides aminés. Le taux de β-carotène varie entre 1,3 et 7mg/kg selon les saisons. La valeur énergétique de l’armoise herbe blanche, très faible en hiver (0,2 à 0,4 UF/kg MS), augmente rapidement au printemps (0,92 UF/kg MS) pour diminuer de nouveau en été (0,6 UF/kg MS). En automne, les pluies de septembre provoquent une nouvelle période de croissance et la valeur énergétique augmente de nouveau (0,8 UF/kg MS). Les plantes de la famille des Astéracées, auquel appartient l'armoise herbe blanche, ont fait l'objet de plusieurs études phytochimiques par intérêt économique surtout pour leurs huiles essentielles. Les molécules identifiées sont les sesquiterpènes lactones, les coumarines et les hydrocarbures acétyléniques.
L'Armoise herbe blanche existe dans des bioclimats allant du semi-aride jusqu'au saharien (entre les isohyètes de 150 à 500 mm). Elle semble indifférente aux altitudes et peut vivre dans des régions d'hiver chaud à frais. Par ailleurs, cette espèce est abondante dans le centre sur des sols, à texture fine, assez bien drainées (marnes, marno-calcaires en pente). Dans le sud, elle pousse sur des sols bruns steppiques de texture moyenne et en extrême sud sur des sols sableux. L'armoise résiste à la sécheresse, supporte le gypse et des niveaux de salinité modérément élevés. Dans un biome steppique type, les groupements d'Artemisia herba-alba sont marqués par deux strates : une strate de ligneux bas (environ 40cm du sol) et une autre constituée d'herbacées annuelles (hauteur moyenne de 20cm).
Ce sont des composés phénoliques qui contribuent à la pigmentation de la plante. Très ubiquitaires, certains d’entre eux jouent le rôle de phytoalexines, métabolites synthétisés par la plante pour lutter contre divers parasitoses. Les flavonoïdes sont rencontrés à l’état libre (solubles) ou liés à un sucre (glycosides) dans le liquide vacuolaire. La coloration des dérivés dépend des différentes substitutions de l’atome d’hydrogène sur divers cycles, de la formation de complexes avec les ions métalliques (Fe3+, Al3+) et du pH. Les principaux flavonoïdes isolée à partir de l'Armoise herbe blanche sont l’hispiduline, la cirsimaritine. Des flavones glycosides comme la 3-rutinoside-quercétine et l’isovitexine ont été mis en évidence chez des chémotypes du Sinaï.
Les terpènes sont des polymères constitués d’unités en C5 (isopentylpyrophosphate). Les monoterpènes (en C10) sont des substances légèrement volatiles qui forment les huiles essentielles. Ils protègent les végétaux contre les parasites, inhibent la croissance bactérienne et attirent les animaux pollinisateurs. Les principaux monoterpènes identifiés dans l’Armoise herbe blanche sont le thujone (monoterpène lactone), le 1,8-cinéol et le thymol. Des monoterpènes alcooliques (yomogi alcool, santoline alcool) ont été mis en évidence. On a aussi identifié des sesquiterpènes (3 unités en C5) et des sesquiterpènes lactones dans plusieurs chémotypes du Moyen-Orient.
Le thujone est probablement l’un des constituants terpéniques les plus bioactifs de l’Armoise. Son nom provient de Thuya (Thuja occidentalis) plante de laquelle il a été extrait pour la première fois. On l’a identifié également dans d’autres espèces, comme l’Absinthe (Artemisia absinthium) et l’Armoise romaine (Artemisia pontica). Structurellement lié au menthol, il est constitué d’un cycle en C6 (cyclohexane) avec en plus un groupement exocyclique isopropyl et un groupement lactone. Le thujone est un composé chiral présent à l’état naturel sous forme de deux stéréoisomères : l’alpha-thujone et le bêta-thujone.