Albert le Grand fut-il alchimiste ? Il s'intéresse à l'alchimie dans ses Meteora et dans son De mineralibus, qui datent de 1250 environ. Selon Robert Halleux (Les textes alchimiques, Turnhout, Brepols, 1979, p. 103-104), « le corpus [alchimique] d'Albert le Grand comprend une trentaine de titres. L. Thorndike et J. R. Partington ont décelé dans son De coelo et mundi et dans ses Météorologiques une grande familiarité avec les thèmes alchimiques. Ceux-ci sont traités longuement dans le De mineralibus (1256). Sur la matière des métaux, il développe, contre Démocrite et Ibn Juljul, la théorie alchimique du soufre et du mercure, qu'il concilie avec les quatre Éléments et qu'il reprend à Avicenne. Le Alkimia et le Alkimia minor semblent d'Albert. Le Semita recta (La voie droite) est une compilation de la Summa perfectionis du Pseudo-Geber (Paul de Tarente, 1280). Ni le De occultis naturae, ni le Composé des composés (Compositum de compositis) (compilé en 1331), ni le Libellus de alchimia. Semita recta, ouvrage d'alchimie pratique, clair, ne sont authentiques. Voici les principes du Alkimia :
Albert le Grand fut-il magicien ? Il le dit : « Bien plus, nous sommes experts en magie. Etiam nos ipsi sumus experti in magicis » (De anima, I, 2, 6 ; éd. Stroick p. 32). Il connaît les ouvrages magiques d’Ibn Qurra et le Picatrix. Il a pratiqué : « ... vérité que nous avons expérimentée par notre pratique de la magie » (De anima, I). Il parle des sceaux et images occultes, des incantateurs. Mais le Speculum astronomiae, ouvrage de référence pour l'archimage Agrippa de Nettesheim, vient d'un autre, qui est peut-être Richard de Fournival, vers 1277.
Les spécialistes décèlent une évolution dans sa pensée : d’abord Albert le Grand accepte la magie et l’alchimie d’Hermès (De mineralibus, 1251-1254), ensuite il la rejette comme nécromancie, c’est-à-dire magie démoniaque (Summa theologiae, vers 1276). Le fameux livre de magie populaire Le Grand Albert n'est pas de lui, mais il contient certains éléments de son enseignement en gynécologie, vers 1245. « Quant à “l'histoire du fameux automate qu'Albert aurait construit et que Thomas d'Aquin aurait détruit”, c'est une affabulation datant du XIXe s. » (Bernard Husson).