Alphonse Maeder - Définition

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Introduction

Alphonse Maeder
Psychoanalitic Congress 1911 - Alphonse Maeder highlighted.jpg
Biographie
Naissance : 11 septembre 1882 à La Chaux-de-Fonds, en Suisse romande
Décès : 27 janvier 1971 (à 88 ans)
à Zurich, en Suisse alémanique
Nationalité : Drapeau de la Suisse Suisse
Vie universitaire
Formation : Médecine (psychiatrie)
Titres : Docteur
Principaux travaux
Psychanalyse - Psychologie analytique

Alphonse Maeder (parfois orthographié Alphons Maeder ou Alphonse Mäder), né le 11 septembre 1882 à La Chaux-de-Fonds, en Suisse romande, et mort le 27 janvier 1971 à Zurich en Suisse alémanique, est un psychiatre et psychothérapeute suisse affilié à la psychologie analytique. Ses contributions concernent surtout le rêve et sa fonction prospective, mais aussi la relation entre le patient et l'analyste, ainsi que le processus de guérison.

Après ses études de médecine, Maeder devient un pionnier de la psychanalyse. Très proche de Sigmund Freud au début (ce dernier lui donne en effet la charge de traduire en français les avancées de la psychanalyse), il s'en sépare pourtant en 1913, suivant la conduite de Carl Gustav Jung, duquel il est très proche. En effet, lorsque Maeder formule sa conception d'une « capacité prospective du rêve », dès 1912, Freud le critique sévèrement puis le met en garde contre des dérives mystiques.

Maeder continue ses travaux sur les capacités régulatrice et thérapeutique de la psyché et publie nombre d'ouvrages. Il s'intéresse au symbolisme du rêve, aux capacités d'autoguérison de la psyché, au transfert analytique, à la glossolalie et au lien entre la religion et la psychologie.

Biographie

Premières années et études de médecine

Fils de Louis Alphonse Maeder, un horloger suisse francophone, et de Louise Therese Bosing, une Allemande, bilingue donc, Maeder entreprend des études de médecine, spécialité psychiatrique, à Berne, en 1901, et qu'il poursuit à Zurich puis Berlin.

Il obtient le doctorat de psychiatrie à Zurich et publie sa thèse en 1909. En 1903 il se lie d'amitié avec le zoologue et philosophe Hans Driesch. Ses travaux, qui conduisent à la réintégration, dans sa philosophie néovitaliste, du concept aristotélicien d'« entéléchie », influencent Maeder. La conception de Driesch est en effet le prélude théorique à l'idée que toute activité du corps évolue vers une finalité et n'est pas simplement le résultat d'un mécanisme dénué de sens. Maeder s'appuiera sur ces travaux pour élaborer la fonction prospective du rêve.

Le Burghölzli et la psychanalyse

La clinique psychiatrique du Burghölzli vers 1890.

De 1906 à 1910, Maeder travaille à la clinique psychiatrique universitaire de Zurich surnommé le « Burghölzli », comme médecin assistant du professeur Eugen Bleuler et du jeune psychiatre Carl Gustav Jung, qui l'initient à la psychanalyse. Il obtient son diplôme de médecin en 1911. Il décide de devenir psychanalyste et, à partir de 1906, il publie des travaux psychanalytiques en français et allemand. Par la suite, après le départ de Jung de la clinique, en avril 1910, Maeder travaillera avec Ludwig Binswanger, un autre médecin et psychanalyste suisse.

C'est en effet au Burghölzli, dans le contexte de l'essor de la nouvelle psychiatrie dynamique, d'inspiration bleulérienne, qu'Alphonse Maeder se passionne pour les thèses freudiennes et les popularise en Suisse et en France. Très vite, il se livre, comme Freud, à une auto-analyse et pratique la technique de la cure, en interprétant ses rêves et actes manqués. D'autre part, ses articles de 1907, en français, concernant la doctrine psychanalytique, récusent le primat de la sexualité, pilier pourtant fondamental du freudisme.

