Architecture - Définition

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Théories de l’architecture

Traité de Vitruve

Selon les dix livres d’architecture écrits par Vitruve, architecte romain du Ier siècle av. J.-C. :

« L’architecture est une science qui embrasse une grande variété d’études et de connaissances ; elle connaît et juge de toutes les productions des autres arts. Elle est le fruit de la pratique et de la théorie. La pratique est la conception même, continuée et travaillée par l’exercice, qui se réalise par l’acte donnant à la matière destinée à un ouvrage quelconque, la forme que présente un dessin. La théorie, au contraire, consiste à démontrer, à expliquer la justesse, la convenance des proportions des objets travaillés.
Aussi les architectes qui, au mépris de la théorie, ne se sont livrés qu’à la pratique, n’ont pu arriver à une réputation proportionnée à leurs efforts. Quant à ceux qui ont cru avoir assez du raisonnement et de la science littéraire, c’est l’ombre et non la réalité qu’ils ont poursuivie. Celui-là seul, qui, semblable au guerrier armé de toutes pièces, sait joindre la théorie à la pratique, atteint son but avec autant de succès que de promptitude. »

— Vitruve, De l’architecture, livre i.

Longévité de la triade classique « beauté, solidité, utilité »

Les principes architecturaux sont restés stables à travers le temps. Même si les méthodes de la conception architecturale ont évolué avec la mise à disposition des outils de reproduction puis de conception. Cependant il n'existe pas de véritable rassemblement consensuel de la profession sur une théorie moderne.

Le pont du Gard; Beauté, solidité, utilité...
La grande mosquée de Kairouan est l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture islamique. Son aspect actuel date du IXe siècle.

D'après le traité le plus ancien que nous connaissions sur le sujet, De Architectura de Vitruve, l'architecture cherche à établir une combinaison harmonieuse et équilibrée de trois principes:

  • Beauté (Venustas)
  • Solidité (Firmitas)
  • Utilité (Utilitas).

Cette triade est restée fondamentale, bien que chacun des termes l'exprimant ait varié pour mettre l'accent sur d'autres aspects, comme l'indique le tableau suivant :

Vitruve (Ier siècle av. J.-C.) utilitas firmitas venustas
Leon Battista Alberti (XVe siècle) necessitas commoditas voluptas
François Blondel (XVIIe siècle) distribution construction décoration
Jacques François Blondel (XVIIIe siècle) commodité solidité agrément
Hector Guimard (XIXe et XXe siècles) l'harmonie la logique le sentiment
Pier Luigi Nervi (XXe siècle) fonction structure forme
Christian de Portzamparc (XXe et XXIe siècles) perception (corps vécu, phénoménologie) production (technique, construction) représentation (discours esthétiques et idéologiques, modèles, styles)

Histoire et styles

L’architecture est aussi porteuse d’expérimentation, de sens et de symbole. Ici, le Familistère de Guise.

Pour les détails de la chronologie, du synchronisme historique et les contenus des courants, voir :

La symbolique de la construction existe depuis l'âge des métaux, elle est attestée par les pierres levées partout dans le monde. On remarque qu'elle existe sans qu'il s'agisse d'une expression culturelle à proprement parler, mais d'une expression de l'humanité du constructeur, son rapport avec l'univers, la vie et la mort. Ce « plus » à la construction, ce que l'on appelle « architecture » pour situer la chose, est présent avant l'existence de la monnaie. La représentation donnée à voir par l'édifice est la base de la différentiation entre architecture et édification fonctionnelle conçue dans notre aire de civilisation occidentale. L'architecture contient ses réalisations et ses utopies. Donc l'architecture appartient à l'histoire et il existe une « histoire de l'architecture » parmi les autres énoncées localement par les historiens qui étudient des constructions tangibles et des idées en perpétuelle évolution.

La concrétisation des pensées architecturales (imitation avant de connaître) donne la poésie de la matière, le beau et le laid effrayant (le cloaque). L'immatérialité qui est contenue par l'édifice dès l'antiquité en dehors de sa simple fonction de signal, d'abri ou de voie de passage est exprimée intrinsèquement par l'architecture. Globalement, dans l'édifice, selon la civilisation, les puissances immatérielles sont figurées par une forme réputée « visible » par l'homme ou bien non représentables et décrites par une écriture de la parole au sens premier à l'aide de petits éléments constructifs fabriquant les phrases. La civilisation grecque, la civilisation romaine, autorisaient la représentation et utilisaient l'écriture. Elles sont le départ de l'architecture développée dans l'aire de la pensée occidentale, elles fournissent les clés d'identification reconnues de la classification ultérieure, y compris pour les différentes devises et icônes.

