Développement de carrière
Le développement de carrière peut sembler au premier abord limité : d'abord architecte et urbaniste de l'État (AUE), adjoint au chef de service puis architecte et urbaniste de l'État en Chef (AUEC), chef du service de l'architecture et du patrimoine d'un département (SDAP)
Mais les débouchés, notamment depuis la refonte du statut en 1993, au sein de l'administration sont nettement plus importants et offrent des choix très variés. De par leur interministérialité et leur grade de catégorie A+ (équivalent à celui d'administrateur civil), ils peuvent exercer leurs fonctions tant au ministère de la Culture qu'au MEDAD. Nous trouvons ainsi actuellement les AUE au sein de l'administration centrale ou déconcentrée aux postes de secrétaire général d'un service déconcentré, de chef d'arrondissement rural ou urbain, d'adjoint d'un sous directeur en administration centrale, de secrétaire général d'une DRDE, conservateur régional des Monuments Historiques (CRMH), d'inspecteur général, directeur adjoint d'un service déconcentré, directeur régional des Affaires culturelles, directeur de CIFP, chargé d'inspection au conseil général des ponts et chaussées, chef de service de l'Habitat, de chef de service de l'urbanisme, de directeur départemental de DDE, directeur régional de DRE, ...), et de ministère de l'Environnement (notamment à la DIREN), chef de service déconcentré, de directeur d'école nationale supérieure d'architecture... En outre, un certain nombre d'ABF rejoint après concours, le corps des architectes en chef des monuments historiques (les ABF y sont présents à environ 40%).
Missions
La gestion des espaces protégés
- Les abords des monuments historiques : la maîtrise d’œuvre des édifices classés (loi du 31 décembre 1913, aujourd'hui Code du patrimoine, livre VI) est confiée à l’Architecte en chef des monuments historiques pour les travaux d'entretien courant, sinon c'est du rôle de l'architecte en chef des monuments historiques (ACMH) compétent territorialement pour les gros travaux ; l’ABF est consulté pour tout projet situé dans le périmètre de protection de 500 mètres de rayon (instauré par la loi de 1943) autour d’un monument historique ;
- Les sites protégés : en tant qu’acteur de la qualité du paysage, l’ABF veille sur les espaces inscrits ou classés au titre des sites (loi du 2 mai 1930 ; parcs et jardins, espaces naturels, terroirs marqués par l’homme...) ; les sites sont gérés par le ministère de l’Environnement qui missionne l’ABF sur le terrain ;
- Les secteurs sauvegardés : l’ABF veille à la cohérence des dispositions inscrites au plan de sauvegarde (loi Malraux de 1962 visant à prévenir la destruction des centres anciens) lors de son élaboration, puis à leur respect lors des travaux intérieurs et extérieurs dans le secteur ;
- Les zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager : Dans les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), l’ABF coordonne l’étude puis vérifie la conformité des projets avec ses dispositions ; c’est un travail de maîtrise de l’urbanisation.
Dans le cadre du contrôle de ces espaces protégés, l’ABF émet un avis sur tous types de projets (permis de construire, de démolir, déclaration de travaux, permis de lotir, certificat d’urbanisme...). Selon l’espace protégé et la demande, l’autorité (maire ou préfet) qui délivre l’autorisation est liée par l’avis de l’ABF (avis conforme), ou peut engager sa propre responsabilité (avis simple) (voir notamment sur les différents avis l'art SDAP).
L’avis de l'ABF est susceptible de recours devant la commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) présidée par le Préfet de région.
Protection du patrimoine
- Proposition de protection ou de labélisation (pour le patrimoine du XXe siècle) d'édifices patrimoniaux en liaison avec la CRMH.
- Avis sur les immeubles susceptibles d’être proposés pour une protection au titre du livre VI du Code du patrimoine (issu de la loi du 31 décembre 1913, partiellement abrogée) ; à ce titre, ils participent aux commissions régionales du patrimoine et des sites.
- Surveillance de l’état sanitaire des édifices protégés conjointement avec les architectes en chef des monuments historiques.
- Avis sur les propositions de travaux des architectes du patrimoine et des architectes en chef des monuments historiques et vérification de la conformité des travaux aux projets autorisés.
- proposition et validation des dossiers pouvant prétendre aux subventions et défiscalisations de la fondation du patrimoine.
- recensement du patrimoine architectural et végétal d'intérêt communal (au titre de l'art. L123-1-7° du code l'urbanisme).
- validation et accompagnement des opérations d'amélioration de l'habitat (OPAH) en centre ancien.
L'entretien des monuments classés
- L'ABF veille à la conservation des édifices protégés, en déterminant et en dirigeant les interventions d'entretien et de réparations ordinaires sur les édifices classés lorsque ces travaux sont financés par le ministère de la culture et de la communication. Les travaux d'entretien suivis au sein du SDAP sont de deux ordres : entretien courant d'une part, opérations curatives plus lourdes d'autre part, financées par des crédits pluriannuels, qui peuvent nécessiter l'intervention complémentaire de géomètres et de bureaux d'études.
Cette mission d'entretien confiée à l'ABF laisse place à l'intervention de l'architecte en chef des monuments historiques (ACMH) dès lors que l'état du monument nécessite une analyse approfondie en prévision d'une campagne de restauration. La délimitation entre les interventions ponctuelles et les restaurations nécessite une concertation systématique assurée par le conservateur régional des monuments historique (CRMH).
Conservateur des monuments d'État
- L'ABF est également le conservateur des monuments appartenant à l'État et affectés à la direction de l'architecture et du patrimoine du ministère de la Culture et de la Communication. Celui-ci, qui a la responsabilité de 400 monuments (sur les 13 000 monuments historiques classés, dont 700 appartiennent à l'État), est le premier propriétaire de monuments historiques en France. Selon les départements, l'ABF est donc conservateur d'au moins un (le plus souvent la cathédrale de son département) sinon plusieurs monuments.
Conserver signifie assurer le maintien, c'est-à-dire gérer l'entretien et la sécurité courante. De très nombreux monuments ouverts au public confiés au Centre des monuments nationaux, bénéficient en outre d'un administrateur chargé de leur gestion et de leur animation. Les missions d'entretien sont alors ainsi réparties : à l'administrateur revient l'entretien préventif, au conservateur (l'ABF) l'entretien curatif. Il appartient évidemment à l'administrateur d'alerter l'ABF-conservateur sur les travaux qui lui paraissent nécessaires à la sécurité et la bonne conservation du monument.
Sensibilisation et la pédagogie
- Les architectes des bâtiments de France ont aussi pour mission la sensibilisation et la pédagogie en direction des élus et du public, et le maintien des savoir-faire, des techniques et matériaux traditionnels.
- Mise en place de dossiers de subventions pour les monuments historiques, pour le classement ou l'inscription sur la liste supplémentaire des monuments historiques, ou de subventions dans le cadre de politique d'amélioration de l'habitat (ANAH par exemple).
- L’ABF est aussi représenté officiellement lors de diverses commissions comme l'élaboration d’une ZAC, de jury de concours, de création et de révision de PLU...
- Il peut aussi être conseiller auprès d’élus, de particuliers ou de maîtres d’œuvre, en collaboration ou non avec le Conseil d'architecture, d'urbanisme et d'environnement (CAUE), dont il est membre du conseil d'administration.