Le Burghölzli jouit à cette époque d'une renommée internationale, étant à la pointe des méthodes psychiatriques. En plus d'être le témoin de l'affrontement intellectuel entre le jeune Jung et le professeur mature Bleuler, qu'il décrit comme « un combat à mort », Maeder dépeint l'établissement, dirigé par Bleuler d'une main de fer, comme un « monastère psychiatrique » :

« Le véritable centre d'intérêt c'était le malade. L'étudiant apprenait comment il fallait lui parler. Le Burghölzli était à cette époque une sorte d'usine où il fallait travailler très dur pour une rémunération modique. Chaque membre de l'équipe, du professeur au plus jeune interne, était totalement absorbé par son travail. Les boissons alcooliques étaient prohibées. Bleuler se montrait aimable à l'égard de chacun et ne jouait jamais le personnage du chef »
Eugène Bleuler (1857-1939), directeur du Burghölzli de 1898 à 1927.

En 1907, Alphonse Maeder initie les lecteurs suisses des Archives de psychologie de Genève à l'interprétation des rêves de Freud. Il s'agit d'exposés didactiques des thèses de Freud, avec des analyses tirées de la vie quotidienne et des éléments de l'auto-analyse de Maeder. C. G. Jung, qui est selon Maeder « la première personne digne d'intérêt qu'il ait été amené à rencontrer », crée ensuite, à Zurich, l'Association freudienne de Zurich, surnommée la « Société suisse de recherche freudienne » (ou « groupe Freud »), Gesellschaft für freudische Forschung en langue allemande, réunissant Eugène Bleuler (comme président), Ludwig Binswanger, Franz Riklin, Edouard Claparède et Alphonse Maeder, ainsi que d'autres médecins. Ce groupe se réunit la première fois à Zurich, le 27 septembre 1907, sur l'initiative de Jung.

Très vite, cette Société prend de l'importance et rivalise avec Vienne, le berceau de la psychanalyse. Ce groupe a en effet inspiré le premier congrès psychanalytique, celui de Salzbourg, qui se tient en avril 1908. Les membres se réunissent à l’hôpital du Burghölzli régulièrement, mais le groupe est dissous en 1913 suite à la rupture de Jung et de Maeder avec Freud. Maeder note que les psychanalystes zurichois ont toujours bénéficié d'une totale liberté vis-à-vis de Vienne.

C'est en 1907, avec son article « Essai d'interprétation de quelques rêves » que Maeder se fait connaître en tentant une exégèse de la conception freudienne du rêve et de son interprétation. L'ouvrage présente un exposé sur « La théorie de Freud », puis Maeder délivre sa conclusion sur « L'Analyse des rêves », enfin il met en lumière « Quatre analyses de rêves » (deux de femmes et deux d'hommes). La réception de cet article en France est assez critique. Jean Paulhan en fait un compte-rendu simplifié dans le Journal de psychologie, mettant l'accent sur la clé des songes proposée et non sur la méthode novatrice, puis le docteur Jean Philippe, dans La Revue philosophique. Selon Elisabeth Roudinesco, Maeder joue un rôle d'importance pour « l'introduction du freudisme en France par la voie zurichoise ». En janvier 1909, dans son article « Une voie nouvelle en psychologie (Freud et son école) », Maeder, enthousiaste, explique l'innovation que constitue la psychanalyse. Il est dès lors considéré comme un pionnier du mouvement psychanalytique et est de surcroît un intime de Freud avec qui il entretient une abondante correspondance, dès 1909.

Après la fondation en 1909 de la première revue de psychanalyse, la Jahrbuch für psychoanalytische und psychopathologische Forschungen, avec Bleuler et Freud comme directeurs et Jung comme rédacteur en chef, les divers psychanalystes peuvent développer leurs conceptions et les partager. Maeder publie ainsi dans le premier numéro de la revue un article intitulé « Sexualité et épilepsie ». Maeder est le premier psychanalyste à s'intéresser à l'épilepsie d'un point de vue psychanalytique. Se référant aux Trois essais sur la théorie de la sexualité de Freud, il tente d'expliciter le lien qui existe entre cette maladie et la sexualité infantile.

Dès lors, la participation de Maeder au mouvement psychanalytique est notable. Il assiste en mars 1910 au second congrès de psychanalyse, à Nuremberg. Ce rôle pionnier a été également salué en son temps par Freud lui-même.

Le psychiatre suisse Carl Gustav Jung en 1910, au Burghölzli.

De 1911 à 1918, il est thérapeute au sanatorium du Dr Bircher-Benner. Spécialiste des maladies mentales et nerveuses organiques, il ouvre un cabinet privé de psychothérapie en 1908, à Zurich, et dans lequel il officie jusqu'à sa mort.

