Acqua alta est la période d'inondation de Venise pour cause des marées entre l'automne et le début du printemps.
Le terme acqua alta (« Hautes eaux ») dans la lagune de Venise désigne un phénomène de pic de marée particulièrement prononcé, qui provoque l’inondation de la zone urbaine insulaire. Ce phénomène est surtout fréquent en période automne-printemps, quand la marée haute arrive à recouvrir une bonne partie de la cité rendant difficile les déplacements par les rues de Venise (calle) et les espaces ouverts autour des édifices de Venise (campi).
L'Acqua alta inonde souvent les parties basses de la ville, comme la place Saint-Marc. Les habitants enfilent alors leurs bottes : un inconvénient bénin par rapport au privilège de vivre à Venise.
Le terme acqua alta dans l’usage commun, indique en réalité un phénomène générique. D’un point de vue technique, il existe des définitions plus rigoureuse, fondées sur le niveau des marées réunies :
Le niveau de marée est déterminé par deux éléments :
De par sa configuration géographique particulière « en cuvette » (a catino), la mer Adriatique présente des incursions de marée plus prononcées par rapport au reste de la Méditerranée, la raison est à rechercher dans le fait que sa seiche à une période d’oscillations maximale comparable avec celle de la marée astronomique, rendant possible, de cette manière, la superposition des deux phénomènes. La marée astronomique résulte plus des phases lunaires et solaires, accentuées en période de nouvelle lune et pleine lune et durant les équinoxes. À celles-ci peut être ajoutée l’action locale des forts vents du sirocco, qui tirant dans l'Adriatique méridionale peut freiner le flux des eaux du bassin entier, ou de la bora, qui soufflant à travers de l’embouchure du port de Venise de la lagune peut empêcher la mer d’en ressortir.
La réalisation de la zone industrielle du port Marghera a ultérieurement aggravé le phénomène de l'acqua alta pour divers motifs : avant tout, la majeure partie de la zone industrielle a été créée en bonifiant une vaste étendue de lagune, servant précédemment de « barene » c’est-à-dire de petites îles à fleur d’eau qui, submergées en cas de hautes marées, servaient de « vase d’expansion » en limitant son incursion. En second lieu, pour permettre aux pétroliers de rejoindre les quais de déchargement, a été creusé le profond « Canal des Pétroliers » qui part de l’embouchure du port de Malamocco et rejoint la terre ferme. Cette œuvre a considérablement augmenté la section de l’embouchure du port, augmentant par conséquence la quantité d’eau entrant dans la lagune.
Toutefois le Port Marghera ne fut pas l’intervention humaine qui a contribué à varier l’amplitude moyenne de la marée. Entre les plus significatifs il faut citer : la construction du Pont des Lagunes (pont ferroviaire) (1841/46) ; l'exclusion de bassin de Chioggia du fleuve Brenta et la conséquente bonification de 2 363 hectares de zone de « barene » ; la construction de digues (Port de Malamocco, 1820/72 ; Port de S. Nicolò, 1884/97 ; Port de Chioggia, 1911/33) ; la construction du Pont de la Liberté (Ponte della Libertà) (1931/33) ; la création de la Riva dei Sette Martiri (1936/41) ; la réalisation de l'île artificielle du Tronchetto (superficie 17 hectares, 1957/61) et le doublement du pont ferroviaire (1977).
Il y a enfin d’autres causes naturelles : la subsidence, ou plutôt l’affaissement naturel du terrain, significativement accentué par l’intense utilisation des eaux de la nappe phréatique utilisées dans le passé pour alimenter le pool industriel du Port Marghera, et l'eustatisme, c’est-à-dire de relèvement du niveau de la mer, lui-même accentué ces dernières années par le réchauffement global de la planète. L’ensemble de ces phénomènes ont rejoint le point maximum de vulnérabilité de la marée.
Le centre de prévisions et d’alerte des marées de Venise détermine à 23 cm la perte totale de la cote altimétrique de la cité depuis 1897 (année de définition du zéro altimétrique), décomposés ainsi : causes naturelles, +12 cm (9 d’eustatisme et 3 de subsidence) ; causes anthropiques, +13 cm (subsidence) ; récupération élastique, -2 cm.