Agressivité - Définition

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Introduction

L'agressivité est une modalité du comportement des êtres vivants et particulièrement de l'être humain, qui se reconnait à des actions où la violence est dominante.

L'agressivité peut s'exprimer à l'égard des congénères (hétéroagressivité) ou à l'égard des autres animaux. Mais déviée de sa voie primitive, elle peut se manifester contre des objets et même se retourner contre soi (autoagressivité), ressort inconscient de certains suicides.

Elle prend des formes aussi diverses que les différents types de relation au sein d'un écosystème ou d'une culture donnée.

En éthologie

Deux éléphants de mer du nord mâles se battant pour le contrôle d'un territoire et de femelles (Californie)

L'agressivité se comprend comme un instinct, lequel peut renvoyer à :

  • l'instinct de survie quand elle permet de se défendre ;
  • l'instinct de reproduction suscitant la concurrence entre mâles ;
  • l'instinct parental, lorsqu'un animal protège ses descendants.

Les attitudes ou les gestes agressifs sont plus ou moins tolérés par les codes sociaux et leurs conséquences sont très variables d'une société à l'autre, d'un groupe social à l'autre et selon les époques.

L'agressivité pathologique est présente à des degrés divers dans les tableaux cliniques de troubles de la personnalité de type névrotique, psychotique, psychopathe ou épileptique.

Konrad Lorenz a mis en avant l'agressivité chez toute espèce animale comme facteur positif de sa conservation : il la comprend donc plus comme un élément vital que comme un instinct de mort. Cette agressivité ne doit cependant pas être comprise comme une priorité donnée à la violence ni même aux tensions latentes des rapports de force. Il s'agit davantage d'une énergie dont les diverses cultures optimisent les formes d'expression. Ces formes ne sont autre chose que les rites : manifestations codifiées se substituant à des actions d'agressivité stériles ou néfastes.

Agressivité humaine

Affrontement dans la rue (Chine)

Souvent employé de manière métaphorique, le terme « agressivité » désigne une violence physique ou verbale manifestée avec une intention hostile. Sans hostilité, la violence n'a plus le caractère agressif, comme dans une « joute amoureuse » des amants passionnés ou un débat intellectuel de haute intensité. En contraste, une querelle a une violence verbale caractérisée par une hostilité manifeste. Une violence dans l'action constructive est alors du « dynamisme ».

L'agressivité, étudiée par Konrad Lorenz en éthologie animale, se rapporte à la territorialité et à l'accouplement. Chez l'humain, elle se situe aux niveaux organique, social et culturel. Au niveau culturel, la violence physique est plus ou moins valorisée d'une population à l'autre et d'une époque à l'autre. Au niveau social, cette violence physique est un moyen de communication, c'est-à-dire une forme d'interaction, plus ou moins « normale » d'un groupe social à un autre.

Violence domestique, violence urbaine, violence scolaire et d'autres formes d'incivilité sont représentatives de cette forme de communication, en cours plus dans un pays que dans un autre.

Au niveau organique, il y a les cas de sham rage chez l'animal et chez l'humain où le comportement exprime un état de rage violente, sans raison apparente dans l'environnement immédiat. Ces cas semblent illustrer les contes et légendes du loup-garou (Wehrwolf : loup de guerre, une des sources étymologiques) qui apparaît d'un homme ordinairement paisible à certaines nuits ou aux lunaisons, ce qui laisse soupçonner l'influence directe du paléocéphale ou cerveau reptilien qui constitue le tronc cérébral. Ce soupçon est confirmé en observant le comportement d'un animal décortiqué dont les lésions du système limbique interdisent le contrôle des centres supérieurs sur l'activité de l'hypothalamus.

Biologie de l'agressivité

En 1892, le docteur Golz a démontré que l'ablation de la partie frontale du cerveau d'un chien transforme un animal doux et paisible en une bête féroce capable d'attaques subites, vicieuses et violentes, sans provocation apparente.
Ce n'est qu'en 1937 que le docteur James Papez a identifié le système limbique, dans le cerveau, qui se rapporte aux émotions. La violence qui émane des décharges du système limbique s'effectue sans aucune intention de la personne qui l'exhibe.

Les neurosciences situent les sites les plus importantes dans le déclenchement des déferlements de violence sur les aires frontales et préfrontales, dans l'amygdale, l'hippocampe] et dans l'hypothalamus qui sont toutes les composantes du système limbique.
Les traumatismes crâniens et les lésions cérébrales se retrouvent souvent dans des cas d'actes de violence agressives examinés par des neurologues.

Certaines carences alimentaires semblent peuvent induire des comportements agressifs ou violents (Joseph R Hibbeln a montré à partir de statistiques provenant de 5 pays que le taux d'homicide volontaire était étroitement corrélé (r=0,94) à la consommation en acide linoléique omega 6).


La neurologie nomme "syndrome du dyscontrôle épisodique" les cas de conduite paisible ordinaire passant momentanément à un comportement violent, quand ils sont relié à la fois à des lésions cérébrale et à la chimie du cerveau. Cet affaiblissement du contrôle indique une prédisposition à l'agressivité déjà installée.