Maeder commence à publier des ouvrages de psychanalyse en langue allemande dès 1906 tels : Die Sexualität der Epileptiker (La Sexualité de l'épileptique, 1909), Psychologie der Schizophrenen (La Psychologie du schizophrêne, 1910) et en particulier des articles sur le symbolisme des rêves, considéré dans sa relation à la notion psychanalytique de projection avec « Zur Entstehung der Symbolik im Traum » (Sur la symbolique du rêve, 1910-1911) et la fonction onirique avec « Funktion des Traumes » (La Fonction du rêve, 1912). Il a notamment étudié la capacité prospective du rêve, notion proche de celle d'entéléchie élaborée par Hans Driesch. Celui-ci suppose l'existence d'une force vitale dont l'autonomie s'explique par l'intermédiaire de l'entéléchie. La réaction, lors de sa présentation à une conférence psychanalytique, du public averti est sans appel : Maeder est violemment critiqué, alors qu'il n'a cherché qu'à compléter la théorie freudienne. Il explique qu'il lui a été opposé « une tempête d'opposition (...), comme s'[il] avai[t] touché à une réalité sacrée ».

La psychanalyse et la France

Ce sont les psychanalystes suisses, Maeder et Jung en tête, qui s'insurgent les premiers contre la résistance française à la psychanalyse, raillant son retard. Maeder a en effet joué un rôle d'importance dans la sensibilisation puis la diffusion de la psychanalyse en Suisse romande, puis dans l'Hexagone. Il a publié en 1906 un résumé introductif à L'Interprétation des rêves de Freud et sur lequel les Français s'appuient pour connaître l'œuvre de Freud. Maeder ne dispose alors que de la première version de L'Interprétation des rêves. Il commet des erreurs de réception de l'ouvrage de Freud, ainsi que des erreurs de traduction. Il présente ainsi l'inconscient sous le terme de « subconscient ». Enfin, selon Alain de Mijola, il pratique la « clé des songes », comme beaucoup de premiers psychanalystes. La présentation de Maeder va constituer le précédent de multiples erreurs et biais de réception en France, car « c'est par cette méthode que les lecteurs français vont apprendre la psychanalyse ». C'est finalement avec Angelo Hesnard et Emmanuel Régis que la psychanalyse sera correctement présentée en France, dès 1913.

Les psychologues et psychiatres français le critiquèrent cependant vivement. Il fut en effet « ébouriffé », selon ses mots, pour avoir présenté le rêve dans une perspective différente de celle d'Henri Bergson, faisant alors autorité. Le Dr Berlard-Leroy, lors de la séance mensuelle de la Société de Psychologie d'avril 1908 fustige le pansexualisme des interprétations de rêves proposées par Maeder dans « Essai d'interprétation de quelques rêves ». Maeder est accusé de rechercher fanatiquement dans chaque rêve « un symbole obscène ». Il ajoute que l'interprétation de Maeder bascule rapidement dans « la pornographie et la scatologie ».

Dans « Sur le mouvement psychanalytique », Maeder reprend la thèse du retard français mais explique que la France est pourtant « le pays le mieux préparé » à recevoir la psychanalyse, car « terre classique du point de vue psychologie en médecine », avec la figure d'Alfred Binet notamment. Il pense que c'est de la Suisse romande que viendra la vulgarisation de la psychanalyse dans les pays latins. Il explique ainsi que Freud est en continuité avec les grands esprits français (Binet, Eugène Azam, George Guinon, Pierre Janet), puis il cherche une proximité entre la psyché dynamique de Freud et le subconscient statique de Janet et enfin réaffirme l'avancée de la psychanalyse dans l'étude de l'étiologie de la psychose et dans le phénomène onirique. Pour le psychanalyste Sandor Ferenczi, Maeder aurait pu permettre un rapprochement de Janet avec Freud.

