Architecture constructiviste - Définition

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Le Constructivisme en Occident

Les contacts d'El Lissitzky en Allemagne et en Suisse, tout comme l'impact qu'eut le pavillon de Paris de Melnikov, amena de nombreux architectes non soviétiques de la fin des années 1920 à faire évoluer leur travail vers une sorte de constructivisme. Les architectes de la Neue Sachlichtkeit ayant collaboré avec El Lissitsky, comme Mart Stam et le groupe ABC dirigé par Hannes Meyer, ont embrassé une sévère géométrie et une esthétique technologiquement avancée typiquement constructiviste, bien qu'ils fussent très éloignés de son contexte original. L'évolution du Bauhaus vers « l'Art et la technologie — une nouvelle unité » fut souvent considérée comme une forme de Constructivisme, même si dans le livre du critique et designer tchèque Karel Teige l'Habitat minimum (1932) celui-ci utilise indifféremment les termes Fonctionnalisme et Constructivisme. Mais peut-être le meilleur exemple de Constructivisme à l'ouest est l'usine Van Nelle à Rotterdam construite par Leendert van der Vlugt (et Mart Stam) de l'agence d'architecture Brinkman & Van der Vlugt.

Influence du Constructivisme aujourd'hui

En partie à cause de ses attaches politiques — et de son remplacement par l'architecture stalinienne — les formes mécaniques et dynamiques du Constructivisme ne figurèrent pas au sein du Style international, calme et platonicien, défini par Philip Johnson et Henry-Russel Hitchcock. Leur livre ne comprend qu'un seul bâtiment de l'U.R.S.S., un laboratoire électrique fait par une équipe gouvernementale dirigée par Nikolaev. Pendant les années 1960, le Constructivisme fut en partie réhabilité ; on peut considérer que des bâtiments plutôt expérimentaux comme le théâtre Globus de Novossibirsk ou les immeubles d'habitation Khrouchtchyovka dénués de toute ornementation sont en un sens une continuation du Constructivisme. En dehors de l'U.R.S.S. le Constructivisme fut souvent vu comme un Modernisme alternatif et plus radical, et son influence se voit dans des productions aussi diverses que celle du Team X, Archigram, Kenzo Tange et beaucoup d'œuvres brutalistes. Son imbrication de l'avant-garde avec le quotidien a des parallèles avec le Situationnisme, particulièrement le projet New Babylon de Constant Nieuwenhuis.

L'architecture high-tech doit aussi son dû au Constructivisme, surtout, bien évidemment le Lloyd’s Building de Richard Rogers. Les premiers projets de Zaha Hadid sont des adaptations des Architektons de Malévitch, et l'influence de Tchernikov apparaît clairement sur ses illustrations. Le Déconstructivisme évoque le dynamisme du Constructivisme, mais sans l'aspect social, comme dans le travail de Coop Himmelb(l)au. À la fin des années 1970, Rem Koolhaas publie une parabole sur la trajectoire du Constructivisme appelée The Story of the Pool, dans lequel les constructivistes s'échappe d'U.R.S.S. grâce à une piscine Moderniste se déplaçant toute seule, pour mourir peu après leur arrivée aux États-Unis, tués par la critique leur reprochant pratiquement la même chose que leur homologues staliniens.
Aujourd'hui la plupart des bâtiments constructivistes d'origine sont dans un état critique et sont en danger de démolition.

Les Sotsgorod et l'urbanisme

Hôtel de ville par Noï Trotsky à Léningrad en 1932–34

En dépit de l'ambition de nombreuses propositions constructivistes pour la reconstruction des villes, il y eut assez peu d'exemples d'urbanisation constructiviste cohérente. Cependant le quartier Nervskaya Zastava à Leningrad devint un centre constuctiviste important. Au début, en 1925, de l'habitat municipal fut dessiné par des architectes comme A. Gegello ou Alexandre Nicolski de OSA, et des bâtiments publics furent aussi construits comme l'hôtel de ville du Kirov par Noï Trotsky (1932–34), une école expérimentale par G. A. Simonov et une série de laveries et de cuisines communales dessinées pour le quartier par des membres de l'ASNOVA. Beaucoup de Constructivistes espéraient voir leurs ambitions se réaliser pendant la « révolution culturelle » qui a accompagné le Premier Plan quinquennal. Arrivés à ce point les Constructivistes étaient divisés entre les urbanistes et les désurbanistes qui plaidaient en faveur des cités-jardins ou de villes linéaires. Le modèle de la ville linéaire fut promu par Nikolaï Miliutin, à la tête du Commissariat des finances, dans son livre Sotsgorod (1930). Ce modèle fut repris à un niveau encore plus poussé par le théoricien de l'OSA Mikhail Okhitovitch. Son désurbanisme proposait un système de bâtiments pour une personne ou une famille connectés à un réseau de transports linéaires répandu sur un immense territoire et traversant les limites entre les zones urbaines et agricoles, ce en quoi il ressemblait à un Broadacre City (de Frank Lloyd Wright) socialiste. Les projets urbanistes et désurbanistes proposés pour des villes nouvelles comme Magnitogorsk furent souvent rejetés au profit de ceux plus pragmatiques des architectes allemands fuyant le nazisme, comme les membres de la « brigade de May » (Ernst May, Mart Stam, Margarete Schütte-Lihotzky) et de la « brigade du Bauhaus » menée par Hannes Meyer et Bruno Taut.

L'urbanisme de Le Corbusier trouva aussi son bref moment de gloire avec sa réponse à Moscou qui donnera ensuite les plans de la cité radieuse et le projet du bâtiment gouvernemental Tsentrosoyuz en collaboration avec Nikolaï Kolli. Les appartements en duplex et les services collectifs du groupe OSA eurent une grande influence sur son travail.
Erich Mendelsohn, autre moderniste célèbre, dessina l'usine de drapeaux rouges à Leningrad et popularisa le Constructivisme avec son livre Russland, Europa, Amerika. Un projet du plan quinquennal avec des apports constructivistes majeurs fut le DnieproGuES, dessiné entre autres par Viktor Vesnine. El Lissitky popularisa aussi le Constructivisme hors des frontières avec son livre La reconstruction de l'architecture en Russie (1930).

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