Pauvre langue française !

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protagoras

Pauvre langue française !

Message par protagoras » 06/05/2020 - 10:25:13

Bonjour,
Notre langue, qui fut si belle, si élégante et qui fut pendant longtemps la langue diplomatique est en perdition.
Certes, une langue évolue et le français d’aujourd’hui ressemble peu à celui de la « Cantilène de Sainte Eulalie » !
Même Rabelais est devenu plus difficile à comprendre mais la langue de Molière n’a pratiquement pas bougé encore que sa syntaxe a depuis subi quelques modifications. Mais on la comprend très bien quand même tout en l’admirant.
Par exemple, cet extrait du Médecin malgré lui : « Quel est le sot qui ne veut pas que sa femme soit muette ? Plût à Dieu que la mienne eût cette maladie je me garderais bien de la vouloir guérir ! ». C’était quand même joliment dit !.
Oui, la langue évolue mais ce n’est pas évoluer que se dégrader !
Outre une orthographe, une grammaire et une syntaxe massacrées, le vocabulaire s’appauvrit de plus en plus. En conséquence, s’il vient une bonne idée, comment s’en faire comprendre et la faire partager si on ne maîtrise pas la langue ?

« Le critique est un homme qui sait lire et qui apprend à lire aux autres » (Sainte-Beuve)
Et donc qui développe à son tour l’esprit critique chez les autres.
Or l’esprit critique, outre qu’il exige pour s’exprimer une certaine maîtrise de la langue, joue un rôle irremplaçable contre le charlatanisme sous toutes ses formes.

Maîtriser la langue est aussi au service du raisonnement rationnel faute de quoi, l’esprit critique cède la place au dénigrement et/ou à la crédulité.
Par exemple, il ne vient pas à l’idée d’un crédule auquel un charlatan vient de lui asséner une de ses élucubrations d’en exiger une preuve irréfutable. Non, le crédule gobe faute d’esprit critique.

Quant à l’état de la langue, le bilan est affligeant !
J’ai cité ci-dessus un appauvrissement du vocabulaire.
En voici quelques exemples :
On vient de créer le mot « auteure » alors qu’il existe déjà le mot « autrice » construit tout comme « protecteur » a donné « protectrice », « instituteur » a donné « institutrice » etc.
Ceux qui croient, à tort ou à raison, aux OVNIS évoquent des « abductions » mot anglais signifiant « enlèvement » alors que le mot »abduction » existe en français et signifie « écartement des membres de la position verticale » !
A la télévision, on voit souvent le mot « live » qui se disait naguère encore « en direct ».

Et que penser des cuistres des anciens IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres) qui voulaient remplacer le mot « ballon » par « référentiel rebondissant », un « crayon » par « outil scripteur » et combien d’autres qui auraient rebuté même les « Précieuses ridicules » !
Et que penser d’expressions telles que : « A l’insu de mon plein gré », « Incessamment sous peu », « Merci d’avoir été notre invité » etc.
Même un ministre de l’agriculture a déclaré : « Je suis en état de respect pour les paysans » alors qu’il eut été si simple de déclarer « Je respecte les paysans ».

Et que penser de ces ignorants qui confondent à la première personne du singulier le futur et le conditionnel ? Par exemple, au futur ils écrivent »j’irais » !
Mais sont-ils vraiment responsables de leurs lacunes en grammaire ?
Oh que non ! L’exemple vient d’en haut ! Par exemple, la grammaire n’est plus qu’abordée épisodiquement au détour d’une phrase, le « passé simple » a disparu de l’enseignement primaire, Quelle ne fut ma stupéfaction lorsqu’un de mes petits-fils m’a annoncé que son institutrice avait condamné la conjonction « car » Un comble !
Sur le cahier de cours d’un autre de mes petits-fils, j’ai eu la surprise de lire rédigé à l’encre rouge par son institutrice (une autre) : « Quentin a encore oublié ses lunette. Je ni peux rien. ». Oui, vous avez bien lu : lunette sans s et ni pour n’y !

Quant on se souvient qu’autrefois 5 fautes dans une dictée d’une trentaine de lignes étaient sanctionnées par un zéro éliminatoire, on mesure hélas tout le chemin parcouru vers la décadence.

Si on continue comme cela, on finira par délivrer le bac en même temps que le bulletin de naissance !

J'oubliais quelques petites perles déjà anciennes. Par exemple parmi tant d'autres : :
" On ne peut être et avoir été ". Eh bien justement si ! Car si on est c'est que l'on a nécessairement été !
"La liberté de chacun s'arrête là ou commence celle des autres". Donc, symétriquement, la liberté des autres s'arrête là où commence la liberté de chacun" ! Et on est bien avancé !
Et le bon sens populaire ? Un exemple : On dit tout à la fois : "Tel père tel fils" et on dit aussi : " A père avare fils prodigue".
Merci de votre attention.

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