Dernière terra nullius de la Planète, le continent antarctique fait l'objet d'un régime juridique défini par le traité sur l'Antarctique de 1959 (entrée en vigueur soit en 1961) et n'a donc pas de gouvernement. En raison de la contiguïté territoriale, de la paternité de leur découverte, de leur occupation ou par intérêt géostratégique ou économique (au vu des probables ressources naturelles que comporte son sous-sol et des droits de pêche et de chasse), des États ont revendiqué des portions du continent, matérialisées, pour la plupart, par des sortes de tranches partant du pôle Sud, allant jusqu'à l'océan Austral, et dont les bords sont des méridiens. Bien que quelques-uns de ces pays aient reconnu mutuellement la validité de leurs revendications, ces dernières ne sont généralement pas admises universellement. Dans certains cas, un même secteur est revendiqué par plusieurs États. La péninsule Antarctique est ainsi revendiquée par l'Argentine, le Chili et le Royaume-Uni. Le traité offre cependant un cadre juridique international aux expéditions scientifiques.
Le « gel » des prétentions territoriales est établi depuis 1959 et le continent est considéré comme « dépolitisé ». C'est une différence importante avec l'Arctique qui ne bénéficie pas de ce cadre. La neutralité signifie que la France, par exemple, peut continuer à affirmer que la Terre Adélie relève du droit français alors que d'autres États, au contraire, pourront considérer que l'Antarctique est un espace international. Ce statut est réglementé par le traité sur l'Antarctique qui date de 1959. Selon ce dernier, l'Antarctique est défini comme étant l'ensemble des terres et des banquises situées au sud du 60e parallèle Sud. À l'origine, le traité est signé par douze pays dont l'Union soviétique (et plus tard la Russie), le Royaume-Uni, l'Argentine, le Chili, l'Australie et les États-Unis. En outre, le traité établit le continent comme une réserve naturelle, met en place la liberté de recherche scientifique, la protection de l'environnement et y interdit les activités militaires. Il s'agit de la première maîtrise des armements établie durant la Guerre froide, avec des mentions relatives aux armes nucléaires. Néanmoins, dès 1947, les États-Unis avaient proposé l'« internationalisation » du territoire, proposition rejetée par de nombreux États qui y voyaient un moyen de défense des intérêts américains et qui, suite au coup de Prague et au blocus de Berlin, rendait impossible l'adhésion soviétique au projet.
En 1983, les signataires du traité sur l'Antarctique entament des négociations afin de réglementer l'exploitation minière du continent, celle-ci comme d'autres points (tourisme, pêche et chasse, navigation des sous-marins, protection de l'environnement) n'ayant pas été anticipée en 1959. Cependant, une première tentative en ce sens portée par la Nouvelle-Zélande sous le nom de « convention de Wellington » n'avait pas abouti. Une campagne de pression publique ayant pour but d'empêcher toute exploitation des minéraux en Antarctique est alors menée dans les années 1980 par une coalition d'organisations internationales et notamment par Greenpeace qui établit sa propre base, la World Park Base, dans la région de la mer de Ross et mène des expéditions annuelles afin de mesurer l'impact de l'Homme sur l'environnement. En 1988, la Convention pour la réglementation des activités sur les ressources minérales antarctiques est adoptée. Cependant, quelques années après, l'Australie et la France refusent de signer le traité, le faisant tomber en désuétude. Ces derniers proposent à la place qu'une réglementation complète de protection sur l'environnement de l'Antarctique soit négociée. Soutenu par d'autres pays, le Protocole au traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement en Antarctique, ou protocole de Madrid, est alors négocié et entre en vigueur le 14 janvier 1998 : il interdit toute exploitation minière en Antarctique, désignant le continent comme une « réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ».
Le traité sur l'Antarctique empêche toute activité militaire sur ce continent, y compris la construction de bases militaires et de fortifications, les manœuvres militaires et les essais d'armements. Le personnel ou l'équipement militaire n'est permis que pour la recherche scientifique ou pour d'autres fins pacifiques, sachant que la coopération scientifique fut un instrument pour éviter une militarisation du continent. La seule action militaire effectuée sur le continent est l'Operación 90 lancée par l'armée argentine en 1965. L'Antarctique est la seule zone démilitarisée acceptée par les États-Unis.
L'armée américaine remet la décoration Antarctica Service Medal aux militaires ou aux civils qui accomplissent le devoir de recherche en Antarctique. Cette médaille est enrichie d'une distinction supplémentaire pour ceux qui passent l'hiver sur le continent.
Sept États ont des prétentions territoriales en Antarctique. Seul le secteur de la Terre Marie Byrd n'a pas été revendiqué :
Pays | Territoires | Limites | Date | Superficie |
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![]() | Antarctique argentine | à | 1943 | 965 597 km2 |
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![]() | à | 1933 | 6 119 818 km2 |
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![]() | à | 1940 | 1 250 000 km2 |
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![]() | 1924 | 432 000 km2 | |
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![]() | à | 1923 | 450 000 km2 |
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![]() | 1939 | 2 000 000 km2 | |
![]() | 1929 | |||
Royaume-Uni |
![]() | à | 1908 | 1 950 000 km2 |
Non revendiqué | Terre Marie Byrd | à | - | 3 426 317 km2 |
Les territoires revendiqués par l'Argentine, le Royaume-Uni et le Chili se chevauchent et ont causé des tensions diplomatiques, voire des escarmouches. Les régions qui sont revendiquées par l'Australie et la Nouvelle-Zélande étaient des territoires de l'Empire britannique avant que ces deux pays n'obtiennent leur indépendance. L'Australie revendique la plus grande superficie. L'Australie et la Nouvelle-Zélande reconnaissent toutes les deux les revendications britanniques, et vice-versa.
Ces revendications territoriales peuvent s'interpréter sous forme de graphiques :
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Argentine |
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Ce groupe de pays, signataire du traité sur l'Antarctique, s'intéresse au territoire antarctique mais n'est pas autorisé à faire valoir ses revendications tant que les dispositions du traité sont en vigueur.