Le gothique angevin, également appelé gothique Plantagenêt, se distingue par des façades différentes de celles d'Île-de-France qui ne comportent pas trois portails. Le chevet ne comporte pas non plus systématiquement d'arcs-boutants, comme la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers dont le chevet est un simple mur vertical. Mais ce sont surtout les voûtes qui caractérisent le gothique angevin : la voûte angevine présente un profil très bombé (clef de voûte sensiblement plus haute que les doubleaux et les formerets), alors que la voûte francilienne est plus plate (clef de voûte au même niveau que les doubleaux et les formerets).
Ce système, typique du milieu du XIIe siècle, est une combinaison d'influences du renouveau gothique (voûte d'ogives) et de l'architecture romane de l'ouest de la France (églises à files de coupoles comme la cathédrale Saint-Front de Périgueux ou la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême). Il se caractérise par une nef à vaisseau unique, c'est-à-dire sans bas-côtés, et des voûtes d'arêtes très bombées qui poussent peu à dévers et qui ne nécessitent pas d'arcs-boutants.
Parmi les plus beaux exemples de voûtes angevines peuvent être cités la cathédrale Saint-Maurice d'Angers et l'ancien Hôpital Saint-Jean d'Angers, actuel Musée Jean-Lurçat.
La Normandie a été très tôt associée au mouvement gothique. Une des spécificités du gothique normand est la présence, au-dessus du transept, d'une tour centrale qui peut être lanterne et / ou clocher , construite dans de nombreuses grandes églises et dans presque toutes les cathédrales de la province (cathédrale de Coutances, de Rouen, d'Évreux, ancienne cathédrale de Lisieux, abbaye de la Trinité de Fécamp, etc.). La cathédrale de Sées n'en comporte pas mais elle était prévue à l'origine. Cette architecture a grandement influencé l'art gothique en Angleterre, où la présence d'une tour centrale est la règle. Exceptionnellement, il en existe aussi ailleurs (Burgos ou la Cathédrale de Lausanne par exemple).
Contrairement au reste de l'Europe, le gothique anglais s'est développé en trois phases. On distingue le gothique primaire, le gothique curvilinéaire et le gothique perpendiculaire.
Le gothique primaire (ou Early English gothic) se développe du XIIe siècle jusqu'en 1250.
Il commence vers 1250 et va durer un siècle environ. Le gothique curvilinéaire (ou decorated style) se distingue par des baies gothiques très travaillées. Elles comprennent des meneaux qui séparent les différentes parties de la fenêtre. À l'intérieur du bâtiment, les colonnes sont plus fines et plus élégantes que celles du gothique primaire.
Certains auteurs divisent le decorated style en deux périodes : tout d'abord le geometric, caractérisé par des fenêtres aux remplages verticaux en lancettes, puis le curvilinear, qui correspondrait au gothique flamboyant, avec des remplages en mouchettes et soufflets.
Typiquement britannique, le gothique perpendiculaire voit le jour vers 1340, lors de la transformation du chœur de la cathédrale de Gloucester et de la construction de son cloître.
Ce style se caractérise par une redéfinition des volumes intérieurs et des masses extérieures. De grandes baies distribuent largement la lumière dans les salles et les nefs, suivant des lignes horizontales et verticales qui sont à l'origine du terme perpendiculaire. Apparaissent également les voûtes en éventail (fan vaultings) qui cassent le verticalisme des lignes architecturales, créant un effet dynamique et très décoratif. Ces voûtes sont particulièrement remarquables dans les chapelles Henri VII de l'abbaye de Westminster, Saint-George de Windsor ou encore du King's College de Cambridge. À l'extérieur, les arcs-boutants sont supprimés.
Abandonné vers 1520, le gothique perpendiculaire connaît un certain regain dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Ce style gothique peut être divisé en trois styles distincts :
De nombreuses églises allemandes ont adopté le style gothique et beaucoup de ses réalisations dans les pays germaniques sont des œuvres d'art exceptionnelles (cathédrale de Cologne, au plan adapté de celui d'Amiens, cathédrale d'Ulm (plus haute flèche gothique en pierre du monde), Fribourg en Brisgau, Ratisbonne, Vienne (Autriche), Prague etc. dans un style peu différencié de la France.
Au nord de l'Allemagne et de la Pologne, la pierre fait place à la brique, ce qui limite fortement la décoration sculpturale (c'est le « Backsteingotik » à Lübeck, Stralsund, Gdańsk, Malbork, Toruń…) ; dans certains édifices, la nef et les bas-côtés peuvent être de même hauteur, d'où le nom d' église-halle. De même, ce type d'église se rencontre fréquemment, dans l'extrême nord de la France ainsi qu'en Flandres et aux Pays-Bas.
À Séville, le monumental minaret de la mosquée désaffectée depuis la Reconquista s'est vu flanquer d'une cathédrale gothique tardive qui restera la plus vaste du monde. Ses dimensions impressionnantes ont été autorisées par un allègement dû à l'absence de charpente permise par une faible pluviosité. Les cathédrales du nord de la péninsule (à Burgos, León) sont des transpositions de l'art gothique français. La cathédrale de Palma de Majorque se caractérise par un volume intérieur exceptionnel et des voûtes reposant sur des piliers excessivement élancés.
A partir de 1480 et jusqu'à 1520 se développe le style plateresque (plateresco en espagnol). C'est un style architectural de transition entre l'art gothique et la Renaissance. La première phase du style plateresque est également appelée « gothique hispano-flamand », ou encore « style isabélin » ou « des Rois Catholiques », car il s'est développé dans les pays de la couronne de Castille, sous le règne des « Rois Catholiques », Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon. Les formes du gothique flamboyant sont encore dominantes, et les éléments Renaissance restent peu utilisés ou de façon mal comprise (selon les canons de la Renaissance artistique). On retrouve la prédominance des motifs héraldiques et épigraphiques. L'un des traits de décoration les plus marquants est l'utilisation récurrente des symboles du joug, des flèches et de la grenade, qui font directement référence aux deux monarques espagnols. On retrouve également le motif des boules pour décorer les édifices. Le style isabélin est particulièrement bien représenté par les œuvres des architectes Enrique de Egas, Juan de Álava ou encore Diego de Riaño.
Honoré de Balzac rend hommage au style gothique espagnol, particulièrement à celui de la première cathédrale de Cadix, à l'origine gothique. « L'église, due aux libéralités d'une famille espagnole couronne la ville. La façade hardie, élégante, donne une grande et belle physionomie à cette petite cité maritime. N'est-ce pas un spectacle empreint de toutes nos sublimités terrestres que l'aspect d'une ville dont les toits pressés, presque tous disposés en amphithéâtre devant un joli port, sont surmontés d'un magnifique portail à triglyphe gothique, à campaniles, à tours menues, à flèches découpées? »
Né à l'époque des Croisades, l'art gothique a laissé quelques témoignages inattendus dans les pays du Levant, comme à Chypre où les cathédrales latines de Nicosie et Famagouste furent ensuite converties en mosquées voir mosquée Lala Mustapha Pacha).