André Thevet - Définition

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Le voyage au Brésil, 1555-1556

Carte de l'Amérique du Sud par André Thevet (1575)
Toucan (Singularités)
Noix de cajou (Singularités)

Il repart presque aussitôt comme aumônier de l'expédition du vice-amiral Villegagnon pour établir une colonie française au Brésil destinée à protéger les marins normands qui venaient sur le littoral se procurer le bois rouge, pernambouc (pau brasil en portugais), dont est tiré une teinture rouge. André Thevet séjourne de la mi-novembre 1555 à la fin janvier 1556, sur un îlot à l'entrée de la baie de Rio de Janeiro, là où se trouve la forteresse des Français, le Fort Coligny. Malade, il devra cependant rentrer en France après seulement 10 semaines passées sur place.

A son retour il publie, dès la fin 1557, sous forme d'un nouveau livre Les Singularitez de la France antarctique, le compte rendu des observations qu'il a pu faire des pays et peuples vus durant son voyage au Nouveau Monde. L’ouvrage le rendra célèbre et sera traduit en italien et en anglais. Il suscitera aussi imitations et polémiques. Conformément à l'esprit du temps, il s'attarde sur les bizarreries, les singularités susceptibles de surprendre ses contemporains. De plus, en raison de sa maladie, il ne put contrôler toutes les informations que lui rapportaient les « truchements », anciens matelots vivant parmi les indiens, qui servaient d’interprètes. Arrivé en France, il utilisera aussi les informations ethnographiques rassemblées par le secrétaire de Villegagnon et mettra à contribution un scribe helléniste, Mathurin Héret, chargé de truffer le texte de références aux auteurs grecs et latins. Les nombreuses références à l’antiquité gréco-latine seront un moyen constamment réitéré de réduire l’étrangeté première des « sauvages » à la familiarité des textes classiques.

Il est un des premiers à donner en français des descriptions peu précises mais honnêtes du manioc, de l'ananas, de l'arachide, de la noix de cajou et du pétun (le tabac), ainsi que du grand ara, du toucan, du paresseux et du tapir. Il offre aussi le premier tableau ethnographique des Indiens Tupinamba. Au XXe siècle, l'ethnologue, Alfred Métraux, dira de l'ultime version augmentée de son voyage au Brésil, Histoire d'André Thevet Angoumoisin, cosmographe du Roy, de deux voyages faits par luy aux Indes Australes, et Occidentales que le "chapitre sur l'anthropophagie rituelle des Tupinamba,... est sans doute un des plus beaux documents ethnographiques que nous ait laissé le XVIe siècle". La qualité des 41 illustrations sur bois gravés de la flore, de la faune et des rituels des Tupinamba assure le succès de l’ouvrage à la cour et parmi les amateurs de curiosités. Cependant il se fait piéger en reprenant le récit de Francisco de Orellana sur l’existence de femmes guerrières, nues et belliqueuses, rencontrées le long du fleuve qu’Orellana baptisa "fleuve des Amazones" puis "Amazone". Plus tard, dans la Cosmographie universelle, il se dira « bien marry que je sois tombé en la faute de l’avoir creu ».

Pour Frank Lestringant, le grand spécialiste de la Renaissance, « Les Singularités de la France Antarctique constitue une oeuvre phare de la littérature de voyage au XVIe siècle ».

Équarrissage de la victime
Scène d'anthropophagie rituelle des Tupinamba (Singularités)
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