L’architecture a aussi été à l'origine de l'art. La connaissance (intellectuelle) permet d'atteindre le résultat désiré projeté aussi bien dans le cosme antique que l'univers moderne par l'édification de symboles et d'abris. Les sciences physiques, mathématiques découlent de ces préoccupations et étaient au départ intrinsèques à l'architecture.

L’architecture constituait au Moyen Âge occidental (qui a établi par le Saint-Empire romain germanique un équilibre des autorités différent de l'équilibre précédent plus Oriental) l’une des sept disciplines des « arts mécaniques » et a pu être considérée comme la plus noble selon les Anciens qui la surnommaient « la mère des arts ».

Szczecin, le château

L'architecture a été transmise oralement ou par l'écriture de nomenclatures (peu illustrées) à la période de la Renaissance commençante. Les dictionnaires d'architecture (centrés sur l'Antiquité) ont défini les composantes matérielles et immatérielles de l'architecture. Les traités les ont classées plus profondément que dans la description récapitulative des moyens techniques purs de construction (sacrée ou non), ce que faisaient les dictionnaires, en y ajoutant des propos sur la conception de projet d'édifice contenant une intention du créateur du projet. Les maquettes depuis la Renaissance exposent ces intentions. Le vocabulaire utilisé pour désigner les figures de style dans la littérature (avant même que les livres ne soient des objets de consommation diffusés par l'imprimerie) sont au départ les mêmes que dans les arts plastiques, que dans l’architecture (rythme, symétrie, harmonie). À ce moment, un pouvoir étatique affirmé se constitue sur le pourtour européen de l’océan Atlantique et de la mer du Nord. La volonté positive de construire moderne des puissances économiques se heurte à établissement de l'autorité morale établie jugeant des principes de l'architecture hors de leurs contrées. L'autorité cléricale locale qui hiérarchiquement est pour la plupart des cas centrée sur Rome définit le modèle architectural de façon plus au moins autonome de sa tutelle sur des édifices à usage religieux ou civil dont l'accès est pour une grande partie autorisé au peuple (au « commun »). Ils sont les noyaux véritables de l'agrégation urbaine, plus fortement encore que les édifices possédés par la noblesse où celle-ci se loge. Les ouvrages écrits et illustrés ont permis dans un premier temps d'établir la concordance entre la construction localisée et leurs sources d'inspiration de mise en forme de la matière utilisée pour bâtir. Les objets peuvent sembler a posteriori être sans liaison parce que traduction (regard puis déformation de l'essentiel) de cette mise en forme originale. La reproduction d'image a succédé et a permis la différenciation dans les métiers de la corporation du bâtiment entre la réalisation manuelle (qui utilisera ultérieurement ses propres plans d'exécution) et l'art de concevoir qui utilise des plans pour communiquer avec le maître d'ouvrage. Ces plans sont devenus l'apanage de l’architecte en maîtrisant la technique du dessin. Et posséder la science du geste particulier sur la matière concrète mise en œuvre est dans certains cas par tendance à l'intellectualisme relégué aux artisans. Le pouvoir professionnel directif est ainsi donné aux possesseurs du savoir dessiner, architectes ou ingénieurs : le dessin compréhensible et reproductible constitue une appropriation des savoirs faire existants sur la matière hors du geste effectivement fait, avec une autre forme de rituel exprimé appartenant aux « maîtres ».

