Arme chimique - Définition

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Introduction

Symbole actuel des armes chimique dans les forces armées des États-Unis.
Attaque au gaz durant la 1ère guerre mondiale.

Une arme chimique est une arme utilisant des produits chimiques, toxiques pour les êtres humains. L'arme peut être létale ou simplement neutralisante, et peut se révéler toxique pour la faune et la flore.

La recherche et l'emploi d'armes chimiques s'inspirent de ceux d'armes biologiques, dont l'usage est très ancien. L'usage intense et la fabrication industrielle de ces armes se sont développés pendant la Première Guerre mondiale. La charge toxique (chlore dans un premier temps) a d'abord été diffusée sous forme gazeuse emportée par le vent vers l'ennemi, puis transportée par un vecteur (munition), généralement obus ou bombe, mais des grenades chimiques ont été utilisées au moins dès 1914-1918.

Types

Les agents chimiques sont des armes de destruction massive. Ils peuvent être classé en trois catégories :

  • les incapacitants, comme les gaz lacrymogènes ;
  • les neutralisants psychiques ou physiques ;
  • les agents létaux qui provoquent la mort, eux-mêmes classés en plusieurs groupes :
    • les agents vésicants ;
    • les agents suffocants ;
    • les agents asphyxiants ;
    • les agents neurotoxiques.

Convention sur l'interdiction des armes chimiques

Quand ce type d'armes est destiné à être utilisé sur un périmètre important pour tuer de nombreuses personnes, elle est désignée comme arme de destruction massive, au même titre qu'une arme nucléaire.

Actuellement, ce type d'armes fait l'objet d'une interdiction par une convention entrée en vigueur en 1997, par laquelle les pays signataires s'interdisent leur utilisation et promeuvent leur destruction.

Au 20 novembre 2008, seuls les pays suivants n'avaient pas encore ratifié cette convention:

  • Angola Angola
  • Bahamas Bahamas
  • Corée du Nord Corée du Nord
  • Égypte Égypte
  • Irak Irak
  • Israël Israël
  • Myanmar Myanmar (ou Birmanie)
  • République dominicaine République dominicaine
  • Syrie Syrie
  • Somalie Somalie

Historique

Des bonbonnes de gaz chlorés toxiques ont été utilisées avant une production massives d'obus à gaz lors de la Première Guerre mondiale
  • Des légionnaires romains auraient été victime d'une attaque chimique, approximativement vers l'an 100. Selon l'archéologue britannique Simon James qui a revisité les résultats de fouilles réalisées en Syrie au siècle dernier, la mort de légionnaires basés à Dura-Europos lors d'une attaque ennemie, s'expliquerait par une amphore de bitume et de cristaux de soufre. Les Perses auraient su que, parce que les Romains se trouvaient à ce moment dans un espace confiné, en leur expédiant cette mauvaise surprise et en bloquant leur sortie, ils les condamnaient à l'asphyxie.

Première Guerre mondiale

  • Bien que le fait soit rarement évoqué, l'armée allemande employa pour la première fois des obus à gaz dès fin 1914 sur le front de l'Est en Pologne contre l'armée impériale russe, mais le froid intense les rendit absolument inefficaces.
  • 22 avril 1915 : La première attaque chimique massive a eu lieu lors de la deuxième bataille d'Ypres durant la Première Guerre mondiale par l'armée allemande. 6 000 bouteilles d'acier ouvertes sur place (30 000 selon d'autres auteurs) libèrent 180 tonnes de chlore sous forme de nuage dérivant sur les lignes alliées. L'attaque fit environ 10 000 victimes (morts ou hors de combat).
    Il s'ensuivit une course aux protections (masques anti-gaz) et aux produits de plus en plus toxiques avec une accumulation de stocks considérables (qui n'ont que peu été utilisés après 1919).
    La ville d'Ypres a ainsi donné son nom à l'un des plus célèbres gaz de combat, l'ypérite ou gaz moutarde, utilisé pour la première fois sur le front le 11 juillet 1917 lors de la troisième bataille d'Ypres, ou bataille de Passchendaele.
  • 31 mai 1915 : des attaques plus meurtrières se font avec des mélanges chlore-oxyde de carbone ou phosgène (12 000 bouteilles de gaz) sur le front russe, sur la Bsura-Rumka, qui font environ 9 000 victimes, dont 6 000 morts.
  • Juillet 1915 : 100 000 obus "T" (bromure de benzyle) sont tirés au canon de 155 en Argonne.
  • Cette même année 1915, la plupart des pays riches lancent une production industrielle de gaz de combat et d'armes chimiques. Par exemple en France, la "Société du Chlore Liquide" construit à Pont-de-Claix dans la vallée du Drac, une usine qui produira industriellement du chlore et ses dérivés afin de fabriquer des armes chimiques (en réponse à ceux de l'armée allemande). C'est ce site qui deviendra l'actuelle plate-forme chimique Rhodia qui conserve de lourdes séquelles de pollution (pollutions du sol, pollution de l'eau, engins militaires abandonnés).
  • Mars 1916 à Verdun : des obus de 75 au phosgène sont testés, avec un effet mortel et des blessures effrayantes car très difficiles à soigner.
  • 29 juin 1916 : Première attaque au gaz sur le front italien de la part de l'Autriche-Hongrie sur le Monte San Michele (Vénétie), faisant au moins 6 000 victimes dans l'armée italienne dont 5 000 morts.
  • Juillet 1916 : la bataille de la Somme inaugure l'usage de nouveaux obus à l'acide cyanhydrique.
  • Mars 1917 : Du phosgène est largué par avion.
  • Juillet 1917: L'ypérite est massivement utilisé dans la région d'Ypres - d'où son nom. Elle induit des brûlures intolérables avec un effet psychologique important (9 500 t de ce gaz sont fabriquées).
  • Septembre 1917 : Les "Clarks" à base d'arsines apparaissent, non filtré par les cartouches des masques, ils provoquent des vomissements dans les masques que les soldats sont obligés d'ôter, ce qui les force à respirer sans masque.
Soldats de la 55e division de la British Army, aveuglés par les gaz de combats durant la Bataille de la Lys le 10 avril 1918.
  • 1918 : La dernière année de guerre voit l'utilisation d'un nombre croissant de munitions chimiques (25% environ des projectiles utilisés de part et d'autre sont des obus chimiques). Avant l'armistice, un obus sur quatre sortait des chaînes de fabrication muni d'une charge chimique. À la fin de ce conflit, de 110 000 à 130 000 tonnes d’agents de guerre chimiques avaient été utilisées sur le front de l'Ouest, causant 1,2 million de victimes et de 90 000 à 100 000 morts tandis que l'on estime les pertes humaines à 180 000 sur le front de l'Est.