Les intoxications et l'agressivité

Des intoxications saturnines, alcooliques ou médicamenteuses peuvent induire un comportement agressif voire violent.

Par exemple, les barbiturates augmentent l'agressivité, et la "marijuana" semble la réduire. Par contre, la "marijuana" combinée avec le PCP ( Phencyclidine) (concoction connue dans la rue sous le nom de "vaisseau d'amour") produit fréquemment une explosion de violence mortelle. Le PCP radioactif révèle son influence sur le système limbique, coupant la partie émotionnelle du cerveau de l'action du cortex cérébral, la partie intellectuelle . La connaissance, le jugement et le raisonnement sont, alors, écartés, laissant l'individu à la merci de ses impulsions agressives. Avec cette drogue, des cas d'explosions subites de violence courent les rues. Mais, l'absorption de substances chimiques n'est pas la seule source de violences subites et incontrôlées.

En cas de crise d'hypoglycémie, la personne perd connaissance de ce qui se passe en elle et peut être plus que violent pendant quelques instants et atteindre un état semi-comateux. À des degrés différents, une crise d'hypoglycémie altère l'humeur, sans aller toujours jusqu’à l'extrémité des explosions de violence agressive. Dans la plupart des cas, le tableau clinique présente un excès de mauvaise humeur ou une tendance marquée à chercher querelle. L'agressivité est une des formes possibles de ce changement de comportement.

L'alcool peut désinhiber le contrôle de la violence. Les expressions populaires de "vin joyeux", "vin triste", "vin silencieux" et "in vino veritas " montrent bien que l'intoxication alcoolique n'est que le déclencheur de l'émergence d'une prédisposition comportementale.

L'intoxication par certains pesticides peuvent interférer la circulation de l'influx nerveux dans le cerveau et conduire à l'agressivité, ou au syndrome d'hyperactivité.

Sous certaines de ses formes, le suicide peut être considéré comme une violence agressive retournée contre soi-même, et l'agressivité peut être une voie de sortie du désespoir extrême dans la dépression. La langue anglaise désigne une personne dynamique par le vocable de "aggressive person". L'agressivité dont on parle ici est celle des conduites violentes justiciables.

La chimie du cerveau et l'endocrinologie des déséquilibres hormonaux peuvent rendre intelligibles des sautes d'humeur dont l'exemple illustratif est le SPM ou Syndrome Pré Menstruel. L'autre exemple est le déferlement de testostérone, l'hormone mâle.

Sociologie et anthropologie de l'agressivité

À certains moments de leur histoire, certaines sociétés valorisent et favorisent l'agressivité dont la guerre est l'expression extrême. Ce qui justifie la devise de l'UNESCO qui exprime l'idée que la guerre soit dans l'esprit des hommes et que c'est dans l'esprit des hommes qu'il faut ériger les remparts de la paix.

Certaines cultures valorisent et favorisent la finesse et d'autres la force. Alors que la guerre apparaît comme la forme suprême, organisée et collective de l'agressivité.

L'anthropologue Marvin Harris a développé une théorie sur les origines de la guerre dans les sociétés non-étatiques, tribales et villageoises. Si la guerre est "naturelle", il n'y aurait pas besoin de tant d'efforts de propagande pour dresser les uns et les autres à s'entretuer. Le dressage, ici, se rapporte à ce que l'Anglais nomme par "shaping" ou "basic training" dès l'enfance dans la famille, la parenté, l'école, le milieu social et à travers les jeux et les divertissements apparemment les plus inoffensifs, le rejet et le déni de l'autre, la compétition et la coopération.

Harris commence avec le répertoriage de quatre théories les plus communes sur l'origine de la guerre: la guerre comme solidarité, la guerre comme jeu, la guerre comme nature humaine et la guerre comme continuation de la politique (Clausewitz entre autres).

Jacob Bronowski a formulé une synthèse à l'effet que la guerre soit le résultat de la conjonction d'une technologie appropriée avec la logique du pillage. La révolution verte de l'agriculture avec la domestication des animaux et des plantes a fait sortir l'humanité de l'errance perpétuelle et l'a perpétuée dans la terre et la pierre. La domestication du cheval s'encastra parfaitement dans cette logique du pillage et permit à des nomades du fin fond des steppes de foncer sur les cultivateurs fixés à leurs terres et aux temps des semailles et des récoltes et voler le fruit de leur travail. Ces cavaliers ont semé une très grande frayeur qui est à la source de la légende du "centaure": être fabuleux mi homme-mi cheval formé de deux moitiés soudées ensemble. Cette tradition du pillage à travers les cavalcades s'est perpétuée chez les nomades chasseurs ou pastoraux des grandes plaines d'Afrique d'Amérique et d'Asie.

Dans cette perspective et en couvrant à la fois les sociétés non-étatiques et les sociétés étatiques, la guerre apparaît comme la forme et le moment de violence extrême d'un vol organisé dont l'objet peut être physique, imaginaire ou symbolique.

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