Abbaye de Montmajour - Définition

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Description

L'ensemble de Montmajour est composé d'un ermitage (XIe siècle), d'un monastère de type médiéval (XIIe siècle), d'une tour de guet (XIVe siècle) et d'un monastère classique (début XVIIIe siècle).

Première église Notre-Dame

Cette première église Notre-Dame aujourd'hui disparue, est édifiée, côté est, entre 1016 et 1069 peut-être à l'emplacement de l'église du XIIe siècle.

Les documents du XIe siècle évoquent des constructions nouvelles. Le moine et historien bénédictin de Montmajour, Dom Chantelou, indique, dans un texte dont l’original a été perdu et ce texte mentionne l’année 1016, une basilique en l’honneur de Marie la mère du seigneur. Un autre texte conservé à la bibliothèque d’Arles institue le jour de l’Invention de la Sainte-Croix, à laquelle une crypte est consacrée. Il s’agit d’un Pardon dont les aumônes étaient destinées à la construction de l’église Notre-Dame. Cet acte, non daté mais souscrit par l’archevêque d’Arles, Raimbaud de Reillanne(1030-1069), est postérieur à la consécration de la crypte effectuée par son prédécesseur Pons de Marignane (1003-1029), un 3 mai probablement en 1019, à la demande du septième abbé de Montmajour, l’abbé Rambert.

L’église Notre-Dame est dont en cours de construction en 1016. Elle reçoit dès 1018 le corps du comte Guillaume II qui y est inhumé dans ses fondations, ainsi qu’en 1026, le corps de la comtesse Adélaïde, la femme de son père le comte Guillaume Ier. L’acte de fondation du Pardon de Montmajour indique qu'entre 1030 et 1062, l’église Notre Dame est toujours en construction. En revanche, en 1069, date de l’acte par lequel l’archevêque d’Aix, Rostaing, renonce à des biens en faveur de Montmajour, l’église de Notre-Dame est terminée. Cet édifice appartiendrait donc à la vague de constructions du XIe siècle, presque totalement disparues lors des reconstructions du XIIe siècle.

Chapelle Saint-Pierre

Montmajour, l'église Saint-Pierre (XIe siècle).

Cette chapelle, à semi-troglodyte, est construite sur le flan sud-est de la colline vers 1030. Cette datation résulte de la comparaison stylistique des douze chapiteaux avec ceux du cloître de l'abbé Ardain à Tournus datés entre 1028 et 1052.

Ces chapiteaux, de style corinthien, pourraient provenir de deux ateliers, celui de Montmajour - Venasque et celui de Saint-Victor de Marseille - Vaison-la-Romaine. Cette présence de chapiteaux corinthiens annonce la résurrection des chapiteaux corinthiens antiques au XIIe siècle en Provence. D'une manière générale, le décor sculpté est remarquable par la persistance d'éléments stylistiques carolingiens associés à des motifs, tels les rosaces et palmettes, proches de l'art roman. Malheureusement, la chapelle Saint-Pierre a été vandalisée en juillet 1976.

La chapelle Saint-Pierre renferme la pierre tombale du comte de Provence Geoffroy, mort en 1061 ou 1062.

La menace d'écroulement du mur sud dominant la plaine a nécessité, au fil des âges notamment au XVe et XVIIIe siècles, la pose de puissants contreforts qui compliquent la vision chronologique des modifications apportées depuis de XIe siècle.

Église Notre-Dame

Montmajour, l'église Notre-Dame (XIIe siècle) - vue extérieure.
L'église Notre-Dame (XIIe siècle) - la crypte.
L'église Notre-Dame (XIIe siècle) - vue intérieure.

Cette église appelée Notre-Dame est édifiée probablement à l'emplacement de la première église sur le versant nord de la colline, la déclivité du terrain se trouvant compensée par la présence d'une crypte, véritable église inférieure.

Cette crypte sert de fondation à l'église supérieure. On suppose qu'elle a joué un rôle liturgique lié au pèlerinage de la Sainte-Croix avant la construction de la chapelle dédiée de même nom. L'église supérieure s'apparente au roman provençal du milieu du XIIe siècle. Elle comprend une voute en cul-de-four, une nef unique en berceau brisé et un transept. Elle est pratiquement sans décor.

Notre-Dame est édifiée en deux campagnes  : entre 1130-1150 puis entre 1153-1182, la crypte et la partie nord étant construites en premier. Un texte rapporté par des historiens du XVIIe siècle mais dont l'original est aujourd'hui perdu signale l'entrée des moines dans l'église en 1153. Cette date marquerait donc la fin de la première campagne. Toutefois l'église n'est pas achevée, probablement en raison de problèmes techniques liés à la déclivité du terrain ou à cause de difficultés financières. Complété au XVe siècle par deux autres chapelles adjointes au nord, l'ensemble de l'église Notre-Dame est resté en bon état et a été peu affecté par les restaurations entreprises dès le XIXe siècle.

