An Open Letter to Hobbyists - Définition

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Introduction

Version dactylographie de la lettre, parue le 31 janvier 1976 dans la lettre d'information du Homebrew Computer Club.

An Open Letter to Hobbyists (en français : « Une lettre ouverte aux Hobbyists ») est une lettre ouverte écrite en janvier 1976 par Bill Gates, alors co-fondateur (General-Partner) de Micro-Soft, adressée aux membres du Homebrew Computer Club, où celui-ci exprime sa consternation face à la généralisation des infractions du droit d’auteur, notamment envers les logiciels de sa compagnie, dans cette communauté.

Bill Gates y constate que la majorité des utilisateurs de Altair BASIC ne l’ont pas acheté et déclare qu’une telle violation du droit d’auteur concernant les logiciels (en) a pour effet de décourager les développeurs d’investir du temps et de l’argent pour créer des logiciels de qualité, les documenter et les déboguer. Il met en avant le fait qu’il est injuste que l’on puisse utiliser le temps, l’argent et les efforts des auteurs d’un programme sans les rétribuer en retour.

Il s'agit d’une des premières confrontations entre le point de vue mercantile et le point de vue des premiers hackers sur ce que sont les logiciels. L’avis des hackers () rappelle en partie celui qui sera formalisé plus tard dans la définition du logiciel libre.

Contexte

Définition de Hobbyist

En anglais, hobby veut dire « passe-temps, loisir » ; un hobbyist est une personne qui « bricole ». Dans sa lettre, les hobbyists à qui s'adresse Gates bricolent des ordinateurs personnels – la grande nouveauté à l’époque car jusqu'alors, l'informatique était confinée au monde scientifique et étudiant. Ce nouveau marché n'est pourtant pas grand public car il faut toujours de solides compétences en électronique et en programmation pour pouvoir utiliser ces ordinateurs. On pourrait remplacer « hobbyist » par « amateur d’informatique personnelle ».

Ces hobbyists utilisent des hobby software, des « logiciels personnels » que l’on peut utiliser chez soi ; ce marché est lui aussi un marché émergeant car jusqu'alors les logiciels étaient développés par/pour les scientifiques et nécessitaient la puissance d’un mainframe. Les hobbyists n'ayant pas les compétences requises ou tout simplement le temps de développer leurs applications sont les clients de ce marché.

L'idée d'un « marché du logiciel » s'oppose aux pratiques mises en place par les universitaires durant les années 50-60 : les constructeurs ne fournissant que le matériel, c'était aux utilisateurs de développer leurs propres outils. Ces outils étaient généralement partagés gracieusement entre universitaires. Les exemples le plus flagrant sont le système d'exploitation ITS et le logiciel Emacs.

L’Altair et le développement de BASIC

Carte de la Bibliothèque du Congrès mentionnant la date de parution du numéro de janvier 1975 de Popular Electronics : le 29 novembre 1974.

En décembre 1974, Bill Gates est un étudiant à l’Université Harvard et Paul Allen travaille chez Honeywell à Boston. Début 1975, ils découvrent l’Altair 8800 de Micro Instrumentation and Telemetry Systems (en) (MITS) dans le numéro de janvier (paru le 29 novembre 1974) de Popular Electronics (en). Ils avaient déjà écrit quelques programmes en BASIC pendant leur étude secondaire au lycée privée de Lakeside School à Seattle ; ils savaient que les Altair étaient assez puissants pour exécuter un interpréteur BASIC. En se basant sur les outils qu’ils avaient déjà développés pour les machines à base d’Intel 8008 comme le Traf-O-Data (en), ils voulaient créer la première solution BASIC sur Altair et être ainsi en avance sur le marché.

Début mars, Allen, Gates et un autre étudiant de Harvard, Monte Davidoff, créent un interpréteur BASIC dont la simulation sur un PDP-10 de Harvard parait fonctionnelle. Allen et Gates sont déjà en contact avec le co-fondateur de MITS, Ed Roberts. En mars 1975, Allen se rend à Albuquerque, au Nouveau Mexique, pour tester l’interpréteur sur un vrai Altair 8800 ; celui-ci, à la surprise de Allen et Roberts, fonctionne.

MITS accepte la licence proposée par Allen et Gates. Allen démissionne de Honeywell et devient le vice-président et le directeur de la partie logicielle de MITS pour un salaire de 30 000$ par an. Gates continue ses études à Harvard tout en ayant un contrat avec MITS, signé le 22 juillet 1975. En octobre 1975, il apparait « Développeur spécialisé » (Software Specialist) dans la newsletter de MITS, Computer Notes. Leur contrat avec MITS leurs rapporte 3 000 $ et une part sur chaque vente : 30 $ pour la version 4K, 35 $ pour la 8K et 60 $ pour la version étendue, dans la limite de 180 000$. MITS possède les droits d’exploitation à travers le monde entier pour dix ans et doit fournir le temps machine nécessaire au développement de BASIC sur un PDP-10 du secteur scolaire d’Albuquerque.

Le numéro d’avril 1975 du Computer Notes de MITS est intitulé en gros caractères « Altair Basic - Up and Running » (en français : « Basic pour Altair : opérationnel et disponible »). l’Altair 8800 était vendu à perte ; les profits venant essentiellement des ventes additionnelles d'extensions de mémoire ou autres cartes d'extension. Alors que la version de base de BASIC coûtait 500 $, le prix descendait à 75 $ si on l’achetait avec un Altair muni de deux barrettes de mémoire 4K et une carte d’extension.