Grâce aux masques anti-gaz et à un assez mauvais pouvoir de dispersion, seuls 7 % des tués furent victimes de ces armes sur le front de l'Ouest contre 11 % de tués dans l'armée impériale russe mal équipés, mais elles ont fait de nombreux blessés, et on s'est rendu compte plusieurs décennies après que l'ypérite était également cancérigène, comme probablement les arsines et d'autres toxiques, qui pourraient par ailleurs être un facteur supplémentaire de risque pour la Maladie d'Alzheimer ou de Parkinson, ou responsables de troubles de la fertilité et de la reproduction. L'horreur inspirée par ces armes s'est traduite par des dispositions visant leur interdiction dans les traités internationaux, dont notamment l'article 171 du Traité de Versailles et l'article V du Traité relatif à l'emploi des sous-marins et des gaz asphyxiants en temps de guerre qui prohibent l'usage des gaz toxiques, sans paradoxalement en interdire la fabrication et le stockage en masse, qui fut une réalité jusqu'à la fin de la guerre froide dans nombre de nations.

Seconde Guerre mondiale

Selon les historiens Seiya Matsuno et Yoshiaki Yoshimi l'empereur Showa autorisa en dépit de ces traités et dès 1937, durant la guerre sino-japonaise, l'usage d'armes chimiques contre les troupes ennemies et les populations civiles. À titre d'exemple, des gaz toxiques furent autorisées à 375 reprises par le prince Kotohito Kan'in lors de la bataille de Wuhan, d'août à octobre 1938, et ce, en dépit de la résolution du 14 mai de la Société des Nations condamnant l'usage de gaz toxiques par l'armée impériale japonaise. Ces armes ne furent toutefois jamais autorisées sur le champ de bataille contre des nations occidentales mais seulement contre les populations locales jugées "inférieures" et des prisonniers de guerre.

Dès 1937, l’Allemagne exploite les propriétés neurotoxiques d'un insecticide organophosphoré, le tabun ; puis en 1939, le sarin ; et en 1944, le soman. Après guerre, les amitons furent développés, les trois derniers produits agissant même à travers l’épiderme. L’ypérite a continué à être utilisé dans des conflits «périphériques» malgré les dénégations de leurs utilisateurs.

Les infrastructures de production d'engrais et de pesticides ont respectivement pu fournir de grandes quantités d'explosif (nitrates) et de neurotoxiques et autres produits chimiques pour la guerre. Le non-emploi des produits stockés, pendant la Seconde Guerre mondiale est mal expliqué : efficacité du Protocole de Genève? Les allemands pensaient-ils que les alliés avaient eux aussi découverts les organophosphorés? Il a en tous cas laissé des stocks importants qui attendent qu'on les traite ou qui n'ont pas jusqu'à un passé récent été correctement éliminés (c'est-à-dire éliminés sans impacts écologiques ou sanitaires ni définitivement pour les toxiques non dégradables).

Depuis 1945

Depuis, de nombreux pays ont fait des recherches sur les possibilités d'utiliser des produits chimiques dans le cadre militaire. Ils ont donc développé, étudié et stocké des quantités, parfois très importantes, de ces substances toxiques qui sont souvent très délicates à détruire.

L'utilisation d'armes chimiques après la Seconde Guerre mondiale fut relativement limitée mais la guerre Iran-Irak vit l'utilisation massive de ces armes par l'Irak, on estime que ces attaques chimiques ont causé 60 000 victimes iraniennes, dont 10 000 morts.

Le 16 mars 1988, l'armée irakienne a bombardé à l'arme chimique la ville kurde d'Halabja, il y eut plus de cinq mille morts et environ sept mille blessés et handicapés à vie.

On a vu la crainte d'un terrorisme chimique se concrétiser avec les attentats au sarin commis au Japon par la secte Aum Shinrikyo en 1994 et 1995. Depuis janvier 2007, on assiste durant la guerre d'Irak à des attentats à l'explosif combiné avec du chlore contre la population.

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