Cet ensemble est contemporain de la cathédrale Saint-Trophime d'Arles.

Chapelle Sainte-Croix

Montmajour, la chapelle de Sainte-Croix (XIIe siècle).
La Chapelle de Sainte-Croix de nos jours

La chapelle Sainte-Croix se dresse isolée à l'est du monastère à une distance d'environ 200m. Orienté est-ouest, ce petit édifice est basé sur un plan quadrilobé adapté au culte de la Sainte-Croix auquel il était dédié. L'ensemble du bâtiment est contrebuté de minces contreforts et entouré d'un cimetière laïc de tombes creusées dans la roche. Son unité architecturale montre qu'il fut construit en une seule phase.

D'après les marques retrouvées sur le parement intérieur qu'on retrouve également dans la galerie nord du cloître, la chapelle aurait été érigée au moment de la mise en place du décor de cette galerie, c'est-à-dire vers 1170-1180, à la suite de la seconde phase de construction de l'église Notre-Dame. La chapelle a été construite pour le pèlerinage du Pardon. Initialement célébré au XIe siècle dans la crypte de la première église Notre-Dame, ce pèlerinage dans l'enceinte du monastère devait être une source de désagréments, ce qui expliquerait la création de cette chapelle à l'écart du monastère.

Au XVe siècle on a essayé d'accréditer une légende rattachant la création de cette chapelle à Charlemagne sur les tombes de chevaliers francs morts contre les Sarrasins. Un faux y a même été fabriqué par Jean de Pomo. Cette inscription attestant la fondation, écrite en caractères du XVe siècle, se trouve encore au linteau de la porte d'entrée de la nef.

Cloître

Montmajour, le cloître (XII-XIIIe siècles).
Montmajour, le cloître (XII-XIIIe siècles) - Colonnes géminées

Le cloitre de Montmajour est situé au sud de l’église Notre-Dame ; il s’appuie sur le mur sud de l'église et sur la salle capitulaire. Il forme un espace rectangulaire de 24 m sur 26 m et ses galeries ont une largeur comprise entre 4,20 m et 4,50 m.

En fonction des études stylistiques et historiques, il est possible de dater le cloître et sa construction. Le cloître est construit entre 1140 et 1290 et se trouve pratiquement terminé en 1182. La galerie nord, le début de la galerie est et la salle capitulaire auraient été terminés avant 1182. La galerie ouest suivrait de peu et précèderait l’achèvement de la galerie est. Enfin, la galerie sud serait plus tardive et aurait été achevée au cours du XIIIe siècle. Toutefois, le décor de ce monument reste inachevé à l’époque romane et se poursuit tout le long du XIIIe siècle et du XIVe siècle. Enfin, le cloître est restauré au XIXe siècle par Revoil une première fois en 1865-1866, puis en 1872-1873.

Le corps du comte de Provence Raimond-Bérenger III, mort le 5 avril 1181 est déposé à la première travée de la galerie est. Les corps de Guillaume et Adélaïde, vénérés comme bienfaiteurs du monastère y sont translatés, comme probablement celui de Geoffroy Ier.

Tour et fortifications

Montmajour, la Tour dite de Pons de l'Orme, construite au moment des grandes compagnies (XIVe siècle).

La tour et les constructions des XIVe et XVe siècles sont des édifices construits par le maitre d'oeuvre Guillaume Helinc à l'initiative de l'abbé cardinal Pons de l'Orme (1368-1380) à partir de l'année 1369 c'est-à-dire à l'époque où les grandes compagnies, puis les troupes de Du Guesclin ravageaient la Provence. Aujourd'hui, le mur d'enceinte de l'époque a totalement disparu.

Constructions mauristes

Ruines du Monastère Saint-Maur (XVIIIe siècle).

De nouveaux lieux réguliers (réfectoire, dortoir, bibliothèque et logis pour les hôtes) sont édifiés au couchant par la congrégation de Saint-Maur à partir de 1703, sur les plans de Pierre II Mignard. Ils sont reliés aux bâtiments anciens au moyen d'un "grand arceau" qui enjambe hardiment l'ancienne basse-cour. Endommagés lors d'un violent incendie en 1726, ils sont immédiatement réparés puis encore amplifiés à partir de 1748. Vendus comme bien national sous la Révolution, ils servent de carrière au début du XIX° et sont aujourd'hui en mauvais état.

C'est au cours de cette même campagne de construction qu'est transformé l'ancien dortoir, situé au-dessus du réfectoire médiéval, en « infirmerie » destinée à recueillir les religieux malades ou trop âgés. Il ne reste presque rien de ces dispositions.

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