MITS investit dans un camping-car et l’équipe de toute la gamme d’ordinateur. L’équipe de la « MITS-Mobile » organise des séminaires sur les ordinateurs Altair et sur le logiciel Altair BASIC à travers les États-Unis.

Les Hobbyists

Le Homebrew Computer Club rassemblait les premiers passionnés d’informatique de Palo Alto en Californie. À leur première session, en mars 1975, Steve Dompier rapporte sa visite à l’usine de MITS à Albuquerque (il avait commandé un exemplaire de chaque Altair mais MITS ne l’avait pas pris au sérieux et ne les lui avait pas expédiés, l’obligeant à se déplacer). Il repart de l’usine avec les pièces pour monter un ordinateur avec 256 octets de mémoires.

Au rassemblement du 16 avril 1975, Dompier créé un programme qui émet la chanson des Beatles « The Fool on the Hill » sur la bande AM locale. Dans le numéro de juillet 1975 de Computer Notes, Bill Gates décrit ce programme comme « la meilleur démonstration logicielle pour l’Altair qu’il ait vu » ; Gates se demande même comment Dompier a fait pour pouvoir radio-diffuser. (En fait, il s'agissait d’interférences électromagnétique modulées par la boucle principale du programme.)

Le vol d'une copie de Altair BASIC et le développement d’une industrie parallèle à MITS

« La MITS-Mobile s'est arrêté devant la maison de Rickey dans le quartier de Hyatt à Palo Alto les 5 et 6 juin. Elle était submergée par presque deux cents passionnés d’électronique, amateurs et professionnels. »

— Fred Moore, rédacteur du Homebrew Computer Club Newsletter de juin 1975

Bande papier pour un Altair BASIC 8K. Ce conditionnement sur papier était une solution populaire et peu onéreuse avant l’apparition des disquettes.

Pendant une exposition de la MITS-Mobile, un ruban perforé contenant une pré-version d’Altair BASIC disparaît. La bande est donnée à Steve Dompier, qui la transmet à Dan Sokol qui, lui, a accès à un téléscripteur rapide. À la réunion suivante du club, cinquante copient circulent dans un carton.

Publicité pour le kit Altair de MITS.

MITS vendait un kit contenant un Altair 8800, deux extensions de mémoire 4K, une carte d’interface série et Altair BASIC pour 995 $. Au final, les extensions 4K n’étaient pas fiable à cause de certains composants et de problèmes de design. Ainsi, beaucoup de possesseurs d’Altair ne voulaient pas les acheter. Robert Marsh, un membre du Homebrew Computer Club entreprenant, conçut une extension de 4K static, compatible avec l’Altair et la vendit pour 255 $. Son entreprise, Processor Technology (en), devint un des fournisseurs d’extensions compatible Altair les plus connus. Beaucoup d’acheteurs d’Altair ne prenaient pas le kit de MITS, achetaient les extensions de mémoires chez un autre revendeur et utilisaient une copie « empruntée » de Altair BASIC.

Dans le numéro de octobre 1975 de Computer Notes, Ed Roberts reconnaît le problème des extensions mémoires de 4K ; leur prix passe de 264 $ à 195 $ et ceux qui l’avaient déjà acheté furent remboursés de 50 $. Le prix de la version 8K passe à 200 $. Roberts refuse une requête demandant de donner gratuitement BASIC. Il fait remarquer que MITS a reversé « 180 000 $ de redevance à Micro Soft » et précise que « quiconque utilise une copie illicite de MITS BASIC peut s'identifier facilement à ce qu’il est : un voleur ». Dans le même numéro et au sujet des revendeurs de matériel, Robert remarque que « depuis récemment, un certain nombre de revendeurs-parasites étaient apparus. [...] ».

Les extensions de mémoires de Processor Technology consomment plus de courant que les mémoires dynamiques de MITS si bien que l’ajout de deux ou trois cartes surcharge l’alimentation de l’Altair. Howard Fullmer se met à vendre des extensions de bloc d’alimentation et baptise ironiquement son entreprise « Parasitic Engineering ». Plus tard, Fullmer définit un standard industriel pour les cartes compatibles Altair : le bus S-100 (en).

L’année suivante, en 1976, apparaît plusieurs clones de l’Altair comme le IMSAI 8080 ou le « Sol 20 » de Processor Technology.

Chez Micro-Soft

Micro-Soft reçoit entre 30 et 60 dollars pour chaque copie de BASIC que MITS vend. Fin 1975, MITS avait expédié un millier d’ordinateurs mais BASIC ne s'est vendu qu’à quelques centaines d’exemplaires.

Pour Micro-soft, d’autres logiciels en développement nécessitent des investissements car les disquettes 8 pouces et le MITS 680B, basé sur un processeur Motorola 6800, sont sur le point d’être lancés par MITS. Ric Weiland, un ami que Allen et Gates ont connu à l’université, est engagé pour convertir le BASIC 8080 sur le processeur 6800. Gates souhaite expliquer à la communauté hobbysist le coût de développement des logiciels.

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