La découverte du Nouveau Monde n'affecte pas dans un temps court la société occidentale en ce qui concerne l'architecture pratiquée. Elle commence par exporter sa culture, mais elle n'importe pas de l'extérieur d'autre expression de mode de vie dans l'aire européenne. L'architecture est alors dans la nouveauté (appelée actuellement « classicisme ») par une relecture de l'Ordre ancien dit « conservé » et comportant en fait les innovations techniques. Parce que la place prise en Europe de la France est d'être un carrefour puissant entre le Sud européen et le Nord européen, son exemple architectural formel commence à se répandre. L'évolution est technique aussi bien pour les bâtiments construits (exemple combles, chaînage...) que pour leur affectation (par exemple : manufactures, serres...). Le formalisme architectural qui s'affirme le plus nettement est celui du centralisme royal symbolisé par la composition centrée et celui du rayonnement royal par les corps des bâtiments disposés. Mais le domaine des pensées philosophiques représentées « par » l'architecture ou « dans » la construction n'a pas évolué pour l'heure (hiérarchie établie et strates sociales).

L’architecture a ensuite été étudiée et caractérisée en continuation du cartésianisme méthodique donnant le siècle des Lumières. Selon la tendance forte du scientisme, le XIXe siècle a produit de nombreux dictionnaires d'architecture. Les courants divers ont été mis en « styles » sous une forme dite « raisonnable » par époque de création, et mise en catégories différentes selon la nature et la destination de l’objet, le climat local, les matériaux disponibles. L'image prend une place fondamentale, elle se véhicule comme traduction de la réalité avec la photographie et le film et transmet à la connaissance la forme et l'aspect architectural globalement. De la position prise par les auteurs à l'esprit rationnel, mais suivant les a priori culturels locaux, en particulier dans la retraduction exotique (sans respect des fondements) de l'original vu hors frontières, on ne peut dégager des conventions une encyclopédie universelle, ces dernières conventions tracent les valeurs économiques sociales et religieuses des auteurs.

L’architecture est porteuse de splendeur, gigantisme vertical ou horizontal. Viaduc de Millau.

Dans l'époque contemporaine, l'architecture reste un moyen d'afficher la splendeur, entre autres par le gigantisme dans la hauteur (édifices verticaux) ou le gigantisme dans la portée horizontale. Mais elle devient aussi un élément du domaine économique pour des raisons politiques. Les progrès techniques des XIXe siècle et XXe siècle ont largement étendu les possibilités de réalisation qui doivent suivre les besoins démographiques et les normes d'hygiène nouvelles. On ne peut plus se limiter à bâtir avec de la pierre naturelle ou artificielle et ses contraintes d'ouvrage. La modélisation de l'usage est d'abord faite par des ingénieurs qui s'occupent de la production de masse, les architectes suivront, quittant leur spécialité restreinte aux ouvrages fins et détaillés. La promotion immobilière établie par le pouvoir gouvernemental « fournit » directement ou indirectement à l'occupant l'architecture avec la propriété immobilière vendue. Dans l'échelle de mesure de l'enveloppe des édifices géants, le corps humain (« vitruvien » -mis en image par Michel-Ange-) disparaît. L'architecture intègre la plus grande technicité pour les éléments lumineux, sonores, énergétiques, l'assise sur le terrain, pour les éléments de confort, les éléments permettant le déplacement, la télécommunication. L'échelle de la ville est atteinte pour l'activité architecturale. En ce qui concerne la localisation de l'action professionnelle des architectes, le terrain qui supporte d'expression n'est plus seulement l'aire culturelle locale, mais par la mise en concurrence par les autorités décideuses, elle est parfois planétaire. L'expression peut parfois être autant le rejet des convenances (la règle et l'équerre) que l'apport d'autres modélisations de diverses sciences (l'« organique », l'« évolutif-dynamique »...) ou d'arts (sculpture, humour...) ou des transpositions et rassemblement d'éléments de cultures éloignées dans leurs fondements de mode de vie.

Les aspects symboliques ont été copiés d'une culture à une autre, d'une époque historique à une autre. Ils sont transférés en styles reconnus conventionnellement vers des architectures nouvelles n'étant plus porteuses des significations-mêmes du modèle pris (« Traduttore - traditore [traducteur - traître ]»). Les restaurations effectuées sur les édifices montrent que les styles ne sont pas respectés (ou respectables) purement et que la catégorisation n'était pas un élément fondamental des constructeurs... (Sans évidence du positionnement entre la mode et l'art).

Les styles sont des instruments conceptuels d'interprétation et de recherche de l’art. On peut ainsi trouver des icônes qui représentent des figures de notables contemporains de la réalisation dans les représentations stylisées par l'architecture de l'édifice qui reprend des « mythes et légendes » locaux de forme d'expression très ancienne.

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