Abbaye de Cluny - Définition

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Construction de l'abbaye

L'abbaye de Cluny a été construite en plusieurs étapes. Ces étapes ont été numérotées par K-J. Conant.

Cluny I

L'abbé Bernon, premier abbé de Cluny, commence la construction de l'abbatiale Cluny I en 910. Cluny I sera terminée sous son successeur Odon et dédicacée avant 927.

Cluny II

Le complexe monastique de Cluny II est connu grâce aux descriptions du Liber Tramitis, un coutumier des années 1035-1040. Le quatrième abbé de Cluny (954-994), Maïeul de Cluny, construit Cluny II à partir de 963, pour remplacer le bâtiment précédent, devenu trop étroit ; l'église abbatiale est consacrée en 981. Cluny II se caractérise par un chevet complexe avec plusieurs absidioles et une galilée (avant-nef), située à l'ouest. Le développement du chevet témoigne du développement de la liturgie et des pèlerinages. À la croisée du transept (étroit) et du vaisseau central (large), s'élevait un haut clocher, du type de celui qui subsiste à Chapaize. Cette disposition du clocher au-dessus de la croisée deviendra la règle quasi absolue pour toutes les églises romanes de la région.

Cluny III

Reconstitution de l'abbatiale Cluny III

L'ensemble de Cluny III est connu par d'anciens plans.

La construction de Cluny III, débute vers 1080 sous l'abbatiat de Hugues de Semur. L'expansion de l'Ordre, le nombre de moines sans cesse croissant assistant aux offices, et les chantiers imposants ouverts dans toutes les abbayes rivales, voire simples prieurés, rendent obsolète l'abbatiale de Maïeul, décrite comme « bergerie étroite et vétuste » dans la Vie de Saint Hugues par Geilon vers 1115. En 1088 a lieu la pose symbolique d'une première pierre. En 1095, le pape Urbain II consacre deux pierres d'autel et 3 chapelles au milieu du chantier. La nef est fermée et dédicacée en 1130, mais l'édifice est loin d'être achevé : le bras nord du transept, les tours et l'avant-nef sont, au mieux, commencés à cette date. Tombé en panne au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle, le chantier reprend au début du XIIIe siècle et voit l'achèvement de l'immense avant-nef en 1220 par l'abbé Rolland Ier de Hainaut, en style gothique. L'abbatiale devient alors, pour trois siècles, le plus grand édifice religieux d'Occident (187 mètres de long), jusqu'à la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome en 1506.

Plan de l'abbaye de Cluny (selon Viollet-le-Duc)

Le plan de l'édifice est en forme de croix archiépiscopale : il y a deux transepts. Le grand transept, dont un bras subsiste aux trois quarts, était long à lui seul comme une petite cathédrale. Il était surmonté de trois clochers : Le Clocher de l'eau bénite surplombe toujours le bras sud, le Clocher des Bisans surplombait le bras nord, et enfin le Clocher du chœur, le plus imposant de tout l'édifice, couronnait la croisée centrale. Plus loin vers l'est, au milieu du chœur, se trouvait un petit transept, appelé transept matutinal, qui subsiste aussi en partie. Son croisillon central était surmonté d'une tour, dite Tour des lampes, dont la fonction est mal définie : elle comportait en effet un tambour octogonal sans aucune ouverture, surmonté d'une flèche.

La nef était encadrée par quatre collatéraux et la voûte s'élevait à 33 mètres au-dessus du sol.

Déclin et destruction des bâtiments

À partir du XIIe siècle, Cluny connaît des difficultés financières importantes, provoquées en grande partie par la construction de la troisième abbatiale. La charité aux pauvres augmente les dépenses. Le rayonnement de l'abbaye s'affaiblit progressivement devant la montée d'autres ordres religieux (Cisterciens, puis Mendiants au XIIIe siècle). La mauvaise gestion des terres, la réticence des filiales à payer le cens annuel sont autant de sources de revenus en moins. L'établissement lève des emprunts et finit par s'endetter auprès de ses créanciers, marchands de Cluny ou Juifs de Mâcon. Les conflits avec les prieurés se multiplient et l'autorité du pape devient plus pesante. Au XIVe siècle, le pape nomme fréquemment les abbés. Les crises de la fin du Moyen Âge et les guerres de religion au XIVe siècle (?) affaiblissent un peu plus l'abbaye. Les moines vivent dans le luxe et ne sont plus qu'une soixantaine au milieu du XVe siècle. À partir du concordat de Bologne en 1516, le roi choisit l'abbé de Cluny.

Les années suivant la Révolution française ont été fatales à l'ensemble des bâtiments monastiques et à son église. Le domaine de l'abbaye est vendu en 1798 pour 2,14 millions de francs. L'abbaye sert de carrière de pierres jusqu'en 1813 pour les maisons du bourg. Les archives sont brûlées en 1793 et l'église est livrée aux pillages.

Aujourd'hui, il ne reste que des bâtiments construits aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment un cloître, ainsi qu'une petite partie de l'abbatiale dite Cluny III. De cette dernière ne subsistent que les bras sud du grand et du petit transept, ainsi que le clocher de l'Eau bénite, qui coiffe le croisillon sud du grand transept. On peut voir aussi les restes des tours des barabans, qui encadraient le portail, et les parties basses de l'avant-nef. Tout cela représente moins de 10 % de la surface de Cluny III qui fut la plus grande église de l'Occident jusqu'à la construction de Saint-Pierre de Rome, cinq siècles plus tard. L'abbaye abrite depuis 1901 un centre Arts et Métiers ParisTech (anciennement ENSAM) formant des ingénieurs des Arts-et-Métiers (les Gadzarts). En 1928 le site est fouillé et reconnu par l'archéologue américain Kenneth J. Conant et de la Medieval Academy of America.

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