Cependant, Maeder passe sous silence la sexualité (il parle avec euphémisme de « contenu taboué ») et le transfert. Selon Elizabeth Roudinesco, Maeder donne une vision psychiatrique de la psychanalyse, parce qu'il est proche de Jung. Par ailleurs, les Français, Théodule Ribot en tête, utilisent le « tamis helvétique » — Maeder, Bleuler et Jung — « pour atténuer les effets subversifs de la doctrine freudienne » notamment son pansexualisme, pas du tout accepté en France. Enfin, les travaux de Maeder ont influencé, dans une mesure relative, ceux des psychiatres français ou francophones. Pierre Janet, dans La Psychoanalyse des névroses et des psychoses (1914), a en effet lu et compris les articles de Maeder, ainsi qu'Henri F. Ellenberger pour qui Maeder est une figure de l'étude du processus de guérison.

Rupture avec Freud et la psychologie analytique

C'est en 1912, en pleine tension entre Freud et Jung, que Maeder a avec ce dernier un échange de lettres à propos du rêve et de la question juive, échange qui initie leur querelle. Freud l'accuse en effet de n'avoir rien compris au symbolisme du rêve et d'être de surcroît antisémite. Maeder, comme Jung, note Roudinesco, croyait à la psychologie différentielle des peuples et revendique contre Freud et les Juifs viennois une possible « identité chrétienne », en l'occurrence protestante, de la psychanalyse. Maeder critique aussi ouvertement la tendance du freudisme à s'ériger en une secte. Dans une lettre inédite de 1912, publiée par Marinelli et Mayer, le psychiatre suisse écrit à Freud :

« Je remarque depuis quelque temps que nous en venons progressivement à nous constituer en véritable secte. »

Maeder rejoint donc Carl Gustav Jung en 1913, après avoir rompu avec Freud la même année. Il s'éloigne définitivement de la psychanalyse freudienne en juillet 1914. La même année, il a pourtant travaillé, avec Ernest Jones, à la formulation de quelques suggestions quant à l'adaptation de l'œuvre de Freud à la langue anglaise, travail de longue haleine qui sera achevé par d'autres. D'autre part, il partage la présidence du troisième congrès de psychanalyse avec Otto Rank, à Munich, en 1913, seul congrès à représenter au même niveau les deux écoles, celle de Zurich et celle de Vienne.

La coopération avec Jung, dès 1913, fait de Maeder un pilier de la psychologie analytique, aux côtés de Leonhard Seif, Franz Riklin, Adof Keller ou Johan Van Ophuijsen, qui eux aussi quittent l'obédience freudienne. Toutefois, Maeder demeure un esprit libre. Charles Baudouin précise en effet qu'Alphonse Maeder est un chercheur indépendant qui, s'il s'est séparé de Freud, ne peut être réduit à être le simple disciple de Jung. Dans son autobiographie intitulée Ma vie. Souvenirs, rêves et pensées (1957), Jung explique que Maeder est davantage qu'un simple assistant ; avec Franz Riklin, il demeure en effet son seul ami, suite à sa rupture avec Freud. De son côté, Maeder considère Jung comme son « ami supérieur ». Cependant, lors des premières années de la psychologie analytique, les scènes d'animosité entre les deux hommes n'ont pas manqué. Maeder est l'un des rares témoins de la vie intérieure de Jung à cette époque, explique Henri F. Ellenberger, vie intérieure d'où émerge la psychologie analytique par la suite.

Dans l'article de 1913, « Autoreferat, Ortsgruppe Zürich. Korrenspondenzblatt der Intrenationalen Psychoanalytischen Vereinigung », Maeder revient sur la distinction entre le freudisme et psychologie analytique, faisant de Freud et de Jung les représentants de deux mentalités différentes, la première s'apparentant à la mentalité classique et la seconde à l'esprit romantique, selon la distinction caractérologique opérée par W. Ostwald dans Les Grands Hommes.

Maeder participe ensuite au mouvement de la psychologie analytique, cercle concurrent du freudisme et qui connaîtra une expansion mondiale similaire. Jung constitue en effet très vite autour de lui et de sa femme Emma Jung un cercle de partisans, des couples pour la plupart : les Maeder, les Riklin, les Sigg-Böddinghaus, Maria Moltzer et Oskar Pfister ainsi que des médecins du Burghölzli. Eugène Bleuler, réticent à l'égard de Freud, rejoint Jung et organise alors des réunions de psychologie. Cette Association de psychologie analytique a pour but avoué de promouvoir les théories de Jung et rassemble la plupart des analystes zurichois qui ont rompu avec Freud, parmi lesquels : Franz Riklin, Alphons Maeder, Adolf Keller, Emma Jung, Toni Wolff, Hans Trüb (médecin et psychanalyste du Burghölzli qui devient le psychanalyste d'Emma Jung et Herbert Oczeret). Par la suite, ce petit groupe devient l'« École de psychanalyse de Zurich ». Jung en partage la direction avec Alphonse Maeder qui « devint l'un des membres les plus respectés de la nouvelle association ». Il était « révéré par ses patients (...) irradiant une chaleur humaine autant dire jamais vue chez un psychiatre ; même Jung fondait ».

