A la fin des années 60, j'avais croisé dans la rue un copain qui étudiait à l'X (rue Descartes à l'époque) et qui bossait au laboratoire des hautes énergies du Pr Louis Leprince-Ringuet. Il était tout content de me rencontrer parce que son labo cherchait un vacataire, de préférence physicien de formation, pour dépouiller des milliers de photos de chambres à bulles.
Je venais de trouver un boulot, un truc à la con très mal payé, mais j'avais donné ma parole et je ne pouvais pas la trahir. J'avais alors suggéré à mon copain de contacter un autre ami commun, alpiniste comme nous et qui cherchait un boulot mais qui faisait ses études en pharmacie.
Ils firent affaire et travaillèrent ensemble jusqu'au déménagement du labo au CERN.
A cette époque, les chambres à bulles venaient de complètement remplacer les chambres de Wilson, le principe commençait à être assez connu pour que nos professeurs de physique l'aient intégré dans leurs cours en maîtrise mais je n'ai jamais travaillé dessus en TP, c'était bien trop pointu pour des étudiants et la fac Jussieu n'avait pas ce type de matériel.
Déjà qu'en électronique on travaillait encore sur des tubes, on bricolait au niveau des transistors, les circuits intégrés n'étaient pas entrés dans le domaine public.
C'est énorme ce que la Science et la technique ont pu progresser en un demi-siècle ! Je suis contente, au soir de ma vie, d'avoir connu cette époque.