Dès lors, ses contributions principales concernent le rêve et son symbolisme, le transfert analytique et la guérison thérapeutique. Selon Maeder, le rêve est fondé sur un mécanisme de compensation psychique. Il possède aussi une fonction prospective, orientée par la nécessité d'accomplir le développement du sujet. Il privilégie aussi l'autorégulation et l'autoguérison de l'âme, l'association personnelle entre médecin et patient, le rôle du médecin comme guérisseur, comme « celui qui reconstitue la globalité psychique ».

Dernières années et derniers travaux

Le peintre suisse Ferdinand Hodler en 1916, en train de peindre, à l'extérieur.
Le peintre suisse Ferdinand Hodler en 1916.

Dans un ouvrage collectif, F. Hodler. Étude de son développement psychique et de l'importance nationale de son art, de 1916, Maeder fait l'étude du symbolisme pictural du peintre suisse Ferdinand Hodler. La même année, il publie Contributions à la psychopathologie de la vie quotidienne: Oublis - Confusions - Lapsus, qui sera suivi de Nouvelles contributions à la psychopathologie de la vie quotidienne, dans lequel il fait une double référence d'autorité : à Freud et à Jung. Alain de Mijolla parle en effet de « l'œcuménisme de Maeder ».

Il continue son activité de thérapeute libéral. Il travaille aussi en collaboration avec un autre analyste genevois, Paul Tournier, auteur de la « médecine de la personne ». Il s'éloigne peu à peu de l'Association de psychologie analytique (qui devient en 1924 la Société suisse de psychologie analytique), après en avoir refusé deux fois la présidence. Pendant la montée du nazisme, puis pendant la Seconde Guerre Mondiale, Maeder ne suit pas Jung dans l'administration et l'affiliation à la Société allemande de psychothérapie. Il se contente en effet d'animer des conférences à Küsnacht, près de Zurich.

Maeder se détache d'abord de l'Église pour défendre une conception naturaliste de l'homme puis, par la suite, il s'oriente vers une compréhension globale et chrétienne et compte ainsi parmi les plus éminents psychothérapeutes chrétiens. Dans un article de 1926, « De la Psychanalyse à la Psychosynthèse », Maeder dénonce le dogmatisme dans lequel la psychanalyse est enfermée, dogmatisme tenant selon lui de la mentalité judéo-allemande. Il lui oppose la mentalité suisse, représentée par l'« école de Zurich » et par la guérison fondée sur la confiance entre le patient et le médecin. Selon lui, la fonction religieuse et spirituelle est une donnée fondamentale que toute analyse doit prendre en compte.

Ses dernières recherches portent sur l'association personnelle entre le patient et le médecin, considéré comme un guérisseur, ainsi que comme un médiateur permettant de reconstituer la globalité psychique. L'idée de synthèse le conduit à l'anthropologie religieuse, aux travaux de Martin Buber surtout, et, en 1932, il collabore avec Frank Buchman au sein du groupe d'Oxford. En 1957 il publie un texte sur le développement spirituel, puis un autre dans lequel il revient sur sa relation avec Sigmund Freud. Restant toujours proche de Jung, Maeder adhère par la suite au Réarmement moral issu du mouvement de la « régénération de l'homme » de Frank Buchman. Comme de nombreux pionniers du freudisme, il s'intéresse à des techniques thérapeutiques anciennes d'inspiration religieuse ou culturaliste. Il distingue trois types de guérisseurs : le « profane » faisant appel à la rationalité ou à des traitements prétendus tels, le « magicien » agissant par suggestion et charisme, le « religieux » enfin, sur lequel le malade peut projeter le modèle inconscient du « Sauveur », variante de l'archétype jungien du « vieux sage », qu'il reprend dans sa conception.

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